mercredi 12 juillet 2023

Crise au Journal du Dimanche

 

La « gauche » qui n’a pas d’idée s’occupe principalement et à contretemps de ce qui ne la regarde pas. La voici donc embarquée stupidement dans un soutien à la rédaction du Journal du Dimanche qui s’est mise en grève au motif que Vincent Bolloré, le milliardaire qui va remplacer Arnaud Lagardère comme propriétaire de ce torchon veut embaucher Geoffroy Lejeune comme rédacteur en chef. Celui-ci s’est fait virer de Valeurs actuelles pour avoir soutenu le petit combinard Éric Zemmour. Ce choix lui a été reproché non pas parce que Zemmour serait ceci ou cela, mais parce que ce soutien a entraîné une chute des ventes de cet hebdomadaire. Cette rébellion qui ressemble un peu à celle de Prigojine tant elle est vouée à l’échec, pose plusieurs problèmes. Écartons cette idée selon laquelle Arnaud Lagardère aurait pris cette décision tout seul, indépendamment de l’avis de Bolloré, et rappelons que cette nomination est cohérente avec l’orientation de la chaîne CNews qui appartient aussi à Bolloré. Mais qu’en réalité la question n’est pas là. D’abord parce que le JDD a toujours été un journal pourri, faire semblant de le découvrir à la mi 2023 relève de la cuistrerie. Macronien de droite de la première heure, Bolloré coche toutes les cases de la propagande patronale merdeuse. Il soutient les combines des laboratoires pour les vaccins, il crache sur les Gilets Jaunes et il est un fervent défenseur de la réforme des retraites. Les journalistes qui se rebellent contre leur propriétaire ont donc toujours soutenu une ligne de droite extrême. Mais les voilà qu’ils ne supportent pas Geoffroy Lejeune, comme si Vincent Bolloré, le patron, n’avait pas le droit de nommer qui il veut à la tête de « son » journal. Le scandale n’est pas dans la nomination de Geoffroy le jeune, mais plutôt dans le fait que la plupart des médias dominants, pour ne pas dire tous, appartiennent à une petite caste de milliardaires quand ils ne sont pas inféodés à l’Élysée. Ce journal est un instrument de propagande contre le syndicalisme actif depuis longtemps, et travaille pour une alliance MEDEF-CFDT. Mais cela ne gêne pas la gauche boboïde qui soutient cette rédaction très marquée « droite extrême ». 

 

La seconde réflexion est celle-ci : on veut empêcher que le JDD devienne un journal au service des idées d’extrême-droite. Cette motivation appelle deux remarques. La première c’est qu’on ne sait pas quelle est la définition de l’extrême-droite qui est retenue, le racisme, la dictature, la répression policière des manifestants. Ce que ces gens-là appellent extrême droite ne me parait pas plus dangereux que Macron et son gang qui ont installé une sorte de dictature dans la France d’aujourd’hui, bafouant à peu près toutes les libertés formelles, de celle de débattre à l’Assemblée à celle de manifester ou d’organiser un référendum sur la réforme des retraites. Ensuite on peut se demander au nom de quoi on interdirait à « l’extrême droite » de s’exprimer dans un organe de presse. Normalement en « démocratie » la liberté d’expression est un droit, consolidé d’ailleurs dans la Charte des Droits de l’Homme, validée par l’ONU. La tribune que la gauche boboïde a signée dans Le Monde, balance entre la nécessité d’interdire Bolloré de choisir son rédacteur en chef, et celle d’interdire que ce journal face de la place aux idées qui ne sont pas macroniennes, ou plutôt qui sont l’expression d’un macronisme de droite. C’est évidemment une posture hypocrite qui vise en réalité deux buts, démontrer que le fascisme existe bien et que c’est une nécessité que de le combattre – comme si Macron était un pis-aller – et ensuite conforter le pouvoir d’une poignée de journalistes bourgeois qui veulent croire à leur importance, mais qui sentent leur magistère contesté. 

 

La première tribune publiée dans Le Monde rameute le ban et l’arrière-ban de la gauche du PS, les vieux débris Lionel Jospin, Martine Aubry et Bernard Cazeneuve, des petits magouilleurs macroniens comme Martin Hirsch, avec en prime Yannick Noha ! Elle défend le point de vue d’une liberté d’expression restreinte à ce qui ne dérange pas cette gauche de type Terra Nova. Que le JDD déverse à longueur d’année ses aigreurs d’estomac sur les Gilets Jaunes et sur les manifestants, c’est très bien, qu’on mette Geoffroy Lejeune pour faire ce même travail, c’est mal ! On regrette que Ruffin ait signé ce genre de débilité. Mais il y a une autre tribune qui cette fois souligne que les journalistes ont le droit de choisir leur rédacteur en chef ! Diantre ! Cela équivaudrait à enlever à son propriétaire le droit de choisir sa ligne éditoriale, chose que ces journalistes habitués à ramper et à mentir n’ont jamais fait auparavant. Mais dans ce cas-là, on ne voit pas pourquoi des milliardaires achèteraient un journal qui ne rapporte rien d’autre de pouvoir peser politiquement. Preuve que Le Monde est en campagne contre Geoffroy Lejeune, il y a aussi dans la même édition datée du 28 juin, un édito qui fait la synthèse des deux. Dire que les journalistes ont le droit de choisir leur rédacteur en chef c’est remettre en question le droit de propriété, c’est comme dire que les employés de Carrefour ont le droit de choisir leur PDG. C’est la première étape vers le socialisme, et ce n’est pas compatible avec le droit français actuel !

  

Cette seconde tribune est signée des pétitionnaires habituels, la clownesque Annie Ernaux, ou l’ancienne ministre de Macron Françoise Nyssen ou encore le macronien repenti Pierre Rosanvallon. On y trouve également le ridicule Marc Lazar qui passe son temps par ailleurs à casser du sucre sur le dos des Gilets Jaunes et de tous ceux qui revendiquent une démocratie directe. Cette idée d’indépendance des journalistes n’a pas de sens, simplement parce que si ce principe est admis, on se demande sur quelle base et par qui les journalistes « indépendants » seront recrutés. Cette tribune semble vouloir nous faire croire qu’il pourrait y avoir des journalistes honnêtes en matière politique. Je veux bien admettre que des journalistes qui enquêtent sur le terrain, qui s’occupent de sport ou de culture puissent conserver leur « indépendance », mais je n’y croit pas une seule minute en ce qui concerne les sujets importants, les élections, les vaccins, la Guerre en Ukraine, l’économie, l’Europe ou les retraites. La raison est très simple, ils sont formés dans des écoles de journalisme et ce qu’on leur enseigne n’est compatible qu’avec le modèle mondialiste et libéral. On ne voit pas en quoi Bolloré serait pire que Bernard Arnault ou Patrick Drahi. C’est la même canaille, en vérité cette hiérarchisation des risques est là pour nous faire admettre que de lutter contre un fascisme imaginaire, c’est plus constructif que de lutter sur celui qui existe maintenant. Réclamer l'indépendance des journalistes sans lutter contre la propriété privée des moyens de communication frise l'imbécillité.

 

Tempête dans un verre d’eau, cette histoire ne veut rien dire et la gauche qui ferait mieux de préparer une manifestation contre la venue de Stoltenberg à Paris perd son temps dans des querelles oiseuses, elle ferait mieux de se poser la question : pourquoi il n’y a plus de presse de gauche ? S’exciter sur une affaire qui n’existe pas et qui en outre laisse croire que les journalistes du JDD sont des journalistes honnêtes et sérieux est de la fumisterie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La liberté d’expression ne se marchande pas

  Rima Hassan en meeting à Montpellier   La Macronie aime user de la répression, on le sait depuis au moins les Gilets jaunes qui lui a do...