lundi 15 février 2021

Inceste, pédophilie, viol, les sales affaires de la bourgeoisie en 2021

Des révélations, en veux-tu, en voilà. Aucun secteur ne semble devoir être épargné. On se demande quand cela va s’arrêter. Le mouvement a été lancé il y a un peu plus d’un an maintenant avec l’ouvrage de Vanessa Springora[1]. Mais sans doute est il un peu plus ancien avec le mouvement #Mee Too qui dénonçait les prédations sexuelles dans le milieu du cinéma. Une partie de cette profession a été décimée, a commencé par le puissant Harvey Weinstein qui croupit en prison. Roman Polanski n’a dû qu’a des appuis puissants en France pour éviter l’opprobre et le déclassement et obtenir que son film sur Dreyfus, J’accuse. Le titre lui-même est un lapsus puisque Polanski a été accusé et jugé coupable de viol et de pédophilie pour avoir abusé d’une jeune fille après l’avoir droguée. Mais la volonté de dénoncer et de se venger s’est étendue à d’autres segments de la vie intellectuelle et sociale, comme l’a montré l’affaire Duhamel. Ces dernières semaines ont été très riches de ce point de vue. D’abord c’est l’acteur Richard Berry[2], accusé par sa propre fille d’attouchements sexuels, et avec lui son ancienne compagne Catherine Hiegel. Evidemment l’acteur nie, mais ils commencent tous par nier, sauf Olivier Duhamel qui n’a rien dit sur ses propres turpitudes parce que tout le monde était au courant. Harvey Weinstein lui aussi avait commencé par nier, puis peu à peu il est revenu sur ses affirmations parce qu’aux Etats-Unis les juges ne rigolent pas avec les mensonges sous serment. Voilà ensuite le médiocre Dominique Boutonnat, fils de famille dont le père a fait fortune en exploitant les richesses de l’Afrique. Il est aussi le frère de Laurent Boutonnat qui est aussi un cinéaste à temps partiel, et qui est surtout connu pour son travail avec Mylène Farmer. Médiocre producteur, il a fait entre autres le malheureux Intouchables. Il a été accusé de viol par son filleul[3]. Cet ami de Macron – si encore on peut dire que Macron a des amis – avait été nommé par lui à la tête du CNC en récompense des efforts de financement qu’il avait fait pour sa campagne en 2017. La nomination de Boutonnat ne s’était pas passé en douceur, d’abord parce que ce dernier tentait d’imposer une vision fondée sur la rentabilité, ce qui n’a jamais été la logique du CNC, mais ensuite parce qu’étant lui-même producteur, on craignait à juste titre le conflit d’intérêt[4]. D’après ce qu’on sait la lourdeur et la précision des accusations laisse entendre que les jours de Boutonnat à la tête du CNC sont comptés. Notez que ce Dominique Boutonnat avait aussi fait Sciences Po où Olivier Duhamel avait ses aises. A croire que cette sinistre boutique ne fait pas que former des imbéciles, mais qu’elle fabrique aussi des pervers dans la mesure où elle leur enseigne que quand on a le pouvoir, c’est pour s’en servir de toutes les manières possibles et imaginables. 

 

Comme nous le laissions entendre au début de l’affaire Duhamel, Frédéric Mion a été contraint de démissionner de la présidence de Sciences Po[5]. Il s’était accroché pourtant, mais ses mensonges répétés, la honte que les étudiants éprouvent maintenant à suivre un cursus dans cette école discréditée ont eu raison de ses déterminations. Ce militant de l’adoption d’enfants par des couples homosexuels, est aussi Maître des requêtes au Conseil d’Etat. Or Sciences Po c’est le gros fournisseur de main d’œuvre pour cette insitution très controversée tout de même qui est sensée dire le droit. C’est donc par ricochet le Conseil d’Etat qui est touché. Mion est en outre un ami très proche d’Edouard Philippe. Comme le monde est petit ! L’oligarchie c’est ça, cette sorte d’endogamie où se mélangent des très très riches, des semi-intellectuels et des hauts-fonctionnaires opportunistes qui vivent dans une sorte de village, dans les mêmes lieux, fréquentent les mêmes restaurants, qui passent leurs vacances ensemble, qui ne se lâchent pas d’une semelle, ne serait-ce que pour se surveiller ! Ils sont totalement déconnectés des réalités de la vie quotidienne, et c’est pour ça qu’on les trouve très désemparés dès qu’une crise sociale, politique ou sanitaire pointe à l’horizon. Mais si Frédéric Mion par la force des choses va perdre de son pouvoir et de sa superbe, il sera sans doute recasé très facilement au Conseil d’Etat dans un placard doré où il touchera un gras salaire à ne strictement rien faire, comme Michel Delpuech par exemple qui avait été débarqué de la préfecture de police de Paris suite aux manifestations des Gilets jaunes qu’il n’avait pas assez sauvagement réprimées[6]. 

Gérard Louvin et son mari son accusé de violences sexuelles 

Soyons justes, le secteur privé est lui aussi touché gravement. Voilà Gérard Louvin et son petit mari Daniel Moyne qui traficotent depuis des lustres à la télévision et dans le show-biz sont également sur la sellette. Une première plainte avait été déposée par le neveu de Gérard Louvin. Ce dernier, comptant sur la logique parole contre parole, avait dit que c’était là des balivernes, mais depuis quatre autres plaintes viennent d’être déposés contre ces deux individus, ce petit couple va avoir du mal à maintenir ses dénégations. Pour faire la mesure, on a rajouté des « révélations » sur le père d’Audrey Pulvar, Marc Pulvar, syndicaliste martiniquais, décédé en 2008. Celui-ci est accusé d’actes de pédophilie sur des très jeunes filles[7]. Le point commun entre tous ces abus, c’est qu’ils émanent d’hommes de pouvoir. Ce qui laisse entendre que c’est pour ça d’abord qu’ils sont là : ils font de la politique non pas par conviction particulière, mais pour abuser de leur pouvoir, sur le plan financier ou sexuel. Pour le cinéma c’est pareil. François Truffaut avouait qu’il avait du cinéma justement pour obtenir les faveurs des stars qu’il faisait tourner, avant même que de vouloir faire des films. Il est vrai que son physique sans être repoussant était des plus quelconques. Seule sa position sociale lui donnait ce pouvoir. On est surpris d’ailleurs qu’un individu comme François Hollande qui était faiblement intelligent, assez peu séduisant, ait pu avoir un comportement de séducteur. 

 

Dans ces histoires il est fréquent d’invoquer la présomption d’innocence, ou la prescription, comme ces politiciens pris la main dans le sac mais qui font traîner les choses devant les tribunaux, allant jusqu’en cassation pour gagner du temps[8]. Mais cela se heurte à la common decency chère à George Orwell parce que les gens ordinaires sont le plus souvent privés de pouvoir, même si parfois le peu de pouvoir qu’ils ont s’exerce d’abord au niveau d’une tyrannie domestique qui peut aussi mener à l’inceste et à la pédophilie. Mais généralement ces gens ordinaires qui n’ont aucune prétention à la distinction adopte une morale simple et commune, on ne touche pas aux enfants, d’une manière ou d’une autre. Ils considèrent aussi que c’est un crime que de taper dans la caisse et détourner des fonds publics et de violer des femmes ou des jeunes filles. Et s’ils adoptent cette morale ordinaire, c’est évidemment parce qu’ils comprennent que dans tous les cas ce sont les abus de faiblesse. La mansuétude des juges étonne souvent. Patrick Balkany condamné à une lourde peine de prison ets toujours dehors et peu fanfaronner à son aise dans la ville dont il fut le maire et où il est toujours très influent. 

 

Les bannis de fait pour les affaires de moeurs ont cependant maintenant de grosses difficultés, même si curieusement à quelques exceptions près, ils ne risquent rien sur le plan judiciaire, la plupart des faits sont prescrits. Gabriel Matzneff qui naguère faisait le fanfaron chez Bernard Pivot pour y étaler son goût pour les très jeunes filles, ne peut plus publier dans des maisons d’édition « normales », ses livres ont été retiré de la vente. Il en est donc réduit à faire la manche et lancer un crowdfunding pour tenter de se réhabiliter vis-à-vis de Vanessa Springora, ce qui à mon avis lui sera bien difficile[9]. Son idée est de trouver 25 000 €, il faut ce qu’il faut, pour vendre son ouvrage quasiment à la demande, ouvrage qu’il auto-édite comme un vulgaire Marc-Edouard Nabe. Déjà qu’il n’était pas grand-chose sur le plan littéraire avant son bannissement, il est maintenant moins que rien. Ces révélations sulfureuses ont atteint aussi de plein fouet cette boutique honteuse de l’entre-soi oligarchique, Le siècle qui semble voué à fermer ses portes dans les prochains mois, voire les prochaines semaines[10]. Naguère prospère, cette assemblée de paons qui se croyaient nécessaires, est promise à la démolition, comme une statue de Colbert décapité par les tenants de la Cancel culture. Le siècle qui se croyait indispensable pour forme les gouvernements et les cabinets ministériels est aujourd’hui mise à l’index par ceux qui comptent vraiment ; toujours prête à se vendre à n’importe qui, est également sur la sellette, voué à la fermeture, il est probable que les puissants vont devoir apprendre à s’en passer. Alain Minc a déjà dit qu’il n’y allait plus[11] ! Si avant les places y étaient recherchées, c’est maintenant un peu honteux que de fréquenter ce lieu. 

Diner de têtes au Siècle 

On pourrait encore citer parmi les personnalités touchées par « les révélations » le médiocre mais rusé bricoleur Claude Lévêque qui vend du vent très cher en disant qu’il fait de l’art, et qui en plus enseigne. Le voilà rattrapé par de sordides affaires de viol[12] Cette longue liste des infamies de la bourgeoisie friquée mais qui prétend en plus donner le « la » en matière de goûts dans la culture, appelle cependant plusieurs remarques. D’abord il y a cette volonté de judiciariser sa vengeance pour lui donner de la légitimité et de la consistance, même dans les cas de prescription. Cette volonté nouvelle peut-être contestable parce qu’elle représente un abandon de la défense des plus faibles aux seules mains des tribunaux qui ne sont pas les mieux placés pour faire la morale puisqu’ils font partie aussi de cette caste, avec le même arrivisme et les mêmes préoccupations de carrière. C’est une forme de faiblesse en quelque sorte, ou le triomphe d’un certain individualisme quand l’Etat de droit est mis en avant. Le deuxième point est qu’il est probable que ces affaires qui vont déferler vont peser d’abord pour réformer le droit et donc d’en durcir les sanctions. Déjà on a vu que la question du consentement maintenant fixé à 13 ans faisait débat, et qu’on avait allongé les délais de prescription[13]. Mais il est probable que ces histoires de viols en série vont aussi peser sur Macron qui s’est trouvé justement dans ce cas là vis-à-vis de son professeur de théâtre qui a abusé de son autorité et qui l’a très certainement empêché d’avoir ensuite une adolescence normale et une lucidité suffisante pour exercer les tâches que la loi électorale lui a confiées, trimbalant dans le cours de son parcours politique un caractère dépressif et assez suicidaire. 

 

Contrairement à ce qu’on pense, ce ne sont pas ces affaires qui renforcent la méfiance vis-à-vis de l’oligarchie, c’est la méfiance vis-à-vis de l’oligarchie qui donne de l’importance à ces affaires. Elles sont une partie de l’agitation à l’échelle planétaire qui indique que nous sommes dans une sorte de révolution profonde dont les excès débiles de la Cancel culture ne sont qu’une indication[14]. C’est comme si le monde entier se cherchait une morale nouvelle, morale nécessaire il me semble à la refondation des rapports économiques et sociaux. Nous nous trouvons à un point de basculement où l’idée d’une morale individuelle parait insuffisante. Depuis une bonne centaine d’années, on avait pris l’habitude de dire que la morale était une chose individuelle. André Comte-Sponville, philosophe de plateau télévisé, avait écrit : « La morale n’est légitime qu’à la première personne. La morale ne vaut que pour soi ; pour le reste le droit et la miséricorde suffisent ». C’est la base de la philosophie libérale, le soubassement de l’idéologie capitaliste. C’est exactement cela qui est contesté aujourd’hui. Il va de soi qu’une morale qui ne renvoie qu’à soi-même n’a aucun sens, car c’est nier que l’homme est en même temps un être social. C’ets bien pour ça qu’au-delà du droit ce sont bien des règles informelles et les devoirs qui vont avec qui sont sensés, d’une manière ou d’une autre, générer une forme d’ordre social qui soit autre chose que la somme des parties. Les intellectuels aujourd’hui ont beaucoup de mal à se positionner dans ce débat parce qu’ils ont été élevés dans une vision individualiste de la morale, c’est-à-dire dans une méfiance de la notion même de morale. Ce qui les a conduites à une paresse intellectuelle en évacuant le sujet. Mais enfin, pour faire simple, disons que si la morale n’a pas de raison d’être imposée par une Eglise ou un Etat au-dessus des citoyens, on peut très bien imaginer qu’elle procède comme le pouvoir du peuple lui-même. C’est peut-être ce qui est en train de se passer aujourd’hui, en accompagnement de tous les mouvements de révolte qui parcourent le monde entier.



[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/11/le-cas-gabriel-matzneff-et-ce-quil.html

[2] https://www.linternaute.fr/cinema/biographie/1773308-richard-berry-que-sait-on-des-accusations-d-inceste-de-sa-fille-coline/

[3] https://www.nouvelobs.com/justice/20210210.OBS40003/dominique-boutonnat-president-du-cnc-en-garde-a-vue-dans-une-enquete-pour-tentative-de-viol.html

[4] https://www.lefigaro.fr/cinema/plus-de-70-cineastes-inquiets-de-voir-un-proche-de-macron-nomme-a-la-tete-du-cnc-20190712

[5] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/10/affaire-olivier-duhamel-le-rapport-qui-a-pousse-frederic-mion-a-demissionner-de-sciences-po_6069487_3224.html

[8] https://www.franceinter.fr/politique/avant-francois-fillon-ces-hommes-politiques-condamnes-a-de-la-prison-lors-des-trente-dernieres-annees

[10] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/10/affaire-olivier-duhamel-le-siecle-club-de-l-elite-et-temple-de-la-bienseance-aimerait-continuer-a-diner-en-paix_6069387_3224.html

[11] https://www.marianne.net/politique/affaire-duhamel-le-siecle-un-lieu-de-pouvoir-en-pleine-debacle

[12] https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/15/tout-le-monde-savait-claude-leveque-une-omerta-au-nom-de-l-art_6066318_3246.html

[13] https://www.lefigaro.fr/le-senat-fixe-le-consentement-sexuel-des-mineurs-a-13-ans-20210121

[14] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/02/revolution-culturelle-en-occident.html

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