samedi 28 novembre 2020

Article 24 et violences policières, photo-reportage

  

Au moment même où la canaille parlementaire votait la loi sur la sécurité globale, on avait droit au sinistre spectacle des violences policières. D’abord avec l’évacuation des migrants puis avec le tabassage en règle de Michel Zecler, un noir, producteur de musique. Il ne s’agit pas de discuter ici de la légitimité de l’évacuation des migrants, ou de savoir si Zecler était un voyou ou non. Dans le premier cas un commissaire de police est mis en cause pour des violences abusives[1], dans le second cas, de quatre policiers qui ont tabassé pendant quinze minutes un homme à terre avec des insultes racistes. Il faut faire deux remarques importantes à ce sujet :

- la première est que si ces deux scènes n’avaient pas été filmées, les policiers n’auraient jamais été inquiétés. C’est ce qui se serait passé si cette loi liberticide avec son fameux article 24 était entrée en vigueur ;

- la seconde est que si dans le deuxième cas évoqué, il y a bien des insultes racistes, la violence policière va bien au-delà de ce racisme latent. Les violences policières s’exercent tout azimut, contre les Gilets jaunes, contre les syndicalistes de la CGT le 1er mai 2019, contre les soignants, contre les étudiants, contre tout ce qui regimbe. On a même vu des handicapés en fauteuil roulant se faire gazer et trainer en justice. Il s’est même trouvé un juge capable de condamner à la prison ferme un Gilet jaune en fauteuil roulant pour agression contre les robots cops[2] !

 

Le 16 juin 2019, une infirmière violemment interpelée 

La liste des exactions policières est très longue et continue depuis que Macron a été élu. Il est clair que le but est d’effrayer les populations pour les empêcher de se révolter. Mais avec les téléphones portables on peut maintenant filmer tout, et au plus près de l’action. Et donc c’est en prenant le prétexte d’une mise en danger des forces de l’ordre que la canaille parlementaire – LREM et LR mêlés d’ailleurs – ont voté cette loi liberticide pour pouvoir laisser le loisir à Macron de faire ses petites saloperies sans être gêné. Mais les faits sont les faits. Et les images ont parlé une fois de plus pour démontrer que les forces de l’ordre usent d’une force disproportionnée dans l’exercice de leurs fonctions. Darmanin vient donc de demander une enquête sur ce commissaire violent, mais il a pris aussi la décision de suspendre les flics incriminés dans le tabassage en règle de Michel Zecler. Le but est de tenter de faire passer ses actes barbares dignes d’un pays fasciste pour de simples bavures du types tous les flics ne sont pas comme ça ! Il y en a aussi de très bien ! Mais ce qui pose question c’est que l’ensemble de ces violences policières font système. C’est un mode de gouvernement. La violence de Lallement vis-à-vis des Gilets jaunes a été pour beaucoup dans la démobilisation de ce mouvement. Et ce mode de gouvernement s’étend maintenant de partout à toutes les formes de contestation de la politique de Macron. Je rappelle pour ceux qui ne s’en souviendraient pas, que François Fillon dont le programme était sponsorisé par l’Institut Montaigne – comme Macron – envisageaient lui aussi de gouverner par la matraque[3]. La justice en l’envoyant devant un tribunal pour ses malversations le priva de l’exercice de cet autoritarisme.

 

Policiers lâchement agressés par un manifestant

Certes on peut dire que c’est aussi la preuve que ce pouvoir impopulaire est faible, qu’il ne repose que sur les médias, les forces de l’ordre et la justice qui prend rarement fait et cause pour les manifestants délibérément agressés par les forces de l’ordre. Mais ces excès atteignent maintenant une limite et se retourne contre Macron et ses amis. D’abord parce que plusieurs signes indiquent que les juges commencent à en avoir marre de faire le ménage au service d’un pouvoir chaotique qui sème la panique et le désordre. Très hostiles à Dupont-Moretti, ils sont en rébellion presqu’ouverte contre la classe politique. Le 27 novembre un commandant de police a été condamné à cde la prison avec sursis pour justement avoir gazé un handicap dans un fauteuil[4]. Ensuite des journaux comme Le monde ou Libération qui ont soutenu Macron contre Marine Le Pen au nom de la lutte antifasciste sont en train de se retourner complètement[5]. Ils ont mis beaucoup de temps à y venir, alors que nous dénonçons cette forme larvée de fascisme depuis au moins 2018. Mais ces journaux n’aimaient pas les Gilets jaunes, et au fond ça ne leur déplaisait pas tant que ça de les voir matraqués, de même ils peinaient à dénoncer le matraquage des soignants qui manifestent depuis au moins le début de 2018 sans être jamais écouté, alors que la crise du COVID-19 a prouvé la justesse de leurs revendications. Mais dès lors que la violence s’applique aux migrants, et à ceux qui les soutiennent, comme à un homme de race noire, les journalistes se mettent en mouvement. Cependant il se peut aussi que le mouvement des Gilets jaunes aient un effet à retardement sur les journalistes : ils ont été tellement insultés pour leur lâcheté partisane, qu’ils tentent maintenant de retrouver un semblant de dignité dans une opinion qui leur ait ouvertement hostile.

