vendredi 13 décembre 2024

Des coups d’État en cascade

 

Des Roumains manifestent le 7 décembre contre la décision de la Cour constitutionnelle 

Les coups d’État c’est la saison ! Les résultats des élections en Roumanie ne convenaient pas au camp mondialiste. La Cour Constitutionnelle au motif que les Russes seraient intervenus dans la campagne électorale via TikTok, a pris la décision ubuesque d’annuler le premier tour de l’élection présidentielle où le candidat non aligné sur l’Union européenne était arrivé en tête. Ce coup d’État juridique appelle plusieurs remarques. La première est que les Russes sont évidemment intéressés par les élections en Roumanie, et que certainement ils sont intervenus, mais on sait aussi que les ONG qui toutes sont financées par les États-Unis ou l’Union européenne sont également intervenues pour appuyer la candidate pro-européenne. Si le résultat avait été favorable à celle-ci, on n’aurait pas entendu la Cour constitutionnelle dire quoi que ce soit sur une ingérence étrangère. Évidemment cette annulation ne s’est pas appuyée sur des preuves qui auraient montré dans quelle proportion cette élection avait été truquée. En fait la candidate atlantiste aurait très bien pu passer au vu des résultats du premier tour, mais on a préféré ne pas prendre de risque. Pour donner plus de crédibilité à ce coup d’État juridique, Elena Lasconi s’est fendue d’un communiqué condamnant l’attitude de ma Cours constitutionnelle. On ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle avec les élections moldaves qui étaient mauvaises pour le camp atlantiste. Elles n’ont été sauvées qu’in extremis avec un bourrage des urnes pour représenter les Moldaves de l’étranger. Dans la mesure où le camp atlantiste veut détruire la Russie, il est interdit de rater des élections, au risque de ralentir le processus initié en Ukraine en 2014. Or le candidat roumain, Calin Georgescu avait contre le lui le fait de vouloir stopper l’aide à l’Ukraine. Aussitôt il est accusé par les médias occidentaux d’être pro-russe ou encore d’extrême-droite. Notez qu’en même temps que la Cour constitutionnelle faisait son petit coup d’État judiciaire, le gouvernement faisait arrêter de très nombreux opposants qui soutenaient Georgescu et qui bien sur étaient contre l’OTAN et contre le soutien à l’Ukraine. Ces arrestations signifient d’ailleurs qu’au besoin le gouvernement roumain ira encore plus loin s’il perd les prochaines élections et passera de la dictature judiciaire à la dictature policière. En Géorgie on se prépare à un coup d’État, la française Salomé Zourabichvili qui est encore pour quelques jours présidente de Géorgie, refuse de quitter son poste et encourage les manifestants à la sédition pour renverser le gouvernement élu. Elle est connue comme Glucksmann pour être une agente des Américains. Il faut rapprocher cette fantaisie bien peu démocratique du fait que Zelenski qui a refusé de tenir des élections en Ukraine au mois de mars dernier, est depuis le mois de mai, fin de son mandat, dans l’illégalité absolue. Voilà de quoi est faite réellement la démocratie à l’occidentale dans les pays que soutient le camp atlantiste, ça nous rappelle évidemment les avanies que nous avons subies lorsque le résultat du référendum de 2005 nous a été volé. 

Les Djihadistes ont fait tomber Assad 

L’Occident dans le brouillard intellectuel a salué la chute du régime Assad, ajoutant le chaos au chaos qui règne en Syrie. Celui-ci se serait réfugié en Russie. Cette « victoire » est saluée comme celle des « rebelles » contre un dictateur. Le monde toujours à déconner titrait, La chute du bourreau de la Syrie, enfin[1]. Supposant d’une manière très hasardeuse que pour les Syriens la vie sera plus douce avec un gouvernement de type « talibans ». Emporté par un délire bouffon l’éditorialiste avançait bêtement que les réfugiés syriens allaient retourner chez eux, et qu’ils s’étaient libérés par eux-mêmes, sans l’aide de personne !  Et en général on salue le fait que les Russes n’ont pas pu cette fois défendre le régime. Ceci étant, la victoire appartient de fait à HTS, une sous-boutique d’Al-Qaida qui elle-même avait été financée par Washington. Ce n’est donc pas à proprement parler une libération pour les malheureux Syriens. Les Américains ont non seulement armé HTS, mais ils ont également bombardé les positions de l’armée régulière syrienne pour protéger la progression des hommes de HTS. C’est la même histoire qui se répète avec l’Afghanistan, pour chasser les Russes, on se sert des islamistes radicaux, puis ensuite on se plaint de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Dans la région la Syrie était le dernier État semi-laïque, et chaque fois, comme en Iran, comme en Irak, les Américains appuient la partie la plus sinistre. Mais les Etats-Unis n’ont pas agi seuls, ils se sont appuyés aussi sur les Turcs qui veulent récupérer une partie de la Syrie pour leur propre compte. Également les forces d’HTS étaient appuyées aussi sur des militaires ukrainiens. Le sinistre Zelensky a avancé que tous les dictateurs que soutenaient Poutine finissaient très mal. On va bien voir comment le petit dictateur de Kiev soutenu à bout de bras par Washington va finir. Les réjouissances des Syriens exilés en Europe. On se demande bien ce que nous hébergeons en Europe ! Mais cela ne compense pas les milliers de Syriens qui fuyaient leur pays craignant l’avancée de HTS. Il est assez curieux que HTS ait pu avancer facilement, certes avec la couverture de l’artillerie et de l’aviation américaine, mais tout de même. Certains veulent y voir une grande faiblesse de la Russie. Rien ne le dit clairement, plusieurs commentateurs ont avancé que les Russes avaient prévenu Bachar al-Assad des concentrations de troupes dans le nord de la Syrie, mais l’armée syrienne a, d’une manière incompréhensible retiré ses meilleures troupes pour les redéployer dans le Sud, là où il ne semblait guère y avoir de danger imminent. Si on part du principe qu’Erdogan a été un des moteurs de cette guerre éclair, on peut se demander qu’elles seront ses relations futures puisque la Turquie est officiellement candidate comme pays partenaire des BRICS. Ce renversement d’Assad n’arrange guère de monde. D’abord l’Iran qui a des intérêts importants en Syrie où il tient une partie du pays, est le grand perdant de cet épisode. Une hypothèse qui a été avancé est qu’au fond abandonné le soutien de Bachar al-Assad cela arrangerait les Russes qui ne peuvent pas se trouver sur tous les fronts, et ce d’autant qu’ils sont en train de négocier un port en Méditerranée, mais en Algérie cette fois. Quoi qu’il en soit, il semble que pour l’instant les djihadistes se sont refuser à remettre en question les positions des Russes en Syrie, ce qui nous rend l’affaire de plus en plus opaque. Notez que le chef d’HTS, Abou Mohammad al-Jolani, était un homme recherché par les Américains comme terroriste, ce qui est cocasse et qui dévoile le double langage permanent des Américains en politique étrangère. Sa tête était mise à prix pour 10 millions de dollars ! 

Manifestation des immigrés Syriens en Allemagne, le 8 décembre 2024 pour fêter la chute d’Assad 

Également il n’est pas certain que ce chaos arrange à moyen terme Israël. Netanyahu s’est vanté d’avoir hâté le renversement d’Assad grâce à ses bombardements sur le Liban. Si à court terme le changement de pouvoir – encore doit-il être confirmé dans sa stabilité – va engendrer une situation chaotique, à moyen terme Israël verra à ses frontières un ennemi bien plus déterminé qu’Assad.  Évidemment Israël a profité de cette confusion pour bombarder Damas et s’emparer du Mont Hermon. Il faut voir dans cette débandade une des conséquences directes de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël. Celle-ci en effet, comme je l’avais signalé il y a un peu plus d’un an, a permis aux Etats-Unis de revenir dans le jeu au Moyen-Orient. Pour les Américains c’est donc un succès, certes il se paye d’une forme d’allégeance aux anciens sicaires d’al-Qaida, djihadistes assez peu contrôlables qu’ils ont armés, pensant que cela sera une victoire au moins partielle contre l’Iran. Sans doute pensent-ils que le régime iranien va finir par tomber, et donc que la Syrie, l’Iran et bien entendu l’Irak, plongés dans le chaos, incapables de se relever, seront des proies faciles pour les pétroliers américains. Donald Trump a manifesté l’idée de ne pas se mêler à cette guerre : « La Syrie est un bordel, mais elle n'est pas notre amie, et les Etats-Unis ne devraient pas avoir affaire avec cela. Ce n'est pas notre combat. Laissons (la situation) se développer. Ne nous en mêlons pas ! », a écrit le futur président américain dans son style fleuri. Les conséquences de ce coup d’État sont à l’heure actuelle incalculables, y compris pour les analystes de la CIA qui y ont participé. On prête l’intention aux Américains d’installer un proto-État kurde dans le nord de la Syrie, mais les Turcs, allié peu fiable de l’OTAN et des Etats-Unis, seront-ils d’accord ? 

Les drapeaux de l’EI sont de retour à Damas 

Il est assez hallucinant de voir les idiots de gauche, en tête l’atlantiste Marine Tondelier, écologiste et soi-disant féministe, saluer la victoire des islamistes radicaux en Syrie sur un État qui quoi qu’on en dise était le moins répressif dans la région envers les femmes et les non-musulmans. Ce post est écrit comme elle pense, avec les pieds : « emprisonnés et torturés de manière systémique » n’a aucun sens en français, mais enfin ce sont les EELV ! Après, l'annonce de la chute du régime de Bachar al-Assad, Emmanuel Macron a salué la fin de « l'État de barbarie ». Le chancelier allemand Olaf Scholz a, pour sa part, qualifié de « bonne nouvelle » la fin de règne sans partage de la famille Assad. Ce qui semble signifier pour ces deux imbéciles que la charia c’est bien mieux que la dictature d'al-Assad. 

 Israël s'est entièrement emparé de la partie syrienne du mont Hermon

Cependant tous les coups d’État ne réussissent pas, car souvent ils sont mal préparés, montrant que les hommes politiques ne réfléchissent pas beaucoup avant d’agir. La tentative de coup d'état de 2024 en Corée du Sud survient le 3 décembre 2024, après l'allocution du président de la République Yoon Suk-Yeol déclarant l'imposition de la loi martiale tard dans la soirée. Il a avancé que c’était nécessaire pour s’en aller en guerre contre la Corée du Nord et le communisme qui menacerait le pays ! Cette vieille rhétorique semblait avoir été téléguidée par les Américains tellement elle est stupide. Personne n’y croit, et surtout pas les Coréens du Sud ! Ce Yoon Suk-Yeol est un peu du même genre que le président argentin, privé de vrais pouvoir, et n’ayant guère d’idées sur ce qu’il veut faire, il fait n’importe quoi. L’affaire a rapidement tournée à la farce, après le déploiement de l’armée dans les rues de Séoul – rappelant les heures sombres de l’histoire de la Corée du Sud – la foule est descendue dans les rues de la capitale et les parlementaires se sont rapidement réunis pour dénoncer cette fantaisie et y mettre un terme. Dans la foulée, les députés ont lancé une procédure de destitution du président désavoué, mais celle-ci n’a pas abouti du fait de la défection justement du parti du président. Celui-ci a cependant une interdiction de quitter le territoire, et fait l’objet d’une seconde procédure de destitution, suivant en cela l’enquête qui est en cours, mais il reste comme le veut la constitution de ce pays, le chef de l’armée ! Cet épisode proprement ubuesque devrait servir d’avertissement à l’idiot qui squatte l’Élysée depuis plus de 7 ans s’il lui venait l’idée dans son cerveau malade d’utiliser l’article 16 de la Constitution pour récupérer le pouvoir qu’il a perdu à cause de son impéritie.

Manifestation le 4 décembre 2024 contre Yoon Suk-Yeol


[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/12/08/la-chute-du-bourreau-de-la-syrie-enfin_6436869_3232.html

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