lundi 30 juin 2025

La gauche a déjà perdu les élections de 2027 !

De quelque côté que l’on se tourne la gauche telle qu’elle est représentée par des partis est morte et enterrés pour longtemps. Incapable de faire quelque chose de positif, comme de renverser Bayrou à l’Assemblée par exemple ou d’avoir une analyse sérieuse sur les guerres qui ravagent la planète, elle déconne à plein tuyaux. Alors que le conclave sur les retraites organisé par Bayrou est un fiasco, les partis de gauche, mous comme jamais sont incapable de dire quelque chose sur cette réforme inique. Autrement dit, que ce soit sur le financement des guerres ou sur celui des retraites et de la Sécurité sociale, la gauche laisse le champ libre au MEDEF et à la droite extrême. Par partis de gauche, j’entends, le PS, le PCF, la FI ou encore Place Publique. Les partis dits d’extrême gauche, trotskistes si on veut, n'existent plus du tout, même pas à l’état d’ectoplasmes ! Mais qu’est-ce que la gauche aujourd’hui ? Dans le temps c’était une volonté au moins de façade de transformer la société de marché et donc d’en socialiser les forces productives pour aller vers plus d’égalité et moins d’injustice criante. Cette volonté était soutenue aussi par une volonté de lutter contre l’emprise des religions sur la vie publique.

Mélenchon qui est sans doute, avec raison, le personnage le plus détesté de la classe politique n’en finit pas avec les provocations, il a salué la petite croisière ridicule de l’agente des Frères musulmans, abondamment parlé de Gaza – oubliant au passage toutes les autres guerres qui ravagent la planète. Puis il a beaucoup parlé du génocide israélien, puis il a accusé les Etats-Unis de crime de guerre lorsque ceux-ci ont bombardé les installations de l’Iran pour fabriquer une bombe nucléaire[1]. S’il ne parle plus des retraites, par contre il a choisi comme sujet de se montrer favorable à la dissolution de la France en tant que culture : le voilà qui après avoir tranché en faveur d’une créolisation de la population française, il veut débaptiser aussi la langue française, mais on se demande bien pourquoi il appelle encore son parti la France insoumise, ce serait mieux de l’appeler les créoles insoumis ! Favorable à une immigration sans limite destinée à transformer la France en profondeur, il n’a pas encore compris que la majorité de ses électeurs trouvent eux aussi qu’il faut pourtant mettre un frein à l’immigration de masse. Mélenchon se présentera sans doute, je veux dire sauf accident, avançant qu’il est la meilleure chance de la gauche d’arriver à passer le 1er tour, et en laissant entendre que s’il se retrouve en face de Jordan Bardella, le barrage pourrait bien marcher pour lui. J’ai du mal à penser qu’il croit à cette fable qu’il fait avaler à ses militants. Alors que le Front national assagi en devenant le rassemblement national, Mélenchon joue dans le registre ancien de Jean-Marie Le Pen, antisémitisme compris. Dans le paysage politique il faut un comique troupier pour animer les débats et faire croire qu’il y a des différences de nature entre les politiciens de gauche et de droite. Mélenchon a une ligne de conduite, draguer les voix des quartiers abandonnés de la République et celles des jeunes étudiants mal dans leur peau qui trouve dans le wokisme une manière de s’agiter. Ça fait peut-être du bruit, des manifestations et quelques désordres, mais ce n’est pas très consensuel pour une élection présidentielle.

On trouve toujours plus idiot que soi. La FI est en train de devenir le seul parti vraiment raciste de France. Rima Hassan et Mélenchon pouvaient encore s’abriter derrière Gaza et l’antisionisme histoire de masquer leur antisémitisme militant, mais voilà le misérable idiot François Piquemal qui veut conquérir la mairie de Toulouse en avançant qu’il ne veut pas de babtous en tête de sa liste. Autrement dit l’idiot veut construire une liste dans laquelle les blancs seraient seulement des cautions pour une liste communautarisme. Il va de soi que ce genre d’individu n’a pour l’instant aucune chance d’arriver à atteindre son but. Les autres partis de gauche refuseront de s’aligner derrière lui. Bien entendu, il nie avoir eu ces mots[2]. Mais à tout le moins ça donne une image particulière de ce parti.

Le Parti socialiste n’en finit pas de mourir. Quand François Hollande a été élu en 2012, ce parti tenait tous les leviers de la politique en France, la Présidence, l’Assemblée nationale, presque toutes les régions, les grandes villes et les villes moyennes, et aussi le Sénat. Qu’a-t-il fait de cette manne ? Rien ou plutôt il a fait exactement la politique inverse de celle pour laquelle les naïfs électeurs de gauche l’avaient porté au pouvoir. Hollande, appuyé par l’inénarrable Macron, a engagé des lois de plus en plus régressives, aussi bien sur la Sécurité sociale que sur les retraites, et sur le travail. Cette politique néfaste dans tous les domaines a fait qu’Hollande a été le président le plus déconsidéré de la Vème République, depuis ce record d’impopularité a été battu par Macron et sa perruque chauffante et s’est transformé en haine véritable. Combien de Français rêvent de le voir disparaitre ? Le Parti socialiste a l’image d’un ramassis de traitres et de faux jetons. Ce parti est exsangue, et malgré son faible nombre d’adhérents, il trouve moyen de se diviser entre les tenants d’une ligne ultralibérale, européiste, pro-guerre et une liste plus molle qu’on pourrait dire vaguement de centre gauche. Dans la première catégorie on a encore l’incroyable Hollande qui prétend à jouer encore un rôle en politique alors qu’il est totalement raté. Il est accompagné de petites crapules comme Carole Delga, ou le méchant petit nain Bernard Cazeneuve qui parce qu’il a été Premier ministre six mois se croit investit d’un destin. Il a démissionné du PS, il a créé son petit groupuscule, la Convention, une coquille vide, financé par la caisse noire de ses six mois de Premier ministre. C’est la même catégorie de crapules formée à Sciences Po. Des gens comme ça, sans honneur et sans idée, on en trouve à la pelle dans les couloirs des ministères. Plus à gauche, on trouve Olivier Faure, qui conserve malgré tout l’idée de revenir sur la loi ignoble sur les retraites. Cette bande de farceurs auront-ils les moyens de présenter un candidat qui fasse un petit peu mieux qu’Anne Hidalgo ? Rien n’est moins sûr. Le dernier congrès de ce parti n’a pas l’air d’aller dans ce sens. Déjà qu’ils ont du mal à se trouver un secrétaire général, on ne voit pas comment ils vont arrivé à s’entendre entre ceux qui veulent un candidat de la gauche de droite, genre Delga, et ceux qui voudraient se protéger en militant pour une candidature unique de la gauche. Les électeurs n’oublient pas malgré toutes leurs incertitudes que c’est cette bande de bureaucrates du PS qui a fait une politique de droite, en se camouflant derrière les problèmes de société qui amusent plus les journalistes que les français. Jadis Guy Mollet, social-traitre, mais fin manœuvrier malgré tout, parlait de « la droite la plus bête du monde ». Il n’avait pas tort, mais aujourd’hui, alors que le programme social, économique et politique de la droite macronienne est en échec, nous avons la gauche la plus bête du monde, incapable d’en profiter.

