Vers la fin du mois de février, la CPAC accueillait dans le
Maryland un rassemblement militant destiné à célébrer le retour au pouvoir de
Donald Trump. Toute la crapule conservatrice et fascisante du monde se trouvait
rassemblée ici. Passons sur les extravagances communicationnelles de ce genre
de kermesse hideuse. On y vendait en effet des tee-shirts aux couleurs laides
et violentes, des chapeaux en papier décorés du drapeau américain. L’ensemble
baignait dans une vulgarité toute trumpiste. Le plus important est ce que cette
conférence voulait dire. La droite extrême du monde entier était là pour saluer
la nouvelle alliance à la dimension planétaire du grand capital et d’un
populisme foireux. La première réflexion qui venait en regardant cette débauche
son et lumière, c’est que cette convention marquait l’avènement d’une nouvelle
forme de mondialisation. Contrairement à ce que croit certains imbéciles, Trump
n’est pas souverainiste, c’est un mondialiste qui au lieu d’imposer la loi des États-Unis
par le droit, vise à l’imposer par la force. Et donc il vient que tous les
étrangers qui venaient se mêler à cette fantaisie, Javier Milei pour l’Argentine,
Mateusz Morawiecki pour la Pologne, Giorgia Meloni qui hier encore était pour
poursuivre la guerre en Ukraine, en passant par Jordan Bardella du
Rassemblement National, étaient potentiellement des traitres à leur patrie,
cette conférence se plaçant directement sous le slogan Mage America Great
Again. Ils admettaient implicitement que la mondialisation n’avait pas
disparue, qu’elle était toujours sous la conduite des Etats-Unis, mais que le
patron avait changé, ainsi que l’emballage. La simple vision de Trump s’emballant
lui-même dans le drapeau étoilé, suffit à la démontrer.
L’idée générale est de trouver des alliés en Europe pour consolider cette nouvelle hiérarchie qui doit conduire à un pillage continu de l’Europe. Le spectacle était assuré par Musk et Milei qui se passait la tronçonneuse, cet engin qui est censé diminuer l’État pour libérer les milliardaires de cette charge. En vérité il ne s’agit pas d’une disparition de l’État, mais d’une appropriation de celui-ci par une poignée de milliardaires. Mais cette image violente était destinée à menacer tous ceux qui se mettront en travers de la route de ce nouveau pouvoir aux contours pourtant bien flous. Musk a dénoncé le fait que l’USAID et les agences étatsuniennes servaient aussi à financer des actions troubles de déstabilisation de la CIA – ce qui est vrai – pour en fermer quelques-unes, et pour lancer une vaste chasse aux sorcières dans l’administration. C’était la méthode de l’HUAC au temps de McCarthy. Cette pratique vise en réalité d’abord les pauvres, mais également à construire un État qui ne serait pas neutre, mais qui appliquerait uniquement les directives de Trump. C’est l’essence même du fascisme qui se retrouve dans cette idée de s’emparer de tous les rouages de l’État. Les citoyens ont commencé à manifester contre cette manière de s’approprier l’État et ils vont probablement continuer à la faire. Javier Milei qui est une sorte de clone de Musk, mais sans les milliards de dollars, a fait de même en Argentine, a vu sa cote de popularité plonger complètement, notamment parce que la misère augmente dans le pays avec les inégalités, mais aussi parce que l’insécurité est au plus haut. Fragilisé Milei est venu chercher du réconfort auprès de ses maitres.
Manifestation contre les purges d’Elon Musk le 5 février 2025
Parmi les pitreries enregistrées, on a vu Steve Banon, néofasciste
assumé conclure son discours en faisant le salut hitlérien. Ce qu’avait fait
Elon Musk lors de l’inauguration de Trump comme nouveau président. Le 20
janvier des « experts » s’étaient interrogés, est-ce que ce geste et
nazi ou seulement fasciste et romain[1].
La répétition des mêmes provocations ne laisse pourtant aucun doute sur la
signification de ce geste. Ce geste a eu des répercussions, Jordan Bardella qui
devait prononcer son discours d’allégeance au trumpisme, s’est trouvé dans l’obligation
d’y renoncer. Mais que faisait-il dans cette kermesse à la gloire de l’Amérique ?
N’est-il pas censé défendre la souveraineté de la France ? Jordan Bardella
après avoir rallié le camp européen sur la question de l’euro, et de la guerre
en Ukraine, s’est encore un peu plus discrédité en allant aux Etats-Unis prêter
allégeance à cette nouvelle internationale qui se met en place sous l’égide des
Etats-Unis. Pour ajouter encore plus à la confusion, Steve Banon a demandé que
Trump puisse se représenter à nouveau aux élections en 2028. Il aura alors passé
le cap des 80 ans !
En haut Elon Musk le 20 janvier 2025, en bas Steve
Banon le 20 février 2025
L’élection de Trump pour un nouveau mandat de 4 ans, n’amène pas un rassemblement du peuple étatsunien derrière lui. En un mois, il a perdu déjà à peu près 10 points de popularité. C’est ce que j’avais prévu, et je pense que cela ira de pire en pire. Malgré le ralliement de la ploutocratie à sa bannière, Trump et son gang sont à même de raviver une guerre civile latente. Les Etats-Unis sont profondément divisés sur à peu près tous les sujets, bien plus qu’ils ne l’étaient avant à travers les alternances entre Républicains et Démocrates. Dans le sondage ci-dessous, on voit que même sur le sujet de l’économie Trump est faiblement soutenu. Ne parlons même pas des relations des Etats-Unis avec l’étranger de ses positions sur Israël et l’Ukraine. La grande messe de la CPAC ne va rien changer, et il est probable que cela va aggraver les choses.
Bien entendu dans ce désastre, il ne faut pas oublier le rôle
des Démocrates et de l’administration Biden. S’ils ont perdu les élections, c’est
bien parce que le petit peuple étatsunien d’est détaché d’eux pour marquer son
mécontentement. Le rôle de repoussoir des wokes dans l’élection de Trump en
2024, montre à quel point il s’agit de deux faces de la même pièce. Une fois de
plus on voit que dans cette fausse démocratie occidentale, l’alternance entre
deux partis riches et puissamment organisés engendre l’immobilisme. Quand Trump
fait semblant de changer de discours, tournant vers une forme larvée de fascisme,
il reste dans l’idée que les Etats-Unis doivent dominer le monde et réorganiser
les relations avec l’étranger pour leur profit. Avant Trump les Etats-Unis acheter
les politiciens européens, avec Trump ce qui a changé c’est qu’il n’a plus
besoin de les acheter, ils viennent à lui se soumettre tout seuls, sans qu’on
ne leur demande ! Mais ce renouvellement est très fragile car il repose
manifestement sur un rassemblement d’imbéciles et d’opportunistes sans colonne
vertébrale. C’est la leçon de cette CPAC de 2025.
La CPAC est aussi une possibilité de commercer des paillettes
[1]
https://www.humanite.fr/monde/donald-trump/nous-voulons-trump-en-2028-a-washington-steve-bannon-preche-pour-la-fin-de-la-democratie-en-faisant-un-salut-nazi
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