Jeune femme agressée par un lâche milicien déguisé en policier 

Nous maintenons donc cette idée que la manière macronienne de gouverner avec la matraque est en train de trouver ses limites. Il y a des conséquences très graves sur le plan politique. D’abord et principalement, la bronca déclenchée par l’article 24 va certainement obliger le Conseil constitutionnel de le retoquer[6]. Plusieurs plaintes ont été déposées en ce sens par l’opposition. Ce sera un désaveu cinglant pour Macron, Castex et Darmanin. Mais il y a pire, parce qu’avec Macron, il y a toujours pire : c’est que pour tenter de sauver les meubles, Castex a proposé de réécrire l’article 24. Du coup les Play Mobil de Macron se sont rebellés. En disant que leur beau travail parlementaire était légitime, vu qu’ils ont été élus et donc qu’il n’était pas question que Castex intervienne là-dessus[7] ! Glissons sur cette légitimité déjà ancienne, Trump se réclame bien de sa légitimité de 2016 pour refuser les résultats de 2020 qui ne lui conviennent pas, d’autant que la cote de popularité des députés LREM doit être proche de zéro aujourd’hui. Mais on se demande comment ces marionnettes qui ont avalé toutes les couleuvres présentées par leur gourou, pourquoi voudraient-ils donc être plus royalistes que le roi. Or voilà que Macron qui n’a aucun sens du timing se retourne contre les policiers qui pourtant l’ont si bien servi, et sans qui il ne serait plus là aujourd’hui. On nous dit donc qu’il est très en colère d’avoir vu de telles images, alors qu’il n’a évidemment rien dit des débordements policiers organisé par Lallement contre les Gilets jaunes et contre les soignants[8]. Implicitement il désavoue ses propres parlementaires qui ont entériné sa méthode violente de gouvernement. Notez que dans le vote de la loi sécurité globale, quel nom, Les Républicains ont montré ce qu’ils valaient en la votant, c’est-à-dire rien, et prêts à tout pour devenir en 2022 les supplétifs de Macron si par malheur il est réélu.

 

Cahors contre les violences policières le 28 novembre 2020 

Mais des couleuvres Macron doit en avaler d’autres. Le préfet violent Lallement, avait interdit la manifestation du samedi 28 novembre. Et bien la justice lui a donné tort et a autorisé celle-ci[9] ! Le pouvoir macronien ressemble à un château de cartes en train de s’écrouler. Macron avait péniblement remonté un petit peu la pente en prenant position contre l’islam politique, mais il la dégringole très vite avec la démonstration que le pouvoir ne tient pas les forces de police et pourrait en devenir son jouet. Car si les Français dans leur très large majorité sont hostiles à l’islamisation de la société française, ils le sont tout autant envers la fascisation du régime. Du coup, il y avait énormément de monde pour protester contre cette loi indigne de partout en France, des centaines de milliers, à Paris, Marseille, Angers, dans toutes les villes de France. A Lille les policiers ont une fois de plus perdu leurs nerfs et ont indûment chargé un cortège plutôt pacifique. Je pense que Macron restera dans l’histoire pour avoir été le président le plus contesté, car il est détesté pour tout ce qu’il fait, le démantèlement de la SNCF, tout l’argent qu’il déverse sur ses riches amis, et bien sûr sa manière de faire passer ses lois à grands coups de matraque. Il est contesté depuis le début. A Clermont Ferrand il y avait aussi énormément de monde, des milliers de personnes. Même à Tours ce fut un succès. Du coup, et grâce pourrions nous dire des incompétences conjugées de Macron, Castex et Darmanin, les Gilets jaunes sont réapparus ! On ne peut que s’en féliciter étant donné qu’ils ont été les premiers à dénoncer la dictature macronienne et à subir la répression de la milice. Ça fait deux ans qu’ils dénoncent cette situation, enfin ils sont entendus et vont contribuer certainement à faire capoter cette maudite loi liberticide. C’est bien la preuve que pour avoir une efficacité politique, il faut avoir de la constance dans la détermination et ne pas avoir peur des conséquences.

