mercredi 19 février 2025

Le Louvre et le commerce de l’art et de ses dérivés

Macron faisant semblant de s’intéresser au monde de l’art 

Macron qui s’ennuie dans sa semi-retraite, posait, avec sa perruque, il y a quelques jours au Louvre. Le voilà donc devant la Joconde, œuvre phare et sans doute la plus visitée du musée, en train de nous faire un discours sur l’état déplorable de ce musée. Donc le voilà qu’il nous présente un plan de rénovation estimé sur dix ans à 800 millions d’euros. Évidemment s’il nous dit aujourd’hui 800 millions, il est probable que ça coutera plutôt dans les 2 ou 3 milliards avec les dépassements prévisibles pour ce genre de fantaisie. Mais laissons là au moins pour l’instant ce genre de discussion. Donc Macron veut rénover le Louvre, refaire les entrées, détruire la Pyramide stupide et laide que Mitterrand avait décidé d’imposer à ce musée. Parmi les autres élucubrations, il devrait y avoir une salle à part avec une billetterie spécifique pour la Joconde, œuvre phare du musée qui attire principalement les visiteurs qui ne savent pas très bien quel est le contenu des collections du Louvre. Selon l’historien français Patrice de Moncan, « le Louvre, sans son contenu, vaut la somme astronomique de 10,5 milliards de dollars » et ses œuvres d’art et objets « ont une valeur minimale probable de 35 milliards de dollars ». Il y a les œuvres visibles et les œuvres invisibles cachées dans les sous-sols et que de temps à autre on exhibe pour rénover l’image du musée. Le Louvre dans son ensemble est donc une partie du patrimoine français. Et c’est d’ailleurs ce patrimoine qui attire les touristes étrangers. Le Louvre est le musée le plus visité du monde, loin devant le musée du Vatican. 

Seulement voilà, l’entretien de ce patrimoine coute très cher. Son budget est évalué à plus de 300 millions d’euros par an, et son personnel est de 2200 salariés dont 1800 dédiés à la sécurité. Et les recettes du Louvre sont insuffisantes, elles couvriraient seulement 60% des dépenses, soit environ 200 millions, sauf quand en 2020 et 2021, pour cause d’épidémie de COVID la fréquentation s’est effondrée. Un peu plus de deux tiers des visiteurs sont des étrangers, et ces étrangers sont principalement des Allemands. Le nombre de visiteurs est nettement remonté, atteignant 8,9 millions en 2023 et 8,7 millions en 2024. Mais qu’est-ce que représente le Louvre précisément ? Il fut un temps, je suis assez vieux pour m’en souvenir, où ce musée pouvait se visiter tranquillement, essentiellement les visiteurs étaient des amateurs d’art ou parfois des scolaires qu’on amenait pour les éduquer à l’histoire de l’art. On y était tranquille, comme d’ailleurs dans la plupart des musées, un peu comme à l’église si vous voulez.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est la conséquence de la révolution des loisirs qui a vraiment commencé à la fin des années soixante. On ne peut donc pas comprendre le musée du Louvre ou autre, sans le relier à l’activité touristique débridée qui s’est malheureusement emparée de la France. D’ailleurs dans son discours simplet, Macron a rappelé que le but pour amortir tous ces investissements, c’était de viser rapidement les 12 millions de visiteurs par an. Autrement dit, les célèbres collections du musée du Louvre sont visitées en moyenne par 30 000 personnes tous les jours ! Si on le comprend aller au Louvre ne peut pas être une nécessité sur le plan esthétique, mais un lieu à visiter où on prend des photos avec la Joconde, il faut le comprendre comme une marchandise, ou mieux encore un produit d’appel pour ce qui est important : le tourisme qui apporte des devises, la France étant malheureusement le premier pays à accueillir des touristes, plus de 100 millions en 2024, et Paris 37 millions pour cette même année, une année exceptionnelle puisqu’il y avait comme autre malheur les Jeux Olympiques.  

La Joconde fait toujours recette 

Le tourisme en France c’est un chiffre d’affaires de 71 milliards d’euros, soit 2,5% du PIB. C’est une des rares industries qui a une balance positive en France, pour environ 15 milliards d’euros. Ce qui n’est pas négligeable dans la mesure où le commerce international accuse un déficit de plus en plus abyssal. On comprend donc que le patrimoine de la France, ses monuments et ses musées n’ont pas une valeur seulement historique et esthétique, mais ce sont des arguments pour décider le touriste étranger à venir dépenser de son argent chez nous, malgré les grands désagréments que cette fantaisie entraine, sans même parler de la pollution. Il faut donc aménager le paysage et donc les musées, et donc le Louvre, afin que le touriste ne se sente pas dépaysé par rapport à son environnement d’origine ! Autrement dit il faut dénaturer la France et ses musées afin de la rendre attractive. Du reste les collections du Louvre sont présentées de façon à ce que le touriste hâtif par définition retrouve les sensations qu’il a ressenties sur Internet lorsqu’il a programmé son voyage. Les travaux devraient durer dix ans, étalés dans le temps afin qu’ils ne nuisent pas trop aux hordes de touristes qui feront la visite de Paris. Il y a bien longtemps que je ne visite plus ces musées surchargés de ces personnes en sueur qui prennent des selfies à la chaine. Et je me demande si à la longue ces fantaisies ne nuiront à l’efficacité de la présentation des musées comme des produits d’appel. Bien entendu le Louvre est un musée haut de gamme par ses collections, mais vous remarquerez que n’importe quelle ville en France maintenant possède son musée, ici c’est le musée de la lavande, comme Auschwitz est devenu le musée de l’horreur, on met en valeur les ressources qu’on a sous la main. L’important est de retenir le client le plus longtemps possible, comme sur Facebook, il faut l’occuper pour le garder captif. 

Une foule oisive trainant sa mélancolie devant la pyramide 

Que dire encore de ces foules hideuses et mal fagotées, en train de se trainer, usées et transpirantes pour faire semblant d’admirer quelque chose qu’elles ne comprennent pas ? Elles sont clairement la preuve de cette marchandisation accélérée des œuvres d’art et de la culture en général. On peut bien vendre des mugs, des tee-shirts, des bougies ou des casquettes, ce n’est plus de la valorisation de l’art dont il est question, mais d’une consommation vulgaire d’images détournées de la culture occidentale. C’est sans doute plus de cette débauche mercantile éhontée dont souffrent les musées aujourd’hui que d’un manque de financements. Cette dévalorisation systématique de l’œuvre d’art participe finalement de cette propagande pour la laideur. Dans son discours sur le plan de rénovation du Louvre, outre les détails que Macron a donné sur les différentes modalités de paiement des droits d’entrées, si vous êtes jeune ou vieux, si vous êtes français ou étranger, ou si vous avez une carte d’handicapé, il a avancé bien imprudemment que le Louvre en s’agrandissant devrait accueillir aussi des œuvres modernes, ce qui confirme dans l’esprit de ce petit banquier que son but est bien de faire l’éloge de la laideur et la propagande pour la marchandise. De quelque manière qu’on le prenne, c’est bien une nouvelle manière de rabaisser le génie artistique patiemment rassemblé au fil des siècles. 

Laurence de Car explique combien son projet de rénovation du Louvre est important 

Laurence de Cars, la présidente du Musée du Louvre, dans un discours du 28 janvier dernier, a précisé les options choisies, et a ainsi confirmé une marchandisation à outrance des œuvres du Louvre avec comme produit d’appel la Joconde à laquelle sera dédiée une salle de 2000 mètres carrés ! 75% des visiteurs viennent au Louvre pour la Joconde ! C’est donc une option de rentabilisation à outrance qui sera mise en œuvre. Le prix du billet d’entrée pour cette salle sera spécifique, distinct des autres possibilités de visite, avec un billet de 30 € pour les étrangers. Cette discrimination équivaudra certainement, toujours par souci de rentabilité, à privilégier la clientèle étrangère à celle des autochtones ! Elle n’a pas rassuré beaucoup de monde en racontant que le Louvre allait continuer à exhiber ses collections. Dans la foulée elle a annoncé que le Musée renoncerait à empêcher les selfies, car le but du visiteur n’est pas de voir la Joconde, mais plutôt d’être aux côtés de cette œuvre comme s’il en était un petit peu l’auteur. 

La Victoire de Samothrace est un autre lieu de rassemblement d’une foule désœuvrée 

Vous me direz que cette réhabilitation, c’est la même chose qu’on a faite pour Notre-Dame de Paris. L’ensemble des réaménagements et de la réfection coutera 800 millions d’euros, principalement des fonds récoltés auprès de donateurs privés du monde entier, et il se dessine qu’il faudra y faire la queue et payer très cher pour la visite, assumant de se retrouver immergé dans une foule bruyante et en sueur! Est-ce un monument historique, une œuvre d’art, un lieu de culte ? On ne sait pas trop, mais il est certain que c’est maintenant une marchandise faite pour appâter les touristes et les inciter à dépenser, la preuve est faite ! Le Musée du Louvre doit être géré comme une entreprise à l’égal d’un restaurant fast food avec des services qui se succèdent sans interruption.

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