dimanche 27 octobre 2024

Défaite de l’opposition en Géorgie

 

Rêve géorgien célèbre sa victoire dans les rues de Tbilissi 

La défaite du camp atlantiste est consommée. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, remporte largement les élections législatives qui ont eu lieu le 26 octobre 2024. La canaille pro-européenne et otanienne a perdu ces élections cruciales. Au matin du dimanche 27 octobre, l’écart entre Rêve géorgien et l’opposition était de 15 points. Il n’empêche que celle-ci contestait les résultats. L'opposition européiste s'appuyait sur des sondages américains - Edison Research notamment - pour revendiquer la victoire ! C’est la méthode Trump, bien rodée, qui consiste à dire à chaque élection que la défaite de son parti ne peut-être que le résultat d’une tricherie à grande échelle. En quelques jours, on a eu des élections en Moldavie puis en Géorgie, deux pays visés par les Etats-Unis, l’OTAN et l’Union européenne parce qu’ils sont bien situés pour terminer l’encerclement de la Russie. La Géorgie ayant le grand avantage de se situer sur la Mer Noire. Ce petit pays de moins de 4 millions d’habitants est très divisé, d’une part entre pro-européens et pro-russe, et d’autre part entre des régions comme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud qui sont travaillées par des tendances séparatistes. C’est un terrain de jeu idéal pour les Américains qui visent à déstabiliser le Caucase, l’Union européenne tentant de l’acheter en faisant miroiter de grasses subvention si la Géorgie rejoint l’Union européenne. La situation géographique de ce pays fait que les Russes sont très attentifs à ce qu’il s’y passe et qu’ils feront tout pour que la Géorgie reste rattachée à leur territoire.

 

Comme en Moldavie la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, est européiste, atlantiste, formée à Sciences Po Paris et aussi aux Etats-Unis évidemment, à l’Université Columbia, suivant les enseignements de Zbigniew Brzezinski, théoricien de la guerre de l’Occident contre le reste du monde. Il faut rappeler que c’est dans ce petit pays que Raphaël Glucksmann, dans le sillage de Saakashvili, a commencé à manœuvrer en tant qu’agent des Etats-Unis pour déstabiliser la Géorgie. Lui aussi a été formé à Sciences Po Paris. En Moldavie, les résultats des élections ont pu être truqués, notamment parce que les Moldaves expatriés en Russie n’ont pas pu voter, les légations leur refusant les bulletins de vote, mais en Géorgie on n’y est pas arrivé. Rêve géorgien a fait campagne sur le thème facile des dangers qu’il y aurait pour la Géorgie de rejoindre l’OTAN, d’en devenir une menace pour la Russie, et il diffusait des images du désastre ukrainien pour dire quel serait l’avenir de la Géorgie si par malheur l’opposition l’emportait. Il a été entendu. L’opposition faisait au contraire campagne en promettant que l’Union européenne rendrait tous les Géorgiens riches et que l’OTAN les protégerait contre les méchants Russes. Déjà que les résultats en Moldavie n’ont pas été fameux, la défaite du camp atlantiste en Géorgie va ralentir considérablement son avancée à l’Est, mais il est assez clair que les Américains remettront le couvert pour tenter d’arracher la Géorgie à l’influence de la Russie et faire en sorte que l’OTAN progresse toujours un peu plus vers l’Est. Ils peuvent compter tout de même sur une partie importante de la population qui pense que l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne est un gage de progrès et de prospérité.

Salomé Zourabichvili est désolée d’avoir perdu

jeudi 24 octobre 2024

Le monde et les agents américains, le cas Laurent Vinatier

  

Le monde nous arrache quelques larmes, avec le reste de la presse française sur l’arrestation et la condamnation de Laurent Vinatier en Russie. Cet individu est présenté comme un « chercheur ». C’est un terme neutre, mais qui peut recouvrir n’importe quoi, et après tout, les espions sont aussi des chercheurs. Il serait donc un spécialiste de l’espace post-soviétique. Pour comprendre qui est Vinatier, il faut remonter son parcours, ce qui n’est pas facile. On s’aperçoit cependant que cet individu a travaillé pour l’OTAN et il est difficile de faire passer cette boutique qui veut la guerre jusqu’au dernier Ukrainien, pour une communauté d’intellectuels cherchant la vérité. Il est également membre de l’Institut Thomas More qui est en réalité un think-tank basé en Belgique qui est financé exclusivement par des milliardaires de tendance plutôt de droite conservatrice et catholique. Il n’a jamais été recruté ni par le CNRS, ni par l’Université. Il vient d’être condamné à trois ans de prison ferme pour avoir « oublier » de s’inscrire sur le territoire russe comme « agent de l’étranger ». Il est difficile de savoir si en Russie il a été utile à l’OTAN et aux Ukrainiens, mais il est certain que son point de vue est celui d’un ennemi de la Russie et de Poutine qui sont en guerre contre l’OTAN. N’ayant été condamné qu’à trois ans de prison, il est probable que la justice russe le considère comme un agent de l’étranger de seconde catégorie. Lors de son arrestation en juin dernier, Le monde parlait d’une nouvelle escalade, sous entendant par là qu’en arrêtant Vinatier, Moscou agressait tout l’Occident[1] !  Mais Le monde ajoutait que « la partie russe faisait état d’accusations graves : M. Vinatier aurait, durant plusieurs années, « recueilli des informations dans le domaine des activités militaires et militaro-techniques de la Fédération de Russie », informations « pouvant être utilisées contre la sécurité de l’État ». En situation de guerre, collecter des informations militaires est évidemment un acte hostile, surtout si Vinatier émarge à l’OTAN qui est le grand stratège de la guerre en Ukraine.

