Au moment même où la canaille parlementaire votait la loi
sur la sécurité globale, on avait droit au sinistre spectacle des violences policières.
D’abord avec l’évacuation des migrants puis avec le tabassage en règle de
Michel Zecler, un noir, producteur de musique. Il ne s’agit pas de discuter ici
de la légitimité de l’évacuation des migrants, ou de savoir si Zecler était un
voyou ou non. Dans le premier cas un commissaire de police est mis en cause pour
des violences abusives[1],
dans le second cas, de quatre policiers qui ont tabassé pendant quinze minutes
un homme à terre avec des insultes racistes. Il faut faire deux remarques
importantes à ce sujet :
- la première est que si ces deux scènes n’avaient pas été
filmées, les policiers n’auraient jamais été inquiétés. C’est ce qui se serait
passé si cette loi liberticide avec son fameux article 24 était entrée en
vigueur ;
- la seconde est que si dans le deuxième cas évoqué, il y a
bien des insultes racistes, la violence policière va bien au-delà de ce racisme
latent. Les violences policières s’exercent tout azimut, contre les Gilets
jaunes, contre les syndicalistes de la CGT le 1er mai 2019, contre les
soignants, contre les étudiants, contre tout ce qui regimbe. On a même vu des
handicapés en fauteuil roulant se faire gazer et trainer en justice. Il s’est même
trouvé un juge capable de condamner à la prison ferme un Gilet jaune en
fauteuil roulant pour agression contre les robots cops[2] !
Le 16 juin 2019, une infirmière violemment interpelée
La liste des exactions policières est très longue et
continue depuis que Macron a été élu. Il est clair que le but est d’effrayer
les populations pour les empêcher de se révolter. Mais avec les téléphones
portables on peut maintenant filmer tout, et au plus près de l’action. Et donc
c’est en prenant le prétexte d’une mise en danger des forces de l’ordre que la
canaille parlementaire – LREM et LR mêlés d’ailleurs – ont voté cette loi
liberticide pour pouvoir laisser le loisir à Macron de faire ses petites
saloperies sans être gêné. Mais les faits sont les faits. Et les images ont
parlé une fois de plus pour démontrer que les forces de l’ordre usent d’une
force disproportionnée dans l’exercice de leurs fonctions. Darmanin vient donc
de demander une enquête sur ce commissaire violent, mais il a pris aussi la
décision de suspendre les flics incriminés dans le tabassage en règle de Michel
Zecler. Le but est de tenter de faire passer ses actes barbares dignes d’un
pays fasciste pour de simples bavures du types tous les flics ne sont pas comme
ça ! Il y en a aussi de très bien ! Mais ce qui pose question c’est
que l’ensemble de ces violences policières font système. C’est un mode de
gouvernement. La violence de Lallement vis-à-vis des Gilets jaunes a été pour
beaucoup dans la démobilisation de ce mouvement. Et ce mode de gouvernement s’étend
maintenant de partout à toutes les formes de contestation de la politique de
Macron. Je rappelle pour ceux qui ne s’en souviendraient pas, que François
Fillon dont le programme était sponsorisé par l’Institut Montaigne – comme Macron
– envisageaient lui aussi de gouverner par la matraque[3].
La justice en l’envoyant devant un tribunal pour ses malversations le priva de l’exercice
de cet autoritarisme.
Policiers lâchement agressés
par un manifestant
Certes on peut dire que c’est aussi la preuve que ce pouvoir
impopulaire est faible, qu’il ne repose que sur les médias, les forces de l’ordre
et la justice qui prend rarement fait et cause pour les manifestants délibérément
agressés par les forces de l’ordre. Mais ces excès atteignent maintenant une
limite et se retourne contre Macron et ses amis. D’abord parce que plusieurs
signes indiquent que les juges commencent à en avoir marre de faire le ménage
au service d’un pouvoir chaotique qui sème la panique et le désordre. Très hostiles
à Dupont-Moretti, ils sont en rébellion presqu’ouverte contre la classe
politique. Le 27 novembre un commandant de police a été condamné à cde la
prison avec sursis pour justement avoir gazé un handicap dans un fauteuil[4].
Ensuite des journaux comme Le monde ou Libération qui ont soutenu
Macron contre Marine Le Pen au nom de la lutte antifasciste sont en train de se
retourner complètement[5].
Ils ont mis beaucoup de temps à y venir, alors que nous dénonçons cette forme
larvée de fascisme depuis au moins 2018. Mais ces journaux n’aimaient pas les
Gilets jaunes, et au fond ça ne leur déplaisait pas tant que ça de les voir
matraqués, de même ils peinaient à dénoncer le matraquage des soignants qui manifestent
depuis au moins le début de 2018 sans être jamais écouté, alors que la crise du
COVID-19 a prouvé la justesse de leurs revendications. Mais dès lors que la
violence s’applique aux migrants, et à ceux qui les soutiennent, comme à un
homme de race noire, les journalistes se mettent en mouvement. Cependant il se
peut aussi que le mouvement des Gilets jaunes aient un effet à retardement sur
les journalistes : ils ont été tellement insultés pour leur lâcheté partisane,
qu’ils tentent maintenant de retrouver un semblant de dignité dans une opinion
qui leur ait ouvertement hostile.
Jeune femme agressée par un lâche milicien déguisé en policier
Nous maintenons donc cette idée que la manière macronienne
de gouverner avec la matraque est en train de trouver ses limites. Il y a des
conséquences très graves sur le plan politique. D’abord et principalement, la
bronca déclenchée par l’article 24 va certainement obliger le Conseil
constitutionnel de le retoquer[6].
Plusieurs plaintes ont été déposées en ce sens par l’opposition. Ce sera un
désaveu cinglant pour Macron, Castex et Darmanin. Mais il y a pire, parce qu’avec
Macron, il y a toujours pire : c’est que pour tenter de sauver les
meubles, Castex a proposé de réécrire l’article 24. Du coup les Play Mobil de
Macron se sont rebellés. En disant que leur beau travail parlementaire était
légitime, vu qu’ils ont été élus et donc qu’il n’était pas question que Castex
intervienne là-dessus[7] !
Glissons sur cette légitimité déjà ancienne, Trump se réclame bien de sa
légitimité de 2016 pour refuser les résultats de 2020 qui ne lui conviennent
pas, d’autant que la cote de popularité des députés LREM doit être proche de zéro
aujourd’hui. Mais on se demande comment ces marionnettes qui ont avalé toutes
les couleuvres présentées par leur gourou, pourquoi voudraient-ils donc être plus
royalistes que le roi. Or voilà que Macron qui n’a aucun sens du timing se
retourne contre les policiers qui pourtant l’ont si bien servi, et sans
qui il ne serait plus là aujourd’hui. On nous dit donc qu’il est très en colère
d’avoir vu de telles images, alors qu’il n’a évidemment rien dit des
débordements policiers organisé par Lallement contre les Gilets jaunes et
contre les soignants[8].
Implicitement il désavoue ses propres parlementaires qui ont entériné sa
méthode violente de gouvernement. Notez que dans le vote de la loi sécurité
globale, quel nom, Les Républicains ont montré ce qu’ils valaient en la
votant, c’est-à-dire rien, et prêts à tout pour devenir en 2022 les supplétifs
de Macron si par malheur il est réélu.
Cahors contre les violences policières le 28 novembre 2020
Mais des couleuvres Macron
doit en avaler d’autres. Le préfet violent Lallement, avait interdit la
manifestation du samedi 28 novembre. Et bien la justice lui a donné tort et a
autorisé celle-ci[9] !
Le pouvoir macronien ressemble à un château de cartes en train de s’écrouler.
Macron avait péniblement remonté un petit peu la pente en prenant position
contre l’islam politique, mais il la dégringole très vite avec la démonstration
que le pouvoir ne tient pas les forces de police et pourrait en devenir son
jouet. Car si les Français dans leur très large majorité sont hostiles à l’islamisation
de la société française, ils le sont tout autant envers la fascisation du
régime. Du coup, il y avait énormément de monde pour protester contre cette loi
indigne de partout en France, des centaines de milliers, à Paris, Marseille,
Angers, dans toutes les villes de France. A Lille les policiers ont une fois de
plus perdu leurs nerfs et ont indûment chargé un cortège plutôt pacifique. Je pense
que Macron restera dans l’histoire pour avoir été le président le plus contesté,
car il est détesté pour tout ce qu’il fait, le démantèlement de la SNCF, tout l’argent
qu’il déverse sur ses riches amis, et bien sûr sa manière de faire passer ses
lois à grands coups de matraque. Il est contesté depuis le début. A Clermont
Ferrand il y avait aussi énormément de monde, des milliers de personnes. Même à
Tours ce fut un succès. Du coup, et grâce pourrions nous dire des incompétences
conjugées de Macron, Castex et Darmanin, les Gilets jaunes sont réapparus !
On ne peut que s’en féliciter étant donné qu’ils ont été les premiers à
dénoncer la dictature macronienne et à subir la répression de la milice. Ça fait
deux ans qu’ils dénoncent cette situation, enfin ils sont entendus et vont contribuer
certainement à faire capoter cette maudite loi liberticide. C’est bien la
preuve que pour avoir une efficacité politique, il faut avoir de la constance
dans la détermination et ne pas avoir peur des conséquences.
Les gilets jaunes sont réapparus à Paris
Si à court terme le prix
politique de l’irresponsabilité macronienne sera sans doute le retrait de la
loi maudite ou au moins de l’article 24, à plus long terme c’est la crédibilité
chancelante de Macron qui est entamée. Déjà que sa gestion de la crise
sanitaire est très mal appréciée, les lois qu’il tente de faire passer classe
le bonhomme non seulement parmi les dirigeants peureux qui ont toujours besoin
de plus de lois pour gouverner parce qu’ils craignent le peuple, mais aussi
parmi les autoritaires sans scrupule. Des têtes devront tomber Ruffin demandait
la tête de Lallement[10]. Cependant
quelle que soit l’antipathie qu’on puisse éprouver à l’endroit de ce préfet, il
faut tenir compte de deux choses : d’abord du fait que ce fusible commode
est l’assurance vie de Macron, et donc qu’il est difficile à remplacer, ensuite
que la plupart des préfets sont fait sur le même moule que lui, se sont des
gens toujours prêts à se ranger contre le peuple, à quelques Jean Moulin prêts.
La préfectorale est un ramassis de fonctionnaires sans conscience. Pour
Darmanin, ce sera plus difficile encore de le remplacer vu le peu de candidats
que les macroniens peuvent présenter à ce poste.
Place de la République le 28 novembre 2020
Certains se lamentaient ces
jours derniers de la passivité des Français face aux extravagances
macroniennes, la mobilisation de samedi leur donne tort. On remarque que ce
regain de mobilisation coïncide avec l’allégement du confinement. Contrairement
à ce qu’on croit, retrait de la loi Sécurité globale ou non, le pire est
à venir pour Macron. Notamment parce qu’en janvier ou février, il faudra bien
en finir avec le chômage partiel, et donc le chômage réel va exploser, comme le
nombre de faillites. Macron a démontré qu’il n’est pas capable de faire face à
des difficultés inédites. Il va être pris en tenaille entre les exigences de la
Commission européenne et les nécessités pour restaurer l’économie française. Evidemment
il y a eu beaucoup d’incidents, à Paris, à Lille, à Rouen, mais on commence à
sentir les policiers plutôt mal à l’aise d’être livrés ainsi à la vindicte
publique. C’est aussi la rançon de leurs syndicats qui n’ont pas beaucoup insisté
pour défendre les idéaux républicains et qui se sont laissé acheté avec pas
grand-chose. Sans doute qu’avec cette loi Macron cherche à s’attirer les votes
du Rassemblement National et des Républicains. Mais on peut dire que c’est raté,
totu ce qu’il est arrivé à faire, c’est la démonstration que LREM était un parti
de droite extrême, affairiste et européiste.
Lille, où il
y avait beaucoup de monde
La dernière leçon que nous
devons tirer de cette journée de mobilisation est que voter n’est absolument pas la seule manière
de faire de la politique. Tandis que les politicards en sont à penser des
stratégies plus ou moins fumeuses pour tenter d’accéder à l’Elysée, on parle d’Anne
Hidalgo, de Jadot, de Xavier Bertrand, voire de Wauquiez et de Fabien Roussel, ces
mobilisations transpartisanes montrent qu’il faut unir le peuple sur des sujets
qui forment consensus. L’abrogation de la loi Sécurité globale en est un
car sur ce terrain le pouvoir s’isole toujours un peu plus. La défense des
libertés, celle de manifester, celle de s’exprimer, ne peut pas se marchander. D’autant
que les lois liberticides servent à couvrir les incompétences de l’exécutif
dans les autres domaines.
Ils étaient
des milliers à Rennes sur la place de la République
Tours samedi
20 novembre
Marseille
samedi 20 novembre
[1] https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/11/26/evacuation-du-camp-de-migrants-place-de-la-republique-un-commissaire-mis-en-cause-par-l-igpn_6061271_1653578.html
[2] https://www.lavoixdunord.fr/681599/article/2019-12-17/lille-de-la-prison-ferme-pour-le-gilet-jaune-en-fauteuil-roulant-se-reclamant
[3] https://www.mediapart.fr/journal/france/060916/fillon-promet-d-envoyer-la-gendarmerie-ceux-qui-sopposent-son-choc-liberal?onglet=full
[4] https://www.20minutes.fr/justice/2918711-20201127-toulouse-foi-video-commandant-police-condamne-avoir-gaze-gilet-jaune-handicape?fbclid=IwAR1Taev9s8iNC6C8uSFTSucIOpat3v-MTfn64n95v7hCT4S2sUVN3nnK1oA
[5] https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/27/police-une-grave-crise-de-commandement_6061354_3232.html
et aussi https://www.liberation.fr/france/2020/11/26/violences-policieres-darmanin-sur-le-banc-des-accules_1806891
[6] L’interview
de Fabius dans Le Parisien du 28 novembre le laisse entendre. https://www.leparisien.fr/politique/loi-securite-le-conseil-constitutionnel-exerce-bel-et-bien-le-controle-des-lois-retorque-fabius-27-11-2020-8410894.php
[7] https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/27/yael-braun-pivet-pas-question-qu-une-commission-se-substitue-au-parlement_6061418_823448.html
[8] https://www.leparisien.fr/politique/violences-policieres-polemique-sur-la-loi-securite-le-coup-de-colere-de-macron-27-11-2020-8411004.php
[9] https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/securite-globale-violences-policieres-d-abord-interdite-la-manifestation-finalement-autorisee-a-paris_37764966.html
[10] https://lafranceinsoumise.fr/2020/11/25/je-demande-la-demission-du-prefet-lallement/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire