
J.D. Vance faisant la leçon
aux Européens qui l’écoutent sans broncher
La Conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Munich le 14
février a mis à mal le laisser-aller européen sur le plan politique. En effet,
les Etats-Unis avec l’élection de Donald Trump ont décidé de terminer la guerre
en Ukraine d’une manière ou d’une autre, reconnaissant que l’Occident l’avait
perdue. Les Européens, pas tous bien entendu, ont eu du mal à changer de ligne
politique. En 2022 – en réalité même un peu avant – ils avaient obéi
stupidement au maître américain, croyant celui-ci plus fort qu’il ne l’était.
Ils ont donc financé la guerre contre la Russie à la hauteur de 200 milliards
d’euros. Mais maintenant Trump ayant capitulé, ils ne savent plus quoi faire.
Tous les experts militaires un peu sérieux pensent que cette guerre a
bouleversé la hiérarchie des forces militaires dans le monde, il vient que la
Russie serait la première armée, la Chine la seconde et les Etats-Unis la
troisième. Et donc lorsqu’à cette conférence de Munich J. D. Vance énonce la
nouvelle doctrine étatsunienne, ils sont sidérés. Mais comme un canard sans
tête, l’Union européenne continue ses singeries. On a vu Ursula von der Leyen
annoncer stupidement que la Commission européenne allait mettre en place un
nouveau train de sanctions contre la Russie, le seizième et qu’il serait
effectif le 24 février 2025 pour le troisième anniversaire des opérations
russes en Ukraine. On ne serait être plus à contretemps.

Kajas Kallas, énonçant qu’elle allait faire payer la
Russie pour cette guerre le 27 janvier 2025
L’Europe institutionnelle est dans l’erreur, d’une part
parce que les sanctions n’ont jamais fonctionné, au contraire elles ont poussé
les Russes à devenir encore plus autonome de l’Occident. Mais d’autre part
parce que ces sanctions lui nuisent doublement, sur le plan de ses finances
publiques aussi bien que par la fermeture des marchés que ses sanctions entrainent
pour ses débouchés comme pour ses approvisionnements en matières premières. Les
dernières nouvelles de la guerre en Ukraine montrent d’une part que l’armée
ukrainienne est détruite, et donc qu’elle ne peut poursuivre cette guerre sans
but qu’en perdant encore plus de soldats et de territoires, et d’autre part que
les Etats-Unis se sont maintenant entendus avec la Russie. Autrement dit
l’Union européenne serait la seule entité à poursuivre le combat. Sur le plan
militaire elle n’en a pas les moyens. Sur le plan économique c’est la ruine
assurée. On ne voit pas comment les Européens pourront continuer à sanctionner
la Russie alors que les Etats-Unis s’apprêtent à les lever et à faire tout ce
qu’il faudra pour que la Russie réintègre le G8 et redevienne fréquentable. C’est l’isolement assuré. Et cela d’autant
plus que certains pays de l’Union européenne, par exemple la Hongrie, vont se
faire un malin plaisir de contrarier ce plan qui vise bêtement à poursuivre un
conflit militaire sans avenir, alors que les Etats-Unis et la Russie cherchent
activement à mettre fin au conflit.
L’autre leçon de la guerre en Ukraine est la supériorité
militaire évidente de la Russie. Selon les experts les plus sérieux, par
exemple, les Russes ont vingt ans d’avance sur les Etats-Unis dans le domaine
des missiles hypersoniques. Mais alors que les militaires français à la
retraite bavardaient sur les chaines d’information en continu de l’effondrement
prochain de l’armée russe qui était selon eux sous-équipée – que les soldats de
l’opération spéciale volaient les machines à laver des Ukrainiens pour récupérer
les puces électroniques – elle a fait la preuve de sa supériorité stratégique
et tactique notamment dans le siège de Marioupol. A l’inverse les stratèges de
l’OTAN qui dirigeaient la manœuvre de l’armée ukrainienne ont développé des
plans complètement absurdes qui ont hâté sa décomposition. Incapables de gagner
une guerre de haute intensité, il apparait que l’armée étatsunienne est
maintenant seulement la troisième armée du monde derrière la Russie et la
Chine. Les Occidentaux qui armaient depuis 2014 l’Ukraine en vue d’une guerre
avec la Russie, pensaient que la fourniture continue des armes et des munitions
à l’armée de Kiev, suffirait à faire plier la Russie. Ils ont investi environ
400 milliards de dollars dans cette fantaisie, deux fois plus que les Russes,
mais le résultat ne fut pas au rendez-vous sur le terrain. Une des raisons du
retournement de Trump par rapport à son prédécesseur est que la guerre a été
perdue sur le terrain. Pour ma part j’ai toujours pensé que même
l’administration démocrate aurait mis un terme à cette fantaisie. Mais pour
Trump c’est plus facile, il raconte alternativement que c’est la faute à Biden
ou celle de Zelensky, oubliant que durant son mandat il a travaillé à préparer
la guerre avec la Russie, suivant les conseils des néo-cons, notamment ceux du
couple Kagan-Nuland. Une autre des raisons qui font que la Russie a gagné la
guerre, c’est que le rôle de l’État s’est affirmé, contrairement aux pays
occidentaux où il est resté dans les mains des oligarques. En Russie la
production industrielle de la défense est sous le contrôle direct de l’État, de
même la conscription est large et c’est un atout important dans l’adhésion du
peuple aux objectifs de guerre.
La deuxième arme des Occidentaux était celle des sanctions,
avec le but d’effondrer l’économie russe, ainsi que fanfaronnait le médiocre Bruno
Le Maire. Cela n’a pas fonctionné, certes au printemps 2022 l’économie russe a
connu un trou d’air très passager, mais l’économie russe s’est reprise de
manière spectaculaire. Son taux de croissance est, sur les trois dernières
années, supérieur à celui des Etats-Unis, tandis que l’Union européenne est
proche de la récession. Autrement dit les sanctions économiques ont eu un
impact négatif d’abord sur l’Union européenne, mais très marginal sur
l’économie russe. Les raisons à l’échec des sanctions sont nombreuses, d’abord,
le fait que la Russie n’est pas un pays endetté et que son commerce extérieur
affiche chaque année un excédent. Ensuite, il y a que de nombreux pays dans le
monde, ce qu’on a appelé le Sud global, travaillent avec la Russie et ont
refusé d’appliquer les sanctions. Or parmi ces pays il y a des poids lourds
importants, comme la Chine, le Brésil ou encore l’Inde. L’échec des sanctions a
fait ressortir l’importance grandissante des BRICS sur le plan démographique
comme sur le plan économique. Les sanctions ont accéléré les réformes en Russie
qui est maintenant autonome en matière d’énergie, d’agriculture, de l’industrie
et bien sûr du point de vue de la défense. Un pays dans cette situation est
très difficile à battre. Les Européens en revanche, en se coupant du gaz russe,
ont entrainé l’industrie allemande vers la désindustrialisation, et donc vers
une dépendance accrue envers les Etats-Unis. Mais si les sanctions n’ont pas
fonctionné, c’est aussi parce que les pays émergents, dont les BRICS,
n’admettent plus les diktats étatsuniens, notamment en ce qui concerne les lois
d’extraterritorialité liées au dollar,
et donc ils n’avaient aucun intérêt de suivre les directives d’un pays très
endetté qui croit encore qu’il est le maitre du monde. Car un des aspects
singuliers de cette guerre est qu’elle s’inscrit dans le cours de l’effondrement
des Etats-Unis et plus généralement de l’Occident sur à peu près tous les
plans, notamment celui des institutions financières internationales, le FMI et
la Banque mondiale sont en perte de vitesse, et la Nouvelle banque de
développent qui est l’instrument bancaire des BRICS est le levier qui
permet aux Russes et aux Chinois de nouer des nouvelles alliances, notamment
avec les pays africains qui chassent les Occidentaux, dont la France bien
entendu, de leurs territoires. Il faut inscrire cette défaite de l’Occident
dans la logique d’émancipation du Sud global, c’est clairement la fin du monde
néolibéral qui a été mis en place dans les années quatre-vingts et qui n’a
amené que des crises économiques et des guerres, une instabilité récurrente.

L’initiative des trois mers
est un vieux projet polonais
Dans le plan ourdi par les Etats-Unis et l’OTAN, il y avait
plusieurs objectifs : d’abord couper l’Union européenne de la Russie.
C’est ce qu’on appelle depuis 2016 l’Initiative des trois mers, un vieux
projet polonais destiné à couper la Russie du reste de l’Europe en reliant la
mer baltique, à la Mer noire et à l’Adriatique. Cet axe est celui de la guerre
imaginé par Zbigniew Brzezenski et repris ensuite par son fils. En 2018 Trump
qui armait l’Ukraine participait d’ailleurs au forum de ces pays. Et à cette
époque il critiquait le projet de gazoduc entre la Russie et l’Allemagne, ce
gazoduc que le gang Biden finira par faire sauter. Dans ce dispositif agressif
de l’Occident, l’Ukraine avait une place importante. Le fait que Trump
s’impliquait personnellement dans l’opposition des Etats-Unis aux gazoducs Nord
Stream, montre pourquoi les Russes se méfient aujourd’hui de lui. Le
développement de ce plan durant la guerre en Ukraine, a permis aux Etats-Unis
d’atteindre un de leurs buts, arrimer l’Europe aux Etats-Unis, et accroitre la
dépendance de celle-ci au gaz et aux arme étatsuniennes. L’Allemagne et par
suite l’Europe est durablement affaiblie sur le plan industriel. C’est le seul
but de guerre que les Etats-Unis ont atteint au prix d’un pays détruit et de
plusieurs centaines de milliers de morts. Mais ce but est très fragile, car
demain, la paix revenue, les Européens peuvent reprendre leurs relations avec
la Russie et reconstruire les gazoducs. D’ailleurs le début des négociations de
Ryad a déjà entrainé des entreprises, dont Renault, à envisager de retourner
sur le marché russe. L’autre
but de la guerre en Ukraine pour les Etats-Unis était de pousser la Russie à
s’épuiser militairement, et ensuite parier sur un changement de régime qui
aurait – à travers une nouvelle révolution des couleurs – entrainé l’éclatement
de la Russie et la possibilité pour les Etats-Unis de mettre la main sur le
pétrole et sur le gaz. En janvier 2015 cet objectif était clairement annoncé
par George Friedman devant le Chicago Council on Global Affairs, y
compris celui de faire en sorte que ce soit la Russie qui commence les
hostilités pour être ensuite qualifiée d’agresseur.
Le cynique Friedman ajoutait d’ailleurs qu’il était exclu que les
Etats-Unis envoient leurs soldats, les Ukrainiens suffiraient car il pensait
que l’opinion publique étatsunienne s’élèverait contre cette possibilité.
Durant la guerre en Ukraine, on a vu souvent ce genre de déclaration signifiant
que tant que c’était des Ukrainiens qui se faisaient tuer pour les Etats-Unis,
le coût de la guerre était vu comme un très bon investissement.

En 2018, Trump soutenait
l’initiative des trois mers
Bien entendu le coût humain est très élevé. Selon les
chiffres de Mediazona – un organisme occidental dépendant de la BBC, par
ailleurs très russophobe – considère que le nombre de morts russes se situe entre
90 000 et 100 000 unités,
tandis que le Wall Street Journal avançait un chiffre global d’un
million de morts, ce qui
voudrait dire que les Ukrainiens auraient perdu 900 000 soldats. Cette
différence dans les pertes, de 1 à 9, provient très probablement du fait que
les Russes possédaient bien plus de canons d’artillerie et de munitions que les
Ukrainiens, car l’artillerie a été la clé de la victoire de l’armée russe. Mais
aussi du fait que les tactiques russes et ukrainiennes différaient, l’armée
russe visant l’attrition de l’armée ukrainienne en ménageant ses soldats,
tandis que cette dernière se lançait dans des assauts désordonnés, comme
l’entrée dans l’oblast de Koursk où elle avait envoyé ses meilleures troupes
qui se sont faites laminées et dont les débris sont maintenant – au moment où
j’écris – complètement encerclés. Ils n’ont plus le choix qu’entre la mort et
la reddition. Au nombre de ces morts, il faut ajouter les blessés, handicapés à
vie, amputés, aveugles et les traumatisés, ce qui double sans doute le nombre
des victimes. Les déserteurs et les immigrés comptent évidemment pour beaucoup
dans ce désastre. En décembre 2024 on parlait de 200 000 déserteurs de l’armée
ukrainienne. C’est au moins le quart de la population ukrainienne qui se trouve
maintenant à l’étranger. Mais ce nombre élevé de morts ukrainiens handicapera
pour longtemps le redressement démographique de ce malheureux pays, puisqu’en
effet ce sont les jeunes mâles qui ont massivement disparu. La plupart des
immigrés ne reviendront pas dans un pays dévasté à l’avenir précaire.

Il apparait que la guerre contre la Russie voulue par l’OTAN
et les Etats-Unis, a été très mal préparée, sans une réelle connaissance des
capacités économiques et militaires de la Russie. En fait elle n’a été menée correctement
que sur un plan communicationnel, les hommes politiques et les médias
occidentaux soutenant l’entreprise guerrière des Etats-Unis et de l’OTAN. Mais cela
ne change rien sur le terrain. L’OTAN, cette vieille bureaucratie qui, comme le
disait Macron en 2019 dans un moment rare de lucidité, alors qu’il prônait un
rapprochement avec la Russie, est « en mort cérébrale »,
a complètement raté ses exercices dans une situation réelle de guerre intense. C’est
un aspect qui est souvent passé sous silence. Jens Stoltenberg,
alors secrétaire de l’OTAN, pensait que la guerre contre la Russie, utilisant
la chair à canon ukrainienne, permettrait à cette boutique de se refaire une sorte
de virginité et de montrer son efficacité. Or l’OTAN qui dirigeait les manœuvres
militaires de l’armée ukrainienne, et qui a mis en place des moyens
électroniques importants pour guider les drones et les missiles destinés à
abimer la Russie, a démontré toute l’étendue de son impéritie. Tous les experts
militaires sérieux admettent que la stratégie otanienne n’était pas adaptée aux
faibles moyens militaires de l’Ukraine, c’est-à-dire que l’OTAN appuyait et coordonnait
des attaques de front contre les positions russes défendues par une artillerie
et des défenses puissantes. Pour le reste elle faisait des coups au-delà de la
frontière russe contre les civils de Belgorod ou contre des installations
pétrolières. Ce qui ne modifiait en rien les positions sur le front, tandis que
les Russes, économisant les hommes, travaillaient à grignoter le terrain pour
libérer le Donbass. L’OTAN porte une lourde responsabilité dans les centaines
de milliers de morts ukrainiens. Elle a démontré que si elle était la frontière
de l’Occident, elle était bien incapable de la défendre. On invoquera le fait
que l’Ukraine n’étant pas dans l’OTAN, celle-ci ne pouvait pas s’engager pleinement.
En vérité c’est une excuse pour masquer son incompétence. Elle était bien
présente sur le terrain en tant que stratège en chef, et fournisseur de
renseignements militaires. Mais même si l’Ukraine en avait fait partie, il est
assez peu probable qu’elle aurait trouvé les hommes et le matériel pour ce
faire. Il faut le dire, c’est un échec patent et personnel de Jens Stoltenberg.
Membre du Cercle Bilderberg, cette boutique où on passe son temps à comploter,
il passe pour avoir des ancêtres qui traficotaient avec les nazis et ce serait
là l’origine de sa haine de la Russie. Il a clairement encouragé à la guerre,
sans même tenir compte des rapports de force, supposant sans doute que le grand
frère étatsunien viendrait tôt ou tard porter main forte à cette entreprise de
mort. Il s’est trompé lourdement. En effet, en mars 2022, il aurait pu
encourager Zelensky à signer le traité d’Istamboul qui aurait permis à l’Ukraine
de conserver son intégrité territoriale et éviter des centaines de milliers de
morts au prix de quelques concessions.
Cette faillite de l’OTAN doit être reliée au fait que les Etats-Unis n’ont pas
participé aux manœuvres de l’OTAN de janvier 2025. En Janvier 2024, ce même
type de manœuvres, baptisées « Steadfast Defender 24 », avait réuni
90 000 hommes et 32 pays.
Cette année elle n’a réuni que 10 000 hommes. Pendant les trois dernières
années, les caciques de l’OTAN ont poussé à la roue pour intégrer directement l’Ukraine,
mais même l’administration va-t-en-guerre de Biden n’en a pas voulu. C’est donc
un nouvel échec, mais politique cette fois, de l’OTAN. Il est devenu évident
que la logique otanienne bride complètement les États membres sans l’élaboration
d’une politique défensive sérieuse, bureaucratie tentaculaire, elle ne lutte
pas pour la défense de l’Occident et la mise en place d’une stratégie militaire
originale, mais plutôt pour le maintien de son budget et de ses privilèges. Du reste,
on comprend qu’une institution qui maintient en son sein à la fois la Hongrie
et la Turquie, ne peut pas adapter sa doctrine facilement et donc qu’elle mettra
du temps à effectuer un virage imposé maintenant par la nouvelle administration
étatsunienne.

Les Ukrainiens ont été soumis
à un dur régime
L’Ukraine est devenu aujourd’hui un vaste cimetière, une
collection de ruines. Ce qui n’est pas très bon pour le moral et pour continuer
une guerre sans issue après le lâchage des Etat-Unis. Les Européens tentent de
prolonger le conflit armé, à contretemps de l’opinion et des réalités du
terrain, sans trop savoir pourquoi et dans quel but. On a vu l’inénarrable
Macron, sans doute sous l’emprise d’un produit stupéfiant, s’agiter pour nous
expliquer que la menace russe sur la France était bien réelle. Mais sa parole
est des plus dévalorisées. On ne voit pas comment les Français pourront adhérer
à de telles élucubrations. Plus le temps passe, et moins l’idée selon laquelle
les Russes s’apprêtent à avaler la Pologne puis l’Allemagne, puis la France,
est crédible. Il faut savoir terminer une guerre, et la capitulation de Trump
montre qu’il est temps d’arrêter les frais. Persister dans l’erreur en
continuant à soutenir les velléités guerrières de Zelensky – qui n’existe plus
que par la guerre – sera ruineux non seulement pour les malheureux ukrainiens,
mais aussi pour le reste de l’Europe.

En Ukraine les cimetières
sont pleins
Nous avons dressé là un bilan provisoire, et encore très
partiel, de cette guerre désastreuse voulue par les Etats-Unis. La guerre, si
d’ores et déjà est perdue, elle n’est pas encore tout à fait terminée, mais les
Etats-Unis après y avoir entrainé les Européens s’en sont retirés. On se
demande comment les soldats ukrainiens peuvent avoir le moral pour continuer à
se battre alors que les négociations sont clairement entamées. Les Européens
maintiennent en apparence une volonté guerrière, mais cela ne masque pas leur
désarroi, embourbé dans leurs contradictions et leurs divisions. Nous étions pourtant quelques-uns à penser
dès le début de l’opération spéciale de la Russie en Ukraine que les Etats-Unis
n’étaient pas un allié fiable et ne l’ont jamais été.
Et nous annoncions qu’ils lâcheraient les Ukrainiens et les Européens à la
moindre déconvenue, comme ils l’ont fait avec le Vietnam du Sud, comme ils
l’ont fait avec l’Afghanistan. Que feront les Européens ? Pour moi ils
n’ont pas le choix : leur intérêt économique et sécuritaire est de se
tourner vers la Russie et d’oublier Washington. C’est l’ultime leçon de cette
guerre. Le monde, va-t-en-guerre, dans son éditorial du 21 février
titrait : Les Etats-Unis de Donald Trump, une menace pour la démocratie
en Europe. Cet
éditorial, sans doute écrit par Sylvie Kauffmann, laisse à voir un changement
de ligne directrice : on n’en est plus à penser la victoire de l’Occident
sur la Russie, on cherche une issue à la défaite. Mais comme l’Europe n’a pas
d’unité par ailleurs et qu’elle est dépendante du reste du monde pour ses
matières premières, elle ne peut pas constituer un glacis et s’opposer en même
temps à la Russie, à la Chine et aux Etats-Unis. Tout compte fait, elle risque
moins pour elle-même avec la Russie. Il n’y a aucun risque d’inféodation. Bien sûr
avec la classe dirigeante qui sévit en Europe depuis de longues années, le
virage à prendre est large et difficile, il faudra un peu de temps. Comme
Washington renonce à une alliance de fait avec l’Europe, il est bon qu’à son
tour l’Europe renonce à sa soumission avec les Etats-Unis. Mais pour cela il
faut sans doute renouveler de fond en comble le personnel politique européen,
et peut-être dissoudre l’Europe. Il est assez évident que sans l’Union
européenne, il aurait été plus difficile pour les Etats-Unis de nous entrainer
dans un conflit ruineux et d’avaler la pilule de la destruction des deux
gazoducs que les Européens avaient financer.
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