C’est un parfait non-événement, et cela pour plusieurs raisons. La première c’est qu’il était mort politiquement depuis que sa fille l’avait exfiltré du Front National, et la seconde c’est qu’il n’était plus en état de nuire à qui que ce soit. C’était le parfait repoussoir, en effet par ses outrances, il était certain de rallier contre lui une large majorité, et il faisait tout pour que cela reste ainsi. Il était le vrai allié du système, puisqu’en effet, il permettait grâce au chantage du type tout sauf Le Pen, que tout continuât comme avant. Il n’aura échappé à personne que l’émergence de Le Pen commence avec le coming out de la gauche vers le néolibéralisme, au début des années quatre-vingts. Il représentait exactement la fausse alternance qui ne peut jamais arriver au pouvoir. La forme raciste de son opposition à l’immigration, similaire à sa haine affichée des Juifs, permettait justement de disqualifier tout débat sur cette question. Entre temps les fausses alternances se sont succédées et dévalorisées. Les meilleurs blagues ayant une fin, on se rend compte aujourd’hui que cet endiguement était une illusion perverse. Ça fonctionne de moins en moins bien. On le voit avec l’évolution du vote des ouvriers et des employés. Marine Le Pen qui a travaillé à dédiaboliser le FN sous l’impulsion de Florian Philippot a fait un bond en avant, en rejetant ouvertement l’antisémitisme de son père et des créateurs initiaux du F N.
Évolution du
vote des employés et des ouvriers en faveur du FN
Le Pen permettait à la gauche de vivoter sans trop de programme, mangeant sa rente de situation qui pourtant s’effritait jour après jour. Les politicards comme Mélenchon laissaient entendre que l’œuvre de Le Pen était d’avoir mis des idées fausses dans la tête des catégories inférieures de la population. Mais il était pourtant évident depuis des dizaines d’années que le discours des partis de gauche était devenu inaudible. Les journaux en ont fait des tonnes pour nous expliquer combien Jean-Marie Le Pen était mauvais. Ses outrances étaient la meilleure justification pour consolider le système. Par système j’entends le système capitaliste de type néo-libéral. C’était un homme louvoyant qui n’avait aucune ligne politique stable. Il fut ainsi pour une Europe blanche en 2002, puis contre l’Europe en 2005. Amateur d’inégalités raciales, sociales et tout ce qu’on veut, il était une sorte de Trump, en moins riche toutefois, bien qu’il ne soit pas dans la misère. La politique lui ayant permis de vivre grassement sans travailler, et un détournement d’héritage[1]. Dans sa jeunesse il avait aussi gagné un peu d’argent en éditant et en diffusant des enregistrements de chants nazis. Fêtard, combinard, ses convictions n’étaient pas des plus solides.
La question qui semblait embarrasser les journalistes était
de savoir quelles seraient les conséquences de sa disparition. En vérité il n’y
en aura aucune. Le RN continuera son petit bonhomme de chemin, bien aidé par la
stupidité et l‘incompétence des autres politicards. Car la question qu’on
aurait du devoir poser est la suivante, pourquoi les électeurs se sont-ils
tournés de plus en plus vers ce parti ? Ensuite pour élargir le débat il
faudrait se demander en quoi ce parti est plus néfaste que Renaissance ou
Horizon, ou encore que les sociaux traitres du Parti socialiste. Pour ma
part, le louvoyant Jordan Bardella, c’est un peu la même chose qu’Emmanuel
Macron, le grain de démence en moins. L’unanimisme douteux de la presse main
stream, de Libération au Monde, en passant par Le Figaro et
Le Parisien, laisse à comprendre à quel point les diatribes sur ce triste personnage sont hors
de saison. Jean-Marie Le Pen faisait hurler avec ses provocations, mais
Mélenchon et les clowns de la FI sont de la même école, incapables de
rassembler et de présenter un programme cohérent, ils éructent des insanités,
insultent leurs potentiels alliés. Le tweet de Mélenchon sur le décès de Le Pen
est d’ailleurs édifiant. En effet, il suppose que Jean-Marie Le Pen a mis des
mauvaises idées dans les têtes des Français un peu simplets, sans se demander
si les Français n’avaient pas quelques raisons de se rallier à certaines thèses
du créateur du F N. Pourtant la multiplication des attentats islamistes serait
déjà une raison suffisante pour le comprendre.
Le jour où on annonçait le décès de Jean-Marie Le Pen, un autre clown, Daniel Cohn-Bendit, reprenait à son compte la thèse du grand remplacement à propos de l’immigration à Mayotte. Il a avancé : « qu’il était nécessaire de « freiner et rendre impossible cette immigration qui est là vraiment un grand bouleversement, un grand remplacement de la population »[2]. Allant jusqu’à soutenir que Mayotte ce n’était pas la France, ce qui est très osé ! Mais encore en 2023, ce bourricot évoquait bêtement les bienfaits de l’immigration en France. Il reprenait allègrement sans recul l’idée selon laquelle des tas d’étrangers ont fait la France, avec les mêmes noms que les gauchistes ressortent à chaque fois, Marie Curie, Joséphine Baker – qui du reste était bel et bien française – Manouchian[3]. Encore plus stupide que Le Pen, il supposait que les bons immigrés sont ceux qui ont du talent et pas vraiment les pauvres malheureux qui se laissent tenter par l’immigration. La stupidité de Cohn-Bendit n’est plus à démontrer, et le voilà maintenant après s’être converti au macronisme qu’il joue les Zemmour, il ne luis reste plus qu'à s'inscrire au RN. J’ai trouvé que ce télescopage en disait long sur l’inconséquence et l’opportunisme des politicards qui n’ont ni honneur, ni intelligence. Un clown chasse l’autre !
[1]
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2025-01-07/d-ou-venait-cet-heritage-providentiel-qui-a-fait-de-jean-marie-le-pen-un-millionnaire-a2aedeb0-a237-4940-bf15-ba49622a1d17
[2]
https://www.20minutes.fr/societe/4132145-20250106-mayotte-colere-gauche-daniel-cohn-bendit-reprend-compte-these-grand-remplacement
[3]
https://www.nouvelobs.com/politique/20230112.OBS68245/daniel-cohn-bendit-sans-l-immigration-le-recit-national-francais-serait-bien-triste.html
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