samedi 9 janvier 2021

Camille Kouchner, La familla grande, Le seuil, 2021

 

Le petit livre de Camille Kouchner alimente une polémique importante. On pourrait penser à un énième bouquin sur les tares de l’époque et les turpitudes d’un homme de pouvoir en l’occurrence Olivier Duhamel. C’est en vérité bien plus que cela. Et d’ailleurs les pages relatant l’inceste crapuleuse dont fut victime son frère jumeau, sont finalement les moins nombreuses de l’ouvrage. Il y a donc trois niveaux de lecture : d’abord il y a le point de vue du ressentiment, Camille Kouchner règle ses comptes avec son crapuleux beau-père, son propre père Bernard Kouchner, sa mère Evelyne Pisier, sa belle mère Christine Ockrent. C’est donc une histoire de famille assez crasseuse. Le second niveau, c’est que cette famille, recomposée autant que décomposée, ce n’est pas n’importe laquelle. Elle existe dans l’entre-soi de la grande bourgeoisie qui traficote inlassablement à sa propre gloire dans les couloirs du pouvoir politique et du pouvoir intellectuel. Le troisième niveau de lecture c’est l’histoire d’une vengeance car évidemment Camille Kouchner a la volonté de détruire ceux qui l’ont détruite et principalement son libidineux beau-père. Il y a quelques années Gilles Châtelet publiait un pamphlet contre la pensée libérale, Vivre et penser comme des porcs. Le but était de dénoncer – entre autres choses la porosité entre la pensée libérale économique et la pensée libérale culturelle. C’est ce milieu poreux, faible intellectuellement et moralement que met en scène Camille Kouchner. Le viol du fils Kouchner par l’ignoble Olivier Duhamel est une extension du principe de la liberté individuelle, chacun fait ce qui lui plait et le marché ajustera. Il faut bien comprendre que ce milieu, cette famille élargie, est représentative de la bourgeoisie dégénérée. Leur opportunisme les a orientés vers une révolution de pacotille, derrière ne non moins ignoble Cohn-Bendit, tout en construisant des réseaux de ci de là qui leur ont permis de faire carrière et de s’enrichir. Car ces gens là ont de l’argent, beaucoup d’argent même, ils héritent ici et là. Duhamel avait une maison à Sanary, puis sur ce terrain il en fit construire une deuxième, puis une troisième.  Mais en apparence ils cultivent une forme de familiarité égalitariste : 

« Il y installera Hélène, fille de Simone, cheffe de la cuisine de la Grande Maison. Il lui dira : « Vous pouvez y rester à l’année mais il faudra participer, aider la familia grande. » Depuis qu’elle habite avec sa mère dans la Grande Maison, mon beau-père dit : « Hélène, c’est comme ma sœur. » Une sœur qu’il fait travailler toute la journée. »

S’ils fomentent des coups avec leurs copains de l’oligarchie, passant du gauchisme à Mitterrand, puis de Mitterrand à Chirac et Sarkozy, ils conservent des idées plus que surannées sur la liberté sexuelle. En passant du col mao au Rotary club[1], il leur est resté juste le goût de la dépravation. Je rappelle pour faire la mesure que Dominique Strauss-Khan venait du maoïsme avec son collègue Denis Kessler, le premier deviendra directeur du FMI, et le second, second du MEDEF. Olivier Duhamel, mais aussi Kouchner étaient leurs amis. Et puis avec Cohn-Bendit ils passeront chez Macron. Cette racaille en col blanc se retrouve aussi au Siècle la fameuse think tank où on parle surtout de la maitrise de l’information et donc de la défense de la mondialisation néolibérale. 

 

Cette liberté individuelle est tout à fait à sens unique, elle n’est permise que parce que ces gens là ont du pouvoir. Et c’est cette liberté factice qu’ils imposent à leur entourage et donc à leurs enfants. On verra donc le couple Duhamel-Pisier se préoccuper du sort d’un bébé venu du Chili qu’ils adopteront, mais guère des conséquences de leur mode de vie sur leurs enfants. Evelyne Pisier qui semble encore plus bête qu’Olivier Duhamel jouera les surprises :

« Parfois, mon frère reçoit un appel de ma mère. À Victor, elle dit que le beau-père ne nie pas. « Il regrette, tu sais. Il n’arrête pas de se torturer. Mais, il a réfléchi, c’est évident, tu devais avoir déjà plus de 15 ans. Et puis, il n’y a pas eu sodomie. Des fellations, c’est quand même très différent » écrit Camille Kouchner.

Les chiens ne font pas des chats, si Olivier Duhamel est le fils d’un homme politique magouilleur et sans guère de morale, Evelyne Pisier vient elle d’une famille où les deux parents se sont suicidés, avec un père pétainiste et une mère féministe. Ces gens là n’ont strictement aucun sens des réalités en dehors de leur propre égoïsme. Ils ne comprennent pas que leur mode de vie a forcément des incidences sur les enfants qui les regardent et qui les prennent pour exemples. C’est bien pour ça que Camille Kouchner semble avoir garder longtemps de l’affection pour le libidineux Duhamel.

 « Je me souviens du clin d’œil que mon beau-père m’a adressé lorsque, petite, j’ai découvert que sous la table il caressait la jambe de la femme de son copain, le communicant avec lequel nous étions en train de dîner. Je me souviens du sourire de cette femme aussi. Je me souviens des explications de ma mère à qui je l’ai raconté : « Il n’y a rien de mal à ça, mon Camillou. Je suis au courant. La baise, c’est notre liberté. »

Et donc « notre liberté » qui ici semble se limiter à la baise, ça passe avant tout, et même avant la santé mentale et le bien être de ses propres enfants. Evelyne Pisier finira totalement alcoolique puis décédera des conséquences d’un cancer du poumon. 

Les débris du gauchisme se recyclent où ils peuvent, mais toujours là où il y a de l’argent 

Du côté du père Kouchner, ça ne vaut guère mieux, acoquiné avec Christine Ockrent, vedette des petites lucarnes dans les années quatre-vingt, il a du mal à supporter ses propres enfants. Quand il apprend que son fils qu’il a quasiment laissé à l’abandon s’est fait violé par son beau-père, il se propose de lui casser la gueule, mais il reculera devant cette possibilité soi-disant parce que ses enfants le lui aurait demandé. Je dit soi-disant parce que Kouchner qui n’a jamais demandé l’avis de ses gosses pour faire quoi que ce soit, tenant compte de celui-ci dans une affaire si grave, ça ne parait pas sérieux. C’est ici que se rejoignent les témoignages de Vanessa Springora qui a été abusée par Gabriel Matzneff et de Camille Kouchner[2]. Ces deux femmes viennent du même milieu, elles ont presque le même âge, elles ont fréquenté le même lycée. Et Bernard Kouchner, totalement inconscient signera une pétition écrite par Gabriel Matzneff justement. « Selon Bernard Kouchner, signer cette tribune était bel et bien une "connerie" : « C’était il y a 40 ans. C’est une énorme erreur. Il y avait derrière une odeur de pédophilie, c’est clair. C’était une connerie absolue. Plus qu’une connerie, une sorte de recherche de l’oppression", avait-il confié, avant de révéler qu'il ne l'avait en réalité jamais lue. "La pétition de Matzneff, je ne l’ai même pas lue ! Daniel Cohn-Bendit et moi l’avons signée parce que Jack Lang nous l’avait demandé", a-t-il ajouté »[3]. Et hop on retrouve encore l’ignoble Cohn-Bendit, signataire d’un ouvrage avec Olivier Duhamel[4]. L’ignoble Cohn-Bendit qui traine dans tous les salons à la mode et qui se fait inviter sur toutes les chaînes de télévision pour tenter de continuer à exister, alors qu’il n’est rien, et qu’il n’a rien à dire sur rien et encore moins sur le reste. La piètre excuse de Kouchner selon laquelle il a signé la pétition sans la lire l’enfonce un peu plus encore. Il est comme ça Kouchner, il défend les traités européens sans les lire, il fait confiance à Cohn-Bendit ! 

 

On ne peut pas faire l’impasse sur la volonté de Camille Kouchner de se venger de tout ce que sa parentèle lui a infligé, c’est-à-dire d’abord la volonté de tuer le père. D’une pierre deux coups, elle flingue Olivier Duhamel qui est totalement fini à Sciences Po et ailleurs, mais aussi son propre père biologique qui passe dans cet ouvrage pour un con, un monstre d’égoïsme. On a beau dire que ces gens ne risquent rien face à la justice, prescription, ils sont blessés dans leur narcissisme. En même temps cette vengeance lui permet d’en finir avec la fable des deux pères interchangeables selon les humeurs du moment. Mais cela va au-delà de sa famille. Les dégâts collatéraux sont considérables, sont mis en cause ceux qui savaient et qui n’ont rien dit. Le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, que beaucoup veulent voir démissionner, je rappelle qu’auparavant Sciences Po avait été mis en cause quand la Cour des comptes avait révélé les émoluments de son ancien directeur Richard Descoings qui était lui aussi membre du Siècle. Le monde est petit, mais Richard Descoings n’a pas eu à démissionner pour ses turpitudes financières, il est décédé avant. Et puis il y a Elisabeth Guigou européiste mais présidente de la Commission sur l’inceste, elle était comme le cul avec la chemise avec cette clique, Kouchner, Duhamel, et j’en passe, tous les caciques de la seconde gauche, soit la droite avec un faux nez. Et donc tout le monde pense qu’elle savait pour Duhamel, or en tant que présidente de la Commission sur l’inceste, elle n’a rien dit, ni rien fait. Sera-t-elle contrainte de démissionner et donc de partir enfin à la retraite ? Nous le serons dans quelques jours.

 

PS : J’ai trouvé un article venimeux de Claude Grimal sur cet ouvrage qu’il n’a sans doute pas lu[5]. Le propos d’icelui est de tenter de disqualifier Camille Kouchner en disant que c’est bien beau d’avoir souffert, mais que ce n’est pas de la littérature. Cet individu est de ceux qui supposent que quand on souffre comme Céline et qu’on couvre ses errements nazis avec des mots bien choisis, ça c’est de la littérature ! Bien entendu c’est le droit de Claude Grimal qui n’a jamais rien produit de très personnel, de dire qu’il n’aime pas son écriture cependant, son compte rendu montre qu’il n’a pas lu le livre ou qu’il l’a mal lu, préoccupé à mal faire contre cette jeune femme. Par exemple il avance bien imprudemment que la première partie du livre présente un univers paradisiaque. C’est exactement le contraire, elle peint cette gauche bobo comme un ramassis de menteurs et d’opportunistes, préoccupés essentiellement d’eux-mêmes et négligeant leurs enfants, mais aussi creux totalement creux sur le plan intellectuel. et donc que la faute reviendrait à un intrus. Le portrait de sa mère, même avant le dévoilement de l’inceste est terrible. Mais Claude Grimal en arbitre des élégances littéraires autoproclamé nous prit de croire que c’est vrai que le style de Camille Kouchner est tellement mauvais qu’on ne peut pas la lire. Encore un qui va nous faire le coup de la distinction entre le fond et la forme. C’est très germanopratin comme posture, mais en même temps ça permet de cracher sur la victime sans le dire, tout en le disant, sous-entendant qu’elle n’a fait ce coup littéraire que pour se faire remarquer et gagner un peu d’argent. C’est plutôt insultant et malveillant cette manière aigre de juger. Le mieux eut été qu’il s’abstienne. Les extraits ci-dessous démontrent l’inanité de l’article de ce malheureux Grimal. 

Extraits de l’ouvrage de Camille Kouchner 

Parfois aussi, mon beau-père danse avec son chien. Ouzo se lève sur ses pattes arrière, à coups de « Hop, ici ! Allez hop, ici ! ». Et, une fois calé, mon beau-père lui bave dans la bouche, de longs filets, crache sa salive dans la gueule de son animal qui l’avale à grandes lampées. Un peu dégoûtant, mais qu’est-ce qu’on rigolait ! Tous ces soirs, à Sanary, où l’on a dansé  

Je demande : « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Gilles et Marie-France laissent faire ma mère. « Mon bébé, il s’est tué. Au pistolet. Comme un con. » Tout est dit, rien n’est expliqué. Encore aujourd’hui j’ose à peine l’écrire, mais j’en ai le souffle coupé. « Mais c’est ton père, maman ! » Ma mère me sourit. « À peine. Et quand bien même ! Arrête de t’interroger, il est bien libre de se tuer. Liberté, liberté… Je savais qu’il le ferait. Dernier acte agressif d’un homme égoïste. » 

À Sanary, certains des parents et enfants s’embrassent sur la bouche. Mon beau-père chauffe les femmes de ses copains. Les copains draguent les nounous. Les jeunes sont offerts aux femmes plus âgées.   

Je me souviens encore que, après une autre soirée, une main courante a été déposée. La jeune femme, à peine 20 ans, était endormie lorsqu’un garçon s’était glissé dans son lit. Elle s’était enfuie à Paris et avait prévenu ses parents. Des explications avaient suivi. La jeune femme a été répudiée, vilipendée par mon beau-père et ma mère, effarés par tant de vulgarité. Quant à moi, on m’a expliqué ce qu’il fallait en comprendre : la fille avait exagéré.

À peine 15 ans, et mon beau-père se fait photographe. Les culs, les seins, les peaux, les caresses. Tout y passe. Sur les murs de la Ferme, les images sont exposées en grand. Dans la cuisine de cette maison des enfants, une photo de sa vieille mère, quasi nue dans le jacuzzi, seins flottants à la surface de l’eau. En quatre par quatre, un gros plan des miens et une photo des fesses de ma sœur dévalant le chemin. Il me dit : « Je n’aime pas ta bouche, ma Camouche. Tes lèvres sont trop fines. C’est dérangeant. » Je hais mon corps. 

Ma mère enrage lorsque la sage-femme me tend mon enfant pour que je lui donne le sein. Et l’exprime par de simples questions, évidemment – ne jamais attaquer la liberté frontalement. « Tu allaites ? Pourquoi ? Ils t’ont forcée ? Tu n’as pas peur de perdre ta liberté ? C’est au nom de la nature ? La nature a bon dos lorsqu’il s’agit d’enfermer les femmes, tu le sais… »

À moi, elle dit des mots qui incriminent : « Comment avez-vous pu ainsi me tromper ? Toi la première, Camille, ma fille, qui aurait dû m’avertir. J’ai vu combien vous l’aimiez, mon mec. J’ai tout de suite su que vous essayeriez de me le voler. C’est moi, la victime. »

Voir aussi https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/11/le-cas-gabriel-matzneff-et-ce-quil.html


[1] Guy Hocquenghem, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Albin Michel, 1986.

[2] Vanessa Springora, Le consentement, Grasset, 2020

[3] https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/affaire-olivier-duhamel-cette-petition-pro-pedophilie-signee-par-bernard-kouchner-qui-refait-surface-2106500

[4] Petit dictionnaire de l’euro, Le seuil, 1998.

[5] https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/01/09/familia-grande-litterature/?fbclid=IwAR1FCpbDZHeMYaGA1Jgd9kc9a5X1xpcRMU-hx7MbonXavx8pKFQp7FR3XQE

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