lundi 13 octobre 2025

De l’usage du bon et du mauvais Juif par les médias occidentaux

Marseille - Nadav Lapid : "Je veux donner corps aux mots"

 Navad Lapid est un bon Juif, la preuve son crâne chauve est surmonté d’une auréole

L’objectif de ce billet, n’est pas de discuter de la politique israélienne à Gaza, mais de dénoncer la façon dont l’information est triée et arrive jusqu’à nous. Le premier constat est que le système médiatique met en scène les dissidents israéliens, avec une unanimité, confondante, comme ils mettent en scène le lancement de la carrière de Louis Sarkozy, comme ils mettent en scène la russophobie ambiante ou encore l'efficacité du vaccin contre le COVID. Le Juif est bon quand il critique les autres Juifs et seulement dans ce cas, sinon, on le traite de génocidaire. Autrement dit on l'instrumentalise dans un sens ou dans un autre. Le mauvais Juif sert à stigmatiser Israël et à dédouaner le Hamas, le bon Juif, et bien c'est pareil, mais celui-ci à l'avantage de nous démontrer qu'on n'est pas antisémite pour un sou, puisqu'on sait distinguer le bon Juif, du mauvais Juif. Autrement dit, il n’y a pas de voie moyenne, soit en tant que Juif vous dénoncez la création d’Israël comme une entreprise criminelle et coloniale, soit vous êtes dans le camp du « mal ». Tout cela c'est juste du spectacle. Et rien de plus. J’ai déjà dit combien le sinistre Shlomo Sand s’est trouvé petit un public de cette manière[1]. Comme il y a trois ans il fallait admirer le cinéma ukrainien parce qu’il était ukrainien, nous devons admirer le cinéaste Nadav Lapid parce qu’il est un Israélien dissident, c’est-à-dire un Israélien qui donne d’abord raison à l’idée qu’Israël commet un génocide à Gaza.  Le film s’appelle Oui, et met en scène un musicien israélien qui se vend si on peut dire à un oligarque russe – qui est donc forcément mauvais et manipulateur. Présenté à Cannes, encensé par Télérama et Le monde, ce film met une fois de plus en scène la cupidité du juif de base. Il a donc un soutien de la critique occidentale, et même si cela ne sera pas suffisant pour remplir les salles, cela suffira à Nadav Lapid pour continuer à tourner des films de longs métrages et à alimenter le public des festivaliers qui aiment bien qu’on critique Israël d’une manière ou d’une autre. Sa gloire, si on peut dire, a été d’abord Le genou d’Ahed, film présenté à Cannes en 2021 qui glorifie l’action d’Ahed Tamimi, adolescente, icone de la résistance palestinienne. Or évidemment Ahed Tamimi est d’abord une adepte de la politique spectacle, c’est-à-dire qu’elle fabriquait un discours destiné d’abord aux caméras de l’Occident, comme les croisières de la mouvance des Frères musulmans organisée autour de Rima Hassan ou Greta Grunberg. Si les médias occidentaux donnent autant de crédit à l’œuvre de Nadav Lapid qui reste tout de même plutôt confidentielle, c’est parce qu’elle utilise les ressorts du sentimentalisme et non de l’analyse, même si elle utilise aussi une approche satirique. La gauche occidentale qui est au niveau programmatique complètement défaillante se trouve par exemple ici des cautions pour faire croire qu’elle possède une conscience sociale. Navad Lapid ne vit plus depuis longtemps en Israël, depuis 1999, mais à Paris. Ce qui lui permet de trouver des financements en Europe, en France et en Allemagne. C’est un cinéaste en exil, et évidemment on se demande comment cela se fait qu’il parle d’un pays où il est maintenant étranger. C’est un peu comme ces dissidents russes qui sont presque tous en Europe ou aux Etats-Unis financés par la CIA ou par des think-tanks et qui bien sûr n’oseront jamais dire du mal de la main qui les nourrit. Je ne doute pas qu’il connaisse son pays bien mieux que moi, mais je doute par contre qu’il puisse s’exprimer d’une manière relativement distancée sur ceux qui vivent dans l’angoisse quotidienne des attentats ou des bombardements. Ses films ne sont vus par presque personne, par exemple Synonymes tourné à Paris en 2019 a coûté 2,5 millions d’euros et n’a fait que 243 000 € de recettes. Mais c’est égal, il est financé et peut faire croire que son œuvre est importante, bien que personne à part le public des festivaliers ne s’y intéresse. Il faut dire que c’est un cinéma pénible, surchargé de symboles de toutes sortes, il est mal filmé, mal cadré, le plus souvent joué par des acteurs impossibles. On a beau dire que la technique ce n’est pas le plus important, tout de même il en faut un minimum.     

