jeudi 1 février 2024

Janvier 2024, de nouvelles guerres se profilent à l’horizon

Guerre au Yemen 

L’Occident est mobilisé intellectuellement sur la guerre en Ukraine et sur ce qui se passe en Israël. Mais il y a beaucoup de nouveaux conflits en cours susceptibles de dégénérer en guerres dures et longues. La majorité des populations occidentales ne s’intéresse pas à l’ensemble de ces conflits, son intérêt est dépendant du poids des communautés d’origine étrangère. Par exemple on parle du conflit à Gaza en France parce qu’il y a une communauté juive importante et une communauté musulmane encore plus importante. Ou alors on parlera du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie parce que la communauté arménienne en France est très importante. On en sait bien moins sur les « aventures » militaires de l’Iran qui est en guerre non seulement avec Israël – c’est la tradition – mais aussi avec la Syrie qui n’est pas spécialement amie avec Israël, et puis aussi avec l’Irak et avec le Pakistan ! Dans tous ces conflits locaux, on voit très souvent l’ombre des Etats-Unis : ils sont à la manœuvre en Ukraine, présent en méditerranée pour « soutenir » Israël, mais aussi ils sont en conflit avec les Houthis du Yémen. Cependant, malgré cet engagement planétaire, ces conflits ne peuvent être résumés par l’interventionnisme américain, bien connu depuis au moins la Seconde Guerre mondiale. Si ici et là ils jettent souvent de l’huile sur le feu en espérant récupérer une influence perdue, ces conflits existent aussi par des conditions locales, par exemple la guerre en Ukraine, voulue par l’OTAN et les USA a ses racines dans le mauvais découpage des frontières de l’Ukraine, lors de son émancipation du bloc soviétique. 

 

La question de l’Iran est encore beaucoup plus compliquée. Ce pays de religion musulmane chiite, est en conflit militaire latent avec au moins sept pays : Israël bien entendu, l’Irak avec qui une guerre de sept ans avait fait peut-être 1,5 millions de morts dans les années quatre-vingts, le Pakistan, la Syrie, le Yémen officiel – dans ce pays l’Iran soutient les rebelles Houthis, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Les buts de guerre de ce pays sont assez difficiles à résumer. D’un côté la guerre lui permet d’éviter la contestation sociale très forte à l’intérieur, mais de l’autre, il y a l’ambition de devenir le fer de lance du chiisme et aussi la plus grande puissance militaire du Moyen Orient. Cette ambition est entravée par les rebelles du Baloutchistan, territoire singulier qui se trouve à cheval sur la frontière irano-pakistanaise. Très souvent d’ailleurs des conflits meurtriers, notamment en Afrique, ont comme origine un tracé des frontières qui ne tient pas compte des identités et donc qui fabrique des minorités. Cette partie du conflit est d’autant plus ennuyeuse qu’elle rend la sécurité du gazoduc que la Russie veut construire pour alimenter l’Inde et un peu plus loin la Chine, n’est pas très assurée. Cette co figuration rapide des conflits montre que l’action des rebelles Houthis dans la Mer Rouge ne peut pas se résumer à un soutien de la cause palestinienne. 

 

Si l’intégration de l’Iran dans les BRICS sous la houlette des Chinois a permis d’apaiser un temps les tensions avec l’Arabie saoudite, il n’est pas sûr que cela sera suffisant dans le futur pour éviter un embrasement régional. En effet, en soutenant les Houthis qui empêchent la circulation dans la Mer Rouge et qui freine la route vers Suez, ils nuisent aussi bien à la Chine qui voit son commerce entravé, qu’à l’Égypte qui tire des recettes fiscales substantielles des droits de passage par le canal de Suez. L’engagement anglo-américain avec des frappes illégales sur le Yémen pour faire la police dans la Mer Rouge, montre que même sans mandat international, donc au mépris des règles, les Etats-Unis sont prêts à profiter de toutes opportunités qui pourraient leur permettre de reprendre pied au Moyen-Orient. On rappelle qu’en droit international, les Etats-Unis peuvent intervenir en mer pour protéger leurs navires, mais certainement pas de déclarer la guerre au Yémen !

 

J’ai signalé le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Ce conflit qui est un résultat lointain de la décomposition de l’URSS, est une fois de plus issu d’un mauvais tracé des frontières et des volontés expansionnistes des Azéris. Il a donc un soubassement très ancien et il avait été étouffé par la forme particulière du pouvoir « communiste ». Cependant tout le monde sait que les belligérants sont courtisés à la fois par l’OTAN, par les Etats-Unis et l’Union européenne. Quand Washington a décidé des sanctions contre la Russie les Européens, jamais en retard pour faire des bêtises, se sont empressés d’acheter du gaz à l’Azerbaïdjan, fermant les yeux sur les exactions azéris envers les Arméniens. A l’heure actuelle l’Union européenne tente d’attirer dans ses filets les Arméniens en disant qu’ainsi ils seraient mieux protégés des Azéris. Ils ne sont pas crédibles déjà parce qu’ils n’ont jamais proposé de sanctions contre Bakou, ni de trainer Aliyev devant la Cour de Justice Internationale ou la CPI. Là encore on voit que le camp atlantiste tente de profiter de l’aubaine pour s’imposer, et au lieu de travailler à des négociations de paix, jette de l’huile sur le feu avec de fausses promesses. L’Union européenne travaille sans mandat à inciter la Géorgie et l’Arménie à rejoindre leur camp afin d’affaiblir la Russie avant de procéder à son dépeçage. C’est la ligne de conduite de Josep Borrell, le boutefeu européiste[1].   