 

Les gilets jaunes sont réapparus à Paris 

Si à court terme le prix politique de l’irresponsabilité macronienne sera sans doute le retrait de la loi maudite ou au moins de l’article 24, à plus long terme c’est la crédibilité chancelante de Macron qui est entamée. Déjà que sa gestion de la crise sanitaire est très mal appréciée, les lois qu’il tente de faire passer classe le bonhomme non seulement parmi les dirigeants peureux qui ont toujours besoin de plus de lois pour gouverner parce qu’ils craignent le peuple, mais aussi parmi les autoritaires sans scrupule. Des têtes devront tomber Ruffin demandait la tête de Lallement[10]. Cependant quelle que soit l’antipathie qu’on puisse éprouver à l’endroit de ce préfet, il faut tenir compte de deux choses : d’abord du fait que ce fusible commode est l’assurance vie de Macron, et donc qu’il est difficile à remplacer, ensuite que la plupart des préfets sont fait sur le même moule que lui, se sont des gens toujours prêts à se ranger contre le peuple, à quelques Jean Moulin prêts. La préfectorale est un ramassis de fonctionnaires sans conscience. Pour Darmanin, ce sera plus difficile encore de le remplacer vu le peu de candidats que les macroniens peuvent présenter à ce poste.

Place de la République le 28 novembre 2020 

Certains se lamentaient ces jours derniers de la passivité des Français face aux extravagances macroniennes, la mobilisation de samedi leur donne tort. On remarque que ce regain de mobilisation coïncide avec l’allégement du confinement. Contrairement à ce qu’on croit, retrait de la loi Sécurité globale ou non, le pire est à venir pour Macron. Notamment parce qu’en janvier ou février, il faudra bien en finir avec le chômage partiel, et donc le chômage réel va exploser, comme le nombre de faillites. Macron a démontré qu’il n’est pas capable de faire face à des difficultés inédites. Il va être pris en tenaille entre les exigences de la Commission européenne et les nécessités pour restaurer l’économie française. Evidemment il y a eu beaucoup d’incidents, à Paris, à Lille, à Rouen, mais on commence à sentir les policiers plutôt mal à l’aise d’être livrés ainsi à la vindicte publique. C’est aussi la rançon de leurs syndicats qui n’ont pas beaucoup insisté pour défendre les idéaux républicains et qui se sont laissé acheté avec pas grand-chose. Sans doute qu’avec cette loi Macron cherche à s’attirer les votes du Rassemblement National et des Républicains. Mais on peut dire que c’est raté, totu ce qu’il est arrivé à faire, c’est la démonstration que LREM était un parti de droite extrême, affairiste et européiste.

 

Lille, où il y avait beaucoup de monde 

La dernière leçon que nous devons tirer de cette journée de mobilisation est que  voter n’est absolument pas la seule manière de faire de la politique. Tandis que les politicards en sont à penser des stratégies plus ou moins fumeuses pour tenter d’accéder à l’Elysée, on parle d’Anne Hidalgo, de Jadot, de Xavier Bertrand, voire de Wauquiez et de Fabien Roussel, ces mobilisations transpartisanes montrent qu’il faut unir le peuple sur des sujets qui forment consensus. L’abrogation de la loi Sécurité globale en est un car sur ce terrain le pouvoir s’isole toujours un peu plus. La défense des libertés, celle de manifester, celle de s’exprimer, ne peut pas se marchander. D’autant que les lois liberticides servent à couvrir les incompétences de l’exécutif dans les autres domaines.

 

Ils étaient des milliers à Rennes sur la place de la République

 

Tours samedi 20 novembre

 

Marseille samedi 20 novembre



[1] https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/11/26/evacuation-du-camp-de-migrants-place-de-la-republique-un-commissaire-mis-en-cause-par-l-igpn_6061271_1653578.html

[2] https://www.lavoixdunord.fr/681599/article/2019-12-17/lille-de-la-prison-ferme-pour-le-gilet-jaune-en-fauteuil-roulant-se-reclamant

[3] https://www.mediapart.fr/journal/france/060916/fillon-promet-d-envoyer-la-gendarmerie-ceux-qui-sopposent-son-choc-liberal?onglet=full

[4] https://www.20minutes.fr/justice/2918711-20201127-toulouse-foi-video-commandant-police-condamne-avoir-gaze-gilet-jaune-handicape?fbclid=IwAR1Taev9s8iNC6C8uSFTSucIOpat3v-MTfn64n95v7hCT4S2sUVN3nnK1oA

[5] https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/27/police-une-grave-crise-de-commandement_6061354_3232.html et aussi https://www.liberation.fr/france/2020/11/26/violences-policieres-darmanin-sur-le-banc-des-accules_1806891

[6] L’interview de Fabius dans Le Parisien du 28 novembre le laisse entendre. https://www.leparisien.fr/politique/loi-securite-le-conseil-constitutionnel-exerce-bel-et-bien-le-controle-des-lois-retorque-fabius-27-11-2020-8410894.php

[7] https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/27/yael-braun-pivet-pas-question-qu-une-commission-se-substitue-au-parlement_6061418_823448.html

[8] https://www.leparisien.fr/politique/violences-policieres-polemique-sur-la-loi-securite-le-coup-de-colere-de-macron-27-11-2020-8411004.php

[9] https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/securite-globale-violences-policieres-d-abord-interdite-la-manifestation-finalement-autorisee-a-paris_37764966.html

[10] https://lafranceinsoumise.fr/2020/11/25/je-demande-la-demission-du-prefet-lallement/

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