C’est sur l’effacement progressif du PS que Raphaël Glucksmann va tenter d’apparaitre comme un homme raisonnable, face aux fantaisies de la France Insoumise. Encore plus bête que son père Raphaël Glucksmann a présenté son soi-disant programme, lundi 23 juin. « Que voulons-nous pour la France ? », s’est-il interrogé en brandissant un document jaune – la couleur de son parti, Place publique –, intitulé « Notre vision pour la France ». « La politique, c’est ça : travailler, travailler, travailler une vision qui se décline en projet », a-t-il martelé. Lui qui n’a jamais travaillé de sa vie autrement que comme agent de déstabilisation pour les Etats-Unis et en Géorgie nous fait l’apologie du travail ! Encore une canaille qui veut faire surtout travailler les autres ! Mais pourquoi est-il là ? Essentiellement parce qu’il a repris la petite boutique de son père qui était passé sans coup férir du maoïsme échevelé – c’est le cas de le dire – au reaganisme furieux, s’engageant dans toutes les guerres des Etats-Unis. Pour le reste il veut encore plus d’Europe, faisant semblant de croire que l’Union européenne façon Ursula von der Leyen était démocratique. Il met en avant un idéal social-démocrate sans même savoir que les sociaux-démocrates étaient contre une société de marché, mais qu’ils pensaient pouvoir la combattre par les urnes, Friedrich Engels s’était d’ailleurs à la fin de sa vie prononcé contre la révolution pensant lui aussi que la marche au socialisme pouvait se faire dans le calme et sans violence. Ce que cherche à faire le médiocre c’est juste piquer des voix aux macroniens déçus du type le pâlichon Sacha Houlié[3]. Glucksmann se voudrait le héros de la gauche de droite, façon Cazeneuve ou Hollande, cette gauche de droite qui est un ramassis de traitres et d’imbéciles. Il se dit en lui-même que si un imbécile comme Macron qui n'était rien a réussi à se faire élire deux fois, il avait lui aussi ses chances.

Vu la décomposition complète des institutions politiques françaises, il ne suffit pas d’être un imbécile docile et un soutien du grand capital pour être élu, même s’il ne faut qu’une poignée d’électeurs pour ce faire, il faut aussi la complicité des médias main stream qui installent une candidature dans l’opinion. Tout est prêt depuis des années, en 2027 le « système » comme on dit va soutenir globalement Edouard Philippe même si celui-ci est poursuivi pour abus de biens publics[4], même si le journal Le monde préférerait plutôt pour une candidature Glucksmann qui est plus ouvertement pour une guerre prolongée avec la Russie, mais comme on dit le système ne lui demande pas son avis[5]. Les Français étant dégoûtés de leur classe politique, de gauche et de droite confondues, les partis ne pesant plus rien, il est à prévoir qu’en 2027 il y aura une abstention record, au moins au deuxième tour.



[1] Sans même d’ailleurs prendre la peine de s’informer de ces frappes en Iran quant à leur impact réel.

[2] https://www.marianne.net/politique/melenchon/je-ne-veux-pas-de-babtous-en-tete-de-ma-liste-la-tentation-communautaire-de-lfi-aux-municipales-a-toulouse

[3] https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/06/23/sacha-houlie-rejoint-raphael-glucksmann-et-place-publique-pour-reconstruire-la-social-democratie_6615493_823448.html?fbclid=IwY2xjawLHkKpleHRuA2FlbQIxMQBicmlkETBTd0g1VEFjV1dObkZqb0wxAR6hgbKaNvYcylE4ZoZa0dVYy2Ddzvebv-75POnqI_x8zZ5FNIfCucWU_Y1KWA_aem_gSbHWK-E9LLLy2INma-SoQ

[4] https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/23/affaire-edouard-philippe-la-plaignante-demande-la-designation-d-un-juge-d-instruction_6615393_3224.html

[5] https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/06/24/raphael-glucksmann-pose-ses-jalons-et-son-programme-pour-l-election-presidentielle-2027_6615544_823448.html

lundi 23 juin 2025

Le retour de la horde des touristes à Aix-en-Provence et la fête de la musique

 

