lundi 1 juillet 2024

Confusion politique

  


Plusieurs enseignements peuvent déjà être tirés des résultats des élections législatives du 30 juin 2024. Le premier est que si la participation a été aussi forte environ 66% c’est du à la volonté des électeurs d’en finir avec Macron. Le parti présidentiel étant aux environs de 20%, cela veut dire que 80% des votants le désavouent. On anticipe que le parti présidentiel devrait voir le nombre de ses députés divisé par deux. En 10 ans ce parti aura perdu les 2/3 de ses élus de 360 sièges à moins de 100 sans doute et exaspérer les Français au-delà de l’imaginable. Macron aura réussi à dissoudre ce qui lui restait de majorité. L’explosion programmée du parti macronien est encore bien plus rapidement que celui du PS après le désastre Hollande. ce manque de résilience montre que l’entreprise du gang Macron était à peine une supercherie. On remarquera qu’une fois de plus les sondages ont correctement anticipé les résultats. Le Rassemblement national est largement en tête, et la gauche se tient relativement bien. Parmi les perdants, outre le clan Macron, il y a Zemmour qui tentait de présenter des candidats un peu partout en France pour, comme d’habitude, nuire au Rassemblement National. Avec le départ de Marion Maréchal, de Guillaume Pelletier et de quelques autres, l’aventure était terminée, cette fois elle s’achève dans une reddition complète et dans l’indifférence générale. Les zemmouriens n’atteindront même pas le 1%, ils réalisent encore moins que les candidats de Lutte ouvrière, c’est dire s’ils sont marginalisés. François Ruffin est aussi en position très difficile, qualifié pour le second tour, il ne sera réélu que si les macroniens, la droite ordinaire se déplacent pour voter pour lui. ça n’est pas impossible bien sur, mais ce sera difficile, tant il a été à gauche celui a le mieux et plus bataillé contre Macron. cet échec arrangerait très bien Mélenchon qui ne sait pas trop comment s’en débarrasser et qui compte se présenter en 2027 à l’élection présidentielle malgré la répulsion qu’il représente pour un grand nombre de Français. mais ça c’est l’inconstance ordinaire des politiciens qui se croient toujours avoir un destin devant eux, malgré les mathématiques des élections qui se succèdent.

 

La question que tout le monde se pose est maintenant la suivante : l’Assemblée nationale va-t-elle dégager une majorité capable de gouverner ? Macron a appelé dès 20 heures à faire barrage au Rassemblement nationale. Mélenchon toujours pret à le secourir a dit qu’évidemment il retirerait ses candidats de façon a assurer la réélection de quelques députés macroniens, et Olivier Faure lui a emboité le pas. La politique du barrage qui a toujours profité à la droite extrême de Macron et de son gang est un désastre pour la gauche, c’est d’ailleurs ce manque de clarté qui fait que c’est maintenant le RN qui est le premier parti ouvrier de France. Néanmoins si je me fie au tableau ci-dessous nous avons deux cas de figures possible : d’abord une majorité formée du Rassemblement National et de quelques députés Les Républicains. C’est tout à fait envisageable, bien que les médias et le système vont tenter de présenter Les Républicains qui iraient à la soupe par exemple sur le mode, on va modérer les ardeurs de l’extrême-droite comme des traitres. Mais il y a une autre majorité possible, celle qui se réaliserait autour de Macron avec le Nouveau Front Populaire et Les Républicains. c’est sans doute ce schéma que Macron a en tête malgré le catastrophique premier tour de ses troupes. Les crapules de gauche mangeront leur chapeau et crieront qu’il faut faire ce choix, car la République est en danger. Evidemment il va être difficile pour les électeurs de gauche de mettre un bulletin dans l’urne pour le gang Macron. Mais celui-ci n’a pas besoin d’un raz de marée, il lui suffira de peu pour gagner quelques sièges et venir former une majorité avec le Nouveau Front Populaire qui finalement aura servi à le sauver. Est-ce qu’il avait en tête quand il a dit qu’il allait changer de méthode de gouvernement ? Cependant si on pressent que le barrage va encore servir sans doute à empêcher le RN d’obtenir une majorité absolue, cela ne sera pas suffisant pour donner une majorité stable, même en mettant en place des alliances biscornues avec une fraction des Républicains. il sera difficile pour Macron de nommer un premier ministre issu d’un parti minoritaire et de faire passer les lois régressives comme celle qu’il envisageait de réformer encore et toujours les allocations chômage. Le pale Gabriel Attal qui vit ses derniers jours dans la lumière, a d’ailleurs annoncé qu’il renonçait à sa réforme comme un gage de bonne volonté. On se demande bien pourquoi il a parié sur cette réforme impopulaire juste avant les élections législatives. Si c’est par calcul politicien, c’est asses stupide, si c’est par conviction personnelle, ça l’est encore plus ! En tous les cas le geste d’Attal prouve que c’est bien d’abord aux macroniens que va profiter relativement le barrage au RN. Si je me réfère au tableau ci-dessous, il faudrait au moins 275 sièges de députés au RN pour arriver à débaucher les quelques élus Républicains qui viendraient à la soupe. S’ils restent autour de 250, dans la fourchette basse, ce sera très difficile pour eux. Le camp présidentiel est lui aussi désuni sur le plan de la tactique. Certains crétins comme Bruno Le Maire tente de jouer la division de la gauche et d’attirer dans certains cas des électeurs de droite pour sauver les meubles, et donc ils avancent que la FI doit être aussi exclue de ce que les journalistes nomment stupidement l’arc républicain. mais on connait les faibles talents tactiques de l’effondreur de l’économie russe. il se pourrait que cela aboutisse à des triangulaires qui finiraient d’assommer le camp macronien !

 

La construction d’une nouvelle majorité va donc être difficile, tout le monde en convient. On semble se diriger vers une situation de blocage politique du pays avec trois camps : un RN puissant et bien implanté, mais incapable d’avoir une majorité absolue ou stable pour appliquer son programme, un camp de gauche complètement hétéroclite qui irait de Hollande et Glucksmann – hommes de la droite atlantiste, pro-israéliens – jusqu’à Poutou, propalestinien et immigrationniste furieux. Ce camp n’est d’accord sur rien, de la question israélienne jusqu’à la hausse du SMIC. Il se rassemble seulement dans la volonté de continuer la guerre en Ukraine pour le compte des Etats-Unis, et bien sur de battre Macron qui est hai par 80% des Français. Le troisième camp est celui de la droite ordinaire, qu’on disait avant Macron, la droite de gouvernement. il est réduit à la portion congrue. Il est construit à partir des résidus du parti macronien et de ceux de Les Républicains. C’est à peine un parti de supplétifs, ils peuvent encore jouer un rôle d’appoint, mais guère plus. On notera dans cette situation de blocage programmé, que les médias, le journal Le monde en tête, auront joué un grand rôle dans la mise en place du barrage au RN. Ils ont tout fait pour revenir sur la dédiabolisation du RN. Récemment un plumitif du Monde, Vincent Duclert, s’est saisi d’un nom prononcé par Jordan Bardella pour tenter de le disqualifier : ce dernier avait en effet parlé de Jean Moulin à propos du barrage, et le malhonnête Duclert en avait déduit qu’il avait ironisé sur le role de Jean Moulin dans la Résistance. Il est bien possible que le faible Bardella ne connaisse rien du rôle de Jean Moulin, mais le procédé est déloyal, puisqu’en effet le leader du RN moquaient d’abord ceux qui comme au Monde croient faire de la Résistance en dressant un barrage contre le RN. Une situation de blocage de l’Assemblée nationale permettrait à Macron de se présenter comme le gardien des institutions et de retrouver des marges de manœuvres, notamment pour mener les actions guerrières de l’Union européenne pour le compte de l’OTAN et des Etats-Unis. 

 

Dans la dernière Assemblée que Macron a dissoute, on avait vu apparaitre des oppositions très fortes, assorties d’invectives, entre ces trois pôles politiques, sans possibilité de cohésion nationale. Il est à prévoir que cela ira en s’aggravant dans les mois qui viennent. Au fond la situation va ressembler de plus en plus à celle des Etats-Unis où on ne voit pas comment le duel Biden-Trump, quel qu’en soit le vainqueur, permettrait de retrouver une situation politique apaisée1, c’est-à-dire une alternance paisible. Les résultats de dimanche 30 juin, montrent déjà que la France périphérique, celle qui souffre de tous les maux, a voté massivement pour le Rassemblement National. Les pays occidentaux, du fait de la poussée de l’extrême-droite, sont dans une situation instable, ce qui ne facilite pas la reprise du leadership sur le monde qu’ils ambitionnent. C’est sans doute là la leçon la plus évidente de ces élections législatives. Certes on peut dire que l’imbécilité de Macron, faible tacticien, est responsable de cet état de choses, mais c’est plus précisément le résultat de la décomposition de l’Occident qui n’arrive plus à engendrer une politique consensuelle qui se traduirait, comme avant, par une alternance paisible. Cet état de tension permanent, amplifié par l’inculture des hommes politiques de la nouvelle génération, ne peut déboucher que sur la violence, depuis 2018, nous sommes dans un état de guerre permanent, les Gilets jaunes l’ont montré, mais aussi les émeutes consécutives à la mort de Nahel l’année dernière, les manifestations contre la loi sur les retraites. Il serait peut-être temps au lieu de partir en lutte contre un fascisme qui n’existe pas, de réfléchir à cet état de guerre de tous contre tous.


1  Ce sera aussi le cas, même si les démocrates arrivent d’ici à la convention de leur parti au mois d’aout à trouver un candidat acceptable, moins gâteux que le président sortant.

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