Après les pitreries de Macron sur la reconnaissance de l’État de Palestine, celles de Donald Trump sont en passe de les effacer. Dans cette conjuration des imbéciles, on se demande si ce n’est pas l’Occident dans son entier dont les représentants plus ou moins bien élus semblent être frappés d’une sournoise maladie du cerveau. Pour ceux qui me suivent, ils se souviendront que je n'ai jamais cru dans les vertus de Donald Trump pour promouvoir une paix durable dans le monde en général et en particulier en Ukraine. Dans un discours de plus d’une heure, le 23 septembre 2025, il a commencé par dire que l’ONU n’était pas à la hauteur. C’est évidemment une évidence. Mais c’est une histoire compliquée parce que ce « club » ne peut avoir une utilité que si ses membres sont dans la volonté d’apaiser les tensions. L’ONU présente deux visages, une assemblée générale fatalement dominée par les pays du Sud, et un Conseil de Sécurité composé de 5 membres permanents, la Chine, la Russie, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. C’est ce comité restreint qui possède le véritable pouvoir de blocage. Il est élargi à une dizaine d’autres pays, l’Algérie, le Danemark, la Corée du Sud, la Grèce, la Slovénie, la Guyane, le Pakistan, la Sierra Leone et la Somalie, pays qui ne compte pour pas grand-chose sur le plan diplomatique. L’Assemblée générale peut bien proposer des résolutions et les voter, cela ne changera rien du tout. Ainsi cela fait des années qu’elle condamne Israël, mais que cela reste sans effet parce que régulièrement les Etats-Unis bloquent ces résolutions. Si l’ONU a encore une utilité c’est uniquement parce qu’elle maintient un contact diplomatique entre des nations hostiles et que cela peut permettre de temps à autre de résoudre quelque conflit ruineux.
Manifestation contre l’immigration de masse en Angleterre le 13 septembre 2025
De ce discours on retiendra trois annonces principales qui définissent ou redéfinissent la position des Etats-Unis qui se posent en patron de la planète. D’abord un discours sur l’immigration qui intervient au moment où les pays européens connaissent une révolte des populations locales contre ce que Trump appelle « une invasion ». Il accuse donc l’ONU de ne rien faire pour enrayer ce mouvement destructeur des identités nationales. On remarque cependant que les nations européennes commencent doucement à prendre des mesures comme celles qu’ont adoptées plus brutalement les Etats-Unis pour restreindre l’immigration. Cette réaction plus ou moins bien organisée s’appuie sur la révolte des populations, en Angleterre, en Irlande, en Espagne, aux Pays-Bas, et donne du poids aux partis dits d’extrême-droite, la gauche et le centre-droit sont aux abonnés absents sur cette question où ils ont perdu toute crédibilité. Trump surfe sur ce mouvement de repli national qui signe l’échec de la mondialisation heureuse, mouvement pourtant enclenché par les Etats-Unis depuis disons au moins Ronald Reagan. La restriction des mouvements migratoires doit-être vue non pas comme un mouvement xénophobe, mais comme le complément d’un aggiornamento des règles du libre-échange et du retour des droits de douane comme élément de régulation. On a beaucoup parlé ces derniers temps de la fin de la mondialisation, et consécutivement la fin de l’hégémon étatsunien[1]. On pourrait dire d’ailleurs que cette ruine de l’Occident est la conséquence d’un choix, celui d’avoir voulu remplacer pour des raisons de rentabilité le socle d’une économie industrielle par une économie financiarisée. J’y reviendrais plus tard dans un autre billet. Mais quoi qu’il en soit, c’est une réaction défensive il faut bien le dire de l’Occident en déclin face à la montée de la puissance économique et démographique des pays du Sud.
Donald Trump, le candidat du lobby pétrolier américain, a repris ensuite sa diatribe sur le réchauffement climatique. Selon lui cela n’existe pas, les perturbations que l’on connait seraient seulement dues à des phénomènes naturels et non pas à l’activité humaine. En 2024, la température moyenne de la planète se situait 1,55 °C au-dessus des niveaux de l'ère préindustrielle. Le réchauffement climatique dû aux humains augmente actuellement à un rythme de 0,25 °C par décennie. Et cette évolution n’est pas près de s’inverser. Elle est due autant au modèle de développement industrialo-capitaliste qu’à l’accroissement de la population mondiale. N’importe qui sait que les ressources de la planète ne sont pas infinies, et donc qu’il est stupide d’imaginer une croissance industrielle sans limite. Trump surfe sur le fait que les politiques dites de lutte contre le réchauffement climatique sont totalement inadéquates, et s’apparente au green washing. Des milliards sont engloutis en effet en pure perte, ces investissements ont en effet uniquement pour but de tenter de renouveler un modèle consumériste en perdition, soutenu par une gabegie insensée des dépenses étatiques qui fournissent le principal de l’endettement des pays occidentaux. La seule solution raisonnable ce serait de renverser le modèle, de limiter la croissance de la population, valoriser les circuits courts, et de revenir à la petite entreprise en éliminant essentiellement les produits nocifs et sans intérêt comme le tourisme, l’agriculture industrielle, etc. Trump qui est l’homme du puissant lobby pétrolier étatsunien, ne peut pas remettre en question un modèle qui pourtant est à bout de souffle, et il utilise habilement l’exaspération des populations contre les formes coercitives qui sont soi-disant utiles à la lutte contre le réchauffement climatique. La fable des énergies renouvelables et de la voiture électrique prend eau de toute part, les populations ne veulent pas voir leurs campagnes transformer en champs d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques.
En marge de sa conférence à l’ONU, Trump a rencontré
l’ignoble Zelensky, le fossoyeur du peuple ukrainien. Et à la surprise
générale, le voilà maintenant qui encourage la marionnette de l’OTAN à
continuer la guerre, affirmant même contre toute logique que le dictateur de
Kiev. « L'économie russe est dans un mauvais état en ce moment, elle
est en plein effondrement. Franchement, l'Ukraine fait un excellent travail
pour stopper cette grande armée. Ce n'est pas une bonne chose pour la Russie.
C'était censé être rapide. Donc, la Russie ne fait pas bonne figure, après
trois ans et demi de combats acharnés. Et il semble que cela ne va pas
s'arrêter avant longtemps », a affirmé Donald Trump. Trump possède
dans son caractère des traits qu’habituellement on attribue aux femmes :
il est changeant et menteur. Son discours repose sur trois mensonges. Le
premier et sans doute le principal est qu’il considère que la Russie ne peut
pas gagner la guerre, alors que tous les rapports montrent que le front cède de
tous les côtés. Le second est que l’économie russe n’est pas au bord de
l’effondrement, contrairement à l’économie étatsunienne qui est colossalement
endettée et qui tente de survivre en rançonnant les Européens idiots, leur
demandant d’acheter du gaz et des armes américaines pour se ruiner encore plus.
Il a ajouté que l’Ukraine pouvait tout à fait reconquérir la totalité des
territoires perdus ! On est prié de ne pas rire. Les Ukrainiens n’ont plus
d’hommes ni de matériel pour se défendre sérieusement. Cette fourberie serait
drôle si elle n’avait pas une double signification : d’un côté Trump et
l’OTAN ne vont pas cesser d’attaquer la Russie, soit en Transnistrie, soit dans
le Caucase, soit encore du côté de Kaliningrad, de l’autre les États-Unis se
désengagent complètement de la guerre et la laissent continuer par des
marionnettes interposées, ce qui ruinera encore un peu plus l’Europe. Les
Européistes comme Macron, Meloni, von der Leyen sont contents, car Trump les
conforte dans leur politique suicidaire d’agression contre la Russie. Sans
doute l’homme à la figure orange est-il mal conseillé et il croit peut-être que
le ralentissement constater de l’économie russe peut être confondue avec un
effondrement. C’est selon cette logique stupide – mais Trump est américain, on
ne peut guère lui demander plus – il encourage les Européens à sanctionner
encore un peu plus la Russie. Ces errements ne peuvent que déstabiliser un peu
plus l’économie mondiale et surtout celle des pays occidentaux. Racketter ses
partenaires et relancer la production des armes ne suffira pas à relancer l’économie
étatsunienne.
[1] Jacques
Sapir, La démondialisation, Le seuil, 2011. Emmanuel Todd, La
Défaite de l'Occident, Gallimard, 2024