Le plan de Trump pour la paix est maintenant connu. Cette fois, c’est un vrai plan de paix. Il faut le lire complètement. L’avancée est significative. Il reprend les revendications russes très largement, même s’il y a encore des points discutables. Ce plan sonne la défaite de l’OTAN et donc la capitulation de l’Ukraine. Évidemment les Européens râlent encore plus fortement que Zelensky, qui dit étudier le plan. Le point principal est d’abord la reconnaissance des gains sur le terrain, même s’il dit que Zaporijjia et Kherson peuvent conserver pour un temps une appartenance floue. La Crimée et le Donbass seront reconnus comme des régions russes. Ensuite il y a cette idée de retenir l’OTAN afin qu’elle cesse de s’étendre à l’Est, et donc également que l’Ukraine ne deviendrait pas un nouveau membre de l’OTAN. Le plan détaille l’idée que si des missiles à longue portée sont tirés depuis l’Ukraine sur la Russie, ou si elle relance le conflit contre la Russie, l’Ukraine ne bénéficiera plus des garanties de sécurité. Le plan vise également à restaurer un ordre mondial, avec une réintégration de la Russie dans le G8, donc l’abandon des sanctions contre elle et la possibilité pour l’Ukraine d’adhérer à l’Union européenne. Manifestement ce plan a été conçu conjointement entre les Etats-Unis et la Russie. Ce plan vise également à réactiver les traités START. Ensuite il parle de reconstruction de l’Ukraine puis de la navigation en Mer Noire et sur le Dniepr.
Passons sur les détails. Globalement ce plan est favorable aux Russes, favorables aux Ukrainiens qui en ont marre de la guerre, et défavorables aux Européistes – dont Macron et Mandon – qui veulent, sans en avoir les moyens continuer à faire la guerre à la Russie. « La paix, ça ne peut pas être la capitulation. Nous ne voulons pas de capitulation de l'Ukraine », a assuré le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, comme si cela dépendait de lui. Le monde, journal atlantiste et guerrier, parlait le 22 novembre d’un plan déséquilibré. Mais ce déséquilibre est le fait que les occidentaux ont refusé que Zelensky signe les accords d’Istamboul qui auraient été en effet bien plus avantageux pour l’Ukraine. Le plan propose également que des élections aient lieu rapidement en Ukraine. Zelensky a répondu mollement à ce plan en s’adressant directement aux Ukrainiens, mais sans donner de direction à sa pensée[1]. Contrairement aux Européistes qui tempêtent et hurlent que ce plan est inacceptable, Zelensky ne dit rien. Empêtré dans des scandales financiers, peut-il s’opposer à ce plan ? Car s’il refusait la proposition de Trump, il est clair que les Etats-Unis se retireraient du jeu complètement, et les Européens ne peuvent eux entretenir bien longtemps la guerre ? Trump a haussé le ton à propos des atermoiements de Zelensky : Le président américain a lancé un ultimatum à Zelensky : « Il faudra bien que cela lui plaise », fixant une date, le 27 novembre pour qu’il se prononce.
Le
plan de paix présenté par Trump
1.
La souveraineté
de l’Ukraine sera confirmée.
2.
Un accord global
de non-agression sera conclu entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Toutes les
ambiguïtés laissées en suspens ces trente dernières années seront considérées
comme résolues.
3.
Il est attendu
que la Russie n’envahira pas les pays voisins et que l’Organisation du traité
de l’Atlantique Nord (OTAN) ne s’étendra pas davantage.
4.
Un dialogue sera
mené entre la Russie et l’OTAN, sous la médiation des Etats-Unis, afin de
résoudre toutes les questions liées à la sécurité et de créer les conditions
d’une désescalade. Selon le FT, l’objectif fixé est par ailleurs de « garantir
la sécurité mondiale et d’accroître les possibilités de coopération et de
développement économique futur ».
5.
L’Ukraine recevra
des garanties de sécurité fiables.
6.
Les forces armées
ukrainiennes seront limitées à 600 000 militaires.
7.
L’Ukraine accepte
d’inscrire dans sa Constitution qu’elle ne rejoindra pas l’OTAN, et l’OTAN
accepte d’inclure dans ses statuts une disposition spécifiant que l’Ukraine ne
sera pas intégrée à l’avenir.
8.
L’OTAN accepte de
ne pas stationner de troupes en Ukraine.
9.
Des avions de
combat européens seront basés en Pologne.
10.
Les Etats-Unis
recevront une compensation pour la garantie de sécurité. Si l’Ukraine envahit
la Russie, elle perdra cette garantie. Si la Russie envahit l’Ukraine, outre
une réponse militaire coordonnée et décisive, toutes les sanctions mondiales
seront rétablies, la reconnaissance du nouveau territoire et tous les autres
avantages de cet accord seront révoqués. Si l’Ukraine lance un missile sur
Moscou ou Saint-Pétersbourg sans raison valable, la garantie de sécurité sera
considérée comme nulle et non avenue.
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11.
L’Ukraine est
éligible à l’adhésion à l’Union européenne et bénéficiera d’un accès
préférentiel à court terme au marché européen pendant que cette question est à
l’étude.
12.
Un important
paquet mondial de mesures pour reconstruire l’Ukraine, incluant la création
d’un fonds de développement pour l’Ukraine, la reconstruction de ses
infrastructures gazières, la réhabilitation des zones touchées par la guerre,
le développement de nouvelles infrastructures et la reprise de l’extraction de
minéraux et de ressources naturelles, le tout accompagné d’un programme de
financement spécial élaboré par la Banque mondiale.
13.
La Russie sera
réintégrée dans l’économie mondiale, avec des discussions prévues sur la levée
des sanctions, la réintégration du G8 et la conclusion d’un accord de
coopération économique à long terme avec les Etats-Unis.
14.
Quelque
100 milliards de dollars d’actifs russes gelés seront investis dans les
projets menés par les Etats-Unis pour reconstruire l’Ukraine et y investir, les
Etats-Unis recevant 50 % des bénéfices de l’initiative. L’Europe ajoutera
100 milliards de dollars afin d’augmenter le montant des investissements
disponibles pour la reconstruction de l’Ukraine. Les fonds européens gelés
seront débloqués, et le reste des fonds russes gelés sera investi dans un
véhicule d’investissement américano-russe séparé.
15.
Un groupe de
travail conjoint américano-russe sur les questions de sécurité sera créé afin
de promouvoir et de garantir le respect de toutes les dispositions du présent
accord.
16.
La Russie
inscrira dans la loi sa politique de non-agression envers l’Europe et
l’Ukraine.
17.
Les Etats-Unis et
la Russie conviendront de prolonger la validité des traités sur la
non-prolifération et le contrôle des armes nucléaires, y compris le traité
START I.
18.
L’Ukraine accepte
de ne pas être un État doté de l’arme nucléaire conformément au traité sur la
non-prolifération des armes nucléaires.
19.
La centrale
nucléaire de Zaporijia sera mise en service sous la supervision de l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA), et l’électricité produite sera
répartie à parts égales entre la Russie et l’Ukraine (50-50).
20.
Les deux pays
s’engagent à mettre en œuvre des programmes éducatifs dans les écoles et la
société visant à promouvoir la compréhension et la tolérance mutuelle.
21.
La Crimée,
Louhansk et Donetsk seront des territoires reconnus, y compris par les
Etats-Unis, comme de facto appartenant à la Russie. Kherson et Zaporijia seront
gelées le long de la ligne de front actuelle, ce qui signifiera une
reconnaissance de facto le long de cette ligne. La Russie renoncera aux autres
territoires qu’elle contrôle en dehors des cinq territoires. Les forces
ukrainiennes se retireront de la partie de l’oblast de Donetsk qu’elles
contrôlent actuellement, qui sera ensuite utilisée pour créer une zone tampon.
22.
Après avoir
convenu des dispositions territoriales futures, la Fédération de Russie et
l’Ukraine s’engagent à ne pas modifier ces dispositions par la force. Aucune
garantie de sécurité ne s’appliquera en cas de violation de cet engagement.
23.
La Russie
n’empêchera pas l’Ukraine d’utiliser le Dniepr à des fins commerciales, et des
accords seront conclus sur le libre transport des céréales à travers la mer
Noire.
24.
Un comité
humanitaire sera créé pour régler les questions relatives aux échanges de
prisonniers, à la restitution des corps, au retour des otages et des détenus
civils, et un programme de réunification familiale sera mis en œuvre.
25.
L’Ukraine
organisera des élections dans cent jours.
26.
Toutes les
parties impliquées dans ce conflit bénéficieront d’une amnistie totale pour
leurs actions pendant la guerre et s’engageront à ne faire aucune réclamation
ni n’envisager aucune plainte à l’avenir.
27.
Cet accord sera
juridiquement contraignant. Sa mise en œuvre sera contrôlée et garantie par un
« conseil de la paix », présidé par le président Donald J. Trump. Des
sanctions seront imposées en cas de violation.
28.
Une fois que
toutes les parties auront accepté ce mémorandum, le cessez-le-feu prendra effet
immédiatement après le retrait des deux parties vers les points convenus pour
commencer la mise en œuvre de l’accord.
Les européistes ont eu du mal à réagir. Bien entendu ils ont trouvé que ce plan donnait trop de largesses aux Russes. Ursula von der Leyen à répéter le mantra selon lequel l’Ukraine ne devait pas céder un pouce de terrain et continuer de revendiquer la Crimée et les oblats annexés par la Russie. Mais Kiev était plus nuancé. « Le bain de sang doit cesser, et nous devons nous assurer que la guerre ne reprenne jamais. J’attends les résultats des discussions d’aujourd’hui et j’espère que tous les participants feront preuve de constructivité. Nous avons tous besoin d’un résultat positif », a déclaré Zelensky sur X. Ce qui semble ouvrir la porte à une acceptation avec quelques aménagements pour sauver la face. En attendant Mark Rubio était en Suisse pour discuter de ce plan avec les Ukrainiens. Ils ont présenté ensemble de nouvelles mesures pour assurer la souveraineté de l’Ukraine, et donc pour parer à une nouvelle attaque de la Russie, en fait pour éviter de dire que l’armée ukrainienne capitule. Zelensky se trouve dans l’embarras parce que s’il continue de s’opposer à la paix, les Russes risquent de prendre aussi Odessa et Kharkov. Le front s’effondre de partout et les Européens ne peuvent rien faire de sérieux pour aider l’armée ukrainienne. À l’opposé, les propositions européennes ont été fermement rejetées par la Russie. Dès leur prise de connaissance. Moscou estime que ces propositions ignorent les réalités sur le terrain et ne tiennent pas compte des intérêts russes.
[1] https://legrandcontinent.eu/fr/2025/11/21/lappel-au-peuple-ukrainien-de-volodymyr-zelensky-texte-integral-de-son-adresse-a-la-nation/?fbclid=IwY2xjawOOaqlleHRuA2FlbQIxMQBzcnRjBmFwcF9pZBAyMjIwMzkxNzg4MjAwODkyAAEeM-s3SgexZv91JCbWP4apCiQwaBixeYYR4vrcWDG0WYLMl808HefMml76h2g_aem_i6QisZjHGDAtfFyjtjP5Og
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