Arrêter des espions est de bonne guerre, surtout en période de conflit ouvert. Mais Le monde ne proteste pas quand les Américains ou les Français arrêtent des espions russes. Autrement dit, pour ce journal, il est normal d’arrêter des agents de la Russie, mais à l’inverse anormal d’arrêter des espions occidentaux sur le sol de la Russie ! Vinatier a plaidé l’ignorance de la loi qui oblige les étrangers à se déclarer comme agent de l’étranger quand ils sont financés par des officines hostiles, et l’Institut Thomas More est bien une institution hostile à la Russie. Cette défense est médiocre, puisque même moi qui ne vit pas en Russie, je connaissais l’existence de cette loi. S’il ne l’a pas fait, il est probable que c’est parce qu’il croyait ne pas être repéré, et qu’ne se déclarant, il se serait au contraire signalé. Sa peine prononcée le 14 octobre dernier est relativement légère comme Le monde le faisait remarquer. Et il est probable qu’il sera échangé assez rapidement contre d’autres espions russes avec d’autres prisonniers de son genre. Qu’il y ait des espions, personne ne le contestera, c’est vieux comme le monde ! Mais ce qui est inadmissible est de tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes en jouant de la corde sensible. Le monde s’obstine de donner à Vinatier le simple titre de « chercheur », mais il ne faut pas être un spécialiste de l’espionnage pour être convaincu qu’un chercheur peut-être aussi un espion !

 



[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/06/l-arrestation-d-un-francais-a-moscou-nouvelle-escalade-de-la-part-de-la-russie_6237742_3210.html

mardi 22 octobre 2024

On vote en Moldavie

  

La Moldavie est un pays charnière entre la Russie et le monde occidental hostile. C’est un pays très divisé. La présidente de ce pays est Maia Sandu, une candidate pro-américaine, élevée directement aux Etats-Unis et formée au sein de la Banque mondiale. Mais le gouvernement lui-même est plutôt pro-russe. Maia Sandu passe son temps à dire que les Russes pratiquent une ingérence politique inadmissible dans son pays. Sous-entendant par là que les Américains n’oseraient pas faire la même chose. Bref c’est une agente des Etats-Unis qui a eu l’idée de lancer un référendum afin d’inscrire dans la Constitution l’idée d’une adhésion de la Moldavie à l’Union européenne. Cette idée vise à couper les ponts avec la Russie et bien entendu la canaille européiste a avancé que si les Moldaves votent bien la Commission européenne leur donnerait de grasses subventions, c’est la méthode indirecte pour acheter des consciences. A part ça Le monde nous dit sans rire que Maia Sandu est une incorruptible ! En vérité ce petit pays très pauvre est un enjeu géostratégique, comme on le voit dans la carte ci-dessous, il borde l’Ukraine et comprend une partie, la Transnistrie, qui est en quasi sécession et ouvertement pro-russe. La stratégie américaine portée par Sandu est d’arrimer la Moldavie à l’Union européenne et ensuite de réduire la Transnistrie. La Moldavie intégrée à l’Union européenne deviendrait alors le prochain pays membre de l’OTAN. Insérer l’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne dans la Constitution, équivaudrait à interdire aux gouvernements futurs de modifier le choix de ses alliances, ce qui est par nature un déni de démocratie.  

  

Cependant, la Moldavie est très divisée et la partie pro-russe est puissante. Le non à l’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne était en avance dans le décompte des voix, ce qui explique que Maia Sandu anticipe son échec en mettant en avant une tricherie financée par les Russes ! Il semblerait cependant que la diaspora moldave pro-européenne ait renversé le résultat in extremis. Cette aigreur est évidemment reprise par Le monde qui enrage quand un pays ne se précipite pas tout de suite dans l’Union européenne ou dans l’OTAN. C’est à la mode depuis que Donald Trump en 2020 a contesté sa défaite. En même temps a lieu le vote pour la présidence du pays où le gouvernement est déjà pro-russe et hostile à l’OTAN. Une défaite de Sandu au deuxième tour serait une grave défaite pour l’Union européenne, l’OTAN, le camp américain et bien sûr pour Zelensky.  

dimanche 20 octobre 2024

Les anars de droite existent-ils ?

   

C’est une vieille lune que de parler d’anars de droite. Ça revient périodiquement. Cette saison c’est Valeurs actuelles qui s’y colle. Dans doute en manque de liquidités, ce triste canard nous pond un hors-série. L’idée générale est que la droite – plus ou moins extrême – serait productrice d’idées et de valeurs drôles et attrayantes, voire même intelligentes. La droite entend donc profiter de l’effondrement de la gauche sur le plan intellectuel pour tenter de nous dire que c’est bien à droite que le sens de l’histoire s’inscrit. On notera facilement l’imposture qui consiste à mettre ensemble anarchie – qui caractérise clairement la critique de toute forme de pouvoir – avec l’idée de droite – qui à l’inverse est un soutien avoué d’un pouvoir fort et des institutions. Le nazi Céline est la tête de gondole de ce petit commerce des idées fausses. Or, l’auteur de Bagatelles pour un massacre était un soutien militant des nazis et de l’éradication des Juifs de la surface de la terre, ce qui se marie difficilement avec l’idée d’une négation du pouvoir. Petite crapule corrompue, il hantait pendant l’Occupation les salons afin de se faire distribuer quelque prébende par le maitre allemand. Bien entendu Valeurs actuelles qui aime mentir par omission n’insiste pas sur ce passé peu ragoutant. Dans la même lignée que Céline, on nous présente des résidus de collaborateurs, Michel Audiard, comique troupier, dont on passe l’antisémitisme à la trappe ou Albert Simonin qui fit plusieurs années de prison pour ses écrits antisémites. Une partie de cette bande sera recyclée par les Hussards à la Table ronde ou chez Gallimard. L’idée globale de ce numéro hors-série est, en dehors de vendre du papier, de démontrer qu’à droite aussi on peut rigoler et avoir une attitude iconoclaste. Mais enfin certaines de ces vedettes qui prônent le retour de la monarchie ou d’une église catholique de combat, ne peuvent, malgré leurs cris d’orfraie, se réclamer de l’anarchie en voulant restaurer un ordre hiérarchique ancien.     

 

L’antisémite Michel Audiard fut rattrapé très tardivement par son passé[1]. Dans certains articulets de cette époque, cet histrion parlait de Joseph Kessel comme d’un petit youpin. Il s’était fait passer un petit moment pour un résistant, se procurant une carte de résistant on ne sait trop comment. Mais en vérité c’est cet antisémitisme initial qui va plus tard alimenter ses positions anti-résistancialistes. Il mettra donc en scène quelques souvenirs – sans doute inventés – de l’épuration pour nous faire croire deux choses : d’une part que les épurateurs étaient des résistants de la 25ème heure et d’autre part que cette épuration sauvage a été aussi sordide que les exactions des Allemands au moment de l’Occupation[2]. Cet amalgame honteux lui permettant de se situer dans un entre-deux qui n’existait pas. On peut d’ailleurs voir un peu de cette position dans des films comme Un taxi pour Tobrouk. Valeurs actuelles parle également de José Giovanni comme ayant été jugé pour faits de collaboration, ce n’est pas le cas. Il avait été condamné à mort pour avoir à la fin de la Seconde Guerre mondiale torturé et tué un juif dont il voulait s’emparer de ses biens avec quelques complices[3]. José Giovanni avait été aussi membre du PPF de Jacques Doriot, parti qui ne prônait pas l’anarchie, loin de là. Il est  très probable que Giovanni ait ensuite regretté ses engagements de jeunesse, et à la limite son profil est devenu par la suite celui d’un anarchiste apolitique, il ne votait pas et évitait de se mêler des débats politiques, militant pour l’abolition de la peine de mort allant jusqu’à célébrer l’assassinat d’un dictateur qui ressemblait à Franco dans Où est passé Tom ?    