Israel-Palestine Scholar Norman Finkelstein's Long Crusade

Norman Finkelstein plait également beaucoup au système médiatique. En effet, il a été celui qui a véhiculé la sinistre idée selon laquelle les Juifs n’avaient aucune légitimité en Israël. C’est un gauchiste dont le seul titre de gloire est que ses parents sont des survivants du ghetto de Varsovie. Pour le reste il gagne sa croûte en disant qu’il est politologue, c’est-à-dire qu’il monnaye des discussions de bistrots et se tient sur la scène médiatique dans le rôle du radical le plus radical. Il s’est fait connaitre en disant que les Juifs qui ont réclamé des réparations à l’Allemagne, sont au fond des profiteurs de guerre. Il a donc inventé le terme « Industrie de l’Holocauste » pour le plus grand bonheur des antisémites du monde entier car cela prouvait bien le caractère cupide des Juifs en général[2]. Et c’était d’autant meilleur que c’était dit par un Juif lui-même qui passait ainsi aux aveux. Finkelstein critique d’autant plus aisément les Juifs israéliens, que lui est né à Brooklyn et qu’il vit et enseigne aux Etats-Unis, loin du conflit israélo-palestinien. Il est dans une situation confortable pour critiquer Israël. Il plait aux gauchistes aussi parce qu’il défend l’idée que les Juifs ont colonisé Israël en venant de nulle part, sans s’occuper du fait que la Palestine était déjà occupée par des Palestiniens, des Arabes si on veut. Évidemment la cuistrerie de ce discours apparait quand on examine sur le long termes les modalités de peuplement de cette région. Quand on parle de colonisation il faut se demander jusqu’où on doit remonter. Finkelstein est lui-même une sorte de colon aux Etats-Unis, puisqu’en effet, cette nation s’est construite sur le génocide des Amérindiens qui ont été exterminés par les blancs européens à 95%, alors que la population des Arabes de Palestine a toujours augmenté, elle est passée de 1,3 millions en 1948 à 7,1 millions en 2024 soit une croissance de 550%. D’abord il est évident que la colonisation arabe de la Palestine s’est réalisée au détriment de la population juive historique. Et Marx stigmatisait justement l’Islam dans un article célèbre du New-York Herald Tribune du 28 mars 1854, article que les gauchistes d’aujourd’hui qui se prétendent marxistes feraient bien de lire au lieu de soutenir le Hamas comme un groupe de résistants. Finkelstein reprend aussi sans précaution le terme d’apartheid, alors que les Arabes israéliens ont accès au même système de soins que les Juifs israéliens, et qu’ils peuvent aussi fréquenter les universités israéliennes. Évidemment, on ne va pas dire que les Arabes israéliens ne souffrent pas d’une forme de discrimination. Ce serait mentir. Mais on ne peut pas parler d’apartheid. C’est un peu comme si on disait que la France est un pays d’apartheid au motif que les populations issues de l’immigration et qui peuplent les banlieues souffrent de discriminations multiples et variées.   

Marx et les bolcheviks face à l'Islam ! - A contre air du temps

Mais revenons à la question démographique. Ensuite il y a le fait qu’entre disons 1875 et 1914 au moins, parallèlement à une immigration des Juifs sionistes, il y a eu vers la Palestine une immigration musulmane encouragée par l’Empire ottoman dont d’ailleurs le propalestinien Henry Laurens rend compte dans le tome 1 de son histoire de la Palestine[3]. Personne ne parle de ce phénomène. Enfin il y a dans les années trente une immigration arabe vers la Palestine, issue de la Transjordanie, de l’Égypte, du Liban et de la Syrie, celle-ci est attirée par les hauts salaires, conséquence du boom économique du Yichouv[4]. De ça non plus personne ne veut en parler, et Finkelstein, que je considère comme un faussaire, non plus. Bien entendu cela ne donne aucune légitimité à l’action du gouvernement de Netanyahu, mais cela en enlève beaucoup au discours de ces Juifs renégats qui n’ont de cesse de ne voir la colonisation de la Palestine que du seul côté des Juifs venus d’Europe. Ce sont très souvent des Juifs honteux qui nous disent qu’au fond ils ne sont pas de « vrais » Juifs, mais eux aussi des victimes du complot sioniste ! Dès lors qu’on commence à rentrer dans des considérations pour les Juifs de savoir ils sont plus ou moins les descendants des Juifs bibliques, on remet en doute sa propre identité, et on le fait d’autant plus violemment qu’on renie la sienne ! Des gens comme Navad Lapid ou Norman Finkelstein, savent-ils encore ce qu’ils sont ? Savent-ils s’ils existent vraiment ? 



[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2024/02/shlomo-sand-deux-peuples-pour-un-etat.html

[2] The Holocaust Industry: Reflections on the Exploitation of Jewish Suffering, éditions Verso, 2000. Le livre a été traduit en français chez l’éditeur juif et antisémite Eric Hazan sous la marque de la fabrique.

[3] Henry Laurens, La Question de Palestine, tome I : L’invention de la Terre sainte (1799-1992), Fayard, vol. 1, 1999.

[4] Jacob Metzer, Divided-Economy-Mandatory-Palestine, Cambridge University Press, 1998.

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