Duhamel ici avec DSK
Suite aux révélations de Camille Kouchner sur la pédophilie d’Olivier Duhamel[1], ce dernier est en voie d’effacement définitif. Cela nous donne l’occasion de revenir sur le parcours plus que louvoyant de cet homme de droite avec un faux nez. Politiquement il est le fils de son père, Jacques Duhamel, plusieurs fois ministre sous Pompidou. Celui-ci était plus ou moins centriste, c’est-à-dire comme son fils prompt à se rallier à des coalitions bourgeoises sur le plan politique. Le grand père d’Olivier Duhamel était le président de la puissante organisation patronale Comité central des houillères de France. Le réseau est une maladie permanente de cette famille. L’intrigant et opportuniste Olivier Duhamel était très introduit dans les cercles du pouvoir, et jusqu’à ces jours derniers il était le président du think tank Le siècle, une boutique d’influence où se retrouvait toute la canaille macronienne sans foi ni loi, de Denis Kessler à Jacques Attali, de Nicole Notat à Edmond de Rothschild. Les membres de ce club très sélect forment une sorte de Gotha de l’oligarchie, cette oligarchie qui s’applique à ruiner la France depuis près de quarante années et se donnent comme objectif de travailler les médias et de les influencer. Constitutionnaliste Olivier Duhamel était aussi un européiste convaincu. Il se flattait d’avoir été un des rédacteurs du fameux TCE – Traité instituant la Communauté Européenne – qui devait donner une constitution qui serait la base ultérieure d’un Etat fédéral. Ce traité fut rejeté en 2005. Et on peut dire que c’est à partir de ce rejet qu’Olivier Duhamel entama sa chute vers l’oubli. Son profil d’un conformisme affligeant le destinait tout naturellement à enseigner à Sciences Po. Sur le plan politique donc il fut membre du Parti Socialiste, disons pour aller vite, qu’il fut un de ceux qui détruisirent ce parti pour en faire le véhicule du néolibéralisme. Naturellement proche de DSK, il fut un grand défenseur de celui-ci quand il fut pris la main dans le sac d’une tentative de viol contre la malheureuse femme de ménage du Sofitel de New-York. C’est un personnage sans morale d’aucune sorte qui se trouve donc pris dans la nasse de la pédophilie.
La polémique
a éclaté rapidement et certains en ont déduit que la pédophilie était une
particularité de la gauche caviar et de citer pêle-mêle Cohn-Bendit, Jack Lang.
Cette déduction est plus qu’erronée « Mais ça n’a rien à voir avec
68. L’inceste est partout, il n’a pas de couleur politique, il peut être à droite
comme à gauche. » dit Camille Kouchner[2].
Et justement nous avons vu ci-dessus que Duhamel ne peut pas être classé à
gauche de l’échiquier politique. C’est un héritier de Giscard d’Estaing sur le
plan politique. On a rapproché également cette pédophilie de celle révélée l’an
dernier par Vanessa Springora qui avait publié Le consentement aux
éditions Grasset pour dénoncer un autre pédophile, Gabriel Matzneff, classé à
droite, et même très à droite. La médiocre Catherine Clément a twitté le 5
janvier qu’elle n’aimait pas la délation à propos de cette affaire. En vérité il
ne s’agit pas de cela, mais bien de rendre la honte plus honteuse en la
livrant à la publicité comme disait Marx. Catherine Clément aurait bien
voulu que son copain Olivier Duhamel puisse continuer à jouer les fanfarons à
Sciences Po sans qu’on l’ennui avec des questions subalternes. Mais c’est
loupé. Les révélations de Camille Kouchner ont déjà eu deux résultats, le
premier de contraindre Olivier Duhamel de dissimuler ses turpitudes en démissionnant
de ses fonctions nombreuses et variées. Mais en outre cela a permis de
renouveler l’attention sur ce personnage qui a maintenant tout du raté, et qui a
travaillé d’arrache-pied à l’établissement d’un ordre néolibéral en France et
en Europe. Son effondrement moral et politique correspond en fait à une fin de
cycle, si le libéralisme est fini sur le plan économique, il est tout autant fini
sur le plan des mœurs. Car ces histoires d’inceste et de pédophilie sont
toujours des logiques de pouvoir, et Olivier Duhamel était à la fois riche et détenteur
d’un capital social et intellectuel élevé : une autorité dans tous les sens
du terme. Beaucoup ont parlé de « tabou » à propos d’inceste. Mais à
chaque fois que des scandales sont révélés au public on dit ça. En vérité du mouvement
#MeToo aux révélations de Springora ou de Camille Kouchner, c’est à une
nouvelle circulation des informations qu’on assiste et qui mine la crédibilité
de ceux qui se sentent puissants mais qui n’ont bâti leur magistère que sur le
sable de l’ignorance. Dévoiler les turpitudes de l’oligarchie c’est la faire
redescendre de son piédestal. Evidemment l’inceste n’a pas lieu que dans les
classes hautes de la société, mais la particularité de la bourgeoisie est de
justifier ses turpitudes, à l’image d’un Cohn-Bendit ou d’un Gabriel Matzneff d’un
point de vue théorique, comme si c’était là une aventure exaltante que d’abuser
de son pouvoir pour abuser de petites filles ou de petits garçons. Une enquête
a été ouverte sur les agissements d’Olivier Duhamel[3].
Celle-ci ne débouchera sans doute sur rien de concret, les faits sont anciens, mais
en attendant on sera débarrassé de ce vieux fanfaron donneur de leçons qui
pérorait à la télévision ou dans Libération. Il n’a pas répondu aux
différentes sollicitations des journalistes, disant qu’il n’avait rien à dire.
Mais ce ne l’a pas empêché de twitter pour dire qu’il était victime d’attaques
personnelles et donc qu’il démissionnait de ses fonctions.
Olivier Duhamel ne trouvera pas beaucoup de monde pour le défendre en public. Elisabeth Gigou est aux abonnés absents, elle ne savait rien dit-elle. Mais enfin on en a trouvé un, en dehors de Catherine Clément, un obscur politologue dijonnais Claude Patriat qui cependant a préféré retirer son tweet. Ce Patriat qui malheureusement enseigne compare bêtement le livre de Camille Kouchner à une vengeance de génération. Mais non personne ne veut se venger de ce vieux débris, puisqu’en effet personne ne le connaît en dehors de Sciences Po Dijon qu’on ne savait même pas que des choses comme ça pouvaient exister[4] !
[1] La
familia grande, Le seuil, 2021.
[2] L’obs,
n° 2932, 7-13 janvier 2021.
[3] https://www.leparisien.fr/faits-divers/olivier-duhamel-une-enquete-ouverte-apres-des-accusations-d-inceste-05-01-2021-8417405.php
[4] https://www.bienpublic.com/faits-divers-justice/2021/01/06/affaire-duhamel-claude-patriat-nie-toute-apologie-de-l-inceste
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