mardi 28 mars 2023

La guerre civile en France, 2023

 

En moins d’une semaine nous avons vu la France bruler, à Paris comme en Province, et une escalade dans la violence, ce sont des images de guerre civile et non pas de simples débordements d’éléments radicalisés comme tente de le faire croire Darmanin. De la réforme des retraites à la manifestation de Sainte-Soline, ce n’est plus de rébellion dont il faut parler, mais de guerre civile. Il y a aujourd’hui deux camps en présence, le bloc bourgeois et le reste de la France. Le premier camp c’est la finance et ses valets, la presse et les miliciens censés défendre la République. Le second est fait des Français appauvris et martyrisés par le premier. Cette guerre larvée depuis au moins la crise des Gilets Jaunes a pris ce printemps un tour nouveau. Que ce soit à Paris ou à Sainte-Soline, à Rennes ou à Nantes, les miliciens violents de la Macronie ont été surpris devoir ceux qu’ils martyrisaient ripostaient avec les moyens du bord. Il est assez cocasse devoir ces robocops suréquipés venir pleurnicher dès lors qu’ils se trouvent en difficultés. Le cinglé de l’Élysée a décidé le 22 mars de déclarer la guerre civile, derrière une apparente légalité – bien peu légitime – il s’est arcbouté pour affirmer que son pouvoir minoritaire était d’essence fasciste. Il faut appeler un chat, un chat, et cesser de dire que Macron et son gang représenterait une sorte de centrisme introuvable, oint par un vote démocratique. La nature du pouvoir en France est au-delà d’un simple autoritarisme, c’est l’affirmation d’une droite-extrême. La seule chose qui distinguer la droite-extrême macronienne de l’extrême-droite traditionnelle est l’absence de racisme. Le racisme est remplacé par la haine du peuple et des travailleurs. 

Nous sommes passés en un temps record des revendications catégorielles à une lutte des classes assumée par le peuple. A Paris ce sont les prolétaires, y compris les classes moyennes prolétarisées qui ont relevé le gant, récusant cette augmentation de la plus-value par allongement de la durée de la vie active. À Sainte-Soline ce sont les paysans véritables qui sont entrés en lutte contre l’agro-business qui tente de mettre la main sur l’eau – un produit qui se raréfie, mais qui dans le cas des méga-bassines est payé par l’État – et donc qui menace de les ruiner. Or il se passe depuis quelques années qu’une nouvelle paysannerie émerge et tente de survivre à la marge de l’agro-business, et c’est de ça que parle la bataille de Sainte-Soline. Si la réforme des retraites vise à donner la possibilité aux grands groupes financiers de mettre la main au moins partiellement sur le financement des retraites, les méga-bassines travaillent dans le sens de la concentration de la production agricole en mettant la main sur l’eau. Je passe sur le fait que ces méga-bassines sont aussi une horreur sur le plan écologique. 

 

Le sale boulot est fait par cette horde sauvage qu’on appelle les forces de l’ordre et qui ne sont que des délinquants en uniforme. Ce ne sont pas des travailleurs comme les autres, mais des domestiques hypocrites qui adorent martyriser des personnes supposées plus faibles qu’eux, parce que désarmées, et le plus souvent ils se mettent à plusieurs pour cogner. On les a vu plusieurs fois tirer lâchement avec des LBD en visant manifestement la tête. Certains avancent que c’est parce qu’ils ont peur de la foule qu’ils se conduisent aussi laidement. On peut dire aussi que c’est parce qu’ilsont honte d’être ce qu’ils sont. Parler de démocratie en France et d’État de droit est du niveau de la plaisanterie. Les domestiques qui travaillent dans les médias tentent bien de faire croire que ce sont les manifestants qui sont des sauvages et des délinquants, ils n’y arrivent plus, et même le journal macronien, Mandatés par la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), des observateurs des pratiques policières ont « constaté l’entrave par les forces de l’ordre à l’intervention des secours pour une situation d’urgence absolue ». Selon la Ligue, le SAMU aurait affirmé « ne pas pouvoir intervenir dès lors que le commandement leur avait donné l’ordre de ne pas le faire ». La victime se trouvait dans « une zone parfaitement calme, selon la LDH. La situation sur place. Le monde, vient de renoncer d’une manière spectaculaire à défendre les miliciens de Macron. Autrement dit, le fait que les violences policières soient une réalité disproportionnée pour l’ensemble des Français entraîne mécaniquement un renforcement de leur détermination, une radicalisation pour parler comme Darmanin, qui a son tour engendrera une nouvelle escalade dans la violence de la part du pouvoir. 

Ces violences mettent à jour ce qu’est la démocratie dans le système capitaliste : on n’en fait un usage que par temps calme, et surtout pas pour régler les conflits de classes. Tant que le peuple vote pour des fausses alternances et ne dérange pas les petites affaires, on dit c’est la démocratie, mais si le peuple se rebelle, tout soudain la chanson change de refrain. Quand le conflit s’étend à l’ensemble du pays, alors les habillages présentés par les journalistes pour faire croire à la sauvagerie des manifestants ne suffisent plus à condamner le mouvement, c’est même le contraire qui se passe, on l’a vu naguère avec les Gilets jaunes. Plus les affrontements sont violents, et plus le peuple se mobilise contre Macron et son gang. On a vu les journalistes, tous en chœur réclamer des opposants au pouvoir qu’ils condamnent la violence des manifestants. Mais ils se sont faits envoyer sur les roses quand on leur a demandé s’ils condamnaient ou non les violences policières. Ils étaient très gênés, ne sachant plus quoi dire, et comprenant, mais trop tard, qu’ils apparaissaient comme des collaborateurs du régime et non comme des « journalistes ». On comprend mieux en effet pourquoi les milliardaires veulent détenir des moyens d’information, journaux, chaînes de télévision, malgré que cela leur coûte. C’est sans doute cet aspect qui aujourd’hui distingue le mouvement social de celui des Gilets Jaunes ou de celui des soignants. Tout le monde n’est pas forcément concerné par la hausse du prix de l’essence où par les problèmes des soignants et de l’hôpital, mais tout le monde l’est par sa retraite et son financement ! Dans ce contexte, la sauvagerie de la répression policière à Sainte-Soline a un écho direct sur les manifestants hostiles à la réforme des retraites. 

La répression sauvage de la milice, manipulée comme des chiens de cirque par un pouvoir cynique et criminel, a poussé les manifestants à se retourner vers des actions moins conventionnelles que les défilés où le feu domine. Cette tactique de la terre brulée par Macron et son gang, pousse consciencieusement à la radicalisation, en espérant évidemment que les moins aguerris rentrent chez eux, arrêtent de battre le pavé, les autres ont les dénoncera comme des fauteurs de troubles ou des black-blocs. Les manifestants du 28 mars 2023 étaient en effet moins nombreux. Mais le pouvoir fasciste qui siège aujourd’hui à l’Élysée devrait comprendre que les plus radicaux dans les manifestations du mois de mars 2023 sont les cheminots, c’est-à-dire, ceux qui ont été le plus martyrisés par Macron. Autrement dit, les grèves coûtent très cher aux salariés, et les défilés paraissent insuffisants pour faire reculer la crapule gouvernementale. Il faut donc se renouveler et trouver des nouvelles formes de lutte. C’est déjà en cours, blocage des raffineries et des gares, levé des barrières aux péages autoroutiers, par exemple, c’est le bon chemin. 

Gare le Lyon, le 28 mars 2023 

Les rassemblements du 28 mars 2023 étaient un peu moins fournis que pour celle du 23 mars, mais sur la France ça faisait tout de même plus de deux millions. Mais tout de même ils restaient importants. La CGT nous disait que le cortège parisien avait rassemblé plus de 400 000 personnes contre 800 000 pour la dernière édition. Il y a eu encore de nombreux affrontements, à Lyon, Nantes, Bordeaux. À Paris la manifestation syndicale s’est déroulée dans le calme, parce que la police était moins présente. Puis ensuite ça a dégénéré quand les miliciens ont commencé à arroser la manifestation de grenades lacrymogènes, et donc cela suffit à mon sens à prouver que c’est bien la milice noire de Macron qui est à l’origine des troubles. L’exaspération a fait le reste. Tandis que les manifestants défilaient, l’ignoble Darmanin, franchissant un seuil dans la mise en place d’un régime fasciste, demandait l’interdiction du collectif Les soulèvements de la terre, ceux-là même qui ont été victimes des exactions de la milice. Au moment où j’écris ces lignes, le pronostic vital d’au moins trois manifestants de Sainte-Soline restait engagé, soit trois jours après que les miliciens furent lâcher sur les protestataires. Ce qui semble évoluer c’est la composition des cortèges, on remarquait que les jeunes étaient beaucoup plus nombreux que d’habitude. Est-ce un renouveau de « politisation » ? Dans la soirée on apprenait que la rigide Borne acceptait finalement de recevoir les syndicats dans la semaine prochaine sur la question des retraites. Désavouant le clown Véran-le-véreux qui disait que jamais au grand jamais l’exécutif ne rediscuterait avec les syndicats de la réforme des retraites. 

Lyon, le 28 mars 2023 

Paris, le 28 mars 2023

Besançon, le 28 mars 2023, affrontements devant la préfecture


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