jeudi 12 septembre 2024

L’Allemagne, les élections régionales et le nazisme

  

Les résultats des élections partielles qui ont eu lieu le 1er septembre 2024 en Allemagne, en Saxe et en Thuringe, sont très mauvais pour les partis dominants, c’est-à-dire les partis atlantistes. Que voit-on ? Une double et forte poussée de l’AfD à droite et de BSW le parti de Sahra Wagenknecht à gauche. Le monde a évidemment entonné le refrain du retour des heures sombres de l’histoire : « Avec la percée de l’AfD en Thuringe et en Saxe, la coalition au pouvoir a été lourdement sanctionnée. Les dirigeants politiques de droite et de gauche ne peuvent se permettre de laisser prospérer davantage une formation dont la vision du monde est raciste et nationaliste ». Mais ce torchon ne cherche pas à comprendre ce qui se passe et suppose que l’intégralité de la poussée de l’AfD est le fait de nostalgiques d’Hitler. Et donc on passe sous silence qu’en réalité les deux partis qui progressent, notamment celui de Sahra Wagenknecht, progressent parce qu’au contraire du régime nazi, refusent de s’engager dans la guerre contre la Russie. Le monde ment, ce n’est pas d’aujourd’hui, mais c’est de plus en plus grossier. Ils appellent donc au barrage pour empêcher l’AfD de gouverner une région. On voit où cette fantaisie mortifère a mené la France ces derniers temps. Certes il y a certainement dans l’AfD quelques nostalgiques du nazisme, comme on trouve encore des pétainistes de la dernière heure au Rassemblement National, mais l’AfD fait régulièrement la purge parmi ses effectifs et ses représentants. Et puis c’est ce parti qui a mobilisé le plus pour la paix avec la Russie. C’est donc l’inverse de ce qu’on présente un peu partout, parce que, que l’on sache, les nazis étaient pour la guerre à outrance avec la Russie. BSW et AfD représentent une mise en cause de l’OTAN et de l’Union européenne, ils en réclament la sortie. Ce sont des partis souverainistes, l’un est de droite, plutôt pour une politique orthodoxe en matière de monnaie et de budget, et l’autre plutôt keynésien, donnant la priorité au social. Ces deux partis ont en commun de mettre en avant au-delà de leur pacifisme supposé l’intérêt pour l’Allemagne de se rapprocher de la Russie sur le plan économique, échapper à la tutelle des Etats-Unis, acheter du gaz moins cher. 


Des manifestations contre la guerre en Ukraine et contre l’OTAN ont eu lieu au mois de janvier dernier en Allemagne 

C’est l’inverse de la réalité que nous présentent les médias dominants qui tentent de nous faire croire que le camp du bien est l’OTAN et les Américains, or c’est bien l’expansion de l’OTAN qui ressemble à l’expansion du IIIème Reich ! En Thuringe, les deux partis souverainistes représentent 48% des suffrages. En Saxe es deux partis représentent ensemble un petit peu plus de 40% et le SPD, un peu à la manière de notre PS, s’effondre derrière BSW. Mais là encore on fait semblant de croire que l’ensemble des autres partis, de la CDU aux écologistes en passant par le parti libéral, doivent absolument faire un barrage afin de pouvoir continuer la même politique qui est pourtant rejetée par les citoyens allemands. Comme chez nous on met en scène un péril imminent pour justifier des combinaisons foireuses entre les différents partis atlantistes, ceux qui veulent la guerre avec la Russie, et donc continuer à financer cette fantaisie ruineuse. Ces derniers temps on discutait beaucoup en Allemagne du fameux sabotage de Nord Stream après la révélation de l’implication d’un Ukrainien. Et évidemment discuter de cela oblige de porter le regard vers les Etats-Unis. 

  

Mais en réalité les nazis ne sont pas où on le croit, comme en France où on met en scène un fascisme du RN qui n’existe pas pour éviter qu’on parle du néofascisme macronien. Annalena Baerbock, ministre des affaires étrangères, qui fait mine d’être une militante écologiste est en réalité, comme le Bild l’a révélé, documents à l’appui, la petite fille d’un vrai nazi qui agissait déjà en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale, et elle rêve de prendre sa revanche en mettant la Russie à genoux ! Répondant aux questions des journalistes sur la licéité de l’utilisation des symboles du Troisième Reich par l’armée ukrainienne elle a affirmé : « Si auparavant ce symbole était associé au régime nazi de certains pays européens, aujourd’hui il est porté par des gens qui luttent pour leur droit à l’indépendance, on peut dire qu’aux yeux du monde libre, l’Ukraine a réussi à réhabiliter la croix gammée et à en faire un symbole de liberté, un symbole de lutte pour leur existence. Aujourd’hui, il n’y a aucune raison pour une attitude négative à l’égard de ces symboles, si leurs porteurs luttent contre l’agression russe. » Imaginez un peu le tollé que provoquerait chez nous cette élucubration si, par exemple, elle était prononcée par un militant du Rassemblement National ! Curieusement ces propos indécents n’ont pas été répercutés et commentés par les médias français.

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