jeudi 28 octobre 2021

Gérard Davet & Fabrice Lhomme, Le traitre et le néant, Fayard, 2021.

 

« … c’est un escroc dont les affaires sont de la cavalerie médiatique, comme l’essentiel de celles de son temps. »

Guy Debord, Lettre à Annie Le Brun, 5 décembre 1992 

L’heure du bilan du quinquennat Macron est arrivée. Et si les derniers présidents ont été lamentables dans tous les domaines, Macron l’aura été encore un peu plus. Ce bilan peut être conduit de différentes manières. On peut compter par exemple le nombre des manifestants et de manifestations qui auront émaillé le quinquennat, c’est impressionnant sans doute un record absolu. Ça va des cheminots aux soignants, en passant par les Gilets jaunes, les policiers ou encore les antivax. Avec des fortunes diverses, les manifestants ont occupé la police pratiquement tous les samedis depuis le début, sans répit, allant jusqu’à menacer physiquement Macron : à l’Elysée on avait préparé son exfiltration, au Puy-en-Velay il ne dut son salut qu’à la vitesse du démarrage de son chauffeur. Ici il reçut une gifle, là un œuf. Il aura été le président sur lequel on a le plus craché. Son irrésolution dans la crise sanitaire aura sans doute coûté quelques milliers de morts. Sur le plan économique, il aura achevé ce qu’il avait si bien commencé en tant que ministre de l’économie, la destruction de l’industrie haut de gamme en France. Mais cette comptabilité déficitaire des errements politiques douteux de Macron dans tous les domaines n’est pas tout à fait le point de vue de Davet et Lhomme. Ils vont s’intéresser à son parcours à travers des entretiens avec ceux qui l’ont connu, qui l’ont soutenu et qui souvent ont été séduits bêtement par lui. Il a séduit l’élite et les imbéciles, notamment Cohn-Bendit, mais il n’a jamais séduit le peuple, ce qui est la preuve non seulement d’un grave divorce entre le peuple et les élites autoproclamées, mais aussi que le peuple a le plus souvent raison contre les élites. Macro n’aime pas le peuple, n’aime pas les jeunes, n’aime pas les Français, surtout s’ils sont pauvres, il n’aime que les vieux et encore à condition qu’ils soient riches et qu’ils votent pour lui ! 

Macron prend une gifle très méritée 

A travers ce voyage que nous proposent Davet et Lhomme, nous comprenons d’abord que Macron n’a pas détruit les partis, ils s’étaient déjà disqualifiés d’eux-mêmes, il a seulement surfé sur leur inconsistance. L’ouvrage s’appelle Le traître et le néant. C’est bien trouvé, Macron est un traître de comédie en effet, il faut être stupide comme Hollande – pourtant un vieux routard de la politique s’il en est – pour ne pas vouloir voir venir le coup. Macron a bénéficié des ennuis judiciaires de l’incompétent Fillon, incompétent dans tous les sens du terme. Mais il a surtout bénéficié de la lâcheté d’Hollande qui ne s’est pas représenté. En effet s’il avait retenté sa chance en 2017, il aurait sauvé le PS de l’effondrement et surtout il aurait empêché Macron, un plus incompétent que lui, d’arriver à la tête de l’Etat. Nous ne lui pardonnerons pas cette lâcheté qui finit de nous pourrir la vie. Les deux auteurs vont parler de Macron à travers ce qu’en disent les membres de cette caste hors-sol qui se pense comme l’élite de la nation et qui ne représente rien du tout. C’est leur méthode. Macron avait avancé cette idée selon laquelle il fallait contourner ce vieux monde en faisant émerger des représentants de la société civile. Mais en s’entourant de technocrates encore pires que lui, il a au contraire renforcé un système hors-sol. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait, il a construit son ascension ubuesque sur les débris du PS, racolant les plus médiocres, puis il a gouverné avec les plus médiocres des Républicains, Philippe, Le Maire, Darmanin. Contrairement à ce qu’il raconte, ou qu’il laisse raconter, Macron prend des assurances, c’est un trouillard. Avant de se lancer il mentait à Hollande parce qu’il n’était pas sûr de posséder tous les atouts. Son assurance, ce sont les très riches. Il se débrouille pour les mettre de son côté à coups de cadeaux mirobolants, baisse d’impôts, CICE et autres facilités. C’est peut-être ruineux pour la France, mais c’est son assurance d’avoir des appuis solides du type ceinture et bretelles. C’est la même chose pour le vaccin, deux doses, trois doses, bientôt quatre sans doute, les laboratoires n’auront rien à lui refuser. Davet et Lhomme suggèrent que ce ne sont pas les milliardaires qui ont fait Macron qui lui auraient préféré Fillon, mais plutôt que c’est Macron qui s’est mis à leur service et comme dirait Roux de Bézieux, ils ne s’en sont pas plaint, une fois que leur candidat naturel s’était disqualifié. Je ne partage pas cet avis, je pense que les très riches étaient partagés. Avant même que Fillon se scratche, les patrons les plus modernistes s’étaient déjà rangés du côté de Macron. Il y a d’ailleurs des erreurs toutefois un peu marginales dans leur livre. Par exemple ils écrivent : Philosophe, Paul Ricœur, mort en 2005 à l’âge de 92 ans, avait fait sur ses vieux jours d’Emmanuel Macron son assistant et confident. Les témoignages nombreux indiquent tous qu’il n’a jamais été son assistant et encore moins son confident. 

Macron incarne tout de suite la figure du prédicateur illuminé 

La clé d’une élection c’est le financement. S’ils ne vont pas jusqu’à parler de corruption ou de pacte de corruption comme certains, Davet et Lhomme analyse le désastre Alstom porté par le voyou Patrick Kron comme l’assurance d’avoir de gros donateurs pour sa campagne. A propos de cette affaire des plus scandaleuse qu’Hollande n’a pas su gérer – il était trop préoccupé par Julie Gayet – Davet et Lhomme donne tout de même une version un peu différente de celle de Montebourg, tout en confirmant que Macron travaillait dans le dos du ministre de l’économie de l’époque. Se basant sur les dires de Marleix qui a bataillé durement contre Macron dans cette affaire qui est d’ailleurs loin d’être close, ils ne semblent pas croire que Montebourg se soit battu férocement contre Macron pour défendre les intérêts français. Mais peu importe, dans cette affaire on retrouve toujours l’inconsistance et la cécité d’Hollande. Mais pour couvrir toutes ces turpitudes Macron s’est fait le roi de baratineurs. Il n’a pas de colonne vertébrale et aucune idée personnelle. C’est un garçon qui n’est pas construit, les connaissances qu’il possède semblent sortir d’un manuel du type culture générale du type de ce qu’on s’enfile pour passer des concours d’entrée dans les écoles de commerce. Pour s’éviter de penser, il se rattache à l’idée de l’Union européenne, idée dépassée et qui a démontré sa nocivité. Si sur le plan stratégique il est médiocre, son idée de ruissellement c’est un gros flop selon France stratégie[1], il est tout aussi mauvais sur le plan de la manœuvre politique. Davet et Lhomme retrouvent une constante rapportée par ceux qui ont travaillé avec lui, ce n’est pas un manager d’hommes. Ils avancent que Macron s’entourerait très mal, ce qui pourrait excuser certaines prises de position particulièrement débiles, comme la baisse de 5 € de l’APL. Mais cette approche est erronée. D’abord parce que si Macron s’entoure d’imbéciles, ce n’est pas seulement parce qu’il aime les flatteries, mais c’est aussi parce qu’il n’a pas mieux à sa disposition. Ces experts, conseillers, voire ses ministres, sont médiocres parce qu’ils ont tous été formatés dans les mêmes écoles et qu’ils n’ont aucune connaissance de la France et des Français. Ensuite, c’est parce que lui-même en dehors des réformes basiques réclamées par la Commission européenne, n’a pas d’idée de ce qu’il faudrait faire. Ce manque de vision se traduit non seulement par des discours creux et grandiloquents pour masquer le vide, mais aussi dans le fait que finalement d’une manière ou d’une autre il s’en remet toujours à des avis d’expert qui ne valent pas le coup de cidre. Etant par nature incertain dans ses jugements, il change d’avis comme de chemise sur presque tous les sujets, c’est pourquoi il fait semblant de croire qu’un jour il fera passer sa réforme ubuesque des retraites dont personne ne veut du côté des partenaires sociaux. Cet épisode est intéressant parce que Delevoye voulait une réforme systémique et Philippe, décrit comme un individu particulièrement raide et borne, un recul de l’âge pivot. Incapable de trancher Macron avancera qu’il faut faire les deux en même temps ! Son irrésolution est le plus souvent masqué par une agitation permanente et une capacité extraordinaire à mentir. On sait que les politiciens utilisent tous du mensonge, mais à ce niveau, je crois que c’est assez unique car il en arrive à dire tout et son contraire dans un laps de temps bien trop court pour qu’on ait oublié la première formulation. 

« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l’Europe !", "l’Europe !", "l’Europe !", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. » de Gaulle, deuxième entretien radiodiffusé et télévisé avec M. Michel Droit, 14 décembre 1965 

Le livre décrit Macron comme un raté de A jusqu’à Z. D’abord parce qu’il a raté deux fois le concours d’entrée à Normale Sup et que cela l’a marqué durablement. Mais ensuite parce que son quinquennat n’est qu’une suite d’échecs politiques. Quand se réformes ne sont pas avortées dans la rue, elles n’ont aucune importance ou alors une importance négative. Il n’a même pas été capable de structurer un parti majoritaire. Mais le pouvait-il ? Avec des Griveaux, des Loiseau, il ne pouvait que perdre les élections aussi bien à Paris que les européennes. Là encore il a collectionné les candidats à la limite de la stupidité. Mais il n’avait rien d’autre à se mettre sous la dent. Que penser d’un individu incapable de n’attirer à lui que des imbéciles ou des crapules ? Le nombre des macroniens inquiétés par la justice est impressionnant, à commencer par Bayrou et sa bande, et jusqu’à Dupont-Moretti qui est un des rares ministres de la justice poursuivi par les tribunaux à la fois pour avoir oublié de déclarer son patrimoine et pour prise illégale d’intérêt dans les affaires de Sarkozy. Notez que si au début de son mandat Macron avait fait le malin en demandant à la bande à Bayrou de démissionner à cause de leurs affaires des assistants parlementaires, il ne s’y risque plus avec Dupont-Moretti. En 2017 LREM le parti croupion de Macron était majoritaire, mais les démissions puis les mises en examen l’ont rendu minoritaire.  Ce qui me frappe dans cet ouvrage, bien plus que l’incompétence bien réelle de Macron dans tous les domaines, c’est de le voir comme le produit de la décomposition accélérée de la classe politique dans son ensemble. En quelque sorte qu’un aventurier de la sorte arrive aussi vite au sommet de l’Etat en dit moins sur son talent que sur la déliquescence d’un système. Macron n’est que le point final de la prise du pouvoir par des « experts » autoproclamés et complètement corrompus. C’est l’achèvement d’une classe politique dégénérée. Cette conjuration des imbéciles laisse pantois, on se dit que tous les gens qui sont un peu intelligents ne font plus de politique active et préfèrent s’adonner à d’autres passetemps. 

Macron a une passion irrémissible pour les femmes âgées 

Davet et Lhomme qui sont journalistes au Monde sont très certainement européistes, au début de leur ouvrage ils avancent, sans trop s’attarder toutefois, que c’est peut-être sur la scène internationale que Macron a connu ses seules réussites, ils parlaient aussi de l’Afrique. C’est la grosse lacune de leur ouvrage.  Mais ils n’avaient pas eu le temps au moment de boucler d’évaluer les dégâts de la politique macronienne à l’international, notamment avec l’affaire des sous-marins australiens et le départ un peu inattendu et piteux du Mali. Il est vrai que personne ne s’y risque trop, j’ai commencé à le faire[2] démontrant facilement trois choses, la perte d’influence de la France au sein de l’Union européenne, la nomination de Ursula Von Der Leyen à la place de Barnier le prouve, la perte d’influence de la France en Afrique et enfin l’éviction de la France de la zone Asie-Pacifique. Les multiples concessions que Macron a cru bon de faire à l’Allemagne n’ont eu comme effet que de nous décrédibiliser et de nous isoler un peu plus sur la scène internationale, de nous éloigner pour longtemps de nos alliés naturels. Ses obséquiosités indécentes face à Merkel n’ont pas été récompensées, pendant que Macron se faisait rouler dans la farine par les Australiens, Merkel ; mercantiliste chevronnée, transactionnait avec eux pour faire encore des affaires prouvant une nouvelle fois que l’Europe n’existait pas. Au cœur de l’Union européenne l’Allemagne truste pratiquement toutes les grandes fonctions, du moins celles qui comptent, sauf à la tête de la Banque Centrale Européenne où résiste encore Christine Lagarde. 

Moscovici n’est pas vraiment ami avec Macron 

Macron n’a pas d’amis c’est bien connu, et durant son quinquennat il se sera fait beaucoup d’ennemis. Il est cependant plein d’énergie et entretien le mythe qu’il ne dort jamais. Mais il a beaucoup vieilli et ses traits se sont durci. Malgré son sourire commercial de circonstance, on se dit que la vie n’est pas franchement drôle pour lui. Dans la classe politique il s’est fait des ennemis mortels, notamment chez les strausskhaniens qui ne supportent pas que Macron ait pillé leur fonds de commerce. Davet et Lhomme ont rencontré longuement le pâle Moscovici. Celui-ci est un autre raté. Fils de Serge Moscovici, un intellectuel renommé, il n’a fait que l’ENA. Il est devenu député, ministre de l’économie sous Hollande, puis commissaire européen en charge de l’économie, ancien trotskiste comme Mélenchon, Romain Goupil ou même Lionel Jospin, il s’est fait européiste et strausskhanien. Mais il en veut beaucoup à Macron dont il raconte ouvertement le plus grand mal. Il doit avoir des réseaux importants puisque tout de même ce médiocre politicien, plutôt borné, est tout de même arrivé à atteindre la présidence de la Cour des comptes. Ce qui lui permet depuis ce poste d’emmerder Macron. Il est assez difficile de comprendre l’origine de la haine entre ces deux individus, mais en tous les cas, grâce à Davet et Lhomme nous comprenons mieux pourquoi il dénonce le manque de rigueur de Macron et de ses gouvernements dans la gestion des dépenses publiques, il lui oue une haine rancuneuse et implacable. Le passage sur les relations entre Sarkozy et Macron est intéressant aussi, quoique leur « amitié » soit maintenant mieux connue, étalée à la une des journaux. Il semble que ces deux histrions aient passé un marché Macron en nommant Dupont-Moretti son ancien avocat contrôle autant qu’il le peut les différents procès de l’ancien président, tandis que Sarkozy s’engage à débaucher ce qu’il lui reste de troupes chez Les Républicains pour l’aider à sa réélection. Il semble cependant que ce soit là un marché de dupes, d’une part parce que Dupont-Moretti ne peut plus rien contrôler du tout et que d’autre part les troupes de Sarkozy se sont partagées entre Zemmour et Bertrand, le résidu n’ayant pas vraiment beaucoup d’importance. Rappelons tout de même qu’à la primaire des Républicains, Sarkozy avait été sèchement battu et par le gangster Fillon et par Juppé, ce qui en disait long sur sa perte d’influence dans le parti 

Le ridicule ne tue pas, Madame Macron en est la preuve 

Ce n’est pas le plus important, mais le couple Macron en prend aussi pour son argent, il est décrit dans toute sa vulgarité, la vieille Brigitte aimant faire la démonstration qu’elle a beaucoup de copains dans le showbizz, des histrions du type Stéphane Bern ou Marc-Olivier Fogiel, des opportunistes comme elle qui se vendraient pour un plat de lentilles. Elle aime aussi dépenser des centaines de milliers d’euros pour refaire la moquette. Ce sont des goûts de parvenus. Elle aime à se pavaner avec des tenues impossibles, mais très chères, oscillant entre la tenancière de bordel et la bouchère endimanchée. On avance que c’est elle qui a fait la carrière du petit banquier, qui l’a poussé. Je ne crois pas, elle n’est pas suffisamment intelligente et bien trop âgée pour mettre en place des plans de long terme. Et pendant ce temps-là, Macron lui-même passe son temps chez le coiffeur à se refaire la couleur pour masquer la progression de sa calvitie et le blanchissement accéléré des cheveux qui lui restent. L’encanaillement du couple Macron avec la sulfureuse Mimi Marchand, ancienne dealeuse, donne lieu à des pages assez drôle aussi. 

Le rôle de croquemort lui va si bien 

Si Macron perd son travail en 2022, il pourra toujours se reconvertir dans les pompes funèbres chez Roblot ou chez Roc Eclerc. Il a acquis un vrai savoir-faire pour les enterrements, aucun président n’avait jamais autant enterré de « grands personnages ». Il est devenu un habitué des Invalides. Cette manière sinistre et saugrenue de faire sa publicité a sans doute un rapport inconscient avec le fait qu’ayant tout raté dans sa vie il ne reste plus qu’à l’enterrer lui-même et à passer à autre chose. Peut-être aussi cela le rassure-t-il d’être encore vivant ! Quoi qu’il en soit, Macron restera un cas pour la psychanalyse non seulement du personnage, mais aussi d’une époque malade. Zemmour ayant vu qu’on peut devenir président en partant de rien avec un bon sens du marketing, en n’étant rien, tente de suivre cette voie, il n’est pas sûr que cela marche deux fois de suite !



[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/14/suppression-de-l-isf-flat-tax-pour-france-strategie-le-ruissellement-n-a-pas-eu-lieu_6098339_823448.html

[2] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/10/leurope-des-coups-de-poignard-dans-le.html

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