Trump est allé en Virginie faire un saut pour jouer au golf !
Comme nous l’avions prédit depuis plus d'un an, Trump a été battu. A l’échelle nationale, il est derrière de 5 millions de voix, et sans doute ce sera beaucoup plus de 6 millions quand le décompte sera terminé, et Biden passera probablement aussi les 300 grands électeurs. Les trumpistes enragent bien entendu parce qu’ils s’étaient mis à l’unisson des fanfaronnades de leur fétiche. Et à force de répéter le mantra de la fraude massive, sans apporter de preuves convaincantes, ils ont fini par croire que seule une tricherie pouvait disqualifier le sortant. Quelques jours avant on avait vu l’incroyable prêche halluciné de Paula White intercédant auprès de Dieu pour que Trump soit élu. Chez nous on ne comprend comment les Américains peuvent se livrer à de telles pantomimes et y croire. Paula White est millionnaire. C’est une escroc notoire. Elle dit par exemple que dès que tu trouves un job et que tu es content, tu dois faire un présent équivalent à une année de ton salaire ! C’est la condition pour conserver Dieu à son côté ! Bien entendu elle se charge volontiers de ces cadeaux. Elle est multimillionnaire[1]. Tout ça est un peu glauque, mais aux Etats-Unis c’est assez fréquent d’avoir des escrocs de ce type qui ont pignon sur rue et l’oreille du président. Les résultats des élections ont été approuvé à quelques exceptions près par le monde entier, Macron, Merkel, mais aussi Boris Johnson et encore Benjamin Netanyahu qu’on disait pourtant cul et chemise avec Trump. Cette dernière reconnaissance est intéressante, parce que cela veut dire qu’Israël ne croit pas aux fables de Trump sur les fraudes massives. Les Russes et les Chinois ont refusé de reconnaitre Biden, avouant ainsi indirectement que Trump était bien leur candidat. D’ailleurs il suffisait d’aller sur les sites russes pour s’en convaincre. Je laisse de côté le fait que Trump serait un traître à sa patrie, mais je crois qu’ils le préféraient parce qu’il est plus manipulable, enfermé dans une rhétorique non-interventionniste. Les Chinois l’aiment bien parce qu’il fait le fanfaron, mais n’obtient jamais rien de concret que ce soit sur les déficits commerciaux ou sur les relocalisation.
Paula White est devenue conseillère de Trump !
Mais on n’a jamais fini de tout voir, et donc j’ai découvert en allant sur les réseaux sociaux des trumpistes de différentes sortes. Voici d’abord les trumpistes qui nous disent que certes Trump est peut-être un nullard, mais Biden le serait encore plus. Ils insistent sur le fait que Biden serait un va-t-en-guerre et qu’il va faire la guerre à la Russie et à la Crimée. Les trumpistes nous alertent en disant que Biden est nul, vieux et pédophile ! Mais on se demande bien comment avec tout ces défauts, ce vieillard cacochyme a bien pu ravir la place au jeune homme brillant qu’est resté Trump. D’autant que ces mêmes trumpistes nous disent qu’à part le COVID-19, il a fait un parcours sans faute. Ils ajoutent d’ailleurs qu’il est très populaire. Il est facile de voir que s’il est populaire, alors Biden l’est encore plus que lui ! Comment se peut il qu’un homme aussi insignifiant et sans charisme soit venu finalement assez facilement à bout de ce terrible combattant ? On peut en effet reconnaître tous les défauts de Biden, et il en a, mais s’il bat Trump de plusieurs millions de voix, c’est bien que les Américains jugent Trump encore plus mauvais que lui. Les trumpistes se ridiculisent en cherchant en permanence des mauvaises raisons à l’échec de leur candidat. Ils devraient plutôt se demander quelles fautes il a commises durant ces malheureuses quatre années.
Si je n’aime pas Trump, je ne suis pas plus pro-Biden. C’est un lieu commun que de dire que les Américains se sont plus débarrassés de Trump qu’ils n’ont accordé leur confiance à Biden. Le dépit a fait qu’en France les trumpistes ont ressorti les vieilles histoires sans fondement sur le fils de Biden ou sur lui-même en tant que pédophile circonstancié[2]. Evidemment les preuves manquent toujours. Il n’est pas certain que cette campagne outrancière ait aidé Trump. On le savait menteur et grossier, mais durant la campagne il a dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer. Politifact a vérifié "897 déclarations du président Trump et seulement 12 % d’entre elles étaient avérées ou “principalement vraies”, les autres catégories étant “à moitié vraies”, “principalement fausses”, “fausses” et “carrément n’importe quoi”. Sur les 173 déclarations de son adversaire démocrate Joe Biden, le chiffre des déclarations “vraies” et “principalement vraies” s'élève à 36 %". Ces pitreries ont lassé. Et encore il a été sans aucun doute aidé par les manifestations et les émeutes des BLM et des Antifas qui ont effrayé un certain nombre d’électeurs de la classe moyenne en mettant le feu, revenant vers Trump supposément un homme d’ordre. Mais ceux qui pensaient qu’il était un homme de désordre étaient finalement beaucoup plus nombreux. A la base, il y a une haine féroce pour Trump.
Curieusement, on a beaucoup voté. Cette poussée inattendue a profité surtout aux Démocrates puisque cette fois les noirs ont voté sans doute massivement pour Biden, alors qu’on attribuait la défaite d’Hillary Clinton au fait que les noirs l’avaient lâchée. Mais ce vote massif des noirs pour Biden ne tient pas à la personnalité de ce dernier, mais plutôt au fait que Trump est vu comme un raciste, proche des suprémacistes blancs – ce qu’il n’est sans doute pas. Et donc si on a dit que la gestion de la crise sanitaire avait été un reproche majeur fait à sa présidence, il faut y ajouter sa malheureuse gestion de l’assassinat de George Floyd. A cette époque, on l’a vu la Bible à la main, lui qui n’a jamais pratiqué une religion. Ce type d’hypocrisie ne passe pas. Il était vu d’abord comme un diviseur et non comme un homme susceptible de rassembler. Or cette arrogance ne pardonne pas. D’autant que Trump passe plus de temps à signer des décrets qui ne seront jamais appliqués et à insulter le monde entier en tweetant à peu près n’importe quoi. Comme on le voit les raisons d’éjecter Trump étaient très nombreuses.
Les troupes américaines se retirent de Syrie en octobre 2019
Mais il y a un autre mythe que les trumpistes de droite ou de gauche c’est que leur héros aurait été un pacifiste. D’abord rappelons que Trump a été élu en 2016, et qu’il n’a enlevé les troupes américaines de Syrie que trois ans plus tard. Mais cette canaillerie a laissé les Kurdes sans défense. Les Kurdes l’ont haïs pour cette trahison. Indirectement il a été complice des massacres, c’est d’ailleurs ce qui a déclenché les diatribes du général Mattis et qui plus généralement lui a mis à dos durablement l’armée. Trump a du reste poursuivi ce crime en autorisant Erdogan à s’en aller chasser les Kurdes, on peut parler d’un véritable génocide à ce propos. Si aujourd’hui on se plaint des avancées d’Erdogan sur tout le pourtour de la Méditerranée, on le doit largement à Trump. Pensant que les Américains ne bougeraient pas, jouant de la division des Européens – avec un soutien de l’Allemagne – il a cru qu’il pouvait faire ce qu’il voulait. Mais les Russes l’ont rapidement freiné, en Syrie, mais aussi en Libye. On dit que Biden veut arrêter la montée en puissance de ce nouveau Calife. Également, il faut mettre à l’actif de Trump deux coups d’Etat foireux au Venezuela et en Bolivie, si dans ce pays, l’extrême-droite a obtenu l’éviction d’Evo Morales, elle n’a pas pu empêcher l’élection de Luis Arce candidat du MAS d’Evo Morales !
Scènes de liesse à New York
après l’annonce de la défaite de Trump
Reste à savoir ce que fera Biden. Nous savons qu’il a un programme très à gauche, mais pour comprendre d’abord comment il peut satisfaire son électorat, regardons les sondages sortie des urnes. nous voyons d’abord que les femmes accentuent leur préférence pour les Démocrates. C’est sans doute qu’elles sont effrayées par les débilités trumpistes sur l’avortement. Ce sont elles qui font la différence entre les deux candidats. Cependant on remarque que chez les hommes les gains de voix des Démocrates est très important, passant de 41% a 48%.
Peut être il est plus intéressant de voir que contrairement aux apparences, plus on est riche, plus on vote pour Trump, ce qui suffit à éloigner l’idée vérolée selon laquelle les prolos voteraient pour Trump. Ce dernier n’a gagné des voix que chez les plus riches, chez ceux qui gagnent plus de 100 000$. Il y a donc dans le rejet de Trump un vote de classe. Les électeurs de Biden ne sont pas représentatifs d’un vote communautariste ou identitaire. Les LGBT ou les racialisés n’ont pas pesé sur l’élection. Cela nous confirme ce que nous affirmons depuis la percée de Sanders en 2016 : l’Amérique vire à gauche, même si on considère que Biden n’est pas vraiment de gauche. Cette analyse semble aussi indiquer que COVID ou pas, Trump représentait d’abord les plus riches et que les Américains en étaient conscients. Sans doute un candidat un peu plus ouvertement à gauche que Biden aurait pu creuser un écart plus important. Sanders ne s’est pas trompé sur le sens des élections, il a tout de suite félicité Biden pour son élection, sans attendre.
Biden nous dit que ses priorités sont d’abord la lutte contre le COVID qui fait des ravages dans le pays et réconcilier les Américains. La plupart des éditorialistes surpris par la violence de la campagne trumpienne pensent que nous avons deux Amériques irréconciliables. Je ne le pense pas. Les Américains sont patriotes et légitimistes, et donc même si les durs du Parti Républicain jouent encore un peu les prolongations, la plupart vont cesser les gesticulations. De nombreuses figures de ce parti ont déjà accepté le résultat, et sans doute cela va s’étendre. Beaucoup vont vouloir tourner la page de la présidence calamiteuse de Trump. Mais évidemment cela va dépendre de la politique que mènera Biden. Beaucoup pensent qu’il ne changera rien sur le plan diplomatique, qu’il continuera l’isolationnisme. D’autrs avancent qu’il va faciliter la vie des Palestiniens et faire en sorte que l’idée des deux Etats avance. Mais ce sont des spéculations. Pour l’instant on sait seulement qu’il veut mettre au pas Erdogan et qu’il veut revenir dans l’accord de Paris sur l’environnement. Pour le reste il lui faudra des résultats, en matière d’emplois et de croissance notamment. Or l’économie américaine est une économie très endettée, et même si les Américains depuis 2007 sont habitués à piétiner les sacro-saints équilibres budgétaires, les marges de manœuvres ne sont pas si importantes que ça, bien que des économistes très connus et proches du Parti Démocrate aient déjà annoncé qu’ils se moquaient bien de la dette. Les élections de mid-term seront un test décisif pour Biden et ses équipes. Pour l’instant nous sommes dans l’attente des résultats complets, et Trump continue son cirque en demandant que ses supporters fassent des manifestations dans tout le pays. Il a déclenché des procédures dont on ne connaît rien, mais les spécialistes pensent qu’elles n’ont aucune chance d’aboutir. Cependant il peut encore gagner du temps, au risque de lasser complètement ses concitoyens. Un malheur n’arrive jamais seul, on murmure que Melania Trump serait décidée à divorcer d’avec cette brute épaisse que voulez-vous qu’elle fasse avec un loser[3] ! Ce serait pour janvier 2021 après la passation des pouvoirs… de gré ou de force !
[1] https://madame.lefigaro.fr/societe/portrait-paula-white-la-riche-pasteure-qui-preche-pour-donald-trump-president-etats-unis-151119-167917
[2] https://observers.france24.com/fr/20201102-etats-unis-elections-trump-biden-intox-theories-complot-pedophilie-covid-fraude
[3] https://madame.lefigaro.fr/societe/soutien-indefectible-ou-meilleure-ennemie-de-donald-que-pense-vraiment-melania-trump-091120-183348
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