L’Azerbaïdjan bombarde les Arméniens 

Si on veut comprendre que les nouvelles guerres ne sont pas simples à appréhender dans leurs logiques, on peut revenir sur ce qui se passe à Gaza. Josep Borrell, encore lui, militant propalestinien, mais aussi va-t-en-guerre en chef à la Commission européenne qui passe son temps à dire qu’il faut faire la guerre à la Russie jusqu’à la mort au nom de « nos valeurs » parce que sinon Poutine sinon demain prendra Berlin et puis Paris, s’est positionné, et avec lui l’Union européenne implicitement du côté du Hamas. Le chef de la diplomatie européenne a accusé bêtement, vendredi 19 janvier, l’État hébreu d’avoir « créé » et « financé » le mouvement islamiste palestinien Hamas[2]. Le monde qui est aussi antisémite que lui, rapporte complaisamment cette charge. Mais que veut-elle dire ? D’abord que, comme d’habitude, les Israéliens – des Juifs donc – sont responsables de leur propre malheur. L’explication ultime est que si Israël n’avait pas financé le Hamas, celui-ci n’aurait pas engagé le combat contre Israël en tuant des femmes et des enfants. Ensuite cela veut dire que l’Union européenne, soit la moitié de l’Occident au moins ne soutient pas Israël, mais bien au contraire la cause palestinienne. Enfin que cette position antisémite rejoint le soutien que l’Union européenne apporte déjà à l’Ukraine et à ses néo-nazis dans la guerre contre la Russie. Je fais remarquer que les Palestiniens – revendiqués comme tels – soutenaient Hitler et envoyait des bataillons se faire détruire dans la conquête de la Russie par les nazis. « Nous pensons qu’une solution à deux États [israélien et palestinien] doit être imposée de l’extérieur pour ramener la paix. Même si, et j’insiste, Israël réaffirme son refus [de cette solution] et, pour l’empêcher, est allé jusqu’à créer lui-même le Hamas », a déclaré M. Borrell lors d’une allocution en espagnol. « Le Hamas a été financé par le gouvernement israélien pour tenter d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah. Mais si nous n’intervenons pas fermement, la spirale de la haine et de la violence se poursuivra de génération en génération, de funérailles en funérailles », a-t-il ajouté. La stupidité flagrante de cette diatribe en rajoute dans le fait que cette canaille de Borrell, « veut imposer de l’extérieur » une solution à deux États. Ce qui veut dire implicitement que l’Occident doit faire la guerre à Israël pour lui imposer sa solution ! C’est la marche en avant vers un gouvernement mondial qui définirait le droit et la loi. Il ne s’agit plus de négocier quoi que ce soit, mais d’imposer ! Au nom de quoi l’Union européenne peut-elle imposer « sa » solution ? Personnellement je suis pour une solution à deux États, mais je ne comprends pas que l’Union européenne dont la diplomatie est faite de bric et de broc, puisse croire qu’elle va imposer quoi que ce soit. C’est d’autant plus ubuesque que l’Union européenne n’existe pas ni sur le plan diplomatique, ni sur le plan militaire, autrement que comme supplétive de l’Empire ! 

Josep Borrell amusant le tapis avec ses diatribes antisémites 

Les 17 et 18 janvier 2024 une réunion de l’OTAN se tenait à Bruxelles. On ne sait pas trop si c’était de la bouffonnerie et de la publicité, ou si c’était vraiment sérieux[3]. Pour l’instant, l’OTAN a fait de sa priorité dans les prochaines années d’une guerre directe de l’OTAN contre la Russie. En auront-ils les moyens ces militaires bornés ? On ne sait pas encore. Mais ils envisagent de transformer l’Occident dans son entier en machine de guerre, l’usage de l’arme nucléaire et aussi une conscription générale dans tous les pays de l’OTAN. Cela ne m’étonne pas, j’ai souvent dit que les Etats-Unis ne s’avoueraient jamais vaincus face à la Russie et que s’ils faisaient une pause, ils reviendraient bientôt à la charge. Il faut remarquer que quand l’URSS existait et que les Etats-Unis et leurs alliés tentaient de nous faire peur à travers des films d’espionnage et de la propagande, jamais l’OTAN ne parlait de porter directement la guerre en Russie. Sa bureaucratie se contentait de l’idée de « containment » visant à geler les positions du monde communiste. Là on passe directement à une IIIème Guerre mondiale assumée. Il faut lire le compte rendu de la conférence de presse conjointe. Je ne parle même pas des mensonges avancés du type « l’armée ukrainienne a libéré 50% des territoires occupés par la Russie grâce au succès de sa contre-offensive de printemps », ou encore « les Russes ont subi de lourdes pertes, 300 000 soldats tués », soit plus que le nombre de soldats engagés dans la bataille. Mais le renforcement des menaces que l’OTAN fait peser sur la Russie pour la provoquer un peu plus. Tout cela appuyé sur le » discours fantaisiste, « l’OTAN est plus forte que jamais, elle est plus forte que la somme de ses parties ». Si on comprend bien que cette bureaucratie militaire a besoin de se faire mousser le pied de veau en racontant des balivernes pour obtenir des financements – alors qu’elle est en échec justement en Ukraine – il est difficile de démêler le vrai du faux. L’idée d’une conscription générale en Occident pour aller combattre les Russes est somme toute assez cocasse. En tous les cas pour ne pas prendre de risques, il serait temps de programmer notre sortie de l’OTAN. 

 

Mais il est encore d’autres conflits, et les marchands d’armes font de très belles affaires, tout comme les marchands de cercueils. Par exemple, l’Équateur est aujourd’hui en proie à une guerre civile entre les narco-trafiquants et les autorités légales de Quito. Mardi 9 janvier 2024, un groupe d'hommes armés qui aiment passer à la télévision, c’est leur heure de gloire, a pris en otage les journalistes d'une télévision publique équatorienne. La déclaration de guerre est officielle[4]. C’est une guerre un peu différente de celle que mène les narco-trafiquants mexicains qui se battent surtout entre eux pour conserver ou accroitre leurs parts de marché. Non seulement ces narco-trafiquants équatoriens sont riches et peuvent acheter des armes autant qu’ils en veulent,  éventuellement des policiers, mais ils défient ouvertement le gouvernement officiel à la télévision, avec le soutien tacite d’une partie au moins de la population. Je ne pense pas qu’ils puissent prendre le pouvoir, mais ils peuvent tenir une guerre longtemps en gelant les territoires qu’ils contrôlent déjà. Ces guerres sont un échec pour la démocratie dite parlementaire dans laquelle une très large partie de la population ne se reconnait pas. La façon dont les prisonniers sont traités en Équateur est la même que celle qui est appliquée aux prisonniers du Hamas à Gaza. Une des manières de vaincre les ennemis est de les rabaisser ainsi en les déshabillant et en les traitant mal. C’est le, modèle Bukele selon Le monde, modèle qui se moque assez bien des droits de l’homme[5]. Leur enlever en quelque sorte cette virilité qu’ils aiment à afficher dans leur ardeur guerrière. Il m’est d’ailleurs arrivé à l’esprit que la guerre à Gaza était aussi bien une sorte de guerre civile, une guerre de religion bien entendu, sauf évidemment que le Hamas ne veut pas amender les Juifs, mais les éradiquer dans une sorte de Saint-Barthélemy élargie. C’est cette logique qui échappe à la plupart de ceux, notamment les atlantistes du journal Le monde, qui dénoncent la brutalité de la riposte israélienne au pogrom du 7 octobre 2023. Sylvie Kauffmann se désole de voir que cette guerre entre le Hamas et Israël détourne l’attention de ce qui pour elle est le, plus important, la guerre contre la Russie jusqu’à la victoire ! 

La guerre est déclarée entre les narco-trafiquants et l’armée équatorienne 

Si à tous les détours de ces événements dramatiques on retrouve l’ombre des Etats-Unis, on ne peut les résumer à cet opportunisme. Mais ces nouvelles guerres qui éclatent aux quatre coins de la planète, révèlent d’abord l’incapacité des Etats-Unis et ses supplétifs européistes à jouer le rôle de principal gendarme dans le monde. Il y a encore quelques années les Etats-Unis auraient proposé leur aide intéressée à l’Équateur et au Mexique pour lutter contre les narco-trafiquants. Aujourd’hui ils ne le font plus, et le Mexique leur à signifier leur congé. Dans des conflits plus traditionnels, en Afghanistan ou en Syrie, ils ont subi deux défaites humiliantes. Mais c’est un peu comme ça depuis la chute de Saïgon en 1975. On voit mal les Etats-Unis mener une guerre sérieuse aujourd’hui contre la Chine comme les caciques américains – Trump en tête – le voudraient. 

Prisonniers du Hamas à Gaza


[1] https://fr.euronews.com/2023/09/08/la-russie-sera-ravie-si-la-georgie-echoue-a-rejoindre-lue-affirme-josep-borrell

[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/20/le-chef-de-la-diplomatie-europeenne-josep-borrell-accuse-israel-d-avoir-cree-et-finance-le-hamas_6211874_3210.html

[3] https://www.nato.int/cps/en/natohq/opinions_221779.htm?fbclid=IwAR0-J1GsFqu6-Jh-6gSFuGa_C1_TJB4ikmcR2szVukD5rV4TlZ8DbaMPkWU

[4] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/11/en-equateur-le-president-daniel-noboa-declare-la-guerre-aux-gangs_6210210_3210.html

[5] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/20/le-modele-bukele-la-tentation-de-l-autoritarisme-en-amerique-latine_6211911_3210.html

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