samedi 30 janvier 2021

Manifestations dans toute la France, samedi 30 janvier 2021, pour les libertés

  

Paris le 30 janvier 2021 

Les manifestations du samedi ont repris en petite foulée, en fait elles n’avaient jamais arrêté. La manifestation de ce samedi ne portait pas que contre les violences policières ou contre l’ignoble loi Sécurité Globale, plus généralement elle s’élargissait à l’ensemble des mesures prises par le gouvernement Castex à, propos de la gestion de la crise sanitaire. Certes on ne va pas dire que l’épidémie n’existe pas, et qu’elle est inventée de toute pièces pour soumettre le peuple à la dictature du petit locataire de l’Elysée. On ne va pas faire du complotisme, mais il est évident pour tout le monde que Macron et Castex se servent de se prétexte pour restreindre toujours un peu plus les libertés. Il est vrai qu’ils ne savent pas trop ce qu’ils doivent faire, vacciner ou pas, confiner ou non. La seule chose qu’ils connaissent c’est la répression, et les policiers qui se comportent de plus en plus comme des miliciens de bas étage, sont tellement exaspéré d’être ce qu’ils sont qu’ils n’ont même pas l’idée de se rebeller, de se dire simplement que certains ordres sont inapplicables. En quelque sorte, ils perdent leur métier en perdant toute mesure dans l’usage de la force. 

Rouen le 30 janvier 2021 

Il n’y avait pas vraiment beaucoup de monde, mais enfin les défilés n’étaient pas ridicules si on tient compte qu’ils étaient disséminés dans toute la France, sauf curieusement dans le Sud. On a remarqué que le public était plus diversifié que les autres samedis, moins dominé si on veut par les gauchistes. Bien sûr il y avait encore les Gilets jaunes. Ce qui est une bonne chose, sauf pour Macron bien entendu, puisque cela veut dire que le ras-le-bol s’étend. Cette diversification se remarquait aussi dans l’âge des manifestants, ils étaient cette fois moins jeunes, plus ordinaires. Ce n’est pas encore le pendant des manifestations qui ont éclaté un peu partout, aux Pays Bas, au Danemark, contre les mesures de restriction prises au prétexte de la pandémie. Mais c’est un début de rébellion. Beaucoup se sont donné rendez-vous pour rouvrir leurs boutiques, leur bar, leur restaurant ou leur théâtre le 1er février. Déjà le 27 janvier un restaurateur niçois a bravé l’interdit. Il a rencontré beaucoup de succès et la préfète venue bouffonner dans son établissement dut repartir comme elle était venue sous les huées du public très nombreux pour le coup[1]. 

Nice le 27 janvier, Christophe Wilson brave l’interdit 

C’est une déclaration de guerre et si Christophe Wilson risque de lourdes sanctions, il se pourrait bien qu’il fasse des émules rapidement. Au-delà des singularités et certainement des divergentes entre tous ces révoltés contre Macron et sa bande, il y a justement que beaucoup vont être contents de se retrouver dans une solidarité d’intention. C’est ce qui a de plus dangereux pour le pouvoir. On voit donc que samedi 30 janvier, les manifestations dépassaient le simple cadre d’une critique un peu abstraite de l’Etat policier pour dénoncer une impossibilité de vivre socialement. La dernière intervention de Castex à la télévision le 29 janvier montrait une grave incertitude et sans doute une peur manifeste de susciter une révolte plus forte encore que d’ordinaire[2]. Son intervention qui suait la peur était pitoyable, non seulement on n’a rien compris à ces nouvelles restrictions, mais il a mis tout le monde en colère. 

Orléans le 30 janvier 2021 

Cette situation très particulière explique que finalement le nombre des manifestants était moins important que le fait qu’il y ait eu des rassemblements dans toute la France. C’était une manière de dire son dégout à la face du pouvoir, mais également de se donner de l’exercice et une occasion de se retrouver, de recréer le lien. Certes son peut dire que ce rituel hebdomadaire qui dure depuis deux ans et demi maintenant n’empêche pas le pouvoir d’agir à sa guise. Mais je ne le crois pas car c’est un apprentissage de la lutte et de la coordination des luttes qui restent décentralisées et sans affiliation précise. Ces manifestations prouvent que les manifestants ont compris qu’il fallait user de beaucoup de patience pour user le pouvoir. Ces manifestations troublent l’opinion publique et prépare le terrain à ce que cela s’aggrave avec le temps. Ce ne sont pas d’ailleurs seulement des manifestations anti-confinement qu’il faut attendre. Mais les conséquences de ce qui se passera lorsque l’Etat cessera de dépenser pour soutenir les entreprises et l’emploi. Déjà on a entendu Roux de Bézieux, le patron des patrons dénoncer le gouvernement en disant deux choses : d’une part qu’il fallait apprendre à vivre avec la pandémie, et d’autre part qu’on ne pouvait pas continuer à payer des gens à ne rien faire[3]. « Le gouvernement s’est planté », a-t-il dit, pour s’adresser à Macron qui pourtant a fait son possible pour être la courroie de transmission des exigences du patronat. Mais passer d’une économie sous perfusion, sans fabriquer de l’inflation est extrêmement périlleux. Et par les temps qui courent on voit mal Macron continuer ses ignobles « réformes » rétrogrades sans mettre le feu au pays. 

Digne le 30 janvier 2021 

Dès que le confinement sera terminé, et qu’on reviendra à des formes « normales’ d’indemnisation du chômage ça va crier dans les chaumières. A Valence, un homme a tiré et tué des salariés de Pôle Emploi[4]. Les employés de cette boutique en ont profité pour expliquer à quel point les relations avec les chômeurs étaient de plus en plus tendues. Et comme les réformes des allocations-chômage créent et créeront de plus en plus de laissés-pour-compte, on peut s’attendre aussi à des émeutes de ce côté-là quand le chômage explosera à la fin février ou au mois de mars. C’est juste une question de temps. Le gouvernement est très faiblement prévoyant en matière de mouvements sociaux, Macron croient simplement que les accès de fièvre se refroidissent par la force des choses. Mais les Gilets jaunes ont déjà montré à la fin de 2018 qu’il pourrait bien être renversé à l’issue d’un mouvement populaire impossible à canaliser à l’aide des partis dits de gouvernement et des syndicats. 

Bordeaux le 30 janvier 2021 

Mais dans l’ensemble les manifestations de samedi étaient plutôt festives et bon enfant. Sauf en fin de manifestation où on a vu des policiers fébriles cogner sur un peu tout le monde, gazer, à Paris, Lille ou encore Rennes, justifiant ex-post les manifestants qui dénoncent la restriction des libertés depuis des mois. Macron joue un jeu dangereux, il devrait se souvenir de la déconfiture de Trump, son homologue étatsunien, ce dernier en voulant à toute force apparaître comme un homme d’ordre a fini par symboliser le chaos et le désordre. Il se pourrait que cela se passe de la même manière pour lui en 2022. Les derniers sondages sont très mauvais pour lui qui donnent Marine Le Pen au coude à coude à un ana et demi des élections. Cette fois les électeurs de gauche ne sont pas disposés à le sauver du désastre[5].

 

 

Rennes



[1] https://www.leparisien.fr/societe/liberte-un-restaurateur-nicois-brave-l-interdiction-d-ouverture-27-01-2021-8421623.php

[2] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-ce-qu-il-faut-retenir-des-nouvelles-restrictions-annoncees-par-jean-castex_4276783.html

[3] https://www.lepoint.fr/economie/roux-de-bezieux-il-va-falloir-apprendre-a-vivre-avec-une-forme-de-pandemie-30-01-2021-2411883_28.php

[4] https://www.20minutes.fr/societe/2964219-20210128-apres-mort-conseillere-valence-pole-emploi-fermera-agences-vendredi

[5] https://www.nouvelobs.com/election-presidentielle-2022/20210127.OBS39456/un-sondage-donne-macron-et-le-pen-au-coude-a-coude-au-second-tour-en-2022.html

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