vendredi 26 novembre 2021

Le marketing macronien de Zemmour


Je ne vais pas ici parler du pseudo-programme de Zemmour, je l’ai déjà fait longuement, trop longuement sans doute, comparativement au vide qu’il recèle[1]. Ni même à sa tactique qui consisterait selon certains à durcir le ton en jouant les pétainistes furieux, pour ensuite se poser en rassembleur des droites au second tour. Les derniers sondages montrent d’ailleurs qu’il n’a plus aucune chances d’arriver au second tour. Jean-Marie Le Pen s’est éloigné de lui pour retourner au soutien de sa fille, et un de ses principaux financiers, Charles Gaves, s’en est détourné également. Ce dernier sondage est intéressant parce qu’il montre que quand Zemmour baisse, mécaniquement Marine Le Pen améliore son score du premier tour, mais elle améliore aussi celui du second tour, ce qui tend à montrer que Zemmour est bien une candidature de division qui ne peut arranger que Macron. L’écart maintenant entre les deux candidats d’extrême-droite est maintenant très important, et il ne semble pas que Zemmour qui annoncera sa candidature le 4 décembre puisse le combler[2]. Ses fantaisies pétainistes n’ont pas vraiment plu et son obsession anti-migrant est vue maintenant comme une monomanie, même si les Français sont très largement contre la poursuite d’une immigration de masse et contre l’islamisation de la France. Mais aujourd’hui, je ne m’appesantirais pas sur le programme plus ou moins fumeux de Zemmour, je vais regarder concrètement comment il a démarché les électeurs Français. 

Sondage Elabe-BFMTV, 23 et 24 novembre 2021 

Je m’intéresserais ici à la mise en scène de ce vide, donc aux images qu’il nous renvoie, pour tenter de comprendre comment ça marche la politique en 2021, donc au marketing zemmourienne visant à fidéliser une clientèle sur une niche assez étroite cependant. Je suis frappé par la manière mimétique de la campagne de Zemmour en 2021 avec celle de Macron en 2017. Avec l’aide de Paris match qui vient de passer sous la coupe de son sponsor Boloré, il a développé le thème de l’eau, un peu comme si en venant de la mer il venait de nulle part, un homme neuf qui ne serait pas un vieux cheval de retour de la politique, tentant de masquer ainsi qu’en se lançant dans l’arène politique à un âge aussi avancé, il prépare en même temps sa retraite de cette classe de parasites. Le second thème de ressemblance est celui d’un couple fondé sur une grande différence d’âge. Macron s’exhibait avec une femme emperruquée et armée d’un dentier étincelant qui aurait pu être sa mère, Zemmour renverse la proposition, comme s’il voulait rétablir l’ordre : ici ce sera un homme âgé qui malgré son physique arrive à séduire une jeunesse qui pourrait être sa fille. Ça ressemble au comportement des mahométans qui répudient leur femme quand elle devient trop âgée pour en prendre une plus jeune, quasi-pucelle. Mais est-ce un retour au patriarcat ? Rien n’est moins sûr ! Brigitte Trogneux avait quitté son mari pour son élève des cours de théâtre – où reconnaissons-le il aura beaucoup appris – Zemmour quitte sa femme pour éduquer une jeunesse. Si on a dit que Brigitte Trogneux avait joué un rôle déterminant dans l’ambition présidentielle de son jeune mari, on peut dire la même chose de Sarah Knafo dans celle de son vieux « compagnon ». Et donc on retombe toujours sur les nouvelles valeurs d’un féminisme plus ou moins bien digéré dans un monde où les femmes ouvrent la voie. L’une est très vieille pour son mari, l’autre est bien trop jeune pour ce vieux barbon de Zemmour et sa carrure de moineau malade. 

 

Quand on regarde le parcours de Macron et de Zemmour on est frappé également par le fait que ce sont deux ratés, le premier à raté deux fois le concours d’entrée à Normale Sup, le second a raté deux fois celui de l’ENA, se contentant d’un diplôme médiocre de Sciences Po, mais il s’est rattrapé par personne interposée puisque Sarah Knafo l’a réussi finalement au deuxième coup à sa place. Macron et Zemmour étant sans parti, après s’être rapprochés par opportunisme, l’un d’un PS déjà fatigué, et l’autre de LR, il leur a fallu contourner cet obstacle, le premier a siphonné le Parti Socialiste sans vergogne du côté des strausskhaniens, le second, par l’intermédiaire toujours de Sarah Knafo, a commencé de siphonner Les Républicains et le  Rassemblement nationale du côté de Marion Maréchal et Robert Ménard. Zemmour colle ainsi au modèle macronien de campagne électorale par le haut puisqu’il n’a pas de relais dans le pays en dehors de son carnet d’adresses parisiennes. Il est vrai que s’il a recruté du côté des Républicains, c’est parce que ce parti est aussi en totale décomposition, sa politique ne présentant guère de différence avec celle de Macron. Zemmour et Knafo se sont dit qu’ils pouvaient facilement prendre ce parti et profiter de sa confusion. On dit que Sarah Knafo a commencé à travailler les recrutements pour Zemmour dans la sphère politique en février 2019[3]. Comme Zemmour et Macron en 2017, Sarah Knafo, en bonne commerciale, possède un carnet d’adresses énorme, Henri Guaino l’aurait beaucoup aidée à le confectionner. Elle a même rencontré l’incontournable Jacques Attali qui se croie encore un destin d’éminence grise, pour démontrer que le contenu importe bien moins que la manière de le vendre. 

De jeunes imbéciles de la moyenne bourgeoisie prêts à s’engager derrière n’importe quel aventurier 

Zemmour, ou plutôt Sarah Knafo, a décidé de piller de façon systématique toutes les petites ficelles marketing de Macron en 2017. Sans doute les équipes de Zemmour croient que les mêmes actions engendrent les mêmess résultats. Les jeunes qui soutiennent Zemmour aujourd’hui, très bon chic bon genre, semblent être exactement les mêmes que ceux qui soutenaient Macron en 2017. Des clones ! Le sourire niais, bien nourris, bien coiffés, les JAZ – Jeunes Avec Zemmour – succèdent au JAM – Jeunes avec Macron. C’est carrèment du plagiat ! On voit bien que ces jeunes-là ne sont pas des enfants d’ouvriers. Ces JAZ et ces JAM sont destinés à nous faire croire que Zemmour et Macron préparent l’avenir pour nos enfants et que la jeunesse s’implique sérieusement dans ce combat obscur. Mais dans les deux cas, ils ressemblent plus à des jeunes giscardiens égarés qu’à des rebelles désireux de renverser la table dans un mouvement de fond sociétal. Pour rappel le patron des jeunes giscardiens, c’était le vieux Jean-Pierre Raffarin qui fut par la suite un des premiers ministres les plus ridicules et les plus inutiles de la Vème République, bien que la concurrence soit rude et qu’in fine Jean Castex soit apparu. En tous les cas, on va vendre des tee-shirts, des petits autocollants ce qui améliorera la cagnotte de certains soutiens intéressés. 

La tournée des jeunes giscardiens en 1981 

Vous me direz que plus personne ne se souvient de Giscard, et donc encore moins des jeunes giscardiens qui sont devenus maintenant très vieux, métier pour lequel ils avaient déjà des dispositions, mais ce qui est frappant c’est comme on dit le choc des images plutôt que le poids des mots. Zemmour ne peut guère jouer de son physique, il est encore bien plus laid que Macron qui pouvait faire illusion avec ses dents blanches et ses sautillements juvéniles. Il va donc tenter de jouer les dessalés par personne interposée. Habitué à l’outrance calculée, il est probable que dans les mois qui viennent quand la campagne sera vraiment lancée, il aille de plus belle dans ce sens lorsqu’il sera invité sur les plateaux télévisés pour faire croire qu’il est différent.   

 

L’autre façon d’exister, c’est de saturer les unes de magazines. Peu importe qu’il n’y ait rien dans ces publications, le titre suffit et l’illustration transformera un illustre médiocre – un banquier d’affaire ou un éditorialiste – en un personnage politique de premier plan. Peu importe qu’on dise du mal de vous puisque vous êtes visible et présenté comme un candidat majeur pour les élections de 2022. Dans ce match, si Zemmour et Sarah Knafo ont bien joué le coup avec les médias, comparativement à Marine Le Pen, Macron conserve cependant une longueur d’avance parce qu’en faisant semblant d’occuper sa fonction, on ne voit que lui, matin, midi et soir sur les chaines de télévision en continu. Comme pour l’instant on ne décompte pas les temps de paroles, c’est tout bénéfice. En coulisse on commence à s’apercevoir de manœuvres singulières par exemple avec Bolloré qui non seulement en sous-main finance Zemmour, avec quelques autres, mais qui est en train de mettre de l’ordre dans deux piliers des médias dominants où il est devenu le maître, Paris Match et le Journal du dimanche. C’est je crois le sens du limogeage d’Hervé Gattégno. Ces deux organes furent en leur temps les piliers de la campagne de Macron. Ils vont probablement lui échapper et compléter le rôle que va jouer Cnews dans le développement d’un trumpisme à la française porté par Zemmour, concurrençant BFMTV et même Jean-Marie Le Pen sur  sa droite. 

  

Les affiches de campagne de Zemmour et de Macron sont prêtes, elles sont assez semblables, sur un fond noir, elles ont abandonné les couleurs bleu, blanc et rouge plus traditionnelles. C’est frappant. Les deux semblent se marquer à la culotte en célébrant d’une certaine manière le deuil du pays. Ces deux croquemorts ne respirent pas la joie de vivre. On dit que l’affiche de Macron est une copie de Netflix, ce n’est pas certain, il est possible qu’il ait copié Zemmour, à moins que ce ne soit l’inverse ! Zemmour pense que la France n’ayant pas changé depuis 2017, ou du moins que son état ait empiré, il peut reprendre sans crainte et sans scrupule les mêmes arguments tactiques que Macron. Il parie sur une forme centrale de dégagisme d’a             rrière-saison qui perdurerait depuis 2017 et qui l’épargnerait lui, parce qu’il n’a jamais été aux affaires. Certes le poids des médias, du moins celui de leurs couvertures sera importants, mais par exemple l’engagement des « jeunes » pour Macron ou Zemmour sera rapidement ringardisé par le public lui-même qu’on cherche à atteindre. Du point de vue des éléments de langage nous aurons une opposition frontale : Macron va déblatérer sur son bilan, en montrant combien il a été habile et bon pour vaincre la pandémie et soutenir d’une main ferme l’économie, et Zemmour concentrera ses attaques sur la question des migrations et de l’Islam. Il y a là une volonté manifeste de stériliser le débat politique. Zemmour ne se risque pas à parler de la gestion de la pandémie, ni même d’économie, et Macron se fait discret sur l’immigration. Les rôles sont distribués selon une sorte de division du travail, mais tous les deux sont d’accord pour ne pas remettre en question fondamentalement l’Union européenne et l’euro. N’est-ce pas là le principal ? Il est d’ailleurs tout à fait possible qu’au-delà des différences de programmes minuscules, que les Français soient attirés par une sorte de match sur le plan de la rhétorique, parce que ce sont deux personnages qui ont la réputation, usurpée sans doute mais ce n’est pas la question, d’être de bons débatteurs et de beaux parleurs, capables de tenir le crachoir pendant des heures sans rien dire, en répétant mécaniquement toujours les mêmes slogans. Leurs outrances calculées sont souvent similaires dans la forme, et peuvent donner l’impression qu’ils savent quelque chose, alors qu’ils sont ignorants par nature. Ils ont travaillé la théâtralisation de leurs provocations, et surtout à ne jamais répondre aux questions embarrassantes autrement que par d’autres questions développées longuement, afin de faire oublier qu’ils n’ont pas répondu à la première ! 

 

En attendant, Zemmour prend l’air de plus en plus sinistre, mais il est bien présent sur les unes des magazines. On voit cependant apparaître ces derniers jours une petite différence de style, tandis que Macron après s’être fait refaire les mèches continue de sourire niaisement à un avenir radieux, Zemmour se présente avec la figure sombre et fermée. Cette allure de croquemort, très étudiée et posée, cherche à faire oublier son physique ingrat et à le présenter comme un annonceur de catastrophes, donc quelqu’un qu’il nous faut écouter au risque de subir les pires déboires pour notre civilisation. On l’avait comparé à Gargamel, c’est plutôt au croquemort de Lucky Luke qu’il fait penser. Mais au fond la démarche est similaire à celle de Macron, chacun met en avant son physique pour être en accord avec le message qu’on veut faire passer, l’un parle de la mondialisation heureuse et décarbonée grâce au développement du nucléaire en souriant d’un sourire plein de dents, et l’autre de la catastrophe imminente du grand remplacement, faute de transformer des Mohamed ou des Mamadou en des Jean ou des Louis, en fermant la bouche pour ne pas qu’on remarque sa dentition défectueuse. Comme on le comprend c’est le même message, mais le candidat l’adapte à son propre physique. Même si les Français sont très pessimistes quant à leur avenir, les sondages nous montrent année après année que la France est le pays développé le plus pessimiste du monde[4], il est peu probable qu’ils veuillent se reconnaitre dans une figure aussi sinistre que celle de Zemmour qui les renverrait à leurs névroses et surtout qui ne leur ouvrirait aucune porte de sortie raisonnable. 

Les croquemorts sont de sortie 

Sans doute me suis-je prononcé trop rapidement sur la candidature de Zemmour en pensant qu’il ne ferait pas un bon résultat, c’est-à-dire que j’ai sousestimé tout le cirque qu’il peut y avoir au-delà du programme électoral, et en effet, si on se réfère au programme proprement dit des candidats, pour peu qu’on y ait réfléchi, on ne se déplacera pas pour aller voter. Zemmour a réussi le lancement de sa campagne. Mais Zemmour et Macron ont compris que dans cette conjuration des imbéciles, dans le cadre d’une démocratie parlementaire en voie d’effondrement, qu’il fallait plutôt assurer le spectacle et surtout ne pas être sérieux sur le plan des idées. Ce n’est pas un hasard si Dieudonné, antisémite notoire, multirécidiviste et humoriste sinistre, soutient Zemmour. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de voir un Français d’origine juive sépharade, secondé par une juive faite du même bois, énarque de surcroit, devenir le meilleur champion de l’antisémitisme et de la critique des institutions de la République ! Mais c’est un très bon atout publicitaire, parce qu’on sait que les antisémites et les antisionnistes de profession, aiment bien s’appuyer sur des Juifs certifiés d’origine pour justifier leurs fantasmes. D’ores et déjà on sait que l’abstention aux élections de 2022 va être très haute, malgré la multiplication probable des candidatures de diversion, ce qui peut peut-être signifier une prise de conscience. Autrement dit nous avons connu trois étapes dans l’élection présidentielle depuis 1981 :

– l’élection de François Mitterrand fut la dernière élection d’adhésion, même si les espérances de ses électeurs furent cruellement trahies ;

– ensuite, à partir de 1988 on a voté contre celui qu’on voulait voir partir, celui qu’on détestait le plus, sans adhérer à telle ou telle figure. Cela fut encore plus évident en 2017, où Macron ne réussit même pas à récolter sur son nom 40% des électeurs inscrits sur son nom au second tour de la présidentielle ;

– la troisième étape est celle du désintérêt radical pour ce cirque, on a beau détester Macron ou Zemmour ou Marine Le Pen, on a encore moins envie de sauver l’un ou l’autre. Et l’une des raisons est que le vide de leur programme et la médiocrité de leur tactique sont devenus beaucoup trop visibles.

La même mise en scène en 2022 et 2017 avec les jeunes

 

Zemmour est après Macron celui qui bénéficie le plus de couvertures de magazines, mais il innove en mettant en scène avec la complicité de Closer la grossesse de Knafo


[1] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/10/eric-zemmour-juif-honteux-negationniste.html et https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2021/09/eric-zemmour-la-france-na-pas-dit-son.html

[2] https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/sondage-bfmtv-presidentielle-marine-le-pen-progresse-et-creuse-l-ecart-avec-eric-zemmour-en-baisse_AN-202111240423.html

[3] « Derrière Zemmour, l’indispensable Sarah Knafo », Le monde daté du 17 octobre 2021

[4] http://www.slate.fr/story/205868/francais-pessimisme-post-covid-etude-ipsos-opinion-espoir-faible

samedi 20 novembre 2021

La politique sanitaire de partout en échec, manifestations de partout

 

Aix-en-Provence, le 20 novembre 2021 

Préoccupé un peu trop par les fantaisies de la campagne présidentielle qui aura lieu dans quelques mois, on oublie que la dictature sanitaire s’étend toujours un peu plus en Europe et que concomitamment les citoyens se rebellent un peu partout. Avant de comprendre l’ampleur de cette révolte, il faut partir de l’échec de la politique vaccinale sur tout le continent. En effet, les promesses de la vaccination étaient les suivantes, avec deux doses, et un taux de vaccination compris entre 50 et 60%, on serait tiré d’affaire. Les problèmes rencontrés par cette politique sont les suivants :

– d’abord le vaccin n’était pas censé avoir une durée d’efficacité aussi peu durable, et cette faiblesse oblige maintenant pour les vaccinés à recevoir une troisième dose, sous peine de voir leur pass sanitaire caduque. Il y a donc bien eu tromperie de la part non seulement des gouvernements, mais des laboratoires pharmaceutiques et de Pfizer en particulier qui sont infiltrés dans les différents comités scientifiques qui définissent la politique sanitaire. Ce qui veut dire que les populations qui ont cédé à la pression des gouvernements par peur de perdre leur travail ou autre, sont totalement frustrées. Les gouvernements ont étendu la vaccination quasi-obligatoire aux enfants, aux femmes enceintes, alors même que pour l’OMS, organisation qui ne saurait être taxée de complotiste, cette extension était inutile, c’était en quelque sorte un gaspillage de vaccins qui auraient dû être réservés aux personnes à risque. L’OMS signale d’ailleurs que la politique du tout vaccinale est mauvaise, parce qu’elle abandonne les autres formes de lutte contre la pandémie, amélioration des soins hospitaliers, médicaments à base d’ivermectine, gestes barrières etc.[1].

– la tromperie a continué avec cette idée qu’une fois vacciné, on n’avait plus à craindre l’infection. Mais les faits ont démenti ce message, non seulement les vaccinés sont contagieux, peuvent être contaminés, mais ils sont tout autant que les non-vaccinés admis dans les unités de soins extensifs, selon le gouvernement, il y aurait 51% de non vaccinés et 48 % de vaccinés dans ce cas ces dernières semaines. Ils essaient de s’en tirer en disant que puisqu’il y a plus de vaccinés que de non vaccinés maintenant, c’est bien la preuve que le vaccin protège[2] !

– voici maintenant qu’on envisage de confiner des populations entières de non-vaccinés, et également de retirer les pass sanitaires si on ne s’injecte pas une nouvelle dose. Les mesures de reconfinement prises en Autriche et aux Pays-Bas et bientôt en Allemagne, ont entraîné des manifestations très importantes, notamment aux Pays Bas où Rotterdam a été le lieu de scènes d’émeutes. C’est allé tellement loin que la police a dû tirer à balles réelles, faisant plusieurs blessés[3]. On n’est plus dans la bienveillance, mais dans le fascisme sanitaire, en Autriche on parle d’obliger les populations à être vaccinées, s’il le faut de force. 

Rotterdam le 19 novembre 2021 

Dans cette atmosphère insurrectionnelle, de désobéissance, qui traverse le monde entier, l’Europe, les Etats-Unis où la Cour fédérale vient de suspendre l’obligation vaccinale[4]. Ces mouvements désordonnés ne sont pas appuyés par des partis ou des syndicats qui ont semble-t-il autre chose à faire. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les manifestants sont très bien informés de la situation. Et c’est sûrement cette sur-information qui fait que ce mouvement n’est pas près de s’arrêter. Cela fait maintenant un an qu’on vaccine à tour de bras dans le monde entier, pour le bonheur pécuniaire de Pfizer, et nous en sommes toujours au même point : on nous menace encore et toujours d’une nouvelle vague et donc de nouvelles mesures de restriction de nos libertés. Comme je l’ai répété de nombreuses fois, je ne suis pas de ceux qui prennent à la légère cette pandémie, mais je constate que la voie suivie n’a pas été la bonne. En pleine pandémie on a fermé des lits de réanimation, officiellement pour un manque de personnel qualifié. Mais il devient évident qu’une des causes de la mortalité due au COVID vient du massacre de l’hôpital public. Dans de nombreux services on a mis à pied du personnel pour cause de non vaccination. Une telle politique est tout simplement criminelle. On paye très cher à Pfizer finalement le sous-investissement hospitalier et la non-prévoyance dans la formation des médecins – on manque de spécialistes dans tous les secteurs – et des personnels soignants. C’est encore plus criant dans les EPHAD où les bénéfices sont très élevés, mais les salaires maigres, dissuadant les jeunes de s’engager dans cette voie contraignante. On a déversé des centaines de milliards en France pour acheter des vaccins, pour soutenir l’activité économique, mais on n’a rien donné pour la recherche sur des médicaments à base d’ivermectine, d’antibiotiques ou d’hydro chloroquine, on a préféré interdire ces traitements, peu coûteux mais prometteurs. L’insipide Gabriel Attal reconnaissait il y a quelques jours que seulement 2% des hospitalisations étaient dues au COVID[5], mais alors comment expliquer que l’hôpital soit incapable d’absorber ce surplus de malades, d’autant qu’on sait que dans le même temps, des opérations, des examens ont été décommandés pour cause de COVID ? Cela veut bien dire que les difficultés de l’hôpital public sont bien antérieures à la pandémie 

Vienne, le 14 novembre 2021 

Ce samedi 20 novembre 2021, il y avait beaucoup de manifestations. Evidemment les médias dits dominants ne s’en sont pas fait l’écho. Il faut aller sur le site russe RussiaToday pour avoir quelques informations sur la situation en général. C’était en effet le Troisième anniversaire des Gilets jaunes, et à Paris les manifestations étaient comme un reproche à l’inefficacité totale du quinquennat macronien, tant sur le plan social, les inégalités se creusent, que sur le plan sanitaire. Pendant tout le quinquennat de Macron on aura manifesté. Je ne me souviens pas d’une période aussi soutenue de protestation dans les rues. C’est vrai pour la France, mais c’est vrai aussi dans une moindre mesure ailleurs. Il faut analyser cela comme une impossibilité pour l’Etat néolibéral de conduire une politique sociale, économique et sanitaire cohérente et qui donne un minimum de satisfaction. Il y avait donc beaucoup de monde dans les tues ; A Aix-en-Provence où j’étais, la mobilisation était légèrement en baisse, mais elle était là. Le cortège s’est rendu de la Rotonde à l’hôpital pour manifester un soutien à l’hôpital public et au personnel soignant. Les slogans étaient toujours les mêmes, ils dénonçaient le fascisme sanitaire, soit le prétexte d’une pandémie violente pour renforcer le contrôle sur les populations, faute de savoir la convaincre. Si je regarde sur les cinquante dernières années, les drapeaux rouges et noirs ont disparu, ceux des syndicats aussi. Ils ont été remplacés par des drapeaux tricolores et par des pancartes qui justifient la mobilisation. Ailleurs c’est pareil, les manifestants sont abandonnés par les institutions, et donc on met en avant le drapeau national histoire de rappeler que la nation reste l’unité de base, malgré les tendances néolibérales à sa dissolution. Ailleurs c’est la même chose en Autriche on manifestait avec les drapeaux autrichiens, c’est une manière de rappeler l’Etat à ses obligations : défendre les services publics, tout en assurant un minimum de liberté civile. 

Les femmes manifestaient contre l’insécurité le 20 novembre 2021 

Les manifestations ont beau avoir des mots d’ordre différents, elles interpellent toutes le gouvernement et dénoncent son incompétence. Le 20 novembre 2021, à Paris, avait lieu une manifestation des femmes pour dénoncer leur insécurité dans les rues, les viols, aussi bien que les féminicides. On dit qu’elles étaient environ 50 000[6]. On se demande d’ailleurs quel est le segment de la population française qui est heureuse de la manière dont elle est gouvernée, à part évidemment les ultra-riches. Le monde, ce journal ignoble, voulait bien relayer la manifestation des femmes, parlant d’un succès, mais beaucoup moins celles des anti-pass sanitaire et des Gilets jaunes. Les plumitifs à la solde du gouvernement qui de temps à autre font de la publicité gratuite pour Brigitte Macron en prenant bien soin de ne mettre que des photos photoshoppées, aiment bien les manifestations, à condition qu’elles soient sur le bon créneau du wokisme et que ce ne soient pas des pue-la-sueur qui y participent. Mais quoi qu’il en soit, c’est bien la politique de Macron qui est considérée comme mauvaise, d’autant que les problèmes se sont aggravés aussi à ce propos. 

Manifestation des Gilets jaunes à Bercy 

Mais il ne faut pas se leurrer, la situation en France, et peut être ailleurs aussi, est particulièrement explosive, quel que soit le degré de mobilisation des troupes dans les manifestations. Au début du mouvement contre le pass sanitaire, on voyait pas mal d’Insoumis dans les manifestations, mais ils ont maintenant abandonné. Ce manque de constance est dommageable. Les soutiens de Florian Philippot sont beaucoup plus fidèles aux manifestations du samedi qui sont toujours très réussies. Si la question du pass-sanitaire et donc de l’obligation vaccinale continue à mobiliser, c’est qu’on sent bien non seulement la lassitude des Français face aux errements de la politique sanitaire macronienne, mais aussi que le gouvernement français, à l’instar de ses homologues allemand, autrichien et batave, se prépare à franchir un nouveau palier dans la dictature sanitaire. La chasse aux scientifiques non conforme à la doxa du tout vaccinal est ouverte. Cette semaine on a vu Didier Raoult mis en accusation, avec Médiapart dans le rôle du juge d’instruction[7]. Il va y en avoir certainement d’autres qui vont morfler. Pascale Pascariello confond en effet le métier de journaliste avec celui de délateur, préférant donner la parole à des membres non-identifiés des équipes de Didier Raoult pour appuyer la politique vaccinale de Macron. C’est en effet ce même torchon qui avait censuré les analyses non-conformes de Laurent Mucchielli[8]. Tant que le sociologue consolidait les thèses conformes au néolibéralisme visant à faire croire que l’insécurité était un fantasme, ça plaisait au journal d’’Edwin Plenel. Mais Mucchielli soutient aussi les Gilets jaunes et les manifestants anti-pass-sanitaire, ce qui n’est pas acceptable pour l’oligarchie. Déjà que Médiapart avait une très mauvaise réputation, cela ne va pas s’arranger. 

Au Louvre Florian Philippot avait réuni ses troupes contre le pass sanitaire 

Les manifestations ne sont pas toujours paisibles comme celles des féministes ou de Florian Philippot. A Paris le 20 novembre 2021, la violence a explosé. Certes ce n’est pas une violence exceptionnelle, mais on a vu à ce propos que les policiers avaient perdu le contrôle de la manifestation des Gilets jaunes. Les rues de Paris en feu sous un déluge de grenades lacrymogènes, ça faisait un moment qu’on n’avait pas vu ça. Le climat n’est toutefois pas encore insurrectionnel comme à la Guadeloupe où les grèves, les occupations de ronds-points et les batailles de rue ont fait reculer les autorités sur plusieurs points, notamment dans les services hospitaliers où on ne parle plus d’obligation vaccinale pour les soignants. On peut considérer cela comme une première victoire. Le gouvernement ne sait plus trop ce qu’il doit faire dans ce territoire pour apaiser la colère des Guadeloupéens. On a même vu la sinistre Christine Taubira soutenir les rebelles, alors qu’elle-même était jusqu’à présent favorable à l’obligation vaccinale ! Dans les semaines qui viennent, tout le monde s’attend à une montée des violences, en France, dans les DOM-TOM, et bien sûr dans d’autres pays d’Europe où le reconfinement et la martyrisation des non-vaccinés va se poursuivre. 

Des incidents ont émaillé la manifestation des Gilets jaunes

En Guadeloupe la situation est insurrectionnelle



[1] https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/11/19/l-hiver-s-annonce-comme-une-periode-difficile-mais-nous-savons-comment-freiner-le-virus_6102785_3244.html

[2] https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse/neuf-fois-plus-dentrees-en-soins-critiques-parmi-les-personnes-non-vaccinees

[3] https://www.rts.ch/info/monde/12656412-a-rotterdam-la-police-a-tire-a-balles-reelles-lors-demeutes-contre-les-restrictions-sanitaires.html

[4] https://www.washingtonpost.com/business/2021/11/06/court-suspends-biden-vaccine-mandate/

[5] https://francais.rt.com/france/92634-attal-reconnait-que-chiffre-2-patients-admis-hopital-cause-covid-juste

[6] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/20/noustoutes-des-manifestations-pour-les-droits-des-femmes-organisees-partout-en-france_6102963_3224.html

[7] https://www.lepoint.fr/sante/hydroxychloroquine-didier-raoult-accuse-d-avoir-falsifie-des-resultats-20-11-2021-2452916_40.php

[8] https://baslesmasques.com/o/Content/co602502/censure-par-mediapart-laurent-mucchielli-met-les-choses-au-clair

mercredi 17 novembre 2021

Eric Zemmour collaborateur à retardement et l’anti-France

 

Zemmour est un sinistre individu qu’on peut situer à la droite de Jean-Marie Le Pen, tellement à droite que ce dernier vient de le renier, le trouvant pas à la hauteur, et disant qu’il préférait sa fille[1]. Autrement dit, à droite, après Zemmour il n’y a plus rien. Je n’avais pas lu Mélancolie française un de ses ouvrages qu’il avait publié en 2010 aux éditions Armand Colin. Je ne lis pas tous les livres qu’il écrit aussi mal qu’il pense. Grâce à un ami, j’ai pu retrouver le passage suivant que je vais commenter.

« La défaite de Waterloo, et le traité de Vienne, si admirable aux yeux germanophiles d’Henry Kissinger, nous conduisaient inéluctablement au déclin et à l’histoire tragique du XXe siècle. Seule la victoire de Napoléon aurait pu nous épargner ce désastre. Ou alors la victoire totale de l’Allemagne à l’été 1914. Dans ce contexte tragique, notre plus grave « erreur » fut sans doute notre victoire héroïque de la bataille de la Marne. Alors, nous aurions économisé un million et demi de vies, sans oublier les 200 000 militaires et 400 000 civils de la Seconde Guerre mondiale. En cas de défaite française dès 1914 (à défaut de victoire en 1815), pas de révolution russe, pas de fascisme, pas de nazisme, pas d’holocauste des Juifs, pas d’intervention américaine en 1917 ni en 1944. La pax germanica aurait régné sur le continent. Une autre guerre aurait continué entre l’empereur d’Allemagne et le roi d’Angleterre, son cousin germain ; une guerre qui aurait préfiguré celle de 1940 ; ce sempiternel affrontement entre la terre et la mer dont Napoléon et la France avaient cru sortir vainqueur. Amère uchronie. »

Les zemmouriens nous diront que ce long passage bouffon est sorti de son contexte, et qu’il ne veut pas dire ce qu’il a écrit, etc. C’est toujours comme ça avec les soutiens des plus répugnants des idéologues. On nous dit qu’on a mal compris. Mais en vérité ce passage est en relation directe avec le pétainisme rétroactif de Zemmour – pétainisme fondé sur un révisionnisme historique, lui-même basé sur des mensonges à répétition. Le passage que je viens de citer appelle plusieurs remarques quant à l’incohérence de cet histrion. Le premier point est que le décliniste Zemmour nous dit qu’au fond le déclin de la France a commencé avec la défaite de Napoléon et a été aggravé par la victoire des Français sur l’Allemagne en 1918. C’est l’idée confuse selon laquelle les révolutionnaires de 1789 avaient détruit la France des rois que Napoléon avait essayé de restaurer. Dans d’autres ouvrages, Le suicide français, Zemmour nous dit que le déclin de la France provient des soixante-huitards. Pour le déclin on a donc droit à une troisième version : si les Français n’avaient pas battu les Boches, on aurait eu un superbe régime sous la direction de l’Allemagne et cela nous aurait évité le Front populaire. Les soldats français auraient donc dû par patriotisme se laisser battre à Verdun. En matière de patriotisme on peut trouver facilement beaucoup mieux que Zemmour. La rhétorique zemmourienne suppose que sans la victoire française, il n’y aurait pas eu de révolution russe ni de Front populaire en France. Les bons bourgeois défilaient dans les années trente contre le Front Populaire et le Juif Léon Blum. Leur cri de ralliement était « Plutôt Hitler que le Front populaire », ils ont été entendus au-delà de leurs espérances, avec les conséquences qu’on connaît. 

Les poilus sont morts et ont souffert au nom de la patrie 

L’imbécilité de Zemmour est de croire que les « accidents de l’histoire » arrivent par hasard, et qu’en diffusant le savoir – le sien bien entendu – on pourra à l’avenir les éviter et marcher vers l’avenir radieux. Si ma tante en avait… on connait la chanson. Il est de ceux qui pensent évidemment qu’en 1789 on aurait pu s’éviter une révolution en courbant un peu plus la tête. C’est méconnaitre l’histoire que de croire qu’elle trouve sa raison dans les caprices d’un idiot. Dans ce texte honteux qui insulte au passage les Poilus qui ont laissé leur peau, on reconnaît la patte de celui qui n’a pas fait son service militaire au prétexte d’une arthrite au genou[2]. De l’armée Zemmour s’en moque un peu, n’étant pas souverainiste, mais européiste, or évidemment l’armée est le bouclier de la République, mais Zemmour n’aime pas le concept de République. Les hommes qu’il admire, c’est Napoléon qui voulut créer un Empire au niveau du continent européen, mais ce fut un échec cinglant, et très coûteux en hommes puisqu’on parle de 3,5 millions de morts. On voit bien qu’il aurait admis dans la confusion mentale qui est la sienne une grande Europe allemande à laquelle Pétain prétendait s’associer. Rêvant qu’il est blond, aryen, athlétique aux yeux bleus, ce méchant croquemort tente d’imposer une histoire alternative fondée sur des mensonges et des contradictions, admirant Pétain parce qu’il était un ennemi de la République et un tenant de la collaboration avec le projet nazi, il oublie volontairement le sort qui avait été fait aux Juifs, français comme étrangers, pendant l’Occupation. Il cache que le projet de statut des Juifs a été aggravé de la main même du Maréchal félon[3]. Il n’est pas le seul à mentir dans cette tentative répugnante de réhabilitation de Pétain, Macron avait fait la même chose en reprenant la fable selon laquelle il aurait été un grand soldat[4]. Zemmour oublie que Pétain avait déchu de la nationalité française ses propres parents, et que sous la férule d’icelui, on l’aurait sans doute déporté. 

Le gouvernement de Vichy avait organisé la rafle du Vel d’hiv, sans distinguer les Juifs français des Juifs étrangers 

Zemmour n’est ni républicain, ni patriote. C’est plus là son originalité que dans sa dénonciation de l’immigration, point sur lequel il n’a rien à dire de plus que Marine Le Pen par exemple. C’est un collaborateur dans l’âme qui ne pourra compter aux élections présidentielles du printemps prochain que sur les voix des descendants des vichystes, ce qui fait peu, quoi qu’on en pense. Les Français ayant tout de même la fibre patriotique, il est tout naturel que Zemmour soit la personnalité qu’ils détestent le plus.



[1] https://www.huffingtonpost.fr/entry/jean-marie-le-pen-prefere-finalement-sa-fille-a-zemmour-pas-a-la-hauteur_fr_6194b9d4e4b0ae9a4298fe9c

[2] https://www.vanityfair.fr/pouvoir/medias/story/enquete-eric-zemmour-le-joker-de-la-droite-extreme/11238

[3] Laurent Joly, L'État contre les juifs : Vichy, les nazis et la persécution antisémite, Grasset, 2018

[4] https://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/11/07/25001-20181107ARTFIG00121-macron-petain-a-ete-un-grand-soldat-pendant-la-premiere-guerre-mondiale.php 

vendredi 12 novembre 2021

Etienne Girard, Le radicalisé, Le seuil, 2021

  

A la vue de la médiocrité intellectuelle, politique et stratégique de Zemmour on peut se demander comment il peut se faire qu’il soit aussi haut dans les sondages. Il a beau répéter qu’il est intelligent, instruit et perspicace, nous ne voyons qu’un bouffon peureux en mal de reconnaissance sociale. Le livre d’Etienne Girard éclaire le parcours de ce sinistre individu, le montrant comme un personnage de comédie, particulièrement irrésolu sur à peu près tous les sujets, un homme de cours à la recherche de son Prince. Avant d’en venir au personnage manifestement fluctuant dans ses convictions, il est important de rappeler que la mécanique de son succès provient essentiellement de deux éléments qui sont son fonds de commerce, fonds de commerce qu’il a subtilisé au fil du temps au Front National :

– d’abord cette maladie qui a saisi pratiquement toute la classe politique et qui consiste à nier purement et simplement qu’il y ait en France un problème récurrent avec l’immigration, alors que les deux tiers des Français considèrent que l’immigration procède d’une transformation de l’espace social et des mœurs dans un sens qu’ils ne souhaitent pas ;

– ensuite les multiples condamnations souvent ubuesques de Zemmour devant les tribunaux, qui le font apparaître comme une victime du système, celui qu’on veut faire taire parce qu’il dirait la vérité.

Tant qu’on attaquera Zemmour sur son « analyse » de l’immigration et de l’islamisation, on l’aidera à grimper dans les sondages. Les meilleurs agents électoraux de Zemmour sont les islamistes et les guignols qui défendent un aménagement de la laïcité, le port du voile ou encore d’autres formes de communautarisme. En vérité si Zemmour s’en tient fermement à la lutte contre l’immigration et l’islamisation de la France comme programme, c’est parce que sur tout le reste, il n’a absolument rien à dire. Etant souvent le comparse de banquiers et de milliardaires, d’après Etienne Girard il voit régulièrement Vincent Bolloré, son employeur sur Cnews, il est pour l’Union européenne et pour la monnaie unique, faisant semblant de croire que celle-ci n’a eu aucune incidence sur le délabrement de l’économie française. Sans doute est-il ignorant, et cette ignorance est la clé de voute de ce qu’il est vraiment, puisque les dégâts qu’a causé la monnaie unique sur l’industrie française sont bien documentés maintenant[1]. On peut penser tout le mal qu’on veut de l’immigration et de l’Islam, il n’empêche que cela n’est pas à l’origine de l’effondrement de l’économie française et de sa désindustrialisation. Cet évitement le fait passer pour un médiocre bateleur, en français familier, pour un rigolo. De la même manière Etienne Girard nous dit qu’il n’a aucune idée sur le vaccin et la politique vaccinale macronienne. On peut voir là le refus de croiser le fer avec les laboratoires pharmaceutiques qui peut-être lui donneront un peu d’argent pour sa campagne présidentielle.

La première chose que nous enseigne Etienne Girard dans son livre est que Zemmour est un individu à la pensée particulièrement fluctuante. Il a mis longtemps à se trouver son petit créneau dans le paysage médiatique, croyant qu’en criant fortement et en rabâchant les mêmes choses cela finira par ressembler à une pensée singulière. Dans le temps il fut un défenseur d’une politique de migrations, il fut mitterrandien en 1981. Puis le socialisme ne lui offrant aucune place, il se tourna de plus en plus vers la droite. Puis celle-ci se délitant, il évolua vers le Front National, tout en gardant un pied et des amitiés chez les Sarkozystes comme Buisson. Cela lui permit de trouver de l’audience en même temps qu’il passait de Marianne d’où il s’était fait virer au Figaro où il se maintint difficilement. Il a alors découvert sa capacité histrionesque en jouant les scandalisés et les grands défenseurs de la nation française. Incohérent, il s’en prend aux élites ceux qui l’ont refusé à l’ENA et au Cercle de l’Union Interalliée. 

 

Mais pour avancer, il fallait encore devenir un peu plus une caricature de lui-même pour un profit très aléatoire à moyen terme. Il aurait pu devenir l’intellectuel du Front National, soutenant Marine Le Pen, mais après 2017 comme celle-ci fut largement battue au second tour, il choisit une autre voie. Ne doutant de rien, le médiocre éditorialiste s’est cru un destin. Beaucoup l’ont encouragé dans ce sens. Et c’est là que le livre d’Etienne Girard est intéressant, parmi ceux qui l’ont soutenu ont trouve tout le vieux fond catholique intégriste, pétainiste par vocation. Ceux qui n’aiment pas Marine Le Pen, la considérant trop à gauche notamment sur les problèmes de société. Leur but est de se servir de Zemmour, non pas pour gagner en 2022, tout le monde sait qu’étant la personnalité la plus détesté des Français il n’a aucune chance, mais pour casser en deux le Rassemblement National et remettre en cause sa politique de dédiabolisation. Supposant ainsi qu’après la défaite de l’extrême-droite en 2022, ils pourront reconstruire un parti de type trumpiste, ultra conservateur. Ce projet nous apprend Etienne Girard est antérieur à l’élection de 2017. C’est ce qui explique qu’au fil des années Zemmour va célébrer de plus en plus la Maréchal Pétain comme le sauveur des Juifs. Ces thèses ne tombent pas du ciel, elles viennent d’un demi-historien, Alain Michel, rabbin plus qu’historien d’ailleurs, qui a produit une thèse sur les Eclaireurs israélites pendant la Seconde Guerre mondiale [2], ses travaux ont été dénoncés pour avoir traficoter les statistiques par Paxton lui-même. Zemmour célèbre aussi le  le catholicisme et renie ses origines juives, car s’il ne peut les cacher, il va critiquer aussi bien les Juifs qui s’affirment en tant que Juifs, que ceux qui soutiennent Israël. Là encore il a beaucoup changé, puisque dans le temps il était sioniste. Périodiquement les fascistes trouvent des Juifs complaisants envers leurs élucubrations, il n’est donc pas étonnant que Zemmour trouve maintenant du soutien chez Dieudonné, ce dernier pouvant ainsi affirmer qu’il n’est pas antisémite puisqu’il soutient un Juif ! Mais quelqu’un comme Zemmour qui renie ses propres origines est-il quelqu’un en qui on puisse avoir confiance ? Les vrais fachos comme Soral, Jérôme Bourbon[3] ou comme de Lesquen[4] ne le pensent pas, ils voient d’un très mauvais œil le fait que Zemmour ait une telle audience en leur piquant leurs idées moisies d’un autre temps. 

 

Zemmour n’aime pas les musulmans et l’Islam en général, il estime qu’ils sont dans une guerre de religion de 1000 ans avec la chrétienté. Mais pourtant il a des attitudes qui ressortent au contraire de la culture musulmane, à commencer par la place qu’il veut accorder aux femmes. Il va jusqu’à nier l’existence d’un problème dans les écarts de salaire entre les hommes et les femmes[5]. C’est à la fois un mensonge et une imbécilité. D’une manière compulsive le gringalet Zemmour nous parle de la peur qu’il a des femmes en général. On l’a vu avec son livre qui frise l’imbécilité, Le premier sexe[6]. En vérité il est tout à fait possible de dénoncer les dérives des néoféministes, sans tomber forcément dans les travers d’un retour en arrière qui donnerait une place inférieure à la femme en général. Ce discours apparait lassant et comme l’autre face des imbécilités des WOKE. Dans cette conjuration des imbéciles, on peut dire qu’ils se donnent la main. Cette peur des femmes est aussi évidemment le réflexe d’un homme amoureux des rapports hiérarchiques. Mais Etienne Girard analyse aussi ce comportement en mettant en avant le rôle des femmes dans sa vie : sans les femmes, que se soit son épouse qui gère sa petite entreprise et ses droits d’auteur, son ancienne éditrice Lise Boëll ou Sarah Knafo, il n’existerait pas vraiment. Ce garçon très faible sur le plan affectif a toujours eu une revanche à prendre sur son manque de séduction, son physique de gringalet, son aspect maladif, l’a amené à se livrer sans réserve aux femmes qui l’ont materné, mais en même temps à les rejeter. Etienne Girard croit voir dans cette misogynie de parade la raison de collaborer avec Marine Le Pen. Lui, raconte qu’il trouve Marine Le Pen nulle et peu cultivée, mais c’est un prétexte, tant le vernis culturel de Zemmour manque d’épaisseur. C’est l’hôpital qui se moque de la charité. 

 

N’ayant pas grand-chose à dire en politique, encore moins à vrai dire que Marine Le Pen, en dehors de sa volonté de baptiser des musulmans avec un prénom chrétien, il fait beaucoup d’esbrouffe. Cela l’induit à mentir avec une constance étonnante sur à peu près tout. On l’a vu en avançant d’une manière stupide et malveillante que Pétain se serait appliqué à sauver des Juifs, ou encore en avançant que Dreyfus et Zola auraient travaillé à démoraliser l’armée française et à engager la France sur la voie de l’antisémitisme. Une fois encore il prétend se mesurer à un grand écrivain, Zola, qui a montré évidemment bien plus de courage avec la seule affaire Dreyfus que Zemmour dans toute sa misérable existence. Mais il ment aussi sur des sujets qui ne nous concernent pas directement, mais il se veut l’avocat de Trump. Voici ce qu’écrit Etienne Girard :

« Le 1er juin 2020, Zemmour a affirmé, à propos du décès de cet Afro-Américain à la suite de son arrestation par la police américaine, qu’aux États-Unis « les Blancs ont deux fois plus de chance d’être tués que les Noirs. 80 % des Blancs sont tués par des Noirs alors que les Noirs sont tués essentiellement par des Noirs ». Or, ces chiffres, issus d’un argumentaire de Donald Trump, se révèlent faux. L’AFP a rapidement vérifié les statistiques. Il apparaît que 15,5 % des Blancs, et non 80 %, ont été tués en 2018 par des « Noirs ou Africains-Américains ».

Cette attitude misérable est la marque d’une outrance qui masque mal l’absence de colonne vertébrale intellectuelle de Zemmour. Dans sa volonté de faire le buzz, on l’a vu aussi s’en prendre aussi à Victor Hugo, dénonçant Jean Valjean comme une simple racaille de quartier, se rangeant de fait du côté du sinistre Javert et des conservateurs du XIXème siècle qui haïssait l’auteur des Misérables. Quand un nain fait la leçon à un géant, ça devient franchement bouffon. Evidemment s’il ne se présentait pas aux élections présidentielles, s’il n’avait pas cette folie d’y croire, je ne perdrais pas mon temps à discuter de ses errements idéologiques. On le voit aussi parler de Marx, disant par exemple que celui-ci contient tout le communisme, à savoir aussi sa forme soviétique particulièrement répressive. Il est évident qu’il ne l’a jamais lu, se contentant sans doute des élucubrations de Raymond Aron, car tous ceux qui l’ont lu, sauf les épigones du sinistre Alain Badiou, savent bien que Marx et Lénine sont deux choses complètement différentes[7]. Mais la culture de Zemmour c’est du Sciences Po, c’est-à-dire rien. Malgré tout on peut trouver une certaine logique dans le discours de Zemmour, son « idée » c’est au fond que tout va mal depuis la Révolution française, que le Maréchal Pétain a bien essayé de remonter la pente, mais que malheureusement les communistes et leurs affidés ont engagé la guerre civile en assassinant des collaborateurs et des Allemands. « Donc de tuer des Français dans la rue et de tuer des soldats allemands, c’est de la Résistance ? Ça a gêné tous les chefs de la Résistance, le général de Gaulle y compris, qui ont condamné ces actes ». C’est un mensonge de plus car le général de Gaulle ne voulait pas faire couler le sang, non pas parce qu’il réprouvait qu’on assassine les occupants, mais parce qu’il pensait que c’était trop tôt[8]. Voilà donc notre petit juif sépharade se faire le chantre de la France éternelle, celle des rois et des reines, comme Macron au fond qui pensait qu’il nous manquait un roi[9] ! Cette manière d’enjamber la Révolution française et la Résistance, sans parler des avancées sociales issues du CNR, il en revient à remettre en cause naturellement la République, l’étape suivante c’est évidemment la démocratie, voire pourquoi pas le vote des femmes ! Quand il fait semblant de vouloir réconcilier Pétain et de Gaulle, en vérité Zemmour se cache derrière de Gaulle pour reprendre la rhétorique et l’action antirépublicaine de Pétain. Est-ce juste une attitude destinée à faire prospérer son fonds de commerce ? Est-ce une conviction véritable ? Personne ne le sait, et probablement Zemmour non plus. Mais ça commence à se remarquer, même les éditorialistes peu fins du Monde ont perçu le problème. 

 

En tous les cas la stratégie de Zemmour est volontairement « clivante », alors que celle de Marine Le Pen se veut plus consensuelle.  Cette posture inspirée par Trump et son succès de 2016 est mauvaise pour deux raisons :

– d’abord parce que Trump n’a été élu en 2016 qu’à cause de la spécificité du système électoral américain. En France il est impossible d’être élu non seulement en étant la personnalité la plus détestée du pays, mais en ayant moins de voix que son adversaire ;

– ensuite parce que même si Macron est haï, Zemmour l’est encore bien plus. S’il arrivait au second tour, ce que je ne crois pas possible, il aurait contre lui une coalition hétéroclite : il n’aura jamais le vote des femmes[10], ni le vote des jeunes, et encore moins celui des ouvriers. C’est bien cette impossibilité de réunir sur son nom les classes moyennes et inférieures, sans parler des minorités, qui a fait capoter la réélection de Trump en novembre 2020[11].

Ainsi que le montre Etienne Girard, la candidature de Zemmour est préparée de longue date, les réseaux pétainistes et catholiques intégristes y travaillent depuis des années, comme s’ils pensaient que ce qu’allait dire un Juif sépharade serait plus admissible que si c’était Jean-Marie Le Pen ou Dieudonné qui l’avançait. Là encore c’est une vision à courte vue. Déjà une partie de la communauté juive s’est élevée contre Zemmour le dénonçant comme une sorte de traitre ou de renégat[12]. Le cordon sanitaire sera encore plus resserré en réalité que celui qui entoure le Rassemblement National. Mais après sa défaite certaine, il est probable que les débris du pétainisme se retourneront contre lui pour lui faire payer le poids de leur stratégie erronée d’un autre âge.


[1] https://www.lesechos.fr/monde/europe/dans-la-zone-euro-labsence-de-reformes-coute-cher-994217

[2] Vichy et la Shoah – Enquête sur le paradoxe français, CLD éditions, 2012

[3] https://rivarol.com/version-papier-1-an-d-archive/1333-rivarol-n3448-du-2122020-papier.html

[4] https://lesquen.fr/2021/02/24/dix-bonnes-raisons-den-finir-avec-zemmour/

[5] https://www.bfmtv.com/politique/extreme-droite/pourquoi-eric-zemmour-nie-les-inegalites-salariales-entre-les-hommes-et-les-femmes_VN-202111070189.html

[6] Denoël, 2006.

[7] Voir par exemple Maximilien Rubel, Marx, critique du marxisme, Payot, 1974.

[8] https://www.liberation.fr/politique/quand-zemmour-sen-prenait-aux-resistants-20211028_VGL27H2JR5A33CRQ2W5CEKOSVE/

[9] https://www.lexpress.fr/actualite/politique/emmanuel-macron-il-nous-manque-un-roi_1697286.html

[10] https://www.20min.ch/fr/story/tu-comprends-pas-que-j-ai-envie-de-b-avec-toi-226350340635

[11] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/11/elections-aux-etats-unis-resultats-et.html

[12] https://www.francebleu.fr/infos/societe/bourges-le-grand-rabbin-de-france-critique-les-propos-pro-petainistes-d-eric-zemmour-1634749963

Walter Benn Michaels, La diversité contre l’égalité, Raison d’agir, 2009

  Ce petit ouvrage a été publié avec succès aux Etats-Unis en 2006, et traduit ensuite en 2009 en français. Publié dans la collection Libe...