Michel Audiard, écrivait des textes antisémites pendant l’Occupation

Le cas de Léo Malet devrait être traité à part et cela pour deux raisons, la première est que ses écrits publiés, tous intégralement peuvent se réclamer de l’anarchie.  C’est d’ailleurs par ce biais qu’il rencontra les surréalistes et André Breton et qu’il manifestera dans Brouillard au pont de Tolbiac une sourde nostalgie pour son compagnonnage avec les anarchistes révolutionnaires. Il est vrai que par la suite il effectuera un virage à droite, d’abord en se rapprochant des gaullistes et de l’Algérie française, puis en prenant des positions de plus en plus ouvertement hostiles à l’immigration ce qui avait horrifié Libération[4]. Si cette dernière partie de son parcours est véritablement le fait d’un homme de droite, son œuvre publiée milite pour nous dire exactement le contraire. Lui-même dira qu’il est normal qu’en vieillissant on évolue de l’anarchie vers la droite. Le cataloguer comme anarchiste de droite est complètement abusif au vu de son parcours, car c’est en abandonnant ses positions initiales anarchistes justement qu’il devint un homme de droite, un homme d’ordre. Mais il reniera jamais son anticléricalisme.

 

On nous dit qu’anar de droite ce serait finalement non pas une position politique, mais une sorte d’état d’esprit léger et moqueur. En vérité cette soi-disant légèreté que périodiquement on nous vend à propos des Hussards et de Blondin, n’est que la conséquence du fait que ces gens-là, proches de la collaboration appartenaient au camp des vaincus politiquement et c’est cela qu’ils mettaient en scène. Évidemment si on s’en tient à l’étymologie du mot anarchie, il est difficile de voir de l’anarchie chez des gens comme Barbey d’Aurevilly voire Bernanos défenseur de l’Église et de la calotte. Et donc cet incongru canard de Valeurs actuelles qui soutient que Brassens et son ami René Fallet seraient des gens de droite qui s’ignoraient relève évidemment de l’imposture. Je n’ai pas une grande estime pour les positions politiques de Brassens, mais de là à le classer à droite, il y a de la marge. Pour agréger ces deux derniers noms à leur catalogue, Valeurs actuelles qui sent tout de même un peu l’encensoir, va invoquer une forme de conservatisme qui en quelque sorte serait de droite, mais il me semble qu’on peut avoir un regard critique sur les excès du progrès dans la vie moderne sans pour autant être de droite. Cet étiquetage louche qui veut faire rentrer à tout prix n'importe qui dans un face à face gauche-droite aboutit nécessairement à des fautes graves. Par exemple dire que Frédéric Dard est un homme de droite n’a strictement aucun sens, lui-même disait qu’il n’était pas anarchiste et qu’il avait toujours voté à gauche, pour la gauche modérée si vous voulez, mais à gauche tout de même. Ce fut d’ailleurs un des motifs de sa dispute avec Léo Ferré qui, anarchiste révolutionnaire et anticlérical ne votait pas. Également le confusionnisme règne à propos du sinistre Gérard de Villiers qui a vendu des millions d’exemplaires des aventures de son héros S.AS. Même en cherchant bien on ne voit pas très bien ce qui peut de près ou de loin rattacher cet individu à l’anarchie. De droite il l’était certainement, raciste, atlantiste, prônant la domination des Etats-Unis sur le reste du monde.     

Mais ce catalogue hâtif nous intéresse pour autre chose. Le fait que ce qui domine et qui est réuni abusivement ici, soit principalement des gloires du passé. Et aujourd’hui s’il n’existe pas d’intellectuels de gauche de dimension sérieuse, il n’existe pas plus d’intellectuels de droite intéressants. Boudard est décédé depuis un quart de siècle et peu de gens le lisent encore, mais s’il avait un vieux fonds d’anarchie en lui – il ne votait pas – je ne crois pas qu’il se serait reconnu dans « les idées de droite ». Également aller chercher Desproges qui n’en demandait pas tant ou Sylvain Tesson montre que si la droite et la droite extrême peuvent avoir un succès très relatif sur le plan électoral, culturellement c’est aussi proche du néant qu’Annie Ernaux ou Edouard Louis. Plus sérieusement il semble que les notions de droite et de gauche soient aujourd’hui totalement périmées. Je crois qu’il faut plutôt parler de systèmes économiques et sociaux opposés, l’un qui considère que le capitalisme et la réussite individuelle à n’importe quel prix sont le but, et l’autre qui considère que l’accumulation de biens, et la consommation de marchandises nuisent à l’épanouissement des mœurs. Vouloir faire rentrer des personnalités du monde de la culture dans des cases étriquées, gauche ou droite, revient à la caricature. 



[1] Temps noir, numéro 20, octobre 2017.

[2] La Nuit, le jour et toutes les autres nuits, Denoël, 1978.

[3] Temps noir, n° 16, 2013.

[4] Cédric Pérolini, Léo Malet mauvais sujet, Nestor Burma passe aux aveux (préface de Patrick Pécherot, avec un inédit de Léo Malet : Sur le roman policier), L'Atinoir, 2010

samedi 12 octobre 2024

Les mensonges et les hypocrisies du journal Le monde

  

Premier journal de désinformation français, Le monde indique aux autres médias comment il faut penser. Mais ce faisant, ils additionnent les mensonges aux menteries. Et c’est comme ça pour tous les sujets. Ensuite ce canard boiteux désinforme par la manière dont il écrit, le ton plus ou moins hargneux, le choix des adjectifs, le choix des références choisies. Il relai aussi en permanence, les tribunes de ceux qui sont pour l’Europe, pour l’immigration, pour la voiture électrique et bien sûr pour faire la guerre aux Russes tout en soutenant les Palestiniens, confondus avec la Hamas. Lorsqu’on lit Le monde, il faut faire attention à trois choses : d’abord la signature, et si c’est un « journaliste », tenter de savoir où il a été formé. En général les « atlantistes » l’ont été aux Etats-Unis. Si ce sont des universitaires, il faut se renseigner pour savoir s’ils ne mangent pas à d’autres râteliers, à quelle fondation de recherche ils émargent et que gagnent-ils en dehors de leur salaire d’universitaire. Franc comme un âne qui recule, Le monde n’ose pas dire son antisémitisme natif – il ne faut pas oublier que ce torchon est à la Libération la continuation du journal Le Temps qui s’était gravement compromis avec la collaboration et dont il récupérera au moment de sa fondation quelques pétainistes égarés. Les faits vont donc être édulcorés, réinterprétés de façon à obliger les lecteurs à avoir une bonne lecture. Le journal prétend avoir une vertu pédagogique face à des lecteurs qu’il pense à moitié ignares.  

 

Le monde est un journal antisémite, mais évidemment, il n’y va pas franchement comme les vieux fachos, ceux qui lisent Rivarol ou qui écoutent sur Radio Courtoisie les élucubrations d’Henri de Lesquen. Et donc, dans son édition du 7 octobre 2024, daté du 8 octobre, petite coquetterie, il donne une édition spéciale sur la guerre d’Israël avec le Hamas. Ce journal, en bon européiste, va éviter autant qu’il le peut de parler du pogrom du 7 octobre 2023 qui vit la mort de centaines de civils israéliens, femmes, enfants, vieillards. Si on lit cette une, on ne comprend pas que la guerre qui a démarré le 7 octobre 2023 exactement est le résultat d’un massacre ignoble. Et la moindre des décences eut été de rendre en priorité en ce jour les victimes de ces exactions islamistes. Utilisant une comptabilité macabre, Le monde met donc en avant les destructions dramatiques de Gaza. Je ne veux pas ici me prononcer sur les torts des parties dans ce conflit, mais je veux seulement souligner qu’en mettant en avant la misère de Gaza et en passant sous l’éteignoir les victimes du pogrom du 7 octobre 2023, Le monde non seulement occulte les origines de la guerre dans Gaza, mais condamne de fait Israël pour cette guerre. Le Hamas est peu présent dans le discours de ce journal comme cause principielle. Le monde a pris son parti : Israël a tort au moins depuis sa fondation. Sur l’image ci-dessus, nous voyons que sur la une du journal, sur la droite, c’est le cas de le dire, il rend compte du fait que Macron, président des plus démonétisés, aurait remonté les bretelles de Netanyahu. Il n’est pas utile de rappeler que ce journal fut l’un des tous premiers soutiens de Macron en 2017. En tous les cas, ce journal fait comme si la position de Macron disant qu’il faut cesser de livrer des armes à Israël avait plus d’importance que la douleur des victimes du pogrom du 7 octobre 2024, et que la vie des otages encore détenus dans les cachots du Hamas. Vous remarquerez que Macron et Le monde veulent désarmer Israël, tandis qu’ils militent bruyamment pour continuer à armer l’armée ukrainienne sous la conduite de l’OTAN. Le monde a publié sur son site un éditorial d’Alain Frachon[1] qui tentait d’expliquer que l’attitude violente d’Israël consécutivement au pogrom du 7 octobre 2023, était de la faute de Joe Biden. L’idée saugrenue est qu’en échange d’une livraison d’armes, nécessaires à la survie d’Israël, les Etats-Unis auraient dû exiger de l’État hébreux une contrepartie politique. L’idée se comprend, mais elle se heurte à deux réalités. La première et peut-être la principale est que Frachon ne sait pas définit quelle serait cette contrepartie politique. Il n’avance aucune idée sérieuse de ce que pourrait être concrètement cette contrepartie en l’état. La seconde réalité est que d’exiger d’Israël quelque chose, alors qu’on n’exige rien du Hamas et du Hezbollah, en échange des armes est une forme de chantage ou encore une perte de souveraineté de ce petit pays. Mais la sournoiserie du raisonnement va plus loin, elle sous-entend que la défense d’Israël est exactement la même chose que celle de l’Occident, et tort la représentation du conflit israélo-palestinien pour lui enlever sa particularité et le fondre dans l’affrontement directe entre le Nord et le Sud. La réalité ne peut se laisser représenter dans cette simplification abusive qui fait d’Israël un État exploiteur et de la Palestine – qu’est-ce que c’est ? – un malheureux pays pauvre empêché de se développer. 

Une manifestation en hommage aux victimes du 7 octobre 2023 a eu lieu samedi, à Paris 

Avec la guerre en Ukraine, Le monde s’en est donné à cœur joie en matière de désinformation. Ça va des origines du conflit, jusqu’au compte rendu des combats sur le terrain, en passant par le décompte des cadavres. Tout est faux, comme si le but de ce journal était de montrer que les Russes sont nuls sur le plan militaire et que la victoire est à portée de la main. Sont à la manœuvre les agents des Américains, Sylvie Kaufmann, les frère Vitkine et Emmanuel Grynszpan. Si ces trois derniers essaient d’avoir un peu de retenue, même en mentant effrontément, Sylvie Kaufmann « éditorialiste » et furieuse atlantiste, est celle qui, au Monde, veut le plus la guerre avec la Russie, et qui passe son temps à dénoncer les compromissions de Macron et de Merkel avec Poutine[2]. Depuis 2022, elle répète dans Le monde, à peu près tous les deux jours, les certitudes suivantes : 1. Si on n’arrête pas Poutine en Ukraine, il ne s’arrêtera plus et finira par arriver jusqu’à Paris, le message subliminal est le suivant, nos frontières ne se trouvent pas en France, mais aux confins de l’Europe ; 2. Pour peu que les Européens se réarment et soulagent le poids de la guerre portée par les Etats-Unis et l’OTAN, l’Ukraine gagnera ; 3. La voie diplomatique est impossible avec les Russes et surtout Poutine. Car pour elle c’est uniquement Poutine tout seul dans son coin qui décide, ce qui laisse entendre que c’est un dément assoiffé de sang et de pouvoir. Bien entendu pour elle la guerre a commencé avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, et surement pas en 2014 avec l’attaque des ukronazis sur le Donbass. Ne comptez pas sur cette menteuse professionnelle pour vous éclairer sur le coup d’État de 2014 fomenté par Victoria Nuland, ce qui est connu et documenté, ni pour donner un peu de sérieux à son analyse des sabotages de Nord Stream par ses amis et employeurs américains. N’ayant peur de rien, elle fait aussi des séances de théâtre payantes pour expliquer à des imbéciles combien Poutine et les Russes sont mauvais et qu’il faut les vaincre en démantelant la Russie elle-même. C’est le pilier le plus sûr de la domination des Etats-Unis sur la presse française, enfin au moins tant que Trump ne revient pas aux affaires[3]. En 2023 elle commit un livre d’une indigence rare au titre qui en dit long sur elle-même, Les aveuglés – chez Stock – pour démontrer combien les dirigeants européens comme Merkel, Hollande et Macron ont été bernés par Poutine ! Mais elle ne vous parlera jamais de la fourberie de Merkel et Holland qui avouèrent cyniquement que les accords de Minsk n’étaient qu’un leurre pour laisser à l’OTAN le temps de réarmer l’Ukraine et de provoquer la guerre avec une accélération des bombardements de l’armée ukrainienne sur le Donbass. Sylvie Kaufmann fait, on l’a dit, semblant de croire à une victoire de l’armée ukrainienne sur la Russie à long terme. Donc elle explique aux militaires ce qu’ils doivent faire ! Elle n’est plus journaliste, mais elle est aussi expert militaire et conscience politique ! La folie des grandeurs la guette, ne comprenant pas qu’elle est une simple domestique du système, elle croit le guider et  le formater. 

 

Mais j’ai déjà parlé » souvent de la guerre en Ukraine. Parmi les expressions dont Le monde ne veut pas entendre parler, il y a celle de « grand remplacement ». Que signifie cette expression ? Qu’au fond les excès de l’immigration de masse ont fait de la France un pays qui tend à invisibiliser les blancs et partant ont miné le socle de la nation. Cette expression ne peut venir que des milieux nationalistes, mais elle a fait mouche auprès de l’opinion. Les journalistes du Monde ont donc fait de longue date, avec la plupart des médias dominants d’ailleurs, campagne afin que les minorités ethniques soient mieux représentées – au nom de la diversité culturelle et du fameux vivre ensemble dont plus personne ne veut entendre parler – à la télévision, dans les publicités ou encore au cinéma. Si vous regardez les publicités télévisées, vous avez l’impression qu’en France la population est faite de 50% de personnes d’origine africaine, j’en ai déjà parlé longuement[4]. Ce positionnement renvoie à deux idées importantes : la première est que l’immigration est un phénomène naturel, comme la pluie et le vent, et la seconde est que quiconque s’élève contre l’idée selon laquelle l’immigration ne peut être que « globalement positive » est un menteur et un fasciste. On va donc s’attaquer à la fois au langage qui nomme un phénomène et à présenter ce phénomène comme anodin et sans impact. Le monde va mettre en avant une forme de pédagogie moralisante, désignant les mots qu’on peut dire et ceux qu’on ne peut employer. Parler de grand remplacement c’est mal, la preuve, c’est ce dont parle le RN et c’est ce qui fait d’ailleurs le succès du parti de Marine Le Pen !

Ce sont des expressions qui déshumanisent, suscitent la peur ou abaissent au rang de citoyen de seconde zone : « grand remplacement », « Français de papier », « ensauvagement »… Marginales il y a quelques années, elles se sont progressivement propagées dans le débat public, jusqu’à se retrouver dans la bouche de personnalités politiques de la droite dite républicaine, voire de gauche.[5]

Mais si les journalistes du Monde voient bien que le thème du grand remplacement a du succès, ils ne se posent pas pour autant la question de savoir de quoi ce succès est fait, pour eux c’est la campagne hargneuse du RN qui est responsable de cet aveuglement. Le second volet de cette sournoise campagne est de multiplier les tribunes où de doctes professeurs pour minimiser les problèmes qui pourraient être liés à l’excès d’immigration. Le grand menteur François Héran est régulièrement convoqué par Le monde pour faire de la propagande immigrationniste dans ses colonnes. Il est bien sûr un ennemi de l’idée de grand remplacement, et passe son temps à nous dire que le nombre de migrants en France est très faible. Bien que professeur au Collège de France, il a fait l’objet de sévères critiques de la part de Michele Tribalat, mais pas que d’elle, notamment pour avoir faussé les statistiques en mélangeant allègrement les stocks et les flux afin de minimiser le phénomène[6]. 

 

En effet avec ce tour de passe-passe, on élimine le fait que les immigrés se reproduisent, qu’ils prennent la nationalité française et on compare le flux des arrivées récentes – en général sur une année – au stock des Français comptabilisés comme tels. Mais François Héran va plus loin dans un article récent pour Le monde, ce propagandiste de l’immigration sauvage, nous affirme que plus on veut résister à la poussée migratoire, plus on suscite celle-ci ! autrement dit moins on contrôle l’immigration et moins il y en aurait[7] ! La fréquence des tribunes de ce militant immigrationniste dans Le monde en fait le porte-drapeau de la ligne éditoriale de ce canard boiteux. Qu’on soit pour ou qu’on soit contre, le grand remplacement est visible à l’œil nu, mais pas pour le journal Le monde qui sur ce point est à l’unisson avec la gauche mélenchoniste et la droite macronienne. Tout le monde, sauf François Héran et Le monde, a remarqué que si en 1958 l’équipe de France était composée uniquement de blancs, elle était en 2024 composé presqu’uniquement de joueurs aux ascendances africaines extrêmement visibles. Et encore dans la photo que j’ai mise ci-dessus on peut y voir Antoine Griezmann qui vient de s’en retirer. Cet imbécile d’Éric Cantona qui fut un excellent footballeur, mais qui possède une cervelle de moineau avait eu le front de dire que Didier Deschamps le sélectionneur était raciste, sous prétexte qu’il avait écarté Benzema de la sélection ! Glissons. Les deux photos ci-dessus montrent que les blancs ont bien été remplacé dans l’équipe de France de football par des joueurs d’origine africaine. Qu’on trouve cela normal ou qu’on s’en désole, il est primordial de partir de la réalité des faits, non pour leur perception, mais pour leur évidence. On ne peut pas analyser un phénomène aussi compliqué que l’immigration et ses conséquences en commençant par nier les évidences. Le monde utilise toutes les cordes de la sentimentalité pour nous expliquer à longueur de colonnes que les migrants risquent la mort en traversant les mers pour venir se faire exploiter chez nous, c’est un label de probité et de courage. Il soutient donc les campagnes pour les ONG qui aident les migrants, mais aussi celles qui visent à discréditer Frontex publiquement en dénonçant par exemple son ancien directeur qui se serait rapproché du RN – ce qui pour Le monde est le mal absolu[8]. Il faut militer pour investir dans la sécurité des migrants et leur accueil[9]. Ce militantisme s’appuie sur une vision du monde où les frontières doivent disparaitre et où la souveraineté de la nation fera place à l’État de droit, c’est-à-dire à un gouvernement des juges à la place d’un gouvernement du peuple. Le monde en arrive même à critiquer l’Union européenne qui a financé la rétention de migrants syriens et afghans en Turquie[10], autrement dit l’Union européenne doit en faire toujours plus pour l’accueil des migrants, ce qui parait assez incongru au moment où justement la Commission européenne réclame des programmes d’austérité qu’en France Michel Barnier va tenter de mettre en œuvre en évitant la révolte des classes pauvres.           

 

Pour faire mieux accepter l’immigration par des populations qui n’en veulent pas, Le monde axe sa propagande sur la nécessité économique impérative qui nous obligerait à accepter de plus en plus de migrants. Quand le petit peuple critique les excès de l’immigration, outre les inconvénients rencontrés dans la vie quotidienne, il pointe le fait que – ainsi que le signalait Marx d’ailleurs – cet excès d’offre de travail qui se précipite sur le marché pousse les salaires à la baisse. Mais les économistes s’appliquent, essentiellement pour des raisons militantes, à démontrer que ce qui ressort du bon sens économique – la loi de l’offre et de la demande – ne marcherait pas pour les migrants ! C’est la ligne éditoriale du Monde. Autrement dit Le monde fait confiance à la loi de l’offre et de la demande quand ça l’arrange et au contraire la met sous l’éteignoir quand ça le défrise. Leur économiste préféré dans cet exercice c’est Hyppolite d’Albis qui passe son temps avec des tests économétriques bidonnés à essayer de nous démontrer que l’immigration n’a aucun impact ou très peu, ou peut-être même encore moins, sur les salaires[11] ! Cet Hyppolite d’Albis quand il ne traficote pas les chiffres et tord les tests économétriques pour donner une image positive de l’immigration, renvoie le lecteur au fait que la France ayant absorbé 900 000 rapatriés en 1962, lors de l’indépendance de l’Algérie, peut bien continuer à absorber des millions de migrants aujourd’hui. Ce raisonnement est triplement faux – mais volontairement faux. D’abord parce que les rapatriés étaient déjà des Français et non des étrangers. Ensuite parce que 900 000 rapatriés cela ne s’est pas fait toutes les années. Or depuis environ trente ans, la France accueille environ 250 000 étrangers nouveaux par an, ce qui fait qu’en trente ans elle a accueilli 7 500 000 d’étrangers sur son sol, sans compter qu’ils se sont reproduits. Et donc si D’Albis était un petit peu sérieux, il comparerait les 900 000 rapatriés aux 7,5 millions d’immigrés. La troisième raison qui fait qu’Hyppolite d’Albis mérite un zéro pointé, est que dans les années soixante, la croissance économique était très forte. Elle tournait au-dessus de 5% par an. Elle oscille aujourd’hui entre 1 et 2%. Les possibilités de travail ne sont pas les mêmes, mais cette imbécilité provient d’une erreur théorique de d’Albis. Il pense que c’est l’offre qui crée la demande et donc que plus nous avons de bras à pas cher à louer, et plus la croissance économique sera forte. Les chiffres montrent que c’est exactement l’inverse. D’Albis s’en tient à cette idée, l’excédent de main d’œuvre n’est pas responsable du chômage, il ne se pose pas la question du fait que dans les quartiers pauvres peuplés d’immigrés et de leurs descendants, le taux de chômage n’a rien à voir avec la moyenne nationale. En outre il suppose que l’offre d’emplois est strictement élastique la demande d’emplois ! Autrement dit que plus on a de main d’œuvre plus d’emplois seront créés. Cette approche est compatible avec l’idée que le chômeur est responsable de son état et donc que les immigrés ne volent en rien le travail des Français étant donné qu’ils ne font que les boulots de merde que les Français ne veulent pas ! D’Albis va également ressortir le vieil argument de l’arrivée de 125 000 Cubains en 1980 à Miami, selon lequel on n’a pas constaté une hausse du chômage ni de baisse du salaire à ce moment-là. Évidemment dans un pays de 225 millions d’habitants c’est facile à absorber, le surplus de main d’œuvre s’échappant en dehors de Miami, mais en outre cette fantaisie ne s’est pas répétée dans les années qui ont suivi. D’Albis ne parle pas évidemment d’un phénomène pourtant bien connu des économistes qui s’occupent de l’immigration : l’immigration prélève une partie de la population des plus actives des pays émetteurs. Or si la croissance a besoin de bras chez nous, il n’y a aucune raison qu’il n’en soit pas de même dans les pays pauvres. Autrement dit en prélevant de main d’œuvre dans les pays pauvres, on les condamne au sous-développement. Plusieurs pays, notamment le Maroc et la Chine se sont alarmés du fait que les investissements qu’ils ont réalisés dans l’éducation finalement profitent aux pays développés !

 

Le monde passe sous silence systématiquement les difficultés du vivre ensemble qui se traduit par des menaces, voire des meurtres ou des attentats. Son but n’est pas de présenter la réalité, mais d’endoctriner les populations – enfin les jeunes cadres qui le lisent – afin de les persuader qu’en dehors de l’immigration il n’y a pas de salut. L’immigrationnisme du Monde va dès lors se doubler d’une politique nataliste. Récemment l’atlantiste va-t-en-guerre Sylvie Kaufmann, encore elle, préposée à entretenir la haine des Russes au quotidien, va développer la chanson bien connue : sans croissance démographique l’Occident est foutu, aussi bien sur le plan économique que sur le plan militaire ! Il lui faut de la main d’œuvre bon marché, notamment pour faire en sorte que ces nouveaux futurs potentiels travailleurs travaillent pour payer les retraites des plus vieux, et aussi il faut de la chair à canon pour la longue guerre qu’elle envisage de programmer contre la Russie[12]. Les Européens n’ayant plus les capacités de pondre des enfants en quantité suffisante, les immigrés vont donc s’en charger ! Si ça ce n’est pas du grand remplacement, je ne sais pas ce que c’est ! Il n’est pas besoin d’insister sur l’imbécilité et l’aspect totalement immoral de ce raisonnement qui traite l’immigré comme une simple marchandise peu onéreuse. Disons seulement que les conditions de vie à la surface de la terre étant bridée par la finitude des matières premières et de l’espace naturel, il est franchement idiot de miser pour le long terme sur une hausse de la population. Tout cela n’empêche pas ce douçâtre canard de fustiger le fait que la civilisation humaine s’attaque aux racines mêmes de la vie sur terre en faisant disparaitre faune et flore dans leur diversité[13]. Et donc Le monde continue de militer pour la croissance économique, mais en défendant un système dit de découplage qui serait capable, grâce aux progrès de la science, de permettre la croissance économique tout en diminuant l’usage des ressources naturelles. C’est l’ordinaire du green washing. Mais pourquoi Le monde est-il autant porté sur la croissance économique comme objectif, alors que sont produites et consommées tant de marchandises inutiles ? En vérité c’est parce que ce journal ne veut pas d’un partage plus égalitaire des richesses, et donc pour rassurer les plus riches et apaiser les plus pauvres, l’idée est non pas d’augmenter la part des plus pauvres – modifier le partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital – mais d’augmenter la taille du gâteau ! Donc le monde défend « la transition écologique »[14]. Rien que cette terminologie fait froid dans le dos. Elle suppose que tout peut rester pareil en remplaçant le pétrole par les énergies renouvelables et le nucléaire, mettre des éoliennes et des panneaux photovoltaïques partout est le moyen, avec la prime à la voiture électrique. En en plus c’est bon pour les profits ! Comme si le système économique était déterminé un fois pour toutes.

 

Le monde aime bien la gauche, à condition qu’elle soit de droite. Ils maintiennent cette fiction idiote selon laquelle Macron représenterait le « centre » fiction d’une position politique équilibrée et apaisée. Et donc la gauche qu’ils aiment c’est celle de Glucksmann ou de l’ectoplasme Cazeneuve. C’est Glucksmann, l’agent des Américains qu’ils préfèrent. Celui-ci publie de nombreuses tribunes dans ce journal, et très souvent il est interviewé comme s’il avait quelque chose à dire. Celui défend dans les colonnes de ce journal l’idée que pour survivre en Europe il faut défendre l’Ukraine et vaincre la Russie. Soyons juste il a développé cette idée stupide avant Sylvie Kaufmann[15]. Glucksmann défend les idées d’une gauche qui intervient un peu partout dans le monde au nom du bien. Il défend donc, comme par hasard, la guerre contre Bachar el-Assad, la révolution orange en Géorgie, bref tous les endroits où les Américains ont des intérêts. Il combat aussi la Chine – autre concurrent des Etats-Unis – au motif assez peu documenté que les Chinois exploitent les Ouïgours pour mieux pénétrer le marché européen[16], et il réclame que Macron parte en guerre contre la Chine, au motif qu’il serait trop mou avec Pékin[17].  Si la posture de Glucksmann convient tout à fait au Monde sur les questions internationales. Ce journal apprécie que leur champion veuille mener la gauche au pouvoir mais sans sa partie la plus importante la FI[18]. Ils donnent de l’importance à cet agent des Américains dans la perspective des élections de 2027.

« Éternel costume bleu nuit, chemise blanche immaculée et inamovible sourire, Raphaël Glucksmann a passé deux jours à lever une ambiguïté, celle de son avenir politique. Rompant avec le silence de ces dernières semaines, l’élu a prononcé, dimanche 6 octobre, un discours aux accents présidentiels, donnant un nouveau virage à sa carrière politique, jusque-là cantonnée au Parlement européen. « En 2025, ou en 2027, ce ne sera pas un succédané du macronisme, ni le populisme de gauche, qui empêchera l’extrême droite de prendre le pouvoir, ce sera nous », a-t-il proclamé, désireux d’accéder aux responsabilités. »

Le monde le lance donc comme ils avaient lancé Macron en 2017. Le début de ce paragraphe écrit par Sandrine Cassini, cireuse de pompes au pays du cassoulet, est du même genre que ce que ce canard écrivait en 2017. Le sourire, la chemise blanche – immaculée, preuve qu’il a de quoi se payer la blanchisseuse – c’est la panoplie du candidat ouvert et heureux ! c’est le produit de l’année. On donne de l’importance à un politicard qui n’a rien prouver en dehors des services qu’il a rendu aux Américains en Géorgie et en Ukraine. La conséquence logique de cette réclame est que Le monde passe son temps à taper à bras redoublés sur Mélenchon et ses affidés. Ce n’est pas tellement que j’aime Mélenchon, pour moi c’est un vieux politicien médiocre et inconséquent, mais ce que critique Le monde en mettant en avant Glucksmann, c’est moins Mélenchon que l’idée d’une gauche de combat qui s’attaquerait aux structures du néolibéralisme. Si Glucksmann est le candidat de l’ouverture sur l’Europe et la mondialisation, pour Le monde Mélenchon est un homme du passé « qui se barricade »[19].

 

Le monde est un journal de droite, très conservateur sur les questions économiques, même s’il publie de temps à autre des petits textes de Thomas Piketty – mais il est européiste. Ces derniers jours il a entrepris de voler au secours de Michel Barnier qui se trouve très mal embarqué dans l’élaboration et le vote du budget. « Le projet de loi de finances pour 2025 du nouveau premier ministre a été critiqué dans sa propre majorité, entre macronistes qui n’ont pas fait le deuil du pouvoir et élus de droite turbulents. »[20] Si on lit entre lignes, on comprend deux choses d’abord que la cure d’austérité avec baisse des dépenses et hausse des impôts est un impératif catégorique – on remarque que Le monde n’a jamais vraiment critiqué Macron avant cette dissolution sur la dérive des finances publiques – ensuite que tous ceux qui sont contre sont forcément des « gens turbulents » et sans cervelle. Alors que l’opinion s’inquiète des largesses de Macron – plusieurs milliards – pour continuer la guerre en Ukraine, Le monde s’efforce de ne pas en rendre compte, il s’agit pourtant d’une enveloppe estimée pour l’année qui vient à 3 milliards d’euros. Ces trois milliards qui viennent s’ajouter au 5-6 milliards déjà avancés à l’Ukraine, ne seraient-ils pas mieux employés pour réduire la dette publique ? Autrement dit le gouvernement conservateur de Michel Barnier, européiste convaincu, poursuit le rabaissement de l’État en le privant de ses marges de manœuvre notamment dans les domaines de la santé[21] et de l’éducation[22]. Mais pour Le monde il faut en passer par là sinon la Commission européenne et les marchés financiers nous serreront les couilles[23]. Certes on pourrait se demander si sortir de l’Union européenne et de l’euro ne serait pas finalement un début de solution, plutôt que de s’acheminer vers un scénario à la grecque, mais pour Le monde cette option n’est même pas envisagée et envisageable. Il faut maintenir coute que coute l’idée que d’appartenir à l’Union européenne et à la zone euro est une grande chance pour nous !

 

Évidemment si les mensonges et les hypocrisies du Monde sont importants à dénoncer, ce n’est pas à cause de l’audience de ce canard boiteux, ni même parce que les autres médias seraient meilleurs. C’est en réalité parce que ses lignes politiquement correctes de la lecture de l’actualité sont reprises d’une manière plus ou moins directes et se diffusent dans la société. Mais comme ces analyses et préceptes sont totalement décalées de la réalité que les gens vivent – 80% des Français ne savent pas qui est Glucksmann – le résultat est que les journalistes sont de plus en plus vus comme des menteurs et des propagandistes qu’on ne peut pas croire, quel que soit le sujet. En outre, ce décalage constant avec la réalité vécue amène l’idée qu’on ne peut plus croire un journaliste même s’il dit la vérité ! L’image qu’ont les Français de cette profession qui n’en est pas une, est que les journalistes font ce qu’on leur dit, soit parce qu’ils sont dominés par l’argent de leur employeur, soit parce qu’ils ont des intérêts dans tel ou tel parti. Le monde est dominé à la fois par l’argent des milliardaires Niel qui vient de s’en retirer, Kretinsky et les héritiers de Pierre Bergé, mais aussi par le parti atlantiste qui a son siège à Washington. 

Sondage pour le journal La Croix, janvier 2021


[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/10/guerre-au-proche-orient-biden-n-a-pas-pu-ou-su-eviter-l-escalade-il-a-fourni-les-armes-a-israel-sans-obtenir-la-moindre-contrepartie-politique_6348307_3232.html

[2] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/16/comment-emmanuel-macron-et-angela-merkel-se-sont-leurres-sur-vladimir-poutine-lisez-les-extraits-des-aveugles-de-sylvie-kauffmann_6194670_3232.html

[3] Trump est imprévisible et en supposant qu’il gagne en novembre 2024, il n’est pas certain qu’il cessera d’alimenter la guerre en Ukraine, comme il n’est pas certain que Kamala Harris débarrassée du boulet Biden continuera cette désastreuse politique.

[4] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2020/09/la-publicite-instrument-deducation-et.html

[5] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/01/15/comment-des-expressions-issues-de-l-extreme-droite-comme-grand-remplacement-ou-francais-de-papier-se-sont-glissees-dans-le-debat-public_6210832_4355770.html

[6] Immigration, idéologie et souci de la vérité, L'Artilleur, 2022. 

[7] https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/francois-heran-a-vouloir-comprimer-la-poussee-migratoire-a-tout-prix-on-provoquera-l-inverse_6207118_3232.html

[8] https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/19/fabrice-leggeri-l-ancien-directeur-de-frontex-devenu-frontiste_6217394_3224.html

[9] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/28/l-union-europeenne-doit-imperativement-ameliorer-le-dispositif-de-secours-des-migrants-naufrages-en-mediterranee_6224686_3232.html

[10] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/11/turquie-la-machine-a-expulsion-financee-par-l-ue_6348692_3210.html

[11] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/27/l-immigration-n-a-globalement-que-peu-d-impact-sur-le-chomage-et-les-salaires_6335991_3232.html 

[12] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/02/la-confusion-entretenue-sur-l-immigration-legale-l-immigration-irreguliere-et-le-droit-d-asile-brouille-le-debat-sur-un-sujet-majeur-pour-l-avenir-des-societes-europeennes_6341183_3232.html

[13] https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/10/10/les-populations-de-vertebres-sauvages-ont-decline-de-73-en-cinquante-ans_6347752_3244.html

[14] https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/23/transition-ecologique-la-france-ne-peut-pas-se-considerer-a-l-avant-garde-en-europe_6223762_3244.html

[15] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/15/raphael-glucksmann-si-nous-ne-defendons-pas-l-ukraine-pour-nos-principes-alors-faisons-le-pour-nos-interets-vitaux_6117543_3232.html

[16] https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/06/08/anna-cavazzini-raphael-glucksmann-et-yannick-jadot-il-est-temps-de-bannir-du-marche-europeen-les-produits-issus-de-l-esclavage-notamment-des-ouigours_6129324_3232.html

[17] https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/06/raphael-glucksmann-monsieur-macron-jusqu-ici-qu-avez-vous-obtenu-avec-votre-strategie-d-accommodement-vis-a-vis-du-parti-communiste-chinois_6231765_3232.html

[18] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/10/07/raphael-glucksmann-fait-sa-rentree-politique-a-la-reole-et-affiche-ses-ambitions-pour-mener-la-gauche-au-pouvoir-sans-lfi_6345457_823448.html

[19] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/27/face-au-nouveau-front-populaire-melenchon-se-barricade-dans-une-strategie-de-la-rupture_6244724_823448.html

[20] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/10/12/la-majorite-fragile-de-michel-barnier-mise-a-l-epreuve-par-le-budget_6349707_823448.html

[21] https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/11/budget-de-la-secu-un-nouveau-tour-de-vis-dans-le-domaine-de-la-sante_6348974_3224.html

[22] https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/10/a-l-education-nationale-4-000-postes-d-enseignants-en-moins-malgre-un-budget-constant_6348501_3224.html

[23] https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/10/12/budget-l-agence-fitch-lance-un-avertissement-a-la-france_6349603_823448.html

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