Non seulement à Aix-en-Provence on a une chaleur à crever en cette fin du mois de juin, mais en plus nous devons supporter des hordes de touristes. Et pire encore, le 21 juin 2025 on doit se barricader pour cause de fête de la musique, ce dégueuloir informe. C’est le monde moderne si vous voulez, mais nous ne sommes pas obligés d’accepter ça. Les imbéciles croient que le tourisme apporte quelque chose à la ville. C’est complètement faux. Il faut comprendre qu’au contraire plus ils sont nombreux et plus ils façonnent la ville à leur image et la rendent laide. En effet la ville doit s’adapter à ces hordes vibrionnantes. Et donc on refait les places, les rues, les hôtels, les restaurants, de façon à ce qu’ils ne se sentent pas dépaysés. On adapte Aix à une vision mercantile de la Provence qui n’a aucun fondement, celle que se font ces touristes ignares, vulgaires et arrogants. Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer le surtourisme, tout le monde fait, de Barcelone à Paris, la ville-musée par excellence, vidée de toute activité, sauf celle des bureaucrates des ministères et de la domesticité. C’est malheur qui frappe toute l’Europe, même Marseille est touchée. Pour comprendre ce phénomène, il faut partir des plans européens d’aménagement des territoires qui, dans les années soixante-dix, assignaient à la France dans la division internationale du travail, celle de gardien de musée et de domesticité. Il y avait même un plan d’aménagement de la Corse pour un tourisme de masse qui aurait amené des Hollandais et des gens du Nord bas de gamme. Ce plan a partiellement échoué, parce que les Corses ont posé des bombes ! Dans la perspective de la bureaucratie européenne, on aurait dû avoir la division du travail suivante : l’Espagne et la Pologne pour l’agriculture, l’Allemagne pour l’industrie haut de gamme et la France comme réceptacle à touristes fournissant les domestiques pour les servir. C’est d’ailleurs le premier pays touristique au monde. 

Les défauts du tourisme de masse sont bien connus, ils polluent beaucoup et dépensent peu. C’est d’autant plus vrai maintenant avec le développement sans frein des navires de croisières, ces HLM flottants qui transportent des milliers d’imbéciles. À Marseille, en 2024, 2,5 millions de touristes ont débarqués, soit 36% de plus que l’année précédente[1]. Ils débarquent donc à Marseille, montent dans des bus et vont jusqu’à Aix où ils ne restent évidemment pas. Le temps de prendre quelques photos qu’ils pourraient d’ailleurs trouver de bien meilleure qualité en surfant sur le Net, et les voilà repartis. Il faut donc arrêter avec cette fable selon laquelle ce serait un bienfait économique pour la ville. Parfois les plus hardis qui n’ont pas succombés au laïus des guides touristiques, se permettent d’acheter quelques cartes postales ou quelques calissons, voir certains miels sur le marché qu’ils croient être de production locale mais qui sont d’une qualité douteuse. On le voit un peu moins, mais nous avons aussi malheureusement beaucoup de touristes qui ne viennent pas en voyage organisé et qui sont prêts à payer des sommes démentes pour une semaine passée à Aix. Cet afflux de touristes fait évidemment grimper le prix de l’immobilier sur la ville. C’est d’ailleurs une des revendications des collectifs qui luttent contre le surtourisme : les autochtones n’arrivent plus à se loger ! Le tourisme est une des activités les plus polluantes au monde, elle n’est pas neutre. Il y a quelques années, on avait calculé que les bateaux de croisières en Méditerranée polluaient autant que la totalité du parc automobile de l’Union européenne !

Souvent on présente le tourisme comme une activité créatrice d’emplois et de valeur. C’est une erreur de perspective. En effet, c’est seulement une activité consommatrice, et c’est pourquoi elle a des effets autant destructeurs. Par exemple, si en Provence le tourisme a créé effectivement des emplois, c’est parce que par ailleurs on a détruit l’emploi dans les activités agricoles et industrielles qui sont elles créatrices de valeur. C’est un point fondamental et une erreur fréquente des économistes qui ne comprennent pas que la valeur créée dans le secteur des services et seulement un détournement de valeur. Le tourisme ne crée rien, certes il contribue à faire circuler de l’argent pas ne crée aucune valeur d’usage. Les valeurs d’usage consommées par les touristes sont produites ailleurs, dans l’agriculture et dans l’industrie. C’est juste une consommation finale sans retour.

Le tourisme représente environ 8% de la pollution totale dans le monde, et ce chiffre est bien plus élevé pour les pays occidentaux qui sont les gros pourvoyeurs de flux touristiques lointains, autrement dit si d’un côté les pays occidentaux dépolluent en se débarrassant de leurs industries, ils générent de nouvelles forme de pollution. Il pollue les sols, il entraine une surconsommation d’eau, il surconsomme de l’énergie, il est donc un acteur majeur du réchauffement climatique. « Ainsi, ramené à notre échelle individuelle et à notre propre bilan carbone, ces comparaisons montrent bien l’impact majeur que les vacances peuvent avoir. Cela souligne aussi l’incompatibilité de nos modes de vacances actuels avec l’objectif de l’Accord de Paris, qui vise à limiter les émissions à 2 tonnes de CO2/an soit environ 5 kgCO2e/jour »[2]. Autrement dit l’activité touristique est plus qu’une nuisance, elle est criminelle dans tous les sens du terme. Il est l’image de l’économie moderne qui prétend lutter contre le réchauffement climatique, tout en l’entretenant !

Le tourisme dévore son propre sujet, plus les touristes visitent la Provence, et moins celle-ci existe, ils participent de cette marchandisation de l’espace social qui ne produit plus que des images frelatées de ce qui fût pour des imbéciles déculturés. Visuellement le défilé ininterrompu des touristes est une horreur absolue. Ils sont laids, vieux, débraillées, sans tenue, alors même que pour se payer une arrivée jusqu’à chez nous, ils sont prêts à débourser des sommes folles. Il va de soit que leur arrogance est l’image du mépris pour le pays qu’ils visitent, grands consommateurs d’images, ils ne sont pas intéressés par les habitants des contrées qu’ils visitent. L’idée stupide selon laquelle les touristes s’ouvriraient l’esprit en parcourant le monde a fait long feu. Le fait qu’ils aient payé les rassure quant à leur supériorité sur l’autochtone et en même temps crée une distance infranchissable. Mais s’ils nous méprisent, ils ne se doutent pas à quel point ils sont haïs. Il existe une guerre sourde entre les touristes et les autochtones, une guerre qui ne dit pas son nom et qui au fond a pour but de détruire les cultures et les traditions au nom d’une uniformité du monde moderne. La modernité se contentant de consommer des images erronées de la réalité qu’elle prétend saisir, elle gagne du terrain de jour en jour, au prix de grands dégâts peut-être irréversibles.

La grande misère de la vie moderne est de nous imposer l’idée selon laquelle nous devons faire la fête, c’est un but et un devoir. Donc on fête la victoire du PSG avec quelques centaines de voitures brûlées, quelques viols et quelques morts, ou le retour « victorieux » de Rima de sa tournée au Moyen-Orient. Il y a la fête du cinéma aussi qui permet de voir beaucoup de films pour un tarif réduit. Il faut célébrer quelque chose, maintenant que les fêtes religieuses sont passées de mode. Ou alors on célèbre les différences sexuelles. Et puis le plus grand malheur, c’est sans doute la fête de la musique. J’ai connu les gens qui ont lancé cette idée au début des années quatre-vingt. Le 21 juin avait été choisi parce que c’est le jour le plus long, une manière de fêter le solstice d’été. À l’époque on voulait faire sortir la musique des conservatoires. Il n’y avait pas d’électrification des instruments comme aujourd’hui. Et puis le temps passant cette « fête » est devenue une monstruosité. C’est mécanique, elle a multiplié les « talents », chacun amenant son équipement d’amplification du son, en concurrence avec son voisin de trottoir. Ça tourne à la cacophonie, le bruit couvrant la nullité des musiciens en représentation. C’est une autre manière de cultiver la laideur, son et lumière ! Si vous habitez en centre-ville à Aix-en-Provence par exemple, vous ne pourrez pas dormir avant cinq heures du matin, tant pis pour vous et comme il fait toujours très chaud à cette époque de l’année, vous ne pouvez pas dormir avec les fenêtres fermées ! On pourrait dire que cette dégénérescence est la rançon du progrès technique, faire du bruit est aujourd’hui à la portée de toutes les bourses. Il fallait réserver son emplacement auprès de la mairie dès le mois d’avril, car les « musiciens » qui font du bruit sont extrêmement nombreux à vouloir se faire voir. 

À côté de cette saturation par le bruit, il y a le spectacle de la rue. On voit des centaines de jeunes qui déambulent en vidant des canettes de bière une derrière l’autre, quand ce n’est pas du vin. Ils errent de part les rues sans but autre que de se saouler la gueule. Au bout d’un moment ça dégénère, ils vomissent sur le trottoir, ils agressent les filles qui sont un peu seules, ça se bagarre aussi. Le lendemain les éboueurs auront un peu plus de travail ! Bref on s’est bien amusé ! N’est-ce pas là le principal ? On remarque d’ailleurs que plus on veut faire la fête d’une manière frénétique à propos de tout et de n’importe quoi, et moins on s’amuse, plus la morosité ambiante atteint des niveaux élevés. Combattre l’ennui c’est une bonne chose, humaine, naturelle, mais penser le combattre en faisant un vacarme épouvantable, c’est une erreur colossale qui ne réjouira que ceux qui sont contents de voir la jeunesse s’abrutir sans limite !

 A l’Élysée on donnait un récital de vulgarité le 21 juin 2025 

À l’Élysée Macron et son gang faisait la promotion de la vulgarité dans les locaux mêmes du palais présidentiel. Ils avaient payé fort cher le groupe Kasav pour amuser leurs invités. C’est une habitude chez lui, celle de de mettre en scène une débauche obscène et bruyante de tout ce qui a de plus laid dans la prétendue musique. C’est une autre façon de rabaisser ses citoyens. On aurait tort de croire que cette fête n’a aucun sens politique. Comme la Gay Pride est sert à diffuser des normes et des valeurs sous la houlette du président de la République. Habituer les citoyens à la laideur c’est aussi une forme de lavage de cerveau. L’individu moderne n’a droit ni au silence, ni au repos, il est tenu de s’agiter et de brailler avec ses congénères, tenu également de s’enivrer, ce qui est par contre déconseiller les autres jours de l’année selon les publicités gouvernementales ! Soyons juste, s’il y avait énormément de monde à Aix à trainer dans la rue pour la fête de la musique, il n’y a pas eu d’incident notable. Mais les « jeunes » se sont dit déçus par la qualité de la musique !   

Le 21 juin 2025, à Aix-en-Provence, des jeunes désœuvrés se sont rassemblés à la Rotonde avant même la nuit tombée

A Paris et alentours, ce fut cependant un peu moins calme, sans même parler de la saleté laissée sur les trottoirs après le passage de la horde, selon Le Parisien, on dénombrait six personnes poignardées et une centaine femmes qui auraient subi des piqûres selon le journal Le monde. sur ce dernier point on avait été prévenu un peu partout, des « jeunes » avaient annoncé sur les réseaux sociaux et même sur certaines chaînes de télévision complaisantes qu'ils allaient piquer au maximum pour emballer les filles qui seraient restées un peu réticentes à leurs charmes. Curieusement les néo-féministes n'ont pas rendu compte de cette sauvagerie ordinaire. 371 personnes ont été interpellées dans la nuit de samedi à dimanche, et 14 personnes blessées se trouvent en urgence absolue. À Paris, des violences ont éclaté pendant la nuit dans le centre-ville et des magasins ont été pillés. Le parquet de Paris recense de nombreux coups de couteau et agressions sexuelles. 




[1] https://www.franceinfo.fr/economie/tourisme/surtourisme-le-ras-le-bol-des-habitants-d-aix-en-provence-face-a-l-afflux-de-croisieristes_6568703.html

[2] https://www.carbone4.com/liens-tourisme-et-le-rechauffement-climatique

samedi 21 juin 2025

Gérard Berréby & Marc’O, L’art d’en sortir et Délire de fuite, Allia, 2025

 

Marc’O de son vrai nom Marc-Gilbert Guillaumin est décédé le 11 juin 2025. Il avait atteint l’âge respectable de 98 ans. Il s’en est allé discrètement, il n’était pas trop du genre à se mettre en avant. Quelques semaines avant, il avait publié grâce à Serge Berréby deux ouvrages, l’un était une longue interview de Marc O’ qui récapitulait son parcours dans les milieux de l’avant-garde post-surréaliste, et l’autre, Délire de fuite, qui racontait l’épopée glorieuse de Saint-Germain-des-Prés dans l’immédiat après-guerre, juste avant que cet endroit ne devienne quelque chose de folklorique à la destination des touristes étrangers. Ces deux documents sont intéressants d’abord parce qu’ils présentent Marc O’ comme un dissident de la chose artistique qui ne s’est jamais renié. Bien entendu il a évolué. Dans les débuts de son arrivée à Paris, il va se tourner vers les lettristes qui se veulent plus radicaux que leurs ainés surréalistes et dadaïstes. Ils ont beau se trouver dans la continuité d’André Breton et de ses amis, ils le vouent aux gémonies. C’est à cette occasion qu’il fera un bout de chemin avec Guy Debord qu’il accompagnera quand celui-ci écrira puis tentera de mettre en forme son premier film, Hurlements en faveur de Sade. Marc’O sera très actif dans le cinéma d’avant-garde. C’est lui qui produira le film d’Isou, Traité de bave et d’éternité, en 1951. Film qui sera présenté à Cannes la même année, à cette occasion il rencontrera Guy Debord qui habitait la ville et qui cherchait à s’en émanciper. Il éditera aussi le journal Le soulèvement de la jeunesse, journal destiné à faire connaitre les thèses d’Isou.

Le thème de la jeunesse était un thème à la mode à la Libération. C’est Isou bien sûr qui l’avait popularisé, mais Debord en avait repris un certain nombre de principes, mettant l’accent sur le nombre de suicides qui démontrait selon lui que la société était mauvaise et qu’elle contraignait la jeunesse à réprimer ses passions comme sa créativité. Dans les pièces de théâtre où Marc O’ tente d’allier la musique de rock et le malaise de la jeunesse, ont retrouvera cette thématique qui le poursuivra presque toute sa vie. En même temps c’est bien d’une vision du chaos comme moteur et espérance dont il s’agit.


Marc O’ aux côtés d’Isidore Isou sur le tournage du Traité de bave et d’éternité, en 1951

 

Dans la foulée de ses rencontres lettristes, il produira une revue, Ion, dans laquelle il publie un certain nombre de textes plus ou moins théoriques sur le cinéma lettriste, Isidore Isou, G. j Wolman, Guy Debord, Maurice Lemaître et lui-même bien entendu. Cette revue financée par Robert Mitterrand, le frère ainé de François Mitterrand et le père de Frédéric Mitterrand qui un temps développera un réseau de salles de cinéma de répertoire. Cette revue qui trace les contours d’un cinéma d’avant-garde sans concession n’aura qu’un numéro. D’une manière ou d’une autre ces signatures resteront fidèles à l’idée d’une avant-garde sans concession. Même si Guy Debord en fondant l’Internationale situationniste, se rapprochera plutôt d’une forme politique, les autres resteront dans la nécessité de s’attaquer à ce qu’ils pensent être la racine du mal, la culture. Mais quelle culture ? L’idée est de s’orienter vers quelque chose de moderne, c’est-à-dire d’adapté à la société d’aujourd’hui. Le deuxième axe est de chercher une relation directe entre l’art et la vie. Ce qui mènera Marc’O à s’orienter vers le théâtre dans sa forme de création collective. Le théâtre devient un lieu de vie collective en opposition avec la société mercantile dans laquelle tout est séparé. Ce qui est important pour Marc’O est de libérer l’acteur et de l’orienter vers la prise de risque, vers la création plus ou moins improvisée. Son travail va s’inscrire dans ces tendances vers la fin des années soixante au happening qui pouvait d’ailleurs virer au-delà des velléités libertaires vers la secte comme chez Julian Beck par exemple.  

