La paix tout le monde est pour, et bien entendu, je souhaite que cette guerre qui a fait sans doute un million de morts en Ukraine s’arrête le plus rapidement possible, mais il, fait considérer les conditions de la paix et qui sera le dindon de la farce. Le 12 février, Trump a annoncé qu’il a discuté une heure et demi avec Poutine, puis quelques minutes avec Zelensky. Il a annoncé que les deux présidents de la Russie et des Etats-Unis allaient entamer des négociations de paix. Le discours de Trump était très élogieux, disant qu’il estimait beaucoup Poutine et qu’il allait renforcer ses liens avec la Russie, qu’il irait en visite en Russie et que Poutine viendrait aux Etats-Unis pour une visite amicale. Il a même ajouté que l’exclusion de la Russie du G7 avait été une grave erreur. Ce discours a bien entendu fait bondir tous les va-t-en-guerre européistes et l’OTAN. Trump a laissé entendre que c’est lui et Poutine qui dicteraient les conditions de la paix. L’idée générale c’est que c’est l’administration Biden qui a déclenché et nourri la guerre, donc que par définition c’était mauvais pour Etats-Unis. Cette manière peu élégante de gérer la défaite des Etats-Unis sur le terrain, laisse oublier que Trump lors de son premier mandat a armé l’armée ukrainienne en vue de la guerre contre la Russie. C’est évidemment l’habitude générale des Etats-Unis depuis 150 ans de laisser tomber leurs alliés quand ça tourne mal et de s’attribuer le rôle du sauveur si ça tourne à leur avantage. Quoi qu'il en soit, une première rencontre physique entre Donald Trump et Vladimir Poutine pourrait avoir lieu en Arabie Saoudite, assez rapidement.
Zelensky fait semblant de croire qu’il a encore un rôle à jouer. Il multiplie les déclarations pour tenter de mettre Trump dans sa poche, mais ça ne semble pas fonctionner, Trump ne lui ayant consacré que très peu de temps. Il semble se dessiner plusieurs choses dans le plan de Trump. D’abord, il est exclu que les Ukrainiens regagnent le terrain perdu depuis 2014 et l’annexion de la Crimée. Et on ne le dit pas encore, mais on voit mal les Russes rendre le Donbass. Ensuite Trump ne veut pas de l’Ukraine dans l’OTAN. Sur ces deux points il est en accord avec les Russes. Les Européens sont exclus des négociations, Zelensky aura sans doute un strapontin pour écouter. En réalité ce qui se passe c’est une capitulation des Etats-Unis et la reconnaissance de la défaite de l’Ukraine dans cette aventure. Cependant Trump a bien d’autres exigences envers les Européens qui ne l’aiment pas. D’abord il demande aux Européens de payer pour la reconstruction de l’Ukraine, reconstruction qui s’élèverait, selon les calculs de la Banque mondiale à 411 milliards de dollars, étalés sur 10 ans. Ensuite il veut que les Européens financent l’OTAN à hauteur de 5% de leur PIB, pour quoi faire ? Mystère.
Arrêtons-nous d’abord sur les exigences de Trump vis-à-vis des Européens. Contrairement à ce que les apparences laissent croire, il y a une continuité entre l’administration de Biden et celle de Trump. Regardons les choses de près, Biden a commencé la guerre, Trump la finit. Les Européens ont globalement investi 200 milliards d’euros dans la guerre contre la Russie, à peu près autant que les Etats-Unis. A ces financements, il faut ajouter le coût pour la croissance et l’industrie, sans parler du sabotage des Gazoduc Nord Stream qu’il faudra un jour réparer. On sait qu’un des buts de guerre des Etats-Unis étaient d’affaiblir l’Europe et de la détacher de la Russie. C’est fait, du moins provisoirement. Mais Trump veut l’Europe complètement à genoux, non seulement en payant la reconstruction de l’Ukraine, mais aussi en finançant l’OTAN. Et en plus il exige que les Européens achètent son gaz de schiste qui est 40% – au moins – plus cher que le gaz russe. En dehors des Ukrainiens qui ont fourni la chair à canon, ce sont donc les Européens qui payent le plus lourd tribut, alors que leur économie est chancelante. À croire que c’était le but principal des Etats-Unis quand ils ont déclenché ce conflit, que de ruiner principalement les pays européens.
Des ministres idiots, on n’a pas attendu Bayrou pour en
avoir au gouvernement. Voici Jean-Noël Barrot, nommé par inadvertance au poste
de ministre des affaires étrangères. C’est un macronien, et donc comme Macron,
il est nul en tout et bon à rien, il multiplie les déclarations intempestives
sur tous les sujets et principalement sur les règles de la diplomatie. Il y a
quelques jours, il disait qu’il allait envoyer des soldats français pour
défendre le Groenland contre les velléités annexionnistes de Trump. Mais en
découvrant les idées générales des négociations entre Trump et Poutine, il
s’est fait remarquer en exigeant que Zelensky soit à la table des négociations
et que l’Union européenne participe directement aux négociations, fasse valoir
ses intérêts. Il a repris l’idée stupide véhiculée depuis quelques mois par les
États baltes, selon laquelle, si on cédait un morceau du territoire ukrainien, demain
Poutine s’attaquerait à un autre État. Macron, le président le plus dévalorisé
de la Cinquième république sur le plan de la diplomatie, a repris cette
antienne. Ce qui relève clairement de la science-fiction, mais c’était le seul
argument pour justifier l’aide massive de l’Europe à l’Ukraine, pays qui n’appartient
ni à l’OTAN, ni à l’Union européenne. Scholz qui se trouve en pleine débâcle
électorale, s’est aussi positionner sur ce terrain glissant. Il ne peut plus
faire machine arrière, mais les électeurs allemands sont massivement hostiles à
une coupure d’avec la Russie et à un conflit prolongé avec ce pays, sachant ce
que la guerre avec la Russie leur a couté par le passé. Orban qui a un vieux
contentieux avec l’Ukraine a fait entendre une voix dissonante au sein de l’Union
européenne, en avançant que l’Ukraine n’avait pas son mot à dire. En même temps
il s’en est pris à Kajas Kallas, la représentante de l’Union européenne pour
les affaires extérieures. Ce 13 février, Kaja Kallas a réitéré cette
position, lançant à la presse à son arrivée au siège de l’OTAN à Bruxelles qu’«
aucun accord dans notre dos ne fonctionnera, n’importe quel accord aura aussi
besoin de la participation de l’Ukraine et de l’Europe ». « Cette déclaration
est une triste preuve de la mauvaise direction de Bruxelles » a pour sa part
fustigé Orban. « Pendant que le président Trump et le président Poutine
négocient sur la paix, les responsables européens font des déclarations
inutiles », a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le Premier ministre hongrois a
qualifié la position de Bruxelles d’« inacceptable du point de vue moral et
politique», celle-ci soutenant à ses yeux «les massacres aussi
longtemps qu’il le faudra ». L’Estonienne Kajas Kallas a un vieux compte personnel
à régler avec les Russes, et elle est de ceux qui, suffisamment bêtes, pensent
que l’OTAN peut gagner contre la Russie un conflit long et prolongé. Elle est
pour que la guerre ne s’arrête pas. On comprend que dans le contexte, en cas de
négociations avec la Russie, elle n’est pas la bonne personne à la bonne place.
C’est ce que voulait dire Orban. Sera-t-elle contrainte de démissionner ? Il
y a encore quelques jours, les européistes avançaient qu’il ne pouvait pas y
avoir de négociations tant que l’Ukraine ne serait pas en position de force !
Ce qui voulait dire tant que la Russie ne capitulerait pas. Cette idée loufoque
a maintenant fait long feu puisqu’on ne discute plus que de négociations selon
les volontés de Washington.
Un ahuri au Quai d’Orsay
Les velléitaires Européens semblent vouloir des concessions de la part des Etats-Unis. Mais sur quoi peuvent-il s’appuyer pour en exiger ? Trump s’est juste contenté d’annoncer que Zelensky serait présent pour enregistrer les décisions qui sont déjà dans les tuyaux et qui se négocient en ce moment même entre les équipes de Poutine et celles de Trump. En même temps que tout le monde s’agite pour essayer de comprendre la place qu’il peut tenir dans les négociations, l’Union européenne a annoncé qu’elle préparait un nouveau paquet de sanctions contre la Russie ! Sachant que les précédents paquets n’ont entamé en rien les capacités militaires et économiques de la Russie, on se demande ce que cherche Ursula von der Leyen et ses équipes. C’est pour le moins décalé. C’est d’autant plus incongru que Trump a, sans le dire toutefois, déjà décidé de lever les sanctions contre la Russie puisqu’il parle amicalement de Poutine et qu’il l’invite aux Etats-Unis. L’attaque en règle de Trump contre la CPI ne vise pas seulement à protéger Netanyahu, elle est la dénonciation d’une logique mondialiste qui au nom de l’État de droit fait fi de la diplomatie, et donc indirectement, elle est forcément favorable à Poutine. L’Union européenne serait-elle la seule à s’isoler du reste du monde ? En a-t-elle les moyens ?
La guerre continue à faire des ravages en Ukraine
Les combats continuent en Ukraine et dans la région de Koursk, mais il n’est pas certain que la motivation des soldats ukrainiens soit très forte. L’armée est forcément démotivée, et on ne voit pas comment dans ces conditions Zelensky pourrait envisager d’élargir la mobilisation. Les échos que l’on a, c’est que tout le monde en Ukraine prépare l’après Zelensky, donc des élections pour le remplacer. Ces derniers temps sa cote de popularité était tombée très bas. Le sinistre Porochenko qui avait été nommé président après le coup d’État de 2014, a commencé à critiquer férocement Zelensky. La seule réponse que le président non élu de l’Ukraine a trouvée est de sanctionner Porochenko en l’accusant de Haute trahison[1]. On se doute bien que Zelensky n’aura pas trop de mal à trouver quelque chose à reprocher en matière de corruption à cette crapule. Le motif invoqué serait que Porochenko aurait vendu du charbon aux séparatistes du Donbass. On dit également que l’ancien général Zaloujny, démissionné par Zelensky mais soutenu par les Britanniques, se prépare aux élections prochaines. Mais il se murmure aussi que Trump veut voir partir Zelensky qui s’entendait trop bien avec Biden. Ce sont des rumeurs, bien sûr. Mais cela en dit beaucoup sur la situation politique en Ukraine. La tête n’est plus à la bataille. Zelensky est maintenant complètement fini, et s’il ne part pas avant, il sera lynché par les Ukrainiens eux-mêmes pour les avoir conduits au désastre. Si la défaite de Zelensky est actée définitivement, la victoire de Trump risque d’être une victoire à la Pyrrhus, car une fois passé le temps de la sidération – il est tout de même incroyable que les Européens n’aient pas anticipé cette défaite – ils vont bien être obligé de se repositionner. Certes, ils ont une assez furieuse propension à obéir au maitre américain, mais les circonstances risquent de les induire à l’émancipation dans le désordre, souverainisme oblige. La position de Victor Orban est consolidée, comme celle de Robert Fico en Slovaquie. Autant d’épines dans les pieds des fédéralistes.
