jeudi 27 février 2025

La Conférence d'action politique conservatrice – CPAC – 2025

  

Vers la fin du mois de février, la CPAC accueillait dans le Maryland un rassemblement militant destiné à célébrer le retour au pouvoir de Donald Trump. Toute la crapule conservatrice et fascisante du monde se trouvait rassemblée ici. Passons sur les extravagances communicationnelles de ce genre de kermesse hideuse. On y vendait en effet des tee-shirts aux couleurs laides et violentes, des chapeaux en papier décorés du drapeau américain. L’ensemble baignait dans une vulgarité toute trumpiste. Le plus important est ce que cette conférence voulait dire. La droite extrême du monde entier était là pour saluer la nouvelle alliance à la dimension planétaire du grand capital et d’un populisme foireux. La première réflexion qui venait en regardant cette débauche son et lumière, c’est que cette convention marquait l’avènement d’une nouvelle forme de mondialisation. Contrairement à ce que croit certains imbéciles, Trump n’est pas souverainiste, c’est un mondialiste qui au lieu d’imposer la loi des États-Unis par le droit, vise à l’imposer par la force. Et donc il vient que tous les étrangers qui venaient se mêler à cette fantaisie, Javier Milei pour l’Argentine, Mateusz Morawiecki pour la Pologne, Giorgia Meloni qui hier encore était pour poursuivre la guerre en Ukraine, en passant par Jordan Bardella du Rassemblement National, étaient potentiellement des traitres à leur patrie, cette conférence se plaçant directement sous le slogan Mage America Great Again. Ils admettaient implicitement que la mondialisation n’avait pas disparue, qu’elle était toujours sous la conduite des Etats-Unis, mais que le patron avait changé, ainsi que l’emballage. La simple vision de Trump s’emballant lui-même dans le drapeau étoilé, suffit à la démontrer.   

L’idée générale est de trouver des alliés en Europe pour consolider cette nouvelle hiérarchie qui doit conduire à un pillage continu de l’Europe. Le spectacle était assuré par Musk et Milei qui se passait la tronçonneuse, cet engin qui est censé diminuer l’État pour libérer les milliardaires de cette charge. En vérité il ne s’agit pas d’une disparition de l’État, mais d’une appropriation de celui-ci par une poignée de milliardaires. Mais cette image violente était destinée à menacer tous ceux qui se mettront en travers de la route de ce nouveau pouvoir aux contours pourtant bien flous. Musk a dénoncé le fait que l’USAID et les agences étatsuniennes servaient aussi à financer des actions troubles de déstabilisation de la CIA – ce qui est vrai – pour en fermer quelques-unes, et pour lancer une vaste chasse aux sorcières dans l’administration. C’était la méthode de l’HUAC au temps de McCarthy. Cette pratique vise en réalité d’abord les pauvres, mais également à construire un État qui ne serait pas neutre, mais qui appliquerait uniquement les directives de Trump. C’est l’essence même du fascisme qui se retrouve dans cette idée de s’emparer de tous les rouages de l’État. Les citoyens ont commencé à manifester contre cette manière de s’approprier l’État et ils vont probablement continuer à la faire. Javier Milei qui est une sorte de clone de Musk, mais sans les milliards de dollars, a fait de même en Argentine, a vu sa cote de popularité plonger complètement, notamment parce que la misère augmente dans le pays avec les inégalités, mais aussi parce que l’insécurité est au plus haut. Fragilisé Milei est venu chercher du réconfort auprès de ses maitres.   

Manifestation contre les purges d’Elon Musk le 5 février 2025 

Parmi les pitreries enregistrées, on a vu Steve Banon, néofasciste assumé conclure son discours en faisant le salut hitlérien. Ce qu’avait fait Elon Musk lors de l’inauguration de Trump comme nouveau président. Le 20 janvier des « experts » s’étaient interrogés, est-ce que ce geste et nazi ou seulement fasciste et romain[1]. La répétition des mêmes provocations ne laisse pourtant aucun doute sur la signification de ce geste. Ce geste a eu des répercussions, Jordan Bardella qui devait prononcer son discours d’allégeance au trumpisme, s’est trouvé dans l’obligation d’y renoncer. Mais que faisait-il dans cette kermesse à la gloire de l’Amérique ? N’est-il pas censé défendre la souveraineté de la France ? Jordan Bardella après avoir rallié le camp européen sur la question de l’euro, et de la guerre en Ukraine, s’est encore un peu plus discrédité en allant aux Etats-Unis prêter allégeance à cette nouvelle internationale qui se met en place sous l’égide des Etats-Unis. Pour ajouter encore plus à la confusion, Steve Banon a demandé que Trump puisse se représenter à nouveau aux élections en 2028. Il aura alors passé le cap des 80 ans !

 

En haut Elon Musk le 20 janvier 2025, en bas Steve Banon le 20 février 2025

L’élection de Trump pour un nouveau mandat de 4 ans, n’amène pas un rassemblement du peuple étatsunien derrière lui. En un mois, il a perdu déjà à peu près 10 points de popularité. C’est ce que j’avais prévu, et je pense que cela ira de pire en pire. Malgré le ralliement de la ploutocratie à sa bannière, Trump et son gang sont à même de raviver une guerre civile latente. Les Etats-Unis sont profondément divisés sur à peu près tous les sujets, bien plus qu’ils ne l’étaient avant à travers les alternances entre Républicains et Démocrates. Dans le sondage ci-dessous, on voit que même sur le sujet de l’économie Trump est faiblement soutenu. Ne parlons même pas des relations des Etats-Unis avec l’étranger de ses positions sur Israël et l’Ukraine. La grande messe de la CPAC ne va rien changer, et il est probable que cela va aggraver les choses. 

 

Bien entendu dans ce désastre, il ne faut pas oublier le rôle des Démocrates et de l’administration Biden. S’ils ont perdu les élections, c’est bien parce que le petit peuple étatsunien d’est détaché d’eux pour marquer son mécontentement. Le rôle de repoussoir des wokes dans l’élection de Trump en 2024, montre à quel point il s’agit de deux faces de la même pièce. Une fois de plus on voit que dans cette fausse démocratie occidentale, l’alternance entre deux partis riches et puissamment organisés engendre l’immobilisme. Quand Trump fait semblant de changer de discours, tournant vers une forme larvée de fascisme, il reste dans l’idée que les Etats-Unis doivent dominer le monde et réorganiser les relations avec l’étranger pour leur profit. Avant Trump les Etats-Unis acheter les politiciens européens, avec Trump ce qui a changé c’est qu’il n’a plus besoin de les acheter, ils viennent à lui se soumettre tout seuls, sans qu’on ne leur demande ! Mais ce renouvellement est très fragile car il repose manifestement sur un rassemblement d’imbéciles et d’opportunistes sans colonne vertébrale. C’est la leçon de cette CPAC de 2025.

La CPAC est aussi une possibilité de commercer des paillettes


[1] https://www.humanite.fr/monde/donald-trump/nous-voulons-trump-en-2028-a-washington-steve-bannon-preche-pour-la-fin-de-la-democratie-en-faisant-un-salut-nazi

lundi 24 février 2025

Les leçons de la guerre en Ukraine

 

J.D. Vance faisant la leçon aux Européens qui l’écoutent sans broncher 

La Conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Munich le 14 février a mis à mal le laisser-aller européen sur le plan politique. En effet, les Etats-Unis avec l’élection de Donald Trump ont décidé de terminer la guerre en Ukraine d’une manière ou d’une autre, reconnaissant que l’Occident l’avait perdue. Les Européens, pas tous bien entendu, ont eu du mal à changer de ligne politique. En 2022 – en réalité même un peu avant – ils avaient obéi stupidement au maître américain, croyant celui-ci plus fort qu’il ne l’était. Ils ont donc financé la guerre contre la Russie à la hauteur de 200 milliards d’euros. Mais maintenant Trump ayant capitulé, ils ne savent plus quoi faire. Tous les experts militaires un peu sérieux pensent que cette guerre a bouleversé la hiérarchie des forces militaires dans le monde, il vient que la Russie serait la première armée, la Chine la seconde et les Etats-Unis la troisième. Et donc lorsqu’à cette conférence de Munich J. D. Vance énonce la nouvelle doctrine étatsunienne, ils sont sidérés. Mais comme un canard sans tête, l’Union européenne continue ses singeries. On a vu Ursula von der Leyen annoncer stupidement que la Commission européenne allait mettre en place un nouveau train de sanctions contre la Russie, le seizième et qu’il serait effectif le 24 février 2025 pour le troisième anniversaire des opérations russes en Ukraine. On ne serait être plus à contretemps. 

Kajas Kallas, énonçant qu’elle allait faire payer la Russie pour cette guerre le 27 janvier 2025 

L’Europe institutionnelle est dans l’erreur, d’une part parce que les sanctions n’ont jamais fonctionné, au contraire elles ont poussé les Russes à devenir encore plus autonome de l’Occident. Mais d’autre part parce que ces sanctions lui nuisent doublement, sur le plan de ses finances publiques aussi bien que par la fermeture des marchés que ses sanctions entrainent pour ses débouchés comme pour ses approvisionnements en matières premières. Les dernières nouvelles de la guerre en Ukraine montrent d’une part que l’armée ukrainienne est détruite, et donc qu’elle ne peut poursuivre cette guerre sans but qu’en perdant encore plus de soldats et de territoires, et d’autre part que les Etats-Unis se sont maintenant entendus avec la Russie. Autrement dit l’Union européenne serait la seule entité à poursuivre le combat. Sur le plan militaire elle n’en a pas les moyens. Sur le plan économique c’est la ruine assurée. On ne voit pas comment les Européens pourront continuer à sanctionner la Russie alors que les Etats-Unis s’apprêtent à les lever et à faire tout ce qu’il faudra pour que la Russie réintègre le G8 et redevienne fréquentable.  C’est l’isolement assuré. Et cela d’autant plus que certains pays de l’Union européenne, par exemple la Hongrie, vont se faire un malin plaisir de contrarier ce plan qui vise bêtement à poursuivre un conflit militaire sans avenir, alors que les Etats-Unis et la Russie cherchent activement à mettre fin au conflit. 

  

L’autre leçon de la guerre en Ukraine est la supériorité militaire évidente de la Russie. Selon les experts les plus sérieux, par exemple, les Russes ont vingt ans d’avance sur les Etats-Unis dans le domaine des missiles hypersoniques. Mais alors que les militaires français à la retraite bavardaient sur les chaines d’information en continu de l’effondrement prochain de l’armée russe qui était selon eux sous-équipée – que les soldats de l’opération spéciale volaient les machines à laver des Ukrainiens pour récupérer les puces électroniques – elle a fait la preuve de sa supériorité stratégique et tactique notamment dans le siège de Marioupol. A l’inverse les stratèges de l’OTAN qui dirigeaient la manœuvre de l’armée ukrainienne ont développé des plans complètement absurdes qui ont hâté sa décomposition. Incapables de gagner une guerre de haute intensité, il apparait que l’armée étatsunienne est maintenant seulement la troisième armée du monde derrière la Russie et la Chine. Les Occidentaux qui armaient depuis 2014 l’Ukraine en vue d’une guerre avec la Russie, pensaient que la fourniture continue des armes et des munitions à l’armée de Kiev, suffirait à faire plier la Russie. Ils ont investi environ 400 milliards de dollars dans cette fantaisie, deux fois plus que les Russes, mais le résultat ne fut pas au rendez-vous sur le terrain. Une des raisons du retournement de Trump par rapport à son prédécesseur est que la guerre a été perdue sur le terrain. Pour ma part j’ai toujours pensé que même l’administration démocrate aurait mis un terme à cette fantaisie. Mais pour Trump c’est plus facile, il raconte alternativement que c’est la faute à Biden ou celle de Zelensky, oubliant que durant son mandat il a travaillé à préparer la guerre avec la Russie, suivant les conseils des néo-cons, notamment ceux du couple Kagan-Nuland. Une autre des raisons qui font que la Russie a gagné la guerre, c’est que le rôle de l’État s’est affirmé, contrairement aux pays occidentaux où il est resté dans les mains des oligarques. En Russie la production industrielle de la défense est sous le contrôle direct de l’État, de même la conscription est large et c’est un atout important dans l’adhésion du peuple aux objectifs de guerre. 

 

La deuxième arme des Occidentaux était celle des sanctions, avec le but d’effondrer l’économie russe, ainsi que fanfaronnait le médiocre Bruno Le Maire. Cela n’a pas fonctionné, certes au printemps 2022 l’économie russe a connu un trou d’air très passager, mais l’économie russe s’est reprise de manière spectaculaire. Son taux de croissance est, sur les trois dernières années, supérieur à celui des Etats-Unis, tandis que l’Union européenne est proche de la récession. Autrement dit les sanctions économiques ont eu un impact négatif d’abord sur l’Union européenne, mais très marginal sur l’économie russe. Les raisons à l’échec des sanctions sont nombreuses, d’abord, le fait que la Russie n’est pas un pays endetté et que son commerce extérieur affiche chaque année un excédent. Ensuite, il y a que de nombreux pays dans le monde, ce qu’on a appelé le Sud global, travaillent avec la Russie et ont refusé d’appliquer les sanctions. Or parmi ces pays il y a des poids lourds importants, comme la Chine, le Brésil ou encore l’Inde. L’échec des sanctions a fait ressortir l’importance grandissante des BRICS sur le plan démographique comme sur le plan économique. Les sanctions ont accéléré les réformes en Russie qui est maintenant autonome en matière d’énergie, d’agriculture, de l’industrie et bien sûr du point de vue de la défense. Un pays dans cette situation est très difficile à battre. Les Européens en revanche, en se coupant du gaz russe, ont entrainé l’industrie allemande vers la désindustrialisation, et donc vers une dépendance accrue envers les Etats-Unis. Mais si les sanctions n’ont pas fonctionné, c’est aussi parce que les pays émergents, dont les BRICS, n’admettent plus les diktats étatsuniens, notamment en ce qui concerne les lois d’extraterritorialité liées au dollar[1], et donc ils n’avaient aucun intérêt de suivre les directives d’un pays très endetté qui croit encore qu’il est le maitre du monde. Car un des aspects singuliers de cette guerre est qu’elle s’inscrit dans le cours de l’effondrement des Etats-Unis et plus généralement de l’Occident sur à peu près tous les plans, notamment celui des institutions financières internationales, le FMI et la Banque mondiale sont en perte de vitesse, et la Nouvelle banque de développent qui est l’instrument bancaire des BRICS est le levier qui permet aux Russes et aux Chinois de nouer des nouvelles alliances, notamment avec les pays africains qui chassent les Occidentaux, dont la France bien entendu, de leurs territoires. Il faut inscrire cette défaite de l’Occident dans la logique d’émancipation du Sud global, c’est clairement la fin du monde néolibéral qui a été mis en place dans les années quatre-vingts et qui n’a amené que des crises économiques et des guerres, une instabilité récurrente. 

L’initiative des trois mers est un vieux projet polonais 

Dans le plan ourdi par les Etats-Unis et l’OTAN, il y avait plusieurs objectifs : d’abord couper l’Union européenne de la Russie. C’est ce qu’on appelle depuis 2016 l’Initiative des trois mers, un vieux projet polonais destiné à couper la Russie du reste de l’Europe en reliant la mer baltique, à la Mer noire et à l’Adriatique. Cet axe est celui de la guerre imaginé par Zbigniew Brzezenski et repris ensuite par son fils. En 2018 Trump qui armait l’Ukraine participait d’ailleurs au forum de ces pays. Et à cette époque il critiquait le projet de gazoduc entre la Russie et l’Allemagne, ce gazoduc que le gang Biden finira par faire sauter. Dans ce dispositif agressif de l’Occident, l’Ukraine avait une place importante. Le fait que Trump s’impliquait personnellement dans l’opposition des Etats-Unis aux gazoducs Nord Stream, montre pourquoi les Russes se méfient aujourd’hui de lui. Le développement de ce plan durant la guerre en Ukraine, a permis aux Etats-Unis d’atteindre un de leurs buts, arrimer l’Europe aux Etats-Unis, et accroitre la dépendance de celle-ci au gaz et aux arme étatsuniennes. L’Allemagne et par suite l’Europe est durablement affaiblie sur le plan industriel. C’est le seul but de guerre que les Etats-Unis ont atteint au prix d’un pays détruit et de plusieurs centaines de milliers de morts. Mais ce but est très fragile, car demain, la paix revenue, les Européens peuvent reprendre leurs relations avec la Russie et reconstruire les gazoducs. D’ailleurs le début des négociations de Ryad a déjà entrainé des entreprises, dont Renault, à envisager de retourner sur le marché russe[2]. L’autre but de la guerre en Ukraine pour les Etats-Unis était de pousser la Russie à s’épuiser militairement, et ensuite parier sur un changement de régime qui aurait – à travers une nouvelle révolution des couleurs – entrainé l’éclatement de la Russie et la possibilité pour les Etats-Unis de mettre la main sur le pétrole et sur le gaz. En janvier 2015 cet objectif était clairement annoncé par George Friedman devant le Chicago Council on Global Affairs, y compris celui de faire en sorte que ce soit la Russie qui commence les hostilités pour être ensuite qualifiée d’agresseur[3]. Le cynique Friedman ajoutait d’ailleurs qu’il était exclu que les Etats-Unis envoient leurs soldats, les Ukrainiens suffiraient car il pensait que l’opinion publique étatsunienne s’élèverait contre cette possibilité. Durant la guerre en Ukraine, on a vu souvent ce genre de déclaration signifiant que tant que c’était des Ukrainiens qui se faisaient tuer pour les Etats-Unis, le coût de la guerre était vu comme un très bon investissement. 

En 2018, Trump soutenait l’initiative des trois mers 

Bien entendu le coût humain est très élevé. Selon les chiffres de Mediazona – un organisme occidental dépendant de la BBC, par ailleurs très russophobe – considère que le nombre de morts russes se situe entre 90 000 et 100 000 unités[4], tandis que le Wall Street Journal avançait un chiffre global d’un million de morts[5], ce qui voudrait dire que les Ukrainiens auraient perdu 900 000 soldats. Cette différence dans les pertes, de 1 à 9, provient très probablement du fait que les Russes possédaient bien plus de canons d’artillerie et de munitions que les Ukrainiens, car l’artillerie a été la clé de la victoire de l’armée russe. Mais aussi du fait que les tactiques russes et ukrainiennes différaient, l’armée russe visant l’attrition de l’armée ukrainienne en ménageant ses soldats, tandis que cette dernière se lançait dans des assauts désordonnés, comme l’entrée dans l’oblast de Koursk où elle avait envoyé ses meilleures troupes qui se sont faites laminées et dont les débris sont maintenant – au moment où j’écris – complètement encerclés. Ils n’ont plus le choix qu’entre la mort et la reddition. Au nombre de ces morts, il faut ajouter les blessés, handicapés à vie, amputés, aveugles et les traumatisés, ce qui double sans doute le nombre des victimes. Les déserteurs et les immigrés comptent évidemment pour beaucoup dans ce désastre. En décembre 2024 on parlait de 200 000 déserteurs de l’armée ukrainienne. C’est au moins le quart de la population ukrainienne qui se trouve maintenant à l’étranger. Mais ce nombre élevé de morts ukrainiens handicapera pour longtemps le redressement démographique de ce malheureux pays, puisqu’en effet ce sont les jeunes mâles qui ont massivement disparu. La plupart des immigrés ne reviendront pas dans un pays dévasté à l’avenir précaire. 

Il apparait que la guerre contre la Russie voulue par l’OTAN et les Etats-Unis, a été très mal préparée, sans une réelle connaissance des capacités économiques et militaires de la Russie. En fait elle n’a été menée correctement que sur un plan communicationnel, les hommes politiques et les médias occidentaux soutenant l’entreprise guerrière des Etats-Unis et de l’OTAN. Mais cela ne change rien sur le terrain. L’OTAN, cette vieille bureaucratie qui, comme le disait Macron en 2019 dans un moment rare de lucidité, alors qu’il prônait un rapprochement avec la Russie, est « en mort cérébrale »[6], a complètement raté ses exercices dans une situation réelle de guerre intense. C’est un aspect qui est souvent passé sous silence. Jens Stoltenberg[7], alors secrétaire de l’OTAN, pensait que la guerre contre la Russie, utilisant la chair à canon ukrainienne, permettrait à cette boutique de se refaire une sorte de virginité et de montrer son efficacité. Or l’OTAN qui dirigeait les manœuvres militaires de l’armée ukrainienne, et qui a mis en place des moyens électroniques importants pour guider les drones et les missiles destinés à abimer la Russie, a démontré toute l’étendue de son impéritie. Tous les experts militaires sérieux admettent que la stratégie otanienne n’était pas adaptée aux faibles moyens militaires de l’Ukraine, c’est-à-dire que l’OTAN appuyait et coordonnait des attaques de front contre les positions russes défendues par une artillerie et des défenses puissantes. Pour le reste elle faisait des coups au-delà de la frontière russe contre les civils de Belgorod ou contre des installations pétrolières. Ce qui ne modifiait en rien les positions sur le front, tandis que les Russes, économisant les hommes, travaillaient à grignoter le terrain pour libérer le Donbass. L’OTAN porte une lourde responsabilité dans les centaines de milliers de morts ukrainiens. Elle a démontré que si elle était la frontière de l’Occident, elle était bien incapable de la défendre. On invoquera le fait que l’Ukraine n’étant pas dans l’OTAN, celle-ci ne pouvait pas s’engager pleinement. En vérité c’est une excuse pour masquer son incompétence. Elle était bien présente sur le terrain en tant que stratège en chef, et fournisseur de renseignements militaires. Mais même si l’Ukraine en avait fait partie, il est assez peu probable qu’elle aurait trouvé les hommes et le matériel pour ce faire. Il faut le dire, c’est un échec patent et personnel de Jens Stoltenberg. Membre du Cercle Bilderberg, cette boutique où on passe son temps à comploter, il passe pour avoir des ancêtres qui traficotaient avec les nazis et ce serait là l’origine de sa haine de la Russie. Il a clairement encouragé à la guerre, sans même tenir compte des rapports de force, supposant sans doute que le grand frère étatsunien viendrait tôt ou tard porter main forte à cette entreprise de mort. Il s’est trompé lourdement. En effet, en mars 2022, il aurait pu encourager Zelensky à signer le traité d’Istamboul qui aurait permis à l’Ukraine de conserver son intégrité territoriale et éviter des centaines de milliers de morts au prix de quelques concessions[8]. Cette faillite de l’OTAN doit être reliée au fait que les Etats-Unis n’ont pas participé aux manœuvres de l’OTAN de janvier 2025. En Janvier 2024, ce même type de manœuvres, baptisées « Steadfast Defender 24 », avait réuni 90 000 hommes et 32 pays[9]. Cette année elle n’a réuni que 10 000 hommes. Pendant les trois dernières années, les caciques de l’OTAN ont poussé à la roue pour intégrer directement l’Ukraine, mais même l’administration va-t-en-guerre de Biden n’en a pas voulu. C’est donc un nouvel échec, mais politique cette fois, de l’OTAN. Il est devenu évident que la logique otanienne bride complètement les États membres sans l’élaboration d’une politique défensive sérieuse, bureaucratie tentaculaire, elle ne lutte pas pour la défense de l’Occident et la mise en place d’une stratégie militaire originale, mais plutôt pour le maintien de son budget et de ses privilèges. Du reste, on comprend qu’une institution qui maintient en son sein à la fois la Hongrie et la Turquie, ne peut pas adapter sa doctrine facilement et donc qu’elle mettra du temps à effectuer un virage imposé maintenant par la nouvelle administration étatsunienne. 

Les Ukrainiens ont été soumis à un dur régime 

L’Ukraine est devenu aujourd’hui un vaste cimetière, une collection de ruines. Ce qui n’est pas très bon pour le moral et pour continuer une guerre sans issue après le lâchage des Etat-Unis. Les Européens tentent de prolonger le conflit armé, à contretemps de l’opinion et des réalités du terrain, sans trop savoir pourquoi et dans quel but. On a vu l’inénarrable Macron, sans doute sous l’emprise d’un produit stupéfiant, s’agiter pour nous expliquer que la menace russe sur la France était bien réelle. Mais sa parole est des plus dévalorisées. On ne voit pas comment les Français pourront adhérer à de telles élucubrations. Plus le temps passe, et moins l’idée selon laquelle les Russes s’apprêtent à avaler la Pologne puis l’Allemagne, puis la France, est crédible. Il faut savoir terminer une guerre, et la capitulation de Trump montre qu’il est temps d’arrêter les frais. Persister dans l’erreur en continuant à soutenir les velléités guerrières de Zelensky – qui n’existe plus que par la guerre – sera ruineux non seulement pour les malheureux ukrainiens, mais aussi pour le reste de l’Europe. 

En Ukraine les cimetières sont pleins 

Nous avons dressé là un bilan provisoire, et encore très partiel, de cette guerre désastreuse voulue par les Etats-Unis. La guerre, si d’ores et déjà est perdue, elle n’est pas encore tout à fait terminée, mais les Etats-Unis après y avoir entrainé les Européens s’en sont retirés. On se demande comment les soldats ukrainiens peuvent avoir le moral pour continuer à se battre alors que les négociations sont clairement entamées. Les Européens maintiennent en apparence une volonté guerrière, mais cela ne masque pas leur désarroi, embourbé dans leurs contradictions et leurs divisions.  Nous étions pourtant quelques-uns à penser dès le début de l’opération spéciale de la Russie en Ukraine que les Etats-Unis n’étaient pas un allié fiable et ne l’ont jamais été[10]. Et nous annoncions qu’ils lâcheraient les Ukrainiens et les Européens à la moindre déconvenue, comme ils l’ont fait avec le Vietnam du Sud, comme ils l’ont fait avec l’Afghanistan. Que feront les Européens ? Pour moi ils n’ont pas le choix : leur intérêt économique et sécuritaire est de se tourner vers la Russie et d’oublier Washington. C’est l’ultime leçon de cette guerre. Le monde, ­va-t-en-guerre, dans son éditorial du 21 février titrait : Les Etats-Unis de Donald Trump, une menace pour la démocratie en Europe[11]. Cet éditorial, sans doute écrit par Sylvie Kauffmann, laisse à voir un changement de ligne directrice : on n’en est plus à penser la victoire de l’Occident sur la Russie, on cherche une issue à la défaite. Mais comme l’Europe n’a pas d’unité par ailleurs et qu’elle est dépendante du reste du monde pour ses matières premières, elle ne peut pas constituer un glacis et s’opposer en même temps à la Russie, à la Chine et aux Etats-Unis. Tout compte fait, elle risque moins pour elle-même avec la Russie. Il n’y a aucun risque d’inféodation. Bien sûr avec la classe dirigeante qui sévit en Europe depuis de longues années, le virage à prendre est large et difficile, il faudra un peu de temps. Comme Washington renonce à une alliance de fait avec l’Europe, il est bon qu’à son tour l’Europe renonce à sa soumission avec les Etats-Unis. Mais pour cela il faut sans doute renouveler de fond en comble le personnel politique européen, et peut-être dissoudre l’Europe. Il est assez évident que sans l’Union européenne, il aurait été plus difficile pour les Etats-Unis de nous entrainer dans un conflit ruineux et d’avaler la pilule de la destruction des deux gazoducs que les Européens avaient financer.


[1] Jacques Sapir, La fin de l’ordre occidental ?, Libres 2025.

[2] https://francais.rt.com/russie/117114-retour-entreprises-etrangeres-russie-possible-mais-sous-nouvelles-conditions-selon-vice-premier-min

[3] https://www.youtube.com/watch?v=QeLu_yyz3tc 

[4] https://en.zona.media/article/2022/05/20/casualties_eng-trl

[5] https://www.wsj.com/world/one-million-are-now-dead-or-injured-in-the-russia-ukraine-war-b09d04e5

[6] https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/28/mort-cerebrale-de-l-otan-macron-assume-stoltenberg-recherche-l-unite_6020929_3210.html

[7] Il est resté dix ans à la tête de cette entreprise, remplacé par Mark Rutte qui était l’ancien premier ministre néerlandais pendant treize ans. En février 2025 Stoltenberg est devenu ministre de l’économie de la Norvège. Tout cela vaut bien un fromage ! Il pourra ainsi cumuler ses différentes retraites avec son nouveau salaire.

[8] https://www.ladepeche.fr/2024/05/15/guerre-en-ukraine-quel-est-ce-document-secret-qui-aurait-pu-mettre-fin-au-conflit-des-2022-11950013.php

[9] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/10/l-otan-renoue-avec-les-exercices-militaires-d-ampleur_6221136_3210.html

[10] Eric Branca, L’ami américain, Perrin, 2017.

[11] https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/21/les-etats-unis-de-trump-menace-pour-la-democratie-en-europe_6557361_3232.html

mercredi 19 février 2025

Le Louvre et le commerce de l’art et de ses dérivés

Macron faisant semblant de s’intéresser au monde de l’art 

Macron qui s’ennuie dans sa semi-retraite, posait, avec sa perruque, il y a quelques jours au Louvre. Le voilà donc devant la Joconde, œuvre phare et sans doute la plus visitée du musée, en train de nous faire un discours sur l’état déplorable de ce musée. Donc le voilà qu’il nous présente un plan de rénovation estimé sur dix ans à 800 millions d’euros. Évidemment s’il nous dit aujourd’hui 800 millions, il est probable que ça coutera plutôt dans les 2 ou 3 milliards avec les dépassements prévisibles pour ce genre de fantaisie. Mais laissons là au moins pour l’instant ce genre de discussion. Donc Macron veut rénover le Louvre, refaire les entrées, détruire la Pyramide stupide et laide que Mitterrand avait décidé d’imposer à ce musée. Parmi les autres élucubrations, il devrait y avoir une salle à part avec une billetterie spécifique pour la Joconde, œuvre phare du musée qui attire principalement les visiteurs qui ne savent pas très bien quel est le contenu des collections du Louvre. Selon l’historien français Patrice de Moncan, « le Louvre, sans son contenu, vaut la somme astronomique de 10,5 milliards de dollars » et ses œuvres d’art et objets « ont une valeur minimale probable de 35 milliards de dollars ». Il y a les œuvres visibles et les œuvres invisibles cachées dans les sous-sols et que de temps à autre on exhibe pour rénover l’image du musée. Le Louvre dans son ensemble est donc une partie du patrimoine français. Et c’est d’ailleurs ce patrimoine qui attire les touristes étrangers. Le Louvre est le musée le plus visité du monde, loin devant le musée du Vatican. 

Seulement voilà, l’entretien de ce patrimoine coute très cher. Son budget est évalué à plus de 300 millions d’euros par an, et son personnel est de 2200 salariés dont 1800 dédiés à la sécurité. Et les recettes du Louvre sont insuffisantes, elles couvriraient seulement 60% des dépenses, soit environ 200 millions, sauf quand en 2020 et 2021, pour cause d’épidémie de COVID la fréquentation s’est effondrée. Un peu plus de deux tiers des visiteurs sont des étrangers, et ces étrangers sont principalement des Allemands. Le nombre de visiteurs est nettement remonté, atteignant 8,9 millions en 2023 et 8,7 millions en 2024. Mais qu’est-ce que représente le Louvre précisément ? Il fut un temps, je suis assez vieux pour m’en souvenir, où ce musée pouvait se visiter tranquillement, essentiellement les visiteurs étaient des amateurs d’art ou parfois des scolaires qu’on amenait pour les éduquer à l’histoire de l’art. On y était tranquille, comme d’ailleurs dans la plupart des musées, un peu comme à l’église si vous voulez.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui. C’est la conséquence de la révolution des loisirs qui a vraiment commencé à la fin des années soixante. On ne peut donc pas comprendre le musée du Louvre ou autre, sans le relier à l’activité touristique débridée qui s’est malheureusement emparée de la France. D’ailleurs dans son discours simplet, Macron a rappelé que le but pour amortir tous ces investissements, c’était de viser rapidement les 12 millions de visiteurs par an. Autrement dit, les célèbres collections du musée du Louvre sont visitées en moyenne par 30 000 personnes tous les jours ! Si on le comprend aller au Louvre ne peut pas être une nécessité sur le plan esthétique, mais un lieu à visiter où on prend des photos avec la Joconde, il faut le comprendre comme une marchandise, ou mieux encore un produit d’appel pour ce qui est important : le tourisme qui apporte des devises, la France étant malheureusement le premier pays à accueillir des touristes, plus de 100 millions en 2024, et Paris 37 millions pour cette même année, une année exceptionnelle puisqu’il y avait comme autre malheur les Jeux Olympiques.  

La Joconde fait toujours recette 

Le tourisme en France c’est un chiffre d’affaires de 71 milliards d’euros, soit 2,5% du PIB. C’est une des rares industries qui a une balance positive en France, pour environ 15 milliards d’euros. Ce qui n’est pas négligeable dans la mesure où le commerce international accuse un déficit de plus en plus abyssal. On comprend donc que le patrimoine de la France, ses monuments et ses musées n’ont pas une valeur seulement historique et esthétique, mais ce sont des arguments pour décider le touriste étranger à venir dépenser de son argent chez nous, malgré les grands désagréments que cette fantaisie entraine, sans même parler de la pollution. Il faut donc aménager le paysage et donc les musées, et donc le Louvre, afin que le touriste ne se sente pas dépaysé par rapport à son environnement d’origine ! Autrement dit il faut dénaturer la France et ses musées afin de la rendre attractive. Du reste les collections du Louvre sont présentées de façon à ce que le touriste hâtif par définition retrouve les sensations qu’il a ressenties sur Internet lorsqu’il a programmé son voyage. Les travaux devraient durer dix ans, étalés dans le temps afin qu’ils ne nuisent pas trop aux hordes de touristes qui feront la visite de Paris. Il y a bien longtemps que je ne visite plus ces musées surchargés de ces personnes en sueur qui prennent des selfies à la chaine. Et je me demande si à la longue ces fantaisies ne nuiront à l’efficacité de la présentation des musées comme des produits d’appel. Bien entendu le Louvre est un musée haut de gamme par ses collections, mais vous remarquerez que n’importe quelle ville en France maintenant possède son musée, ici c’est le musée de la lavande, comme Auschwitz est devenu le musée de l’horreur, on met en valeur les ressources qu’on a sous la main. L’important est de retenir le client le plus longtemps possible, comme sur Facebook, il faut l’occuper pour le garder captif. 

Une foule oisive trainant sa mélancolie devant la pyramide 

Que dire encore de ces foules hideuses et mal fagotées, en train de se trainer, usées et transpirantes pour faire semblant d’admirer quelque chose qu’elles ne comprennent pas ? Elles sont clairement la preuve de cette marchandisation accélérée des œuvres d’art et de la culture en général. On peut bien vendre des mugs, des tee-shirts, des bougies ou des casquettes, ce n’est plus de la valorisation de l’art dont il est question, mais d’une consommation vulgaire d’images détournées de la culture occidentale. C’est sans doute plus de cette débauche mercantile éhontée dont souffrent les musées aujourd’hui que d’un manque de financements. Cette dévalorisation systématique de l’œuvre d’art participe finalement de cette propagande pour la laideur. Dans son discours sur le plan de rénovation du Louvre, outre les détails que Macron a donné sur les différentes modalités de paiement des droits d’entrées, si vous êtes jeune ou vieux, si vous êtes français ou étranger, ou si vous avez une carte d’handicapé, il a avancé bien imprudemment que le Louvre en s’agrandissant devrait accueillir aussi des œuvres modernes, ce qui confirme dans l’esprit de ce petit banquier que son but est bien de faire l’éloge de la laideur et la propagande pour la marchandise. De quelque manière qu’on le prenne, c’est bien une nouvelle manière de rabaisser le génie artistique patiemment rassemblé au fil des siècles. 

Laurence de Car explique combien son projet de rénovation du Louvre est important 

Laurence de Cars, la présidente du Musée du Louvre, dans un discours du 28 janvier dernier, a précisé les options choisies, et a ainsi confirmé une marchandisation à outrance des œuvres du Louvre avec comme produit d’appel la Joconde à laquelle sera dédiée une salle de 2000 mètres carrés ! 75% des visiteurs viennent au Louvre pour la Joconde ! C’est donc une option de rentabilisation à outrance qui sera mise en œuvre. Le prix du billet d’entrée pour cette salle sera spécifique, distinct des autres possibilités de visite, avec un billet de 30 € pour les étrangers. Cette discrimination équivaudra certainement, toujours par souci de rentabilité, à privilégier la clientèle étrangère à celle des autochtones ! Elle n’a pas rassuré beaucoup de monde en racontant que le Louvre allait continuer à exhiber ses collections. Dans la foulée elle a annoncé que le Musée renoncerait à empêcher les selfies, car le but du visiteur n’est pas de voir la Joconde, mais plutôt d’être aux côtés de cette œuvre comme s’il en était un petit peu l’auteur. 

La Victoire de Samothrace est un autre lieu de rassemblement d’une foule désœuvrée 

Vous me direz que cette réhabilitation, c’est la même chose qu’on a faite pour Notre-Dame de Paris. L’ensemble des réaménagements et de la réfection coutera 800 millions d’euros, principalement des fonds récoltés auprès de donateurs privés du monde entier, et il se dessine qu’il faudra y faire la queue et payer très cher pour la visite, assumant de se retrouver immergé dans une foule bruyante et en sueur! Est-ce un monument historique, une œuvre d’art, un lieu de culte ? On ne sait pas trop, mais il est certain que c’est maintenant une marchandise faite pour appâter les touristes et les inciter à dépenser, la preuve est faite ! Le Musée du Louvre doit être géré comme une entreprise à l’égal d’un restaurant fast food avec des services qui se succèdent sans interruption.

vendredi 14 février 2025

Début de négociations sur la question ukrainienne

 
 

La paix tout le monde est pour, et bien entendu, je souhaite que cette guerre qui a fait sans doute un million de morts en Ukraine s’arrête le plus rapidement possible, mais il, fait considérer les conditions de la paix et qui sera le dindon de la farce. Le 12 février, Trump a annoncé qu’il a discuté une heure et demi avec Poutine, puis quelques minutes avec Zelensky. Il a annoncé que les deux présidents de la Russie et des Etats-Unis allaient entamer des négociations de paix. Le discours de Trump était très élogieux, disant qu’il estimait beaucoup Poutine et qu’il allait renforcer ses liens avec la Russie, qu’il irait en visite en Russie et que Poutine viendrait aux Etats-Unis pour une visite amicale. Il a même ajouté que l’exclusion de la Russie du G7 avait été une grave erreur. Ce discours a bien entendu fait bondir tous les va-t-en-guerre européistes et l’OTAN. Trump a laissé entendre que c’est lui et Poutine qui dicteraient les conditions de la paix. L’idée générale c’est que c’est l’administration Biden qui a déclenché et nourri la guerre, donc que par définition c’était mauvais pour Etats-Unis. Cette manière peu élégante de gérer la défaite des Etats-Unis sur le terrain, laisse oublier que Trump lors de son premier mandat a armé l’armée ukrainienne en vue de la guerre contre la Russie. C’est évidemment l’habitude générale des Etats-Unis depuis 150 ans de laisser tomber leurs alliés quand ça tourne mal et de s’attribuer le rôle du sauveur si ça tourne à leur avantage. Quoi qu'il en soit, une première rencontre physique entre Donald Trump et Vladimir Poutine pourrait avoir lieu en Arabie Saoudite, assez rapidement.  

Zelensky fait semblant de croire qu’il a encore un rôle à jouer. Il multiplie les déclarations pour tenter de mettre Trump dans sa poche, mais ça ne semble pas fonctionner, Trump ne lui ayant consacré que très peu de temps. Il semble se dessiner plusieurs choses dans le plan de Trump. D’abord, il est exclu que les Ukrainiens regagnent le terrain perdu depuis 2014 et l’annexion de la Crimée. Et on ne le dit pas encore, mais on voit mal les Russes rendre le Donbass. Ensuite Trump ne veut pas de l’Ukraine dans l’OTAN. Sur ces deux points il est en accord avec les Russes. Les Européens sont exclus des négociations, Zelensky aura sans doute un strapontin pour écouter. En réalité ce qui se passe c’est une capitulation des Etats-Unis et la reconnaissance de la défaite de l’Ukraine dans cette aventure. Cependant Trump a bien d’autres exigences envers les Européens qui ne l’aiment pas. D’abord il demande aux Européens de payer pour la reconstruction de l’Ukraine, reconstruction qui s’élèverait, selon les calculs de la Banque mondiale à 411 milliards de dollars, étalés sur 10 ans. Ensuite il veut que les Européens financent l’OTAN à hauteur de 5% de leur PIB, pour quoi faire ? Mystère.   

Arrêtons-nous d’abord sur les exigences de Trump vis-à-vis des Européens. Contrairement à ce que les apparences laissent croire, il y a une continuité entre l’administration de Biden et celle de Trump. Regardons les choses de près, Biden a commencé la guerre, Trump la finit. Les Européens ont globalement investi 200 milliards d’euros dans la guerre contre la Russie, à peu près autant que les Etats-Unis. A ces financements, il faut ajouter le coût pour la croissance et l’industrie, sans parler du sabotage des Gazoduc Nord Stream qu’il faudra un jour réparer. On sait qu’un des buts de guerre des Etats-Unis étaient d’affaiblir l’Europe et de la détacher de la Russie. C’est fait, du moins provisoirement. Mais Trump veut l’Europe complètement à genoux, non seulement en payant la reconstruction de l’Ukraine, mais aussi en finançant l’OTAN. Et en plus il exige que les Européens achètent son gaz de schiste qui est 40% – au moins – plus cher que le gaz russe. En dehors des Ukrainiens qui ont fourni la chair à canon, ce sont donc les Européens qui payent le plus lourd tribut, alors que leur économie est chancelante. À croire que c’était le but principal des Etats-Unis quand ils ont déclenché ce conflit, que de ruiner principalement les pays européens. 

 En deux ans de guerre en Ukraine, les aides à Kiev avoisinent les 200 milliards d'euros 

Des ministres idiots, on n’a pas attendu Bayrou pour en avoir au gouvernement. Voici Jean-Noël Barrot, nommé par inadvertance au poste de ministre des affaires étrangères. C’est un macronien, et donc comme Macron, il est nul en tout et bon à rien, il multiplie les déclarations intempestives sur tous les sujets et principalement sur les règles de la diplomatie. Il y a quelques jours, il disait qu’il allait envoyer des soldats français pour défendre le Groenland contre les velléités annexionnistes de Trump. Mais en découvrant les idées générales des négociations entre Trump et Poutine, il s’est fait remarquer en exigeant que Zelensky soit à la table des négociations et que l’Union européenne participe directement aux négociations, fasse valoir ses intérêts. Il a repris l’idée stupide véhiculée depuis quelques mois par les États baltes, selon laquelle, si on cédait un morceau du territoire ukrainien, demain Poutine s’attaquerait à un autre État. Macron, le président le plus dévalorisé de la Cinquième république sur le plan de la diplomatie, a repris cette antienne. Ce qui relève clairement de la science-fiction, mais c’était le seul argument pour justifier l’aide massive de l’Europe à l’Ukraine, pays qui n’appartient ni à l’OTAN, ni à l’Union européenne. Scholz qui se trouve en pleine débâcle électorale, s’est aussi positionner sur ce terrain glissant. Il ne peut plus faire machine arrière, mais les électeurs allemands sont massivement hostiles à une coupure d’avec la Russie et à un conflit prolongé avec ce pays, sachant ce que la guerre avec la Russie leur a couté par le passé. Orban qui a un vieux contentieux avec l’Ukraine a fait entendre une voix dissonante au sein de l’Union européenne, en avançant que l’Ukraine n’avait pas son mot à dire. En même temps il s’en est pris à Kajas Kallas, la représentante de l’Union européenne pour les affaires extérieures. Ce 13 février, Kaja Kallas a réitéré cette position, lançant à la presse à son arrivée au siège de l’OTAN à Bruxelles qu’« aucun accord dans notre dos ne fonctionnera, n’importe quel accord aura aussi besoin de la participation de l’Ukraine et de l’Europe ». « Cette déclaration est une triste preuve de la mauvaise direction de Bruxelles » a pour sa part fustigé Orban. « Pendant que le président Trump et le président Poutine négocient sur la paix, les responsables européens font des déclarations inutiles », a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le Premier ministre hongrois a qualifié la position de Bruxelles d’« inacceptable du point de vue moral et politique», celle-ci soutenant à ses yeux «les massacres aussi longtemps qu’il le faudra ». L’Estonienne Kajas Kallas a un vieux compte personnel à régler avec les Russes, et elle est de ceux qui, suffisamment bêtes, pensent que l’OTAN peut gagner contre la Russie un conflit long et prolongé. Elle est pour que la guerre ne s’arrête pas. On comprend que dans le contexte, en cas de négociations avec la Russie, elle n’est pas la bonne personne à la bonne place. C’est ce que voulait dire Orban. Sera-t-elle contrainte de démissionner ? Il y a encore quelques jours, les européistes avançaient qu’il ne pouvait pas y avoir de négociations tant que l’Ukraine ne serait pas en position de force ! Ce qui voulait dire tant que la Russie ne capitulerait pas. Cette idée loufoque a maintenant fait long feu puisqu’on ne discute plus que de négociations selon les volontés de Washington.

Un ahuri au Quai d’Orsay 

Les velléitaires Européens semblent vouloir des concessions de la part des Etats-Unis. Mais sur quoi peuvent-il s’appuyer pour en exiger ? Trump s’est juste contenté d’annoncer que Zelensky serait présent pour enregistrer les décisions qui sont déjà dans les tuyaux et qui se négocient en ce moment même entre les équipes de Poutine et celles de Trump. En même temps que tout le monde s’agite pour essayer de comprendre la place qu’il peut tenir dans les négociations, l’Union européenne a annoncé qu’elle préparait un nouveau paquet de sanctions contre la Russie ! Sachant que les précédents paquets n’ont entamé en rien les capacités militaires et économiques de la Russie, on se demande ce que cherche Ursula von der Leyen et ses équipes. C’est pour le moins décalé. C’est d’autant plus incongru que Trump a, sans le dire toutefois, déjà décidé de lever les sanctions contre la Russie puisqu’il parle amicalement de Poutine et qu’il l’invite aux Etats-Unis. L’attaque en règle de Trump contre la CPI ne vise pas seulement à protéger Netanyahu, elle est la dénonciation d’une logique mondialiste qui au nom de l’État de droit fait fi de la diplomatie, et donc indirectement, elle est forcément favorable à Poutine. L’Union européenne serait-elle la seule à s’isoler du reste du monde ? En a-t-elle les moyens ? 

La guerre continue à faire des ravages en Ukraine 

Les combats continuent en Ukraine et dans la région de Koursk, mais il n’est pas certain que la motivation des soldats ukrainiens soit très forte. L’armée est forcément démotivée, et on ne voit pas comment dans ces conditions Zelensky pourrait envisager d’élargir la mobilisation. Les échos que l’on a, c’est que tout le monde en Ukraine prépare l’après Zelensky, donc des élections pour le remplacer. Ces derniers temps sa cote de popularité était tombée très bas. Le sinistre Porochenko qui avait été nommé président après le coup d’État de 2014, a commencé à critiquer férocement Zelensky. La seule réponse que le président non élu de l’Ukraine a trouvée est de sanctionner Porochenko en l’accusant de Haute trahison[1]. On se doute bien que Zelensky n’aura pas trop de mal à trouver quelque chose à reprocher en matière de corruption à cette crapule. Le motif invoqué serait que Porochenko aurait vendu du charbon aux séparatistes du Donbass. On dit également que l’ancien général Zaloujny, démissionné par Zelensky mais soutenu par les Britanniques, se prépare aux élections prochaines. Mais il se murmure aussi que Trump veut voir partir Zelensky qui s’entendait trop bien avec Biden. Ce sont des rumeurs, bien sûr. Mais cela en dit beaucoup sur la situation politique en Ukraine. La tête n’est plus à la bataille. Zelensky est maintenant complètement fini, et s’il ne part pas avant, il sera lynché par les Ukrainiens eux-mêmes pour les avoir conduits au désastre. Si la défaite de Zelensky est actée définitivement, la victoire de Trump risque d’être une victoire à la Pyrrhus, car une fois passé le temps de la sidération – il est tout de même incroyable que les Européens n’aient pas anticipé cette défaite – ils vont bien être obligé de se repositionner. Certes, ils ont une assez furieuse propension à obéir au maitre américain, mais les circonstances risquent de les induire à l’émancipation dans le désordre, souverainisme oblige. La position de Victor Orban est consolidée, comme celle de Robert Fico en Slovaquie. Autant d’épines dans les pieds des fédéralistes. 

En mars 2022, les accords de paix entre l’Ukraine et la Russie étaient sur le point d’être signés 

Quel est le sens profond de tout cela ? C’est pour l’instant difficile à dire. Évidemment, tous ceux qui ont parié sur la défaite de la Russie sont maintenant ridicules, car ce qui se dessine ce sont des accords bien moins avantageux pour Kiev que ce qui aurait dû être signé en mars 2022, sans le revirement de Zelensky à la dernière minute sous la pression des anglo-saxons. La première hypothèse est que les Etats-Unis veulent se sortir de ce piège ruineux. Et pour ma part j’ai toujours pensé que même un président démocrate aurait cherché à mettre fin à la guerre, sauf qu’évidemment Trump a plus de facilité pour le faire puisqu’officiellement il n’a pas déclenché la guerre. Il y a maintenant clairement un rapprochement entre les USA et la Russie, malgré une grande méfiance de celle-ci. Trump en voulant mettre un terme à la guerre, cherche-t-il à briser la bonne entente entre la Russie et la Chine ? C’est possible, mais c’est bien hasardeux comme stratégie. Depuis la fin de l’URSS, les Russes ont avalé bien trop de couleuvres dans leurs relations avec les Etats-Unis pour leur faire confiance sans bases solides. Pour les Européens c’est plus difficile, il va leur falloir manger le chapeau et réorienter leur diplomatie s’ils ne veulent pas finir écrasés sur le plan de leur économie entre la Russie et les Etats-Unis. Trump fait comme si les Européens, habitués à servir de paillasson aux Etats-Unis, sont incapables de s’émanciper d’eux. Je crois qu’il se trompe un peu. Parce que cette capitulation de l’Ukraine qui est aussi la défaite de l’Union européenne en tant que telle, risque d’avoir pour conséquence un regain de volonté d’indépendance des pays qui la supportent encore. Il est évident que l’intérêt de l’Europe est d’assumer sa défaite et de renouer le plus rapidement possible avec la Russie. Persister dans l’erreur, ce serait aggraver les conditions de l’unité chancelante européenne en prolongeant une crise économique qui commence à faire des ravages en France comme en Allemagne. Bien sûr il faudra y mettre les formes pour se renier. Mais on sent déjà qu’Ursula von der Leyen, domestique stylée de l’Empire y est prête. Elle changera seulement de casaque. Et son second mandat risque d’être difficile, eut égard les tempêtes qui s’accumulent sur nos têtes.

Des images qu’on ne verra plus 

Un certain nombre de guignols européiste doivent être éliminés, et pas seulement Kajas Kallas, je pense aussi au premier ministre polonais Donald Tusk qui a été un gros soutien à la guerre, mais qui maintenant doit faire face à une opinion polonaise hostile, alors que la Pologne est très liée aux Etats-Unis. Tusk était pour l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’Union européenne, idée à laquelle les Polonais eux-mêmes n’adhérent pas. Les réfugiés ukrainiens en Pologne sont généralement détestés, et l’agriculture ukrainienne est en concurrence directe avec celle de la Pologne. La Pologne d’ailleurs a commencé leur expulsion. Il est très probable qu’il fasse les frais d’un accord entre la Russie et les Etats-Unis. Tusk est un fédéraliste farouche, à contretemps de l’époque qui voit le retour de l’idée souverainiste. Ce que nous voyons dans cette mise au point, c’est la remise en cause du multilatéralisme. Trump met en œuvre des relations politiques et économiques bilatérales. Elles commencent déjà à remettre en cause l’importance des structures comme la CPI, on l’a vu, mais aussi l’OMC, par exemple en proposant des droits de douane réciproques. Ce qui alarme les journalistes du Monde qui savent parfaitement que l’OMC est un des piliers essentiels à un ordre mondial unifié.  

Les Etats-Unis qu’ils soient dirigés par Biden ou par Trump, ne pensent qu’à leurs intérêts et sont nos ennemis, aujourd’hui comme hier, il faut partir de cette idée. Ceux qui, en Ukraine ou en Europe, se sont compromis à les suivre dans leurs aventures sans avenir en payeront tôt ou tard le prix. Et ceux qui s’apprêtent à faire de même aujourd’hui avec Trump seront tôt ou tard ramenés à leur réalité de domestique. En deux temps, trois mouvements, on assiste à un retournement de veste impayable, le semi-retraité Macron assure maintenant qu’il soutient le plan de Trump visant à renforcer la défense européenne, ce qui par parenthèses équivaut à nous ruiner encore un peu plus. Mais l’impayable Mark Rutte qui, il y a trois jours encore soutenait la guerre contre la Russie et l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, a commencé à opérer un large virage à 180 degrés. Il nous dit maintenant benoitement que l’idée d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN n’a jamais été garantie et promise dans un potentiel accord de paix ! Doucement et surement Mark Rutte procède à un réalignement d’une ligne dure, maintenant que le secrétaire à la défense étatsunien a mis son véto à cette fantaisie[2]. 



[1] https://www.rfi.fr/fr/europe/20250214-ukraine-le-pr%C3%A9sident-zelensky-sanctionne-son-rival-l-ex-pr%C3%A9sident-petro-porochenko

[2] https://www.euractiv.fr/section/ukraine/news/ladhesion-de-lukraine-a-lotan-na-jamais-ete-garantie-dans-laccord-de-paix-selon-mark-rutte/

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