dimanche 28 avril 2024

La liberté d’expression ne se marchande pas

 

Rima Hassan en meeting à Montpellier 

La Macronie aime user de la répression, on le sait depuis au moins les Gilets jaunes qui lui a donné ce parfum de droite extrême, brutale et intolérante. Depuis quelques jours cependant le gouvernement ordonne aux préfets d’interdire toutes les manifestations pro-palestiniennes. Les élus de la FI sont convoquées par la police pour apologie du terrorisme, des syndicalistes de la CGT aussi. Bien avant on convoquait aussi les militants syndicalistes lors des actions contre la réforme des retraites par exemple. Je passe sur les interdictions plus anciennes de manifester des Gilets jaunes ici et là et d’autres restrictions du même type. Macron et son gang pense que cette attitude répressive lui donne de l’autorité, c’est exactement le contraire, cette haine débridée du peuple le montre tel qu’il est, un imbécile, incompétent sur à peu près tous les sujets, sans force et sans vigueur, probablement à moitié-fou. Le problème est qu’il trouve des préfets sans colonne vertébrale et des policiers toujours prêts au nom du service de l’État pour commettre les pires saletés. Aujourd’hui ce sont donc les manifestations pro-palestiniennes et les élus de la FI qui sont dans le collimateur. Demain ce sera sans doute autre chose, peut-être une interdiction de manifester contre la guerre que mène l’OTAN contre la Russie. Cette orientation détestable qui a même été remarquée et critiquée par le journal atlantiste Le monde, instrumentalise les juges pour organiser le débat politique[1]. C’est bien là le point central de cette affaire : la justice doit juger des faits avérés et non des élucubrations qui ne peuvent pas être qualifiées de crime ou de délit. Or c’est bien ce qu’on demande : que le juge prenne parti dans l’analyse du conflit israélo-palestinien et tranche de qui peut être soutenu par des manifestations. Le débat politique n’est plus libre depuis longtemps en France, au minimum depuis l’élection malheureuse de Macron en 2017, quand ce ne sont pas les blocages sur les réseaux sociaux via Internet, ce sont les juges qui se mêlent de parler de ce qui ne les concerne pas dans leur métier. Un peu comme quand le Pape parle d’avortement ou de préservatif.

 

La question n’est pas aujourd’hui de savoir si on est solidaire des prises de position de la FI ou de certains syndicalistes de la CGT sur la question palestinienne. Personnellement je trouve que cette curieuse idée que de s’occuper de ce qui se passe à Gaza plutôt que des affaires de la France est très mauvaise, une faute grave sur le plan stratégique comme sur le plan tactique. Je n’ai donc aucune sympathie pour la louche Rima Hassan. Ces gens-là non seulement ne connaissent rien sur ce sujet, mais on peut leur reprocher aussi de n’avoir pratiquement rien à dire sur les autres guerres en Ukraine, ou au Soudan, voire au Congo. Mais comme il s’agit de critiquer Israël, ils ne regardent pas plus loin que cette fenêtre de tir. Au fond ils se comportent comme s’ils approuvaient l’impérialisme américain en Ukraine, mais que le conflit en Palestine et en Israël leur était intolérable. Cependant si on peut trouver ce positionnement stupide, notamment pour dynamiser la campagne pour les élections prochaines au Parlement européen, cela n’enlève rien au fait que la liberté d’expression ne se marchande pas. Là se révèle toute la stupidité de Macron et de ses conseillers. Ils se sont dit que cela les positionnerait positivement auprès de leur électorat. Mais c’est un raisonnement à courte vue : alors que la campagne pour les européennes de la FI est moribonde, voilà que Macron la relance en en faisant une sorte de martyr. A croire qu’il y a un partage des tâches entre Mélenchon et Macron pour s’accaparer le débat et éviter qu’on se pose trop de question sur le fait qu’ils sont tous les deux largués dans les sondages par le Rassemblement National ! Hayer qui se pisse dessus dans les meetings est totalement dépassée et ne sait plus ce qu’elle dit. Et donc discuter de l’autoritarisme de Macron à propos de la Palestine évite de poser les bonnes questions : à quoi sert le Parlement européen ? que doit faire l’Union européenne en Ukraine ? Le choix de Mélenchon de mettre en avant une militante pro-Hamas est un choix évidemment provocateur, quand il compare le président de l’Université de Lille à Adolf Eichmann, c’est également grotesque Mais sans les poursuites judiciaires qui ont suivi, toutes ces provocations stupides seraient passées complètement inaperçues, n’étant approuvées que par une frange très restreinte de la population. Notez encore que le relativement bon score de la liste de l’agent des Etats-Unis, Raphaël Glucksmann, s’explique à la fois par l’effondrement de la FI, mais aussi par celui de la liste des macroniens. 

 

La CGT incapable d’appuyer le mouvement social, de l’unifier et de le pousser, trouve dans cette agitation stérile un dérivatif bienvenu. Je ne sais pas si ces gens-là pensent ce qu’ils disent, mais en tous les cas cela ne masque pas leur incapacité à s’opposer aux lois rétrogrades et antisociales de Macron et de son gang. La stupidité de la position des bureaucrates de la CGT se couvre de l’idée selon laquelle au nom de l’internationalisme le syndicat doit soutenir tous les travailleurs. Mais enfin une connaissance très superficielle de Gaza montre que la Hamas n’a pas grand-chose à voir avec un mouvement prolétarien, et que des travailleurs à Gaza qui vit de l’aide internationale il n’y en a pas. Néanmoins critiquer les dérives de cette gauche sans boussole d’aujourd’hui, cela ne peut pas justifier les entraves à la liberté d’expression ni la judiciarisation du débat politique. Cette dérive est un avant-goût de ce que serait une dictature un peu plus complète que celle de Macron. Alors oui, je suis très hostile à la tactique de la FI visant à introduire la guerre israélo-palestinienne sur notre sol dans le débat politique, mais je ne suis absolument pas pour lui donner des suites judiciaires. Comme disait Marx, il faut « rendre la honte plus honteuse en la livrant à la publicité ». Si la position de la FI ou de certains bureaucrates de la CGT frise la débilité mentale, ce n’est pas à un juge d’en décider et de la sanctionner, et donc il faut défendre aussi le droit de nos adversaires de s’exprimer ! La censure et l’intimidation, quelles que soient les bonnes raisons avancées, ne doivent pas être tolérées.


[1] https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/02/en-marge-du-conflit-hamas-israel-une-inflation-en-france-des-procedures-pour-apologie-du-terrorisme_6219642_3224.html

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