En mars 2022, les accords de paix entre l’Ukraine et la Russie étaient sur le point d’être signés
Quel est le sens profond de tout cela ? C’est pour l’instant difficile à dire. Évidemment, tous ceux qui ont parié sur la défaite de la Russie sont maintenant ridicules, car ce qui se dessine ce sont des accords bien moins avantageux pour Kiev que ce qui aurait dû être signé en mars 2022, sans le revirement de Zelensky à la dernière minute sous la pression des anglo-saxons. La première hypothèse est que les Etats-Unis veulent se sortir de ce piège ruineux. Et pour ma part j’ai toujours pensé que même un président démocrate aurait cherché à mettre fin à la guerre, sauf qu’évidemment Trump a plus de facilité pour le faire puisqu’officiellement il n’a pas déclenché la guerre. Il y a maintenant clairement un rapprochement entre les USA et la Russie, malgré une grande méfiance de celle-ci. Trump en voulant mettre un terme à la guerre, cherche-t-il à briser la bonne entente entre la Russie et la Chine ? C’est possible, mais c’est bien hasardeux comme stratégie. Depuis la fin de l’URSS, les Russes ont avalé bien trop de couleuvres dans leurs relations avec les Etats-Unis pour leur faire confiance sans bases solides. Pour les Européens c’est plus difficile, il va leur falloir manger le chapeau et réorienter leur diplomatie s’ils ne veulent pas finir écrasés sur le plan de leur économie entre la Russie et les Etats-Unis. Trump fait comme si les Européens, habitués à servir de paillasson aux Etats-Unis, sont incapables de s’émanciper d’eux. Je crois qu’il se trompe un peu. Parce que cette capitulation de l’Ukraine qui est aussi la défaite de l’Union européenne en tant que telle, risque d’avoir pour conséquence un regain de volonté d’indépendance des pays qui la supportent encore. Il est évident que l’intérêt de l’Europe est d’assumer sa défaite et de renouer le plus rapidement possible avec la Russie. Persister dans l’erreur, ce serait aggraver les conditions de l’unité chancelante européenne en prolongeant une crise économique qui commence à faire des ravages en France comme en Allemagne. Bien sûr il faudra y mettre les formes pour se renier. Mais on sent déjà qu’Ursula von der Leyen, domestique stylée de l’Empire y est prête. Elle changera seulement de casaque. Et son second mandat risque d’être difficile, eut égard les tempêtes qui s’accumulent sur nos têtes.
Des images qu’on ne verra plus
Un certain nombre de guignols européiste doivent être éliminés, et pas seulement Kajas Kallas, je pense aussi au premier ministre polonais Donald Tusk qui a été un gros soutien à la guerre, mais qui maintenant doit faire face à une opinion polonaise hostile, alors que la Pologne est très liée aux Etats-Unis. Tusk était pour l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’Union européenne, idée à laquelle les Polonais eux-mêmes n’adhérent pas. Les réfugiés ukrainiens en Pologne sont généralement détestés, et l’agriculture ukrainienne est en concurrence directe avec celle de la Pologne. La Pologne d’ailleurs a commencé leur expulsion. Il est très probable qu’il fasse les frais d’un accord entre la Russie et les Etats-Unis. Tusk est un fédéraliste farouche, à contretemps de l’époque qui voit le retour de l’idée souverainiste. Ce que nous voyons dans cette mise au point, c’est la remise en cause du multilatéralisme. Trump met en œuvre des relations politiques et économiques bilatérales. Elles commencent déjà à remettre en cause l’importance des structures comme la CPI, on l’a vu, mais aussi l’OMC, par exemple en proposant des droits de douane réciproques. Ce qui alarme les journalistes du Monde qui savent parfaitement que l’OMC est un des piliers essentiels à un ordre mondial unifié.
Les Etats-Unis qu’ils soient dirigés par Biden ou par Trump, ne pensent qu’à leurs intérêts et sont nos ennemis, aujourd’hui comme hier, il faut partir de cette idée. Ceux qui, en Ukraine ou en Europe, se sont compromis à les suivre dans leurs aventures sans avenir en payeront tôt ou tard le prix. Et ceux qui s’apprêtent à faire de même aujourd’hui avec Trump seront tôt ou tard ramenés à leur réalité de domestique. En deux temps, trois mouvements, on assiste à un retournement de veste impayable, le semi-retraité Macron assure maintenant qu’il soutient le plan de Trump visant à renforcer la défense européenne, ce qui par parenthèses équivaut à nous ruiner encore un peu plus. Mais l’impayable Mark Rutte qui, il y a trois jours encore soutenait la guerre contre la Russie et l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, a commencé à opérer un large virage à 180 degrés. Il nous dit maintenant benoitement que l’idée d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN n’a jamais été garantie et promise dans un potentiel accord de paix ! Doucement et surement Mark Rutte procède à un réalignement d’une ligne dure, maintenant que le secrétaire à la défense étatsunien a mis son véto à cette fantaisie[2].
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire