Quand Macron avait mis en œuvre sa réforme de l’impôt, une
étude de l’OFCE montrait que les pauvres étaient les perdants et les très
riches les grands gagnants. C’est ce qui a valu à Macron le surnom très mérité
de « président des riches ». on l’oublie un peu aujourd’hui, empêtrés
que nous sommes dans la crise sanitaire. Cette réforme était triple : elle
abaissait les taux d’imposition sur les revenus et sur les entreprises,
sanctifiait le CICE, supprimait l’ISF et instaurait une flat tax sur les
revenus du capital financier. Mais Macron et son gouvernement de droite néolibérale
prétendaient que cela était bon pour l’économie. L’idée était la suivante :
si les riches sont encore plus riches, comme ils ne peuvent pas dépenser l’argent
supplémentaire qu’ils encaissent, sont obligés de placer cet argent donc de l’investir.
C’est la théorie de l’offre qui a toujours été fausse et qui l’est plus que
jamais. Macron avait ressorti la vieille thèse du ruissellement pour couvrir le
fait qu’au final les riches seraient plus riches et les pauvres plus pauvres et
qu’en fait c’était là le seul but poursuivi par une classe cupide et
prédatrice. Même au moment du Grand
débat il a défendu mollement l’idée que sa réforme des impôts ne serait pas
préjudiciable aux pauvres puisque cela leur fournirait un emploi et qu’au final
les salaires augmenteraient. Cette réforme copernicienne qui en fait avait
commencé en 2014 avec l’arrivée à Bercy de Macron et la mise en place du CICE, avait
le double but de faire de la France le pays le plus libéral et inégalitaire d’Europe,
et de consolider le pouvoir du capitalisme financier sur le capitalisme
industriel en voie de disparition.
L’INSEE avait produit une étude pour dire que la réforme fiscale de Macron avait aggravé les inégalités alors que celles-ci sont déjà très élevées en France[1]. Certes tout ne vient pas de la présidence de Macron, mais ce dernier était déjà l’artisan d’une politique économique et sociale défavorable aux plus pauvres, d’abord en tant que conseiller économique de Hollande, puis en tant que ministre de l’économie à partir de 2014. Le taux de pauvreté calculé au seuil de 60% du revenu médian a donc augmenté. Cela pourrait d’ailleurs être une des raisons de la virulence et de la puissance du mouvement des Gilets jaunes à la fin de 2018.
On a d’ailleurs le même schéma aux Etats-Unis avec les récentes réformes de Donald Trump à partir de 2016. Le tableau ci-dessous résume les gains sur le plan fiscal en fonction du niveau de richesse, et on voit que les inégalités ont explosé sous le mandat de Trump. Cela a été masqué avant la crise du COVID par la relative bonne tenue du marché du travail. Mais nous avons vu que le vote pour Biden était aussi un vote de classe, les pauvres votant plus facilement pour lui que pour Trump, tandis que les très riches votaient systématiquement pour lui[2]. Autrement dit il semble que la défaite de Trump soit due non seulement à sa mauvaise gestion de la pandémie, mais aussi aux creusements extravagants des inégalités. On sait que Biden a fait une partie de sa campagne sur le thème d’une nécessaire hausse des impôts pour les plus riches. La croissance économique stimulée par un déficit budgétaire colossal et par un déficit commercial extravagant a permis d’avoir sur le court terme des résultats présentables. En effet une baisse des impôts qui ne serait pas compensée par une baisse des dépenses budgétaires ne peut être qu’une manière de relancer la consommation sans que cela se perpétue dans le futur. Il y a un phénomène qui avait été mis en avant par Thomas Piketty c’est qu’une baisse des impôts à moyen et long terme prive l’Etat des possibilités d’investir, or les investissements publics sont non seulement utiles mais ils sont aussi indispensables pour le maintien de. Il est faux et illusoire de croire la productivité globale des facteurs que seul le capital privé est productif, on pourrait même dire que sans le capital public investi dans la santé, l’éducation et les infrastructures, le capital privé n’existe pas. La production de marchandises marche sur deux jambes, le capital public et le capital privé. Allons plus loin, le marché n’existe pas sans l’Etat qui en détermine les conditions d’existence. Et quand l’Etat recule dans ses investissements d’infrastructures, l’économie recule aussi. C’est ce qui se passe depuis la contre-révolution conservatrice de Reagan-Thatcher.
Les politiciens qui défendent une baisse des impôts sur les bénéfices des entreprises ou sur les plus riches admettront que peut être cette baisse engendre un surcroît d’inégalités, mais que grâce à cela les investissements augmentent et que cela crée de la croissance et de l’emploi. L’étude de Hope et Lindberg si elle n’est pas nouvelle dans ses conclusions est originale dans sa méthode et ses principes[3]. D’abord parce qu’elle se focalise sur le long terme, elle porte sur la période 1965-2015. Mais ensuite elle inclut 18 pays de l’OCDE. Elle se focalise essentiellement sur les effets d’une baisse des impôts pour les plus riches. Dans le cadre de la mondialisation il est assez convenu de dire que cette baisse des impôts pour les plus riches – le 1% – permet d’attirer les investissements directs étrangers. C’est ce que disent les politiciens de droite comme Sarkozy, Macron, ou encore Le Maire et Philippe sans le démontrer bien sûr. Dans cette course à l’échalotte du moins disant fiscal, ce sont les classes moyennes et pauvres qui sont pénalisées. Non seulement parce qu’une partie de la baisse des impôts sur les très riches est compensée par une hausse des taxes sur les autres catégories de revenu, mais aussi parce que l’Etat se trouvant contraint de revenir à une politique austéritaire pour des raisons d’équilibre budgétaire, va baisser les prestations sociales comme les dépenses de santé et d’éducation. On se souvient des remarques de Macron qui avançait qu’on met un pognon de dingue dans les minima sociaux, sans effet[4]. Il sous-entendait par là qu’au lieu d’assister les pauvres, il fallait les mettre au travail. C’est la rhétorique néo-libérale qu’on entend depuis Reagan-Thatcher et qui vient directement du XIXème siècle, quand le capitalisme était dérégulé. Il y a une incompréhension totale dans les raisons qui ont poussé le capitalisme a se doter d’instruments de régulations : outre la volonté de combattre les crises, il y a aussi le fait que la hausse de la production et de la productivité l’exige. C’est ce qu’on appelle la loi de Wagner : lorsque la production augmente, les dépenses publiques doivent pour l’accompagner augmenter plus vite. Un ralentissement dans la dépense publique engendre la récession et la crise. On sait que Macron, peu instruit de ce que sont l’histoire et les mécanismes économiques, est un admirateur de l’alcoolique Dame de fer et de ses réformes menées à la matraque contre les syndicats et les travailleurs. Regardons les graphiques ci-dessous pour la France. L’impôt marginal sur les très riches a chuté depuis la Première Guerre mondiale passant d’un peu plus de 90% à environ 30%. Cette baisse de l’impôt des très riches s’est accélérée après 1965. Or nous constatons que dans le même temps la croissance a tendance à diminuer, et le chômage à augmenter régulièrement. Si de cette présentation, graphique on ne peut en déduire une causalité, elle infirme pourtant l’idée que la baisse des impôts pour les plus riches est bonne pour la croissance et pour l’emploi puisque cette « théorie » prétend prédire au sens poppérien du terme et que cette prédiction ne se réalise pas.
En 2014 le FMI publiait une étude qui démontrait grâce à des tests économétriques traditionnels et sur une analyse cross-countries que l’accroissement des inégalités de revenus, mesurées à l’aide de coefficients de Gini, freinait la croissance et la rendait moins solide[5]. La conclusion était que l’intervention de l’Etat dans la redistribution des revenus était justifiée et nécessaire pour éviter le chaos. Et donc que pour cela il fallait revenir sur une politique fiscale qui de partout dans le monde depuis une quarantaine d’années tend à diminuer les recettes fiscales des Etats et les impôts des très riches au nom de la concurrence fiscale entre les nations. L’OCDE avait publié aussi de son côté plusieurs études sur le fait que l’accroissement des inégalités plombait la croissance économique fuiture[6]. Mais tout cela n’a pas empêché que les inégalités continuent de progresser et les politiciens de faire comme si ses études n’existaient pas, et comme on le sait elles ont encore progressé de crise en crise, de la crise des subprimes à la crise sanitaire[7]. Cette nouvelle étude de Hope et Lindberg insiste peut-être un peu plus sur l’inutilité de la baisse des impôts sur les revenus des plus riches, mais elle aboutit aux mêmes conclusions. En effet cette logique concentre toujours plus la richesse, sans l’augmenter. Cependant, il se peut évidemment que les réformes fiscales favorables aux riches stimulent sur le court terme la croissance et l’emploi. C’est ce qui s’est passé avec la mandature de Donald Trump, mais le prix qu’il a fallu payer a été un creusement extravagant de la dette publique et du déficit commercial. Mais sur le long terme, cela ne marche pas.
Donc cette nouvelle étude indique que les inégalités ont bien augmentées et que les politiques fiscales les ont amplifiées. Mais ce que cette étude ne nous dit pas, ce n’est pas son objet, c’est comment et pourquoi on n’arrive pas à combattre cette prétention des plus riches à accaparer le principal du peu de croissance économique qui existe encore. Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord parce que ce sont les plus riches qui interviennent dans le vote des lois fiscales. Trump a radicalement abaissé le taux d’imposition des plus riches, comme Macron l’a fait en France. Dire que le pouvoir est corrompu n’est pas suffisant, il faut dire que le pouvoir politique est entre les mains des très riches qui tiennent dans leurs mains le pouvoir politique. On l’a vu dans la façon dont Macron a pu parvenir au pouvoir suprême, et même comment les pouvoirs dits de gauches ont été muselés facilement. La haute administration qui très souvent pantoufle, passant du privé au public et vice versa pour accroître ses revenus, travaille pour l’oligarchie[8]. Mais plus fondamentalement ce qui empêche de lutter contre les inégalités de revenus c’est essentiellement la mondialisation qui non seulement met en concurrence les travailleurs des pays de niveau de développement différent, et donc pousse les salaires à la baisse, mais met également en concurrence les systèmes fiscaux de pays différents. Thomas Piketty qui a fait un travail considérable pour montrer les mécanismes qui œuvrent dans le sens de plus d’inégalités et qui a monté un centre de recherches dédié à ce sujet[9], avance qu’une solution serait par exemple une taxation au niveau mondial de la richesse. Ce qui supposerait une gouvernance mondiale. Cette vision est totalement utopique, non seulement parce que personne n’en veut, mais parce que maintenir l’idéal de concurrence en le dépouillant des avantages pour les riches n’a aucun intérêt pour personne. On le voit bien avec l’Union européenne dont Piketty est malheureusement un ardent défenseur. Celle-ci n’arrive pas à produire un système fiscal uniformisé aussi bien pour l’ensemble de l’Union que pour la zone euro. Militer pour une autre Europe c’est l’antienne des sociaux-démocrates, ça ne dérange personne, sauf les électeurs qui se détournent de ces partis et portent leurs préférences vers des partis d’extrême-droite. Piketty refuse de comprendre que c’est seulement dans les périodes protectionnistes que les systèmes fiscaux ont pu œuvrer à un resserrement des inégalités par le biais d’une redistribution des richesses. C’est une histoire bien connue, on fait semblant de ne pas la voir.
Mais si la croissance des inégalités n’est pas bonne pour la
croissance et l’emploi, elle n’est pas meilleure pour la planète. En effet,
plus les inégalités augmentent et plus il devient évident que la seule solution pour sortir les pauvres de la
misère économique est d’accroître toujours et encore la production, mais comme
les salaires ne suivent pas la hausse de la productivité, c’est courir après une
ombre : lorsque les revenus des plus riches croissent plus vite que les
salaires, la demande ne peut pas suivre, c’est la spirale de la déflation
qui empêche la croissance de se poursuivre. Cependant, si on remet tout
cela dans le contexte d’une nécessaire lutte contre le réchauffement climatique,
on comprend que le recul ou la stabilisation de la production ne pourra se
faire que par une réduction des inégalités entre les classes. Mais il faut
comprendre aussi que de lutter contre les inégalités c’est aussi lutter contre
le consumérisme par lequel les classes inférieures copient avec peu de moyens
toutefois les standards d’un mode de vie bourgeois[10].
Cette idée de consommation ostentatoire ou de guerre sociale par le biais de la
consommation est bien connue depuis Veblen[11].
Quelle que soit l’optique que l’on choisisse, celle de la croissance ou celle
de la nécessaire décroissance, la lutte pour le resserrement des inégalités est
un impératif et passe par une redistribution des revenus par le biais de l’Etat.
L’autre résultat de ces études c’est que la théorie de l’offre est erronée. En effet en accroissant les revenus des plus riches et en compressant les revenus des plus pauvres, on n’augmente pas le capital investi et donc le volume de la production, essentiellement parce que le marché manque de découchés. Par contre ce mouvement alimente la spéculation. Dans le graphique ci-dessus on voit que lorsque le taux de profit augmente, cela ne fait pas bouger la tendance des investissements. C’est vrai aux Etats-Unis, mais c’est vrai aussi en France et dans me reste du monde. Autrement dit l’accroissement des inégalités de revenu ne permet pas de relancer la croissance et aggrave les tendances délétères en matière environnementales. Elle apparaît exactement pour ce qu’elle est : une manière de camoufler la cupidité des très très riches qui poursuivent ce but contre vents et marées quittes à finir par se ruiner eux-mêmes.
La conséquence pratique est de lutter d’abord contre le moteur de l’accroissement extravagant des inégalités en revenant en arrière, donc en remettant en question la mondialisation. Montebourg a écrit plusieurs livres qui mettent en question la mondialisation[12]. Mais si ce raisonnement est juste, nous devons le traduire politiquement par une sortie de l’Union européenne et une sortie de l’euro. On ne peut pas tergiverser sur cette question. Plus l’Union européenne s’est intégrée, plus les inégalités ont augmenté. C’est bien la preuve que son but ultime était celui-là. C’est bien beau de se dire protectionniste et même nationaliste, de réclamer un contrôle plus strict des frontières, mais il faut encore énoncer concrètement ce que cela signifie. La souveraineté nationale n’est pas tolérable dans le cadre de l’Union européenne et de la monnaie unique. Les Britanniques ont ouvert la voie.
Nota bene : les graphiques montrent tous que l’inégalité dans la distribution des revenus mesurée par le coefficient de Gini est très variable entre les pays et suivant les époques. Ces fluctuations signifient clairement que la répartition des revenus n’est pas le résultat « naturel » des lois du marché, mais celui de l’action politique. Quand le capital est plus fort sur le plan politique, il est mieux rémunéré, quand les travailleurs sont à l’offensive, le travail prend une part plus importante dans la valeur ajoutée. De même plus les inégalités augmentent et plus le coefficient de Gini sera élevé.
Partage de la valeur ajoutée en faveur du travail en France
Encadré : comment est calculé le coefficient de Gini[13]
Le coefficient de Gini est une mesure statistique qui
donne une indication des disparités des revenus dans une population. Cette
formule peut être appliquer également pour étudier l’écart des salaires et/ou
du niveau de vie d’un pays. Ce coefficient est fréquemment affiché dans les
rapport de l’OCDE ou dans les recherches économiques, servant de base de
comparaison entre les différents pays.
L’indice de Gini, nommé
après le statisticien italien Corrado Gini qui crée l’unité de mesure en
1912 , varie entre 0 et 1.
Cette mesure prend sa source dans le tableau ci-dessous. La droite d’équirépartition correspond à un coeffifient Gini de 0. Cette droite a un angle de 45 degrés et est parfaitement égalitaire; 20% de la population gagne 20% des revenus, 50% de la population gagne 50% des revenus et ainsi de suite.
La courbe de Lorenz, développée par l’économiste américain Max Lorenz en 1905, montre la réelle répartition des revenus. Dans cet exemple fictif, la courbe de Lorenz passe par le point (25,50), ce qui signifie que la moitié de la population possède seulement 25% des revenus. Plus la courbe est loin de la droite d’équirépartition, plus la richesse est concentrée au sein d’un petit groupe de personnes. L’action de redistribution des revenus par l’Etat permet à la courbe de Lorenz de se rapprocher de la diagonale. Ces dernières décennies à l’inverse les courbes de Lorenz se sont éloignées de la diagonale dans presque tous les pays du monde.
Formule
Le coefficient de Gini
est en fait le résultat de l’équation suivante:
= Aire A / (Aire A + Aire B)
Le coefficient de Gini
est donc le pourcentage de l’espace occupé par l’Aire A par rapport à toute la
superficie sous la droite d’égalité parfaite. Il est maintenant évident que
plus la courbe de Lorenz se rapproche de la droite d’égalité parfaite, plus le
coefficient de Gini sera petit. Un pourcentage ne peut pas dépasser 100% ni
être inférieur à 0%, alors ceci explique aussi pourquoi le coefficient de Gini
se situe toujours entre 0 et 1.
[1] Flore
Cornuet, Michaël Sicsic, Estimation avancée du taux de pauvreté et des
indicateurs d’inégalités, INSEE Analyse, octobre 2019
[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/11/elections-aux-etats-unis-resultats-et.html
[3] David Hope and Julian
Lindberg, The Economic Consequences of Major Tax Cuts for the Rich, LSE,
International Inequalities Institute, December 2020.
[4] https://www.lemonde.fr/emmanuel-macron/article/2018/06/13/pour-macron-les-aides-sociales-coutent-un-pognon-de-dingue-sans-resoudre-la-pauvrete_5313870_5008430.html
[5] Jonathan
D. Ostry, Andrew Berg, Charalambos G. Tsangaride, Redistribution, Inequality, and Growth, IMF, February
[6] Brian Keeley.
Inégalités de revenu : l’écart entre les riches et les pauvres, Les
essentiels de l’OCDE, 2018.
[7] https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/11/16/la-crise-sanitaire-a-exacerbe-les-inegalites-de-revenus_6059926_823448.html
[8] Antoine Montebourg, L’engagement, Grasset,
2020.
[9] https://www.inegalites.fr/
[10] Anaïs Carlin, « Les effets de la consommation de luxe sur la
croissance économique : approches par les préférences
non-homothétiques », Innovations, 2013/2 (n°41), p. 51-70.
[11] Thorstein
Veblen, Théorie de la classe de loisir [1899], traduction française,
Gallimard, 1970.
[12] Entre
autres, Arnaud Montebourg, Votez pour la démondialisation, Flammarion,
2011
[13] Emprunté pour partie à https://educationfinance.ca/economie/coefficient-de-gini/
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