De gauche à droite, Marc’O, Guy Debord, Jean Cocteau et un inconnu en 1951 

Les acteurs qui ont travaillé avec lui reconnaissent d’abord un talent de directeur d’acteur. Il révélera Bulle Ogier, Pierre Clémenti, Jean-Pierre Kalfon et même Marpessa Dawn. Même si son audience est restée toujours très limitée, Marc’O obtiendra quelque succès, notamment avec sa pièce Les idoles, une pièce écrite par Marc’O lui-même sur le phénomène de cette pop musique envahissante qui donnera des formes d’hystérie partagées avec les spectateurs. Cette pièce deviendra ensuite un film. Tout cela avec des faibles moyens. Même si par la suite les acteurs qu’on a cités seront attirés par des formes plus traditionnelles du théâtre et du cinéma et évidemment mieux rémunérées. 

Marc’O dirigeant Bulle Ogier dans Les idoles 

Marc’O continuera ses expériences, se dépensant entre la France et l’Italie, il interviendra en Mai 68 et dans l’immédiate suite dans des usines à Milan, toujours sans trop se soucier des conditions matérielles de sa survie, mais sans jamais s’engager politiquement dans un parti d’avant-garde ou non. Navigant dans ces eaux où la misère matérielle fréquente la haute bourgeoisie qui a de l’argent et qui peut subventionner des entreprises « culturelles », il finit par obtenir une reconnaissance dans les milieux avant-gardistes. Quelques années avant sa mort, on a réédité ses films et ses vidéos qui innovaient aussi tout de même sur le plan visuel, que ce soit Closed vision, réalisé en 1954, ou encore Poïética, réalisé par Cristina Bertelli où il accorde une importance décisive au traitement des images – héritage de son passé lettriste – et bien entendu au montage. Mais dans tous les cas il ne chercha jamais à se servir de sa notoriété pour élargir son public et surtout pour gagner encore plus d’argent, pour avoir encore plus de moyens.

Son parcours est peut-être plus intéressant au fond que ses innovations dans le domaine de la culture. Il a été résistant très jeune, il sera même décoré à ce titre. La guerre terminée, il vint de son Auvergne natale à Paris où il survécut assez difficilement, puis se mêlant à la faune de Saint-Germain-des Près il rencontra les milieux avant-gardistes. Il se maria avec Poucette, artiste peintre de son état avec qui il avait eu une fille, Poucette qui rapidement gagna beaucoup d’argent et en dépensant tout autant ! Délire de fuite, un texte oublié et exhumé par Gérard Berréby, donne une description précise de ce que fut cette vie de bâton de chaise, navigant entre le Tabou et les milieux lettristes, cherchant toujours un peu d’argent pour tenter de survivre, ou une fille pour rompre sa solitude. Cette misère était en réalité la contrepartie de cette volonté de ne pas se compromettre avec la société mercantile qui stérilisait toutes les meilleures volontés.  

samedi 14 juin 2025

Les pitreries de la France insoumise

 

Rima Hassan quelques heures après avoir annoncé qu’elle entamait une grève de la faim pour faire plier Israël 

Les extravagances de la France Insoumise font partie de ce qu’on appelle le spectacle politique, c’est-à-dire qu’on mise tout ce qu’on a sur des effets qui coupent cours à toute analyse. En ce sens les pitreries de la Fi sont à gauche la réponse aux imbécilités de Macron qui un jour se dit pour la simplification – entendez le démantèlement des réglementations par exemple dans l’agriculture – et de l’autre côté qui se présente comme le champion de l’écologie en laissant entendre qu’il va refroidir à lui tout seul les océans[1]. C’est le triomphe de l’hyper communication, et ce type d’actions est censé remplacer l’analyse politique. Autrement dit on travaille sur l’émotion. La saga maritime de Rima Hassan, accompagnée de Greta Thunberg a été présentée faussement comme une entreprise à haut risque. Faisant semblant que leur petit bateau allait briser le blocus de l’aide alimentaire aux Gazaouis. Évidemment ces deux icones très médiatiques avaient pris le soin d’embarquer avec elles des journalistes pour témoigner de leur détermination. Tout cela relève du mensonge. Le premier mensonge est bien sûr de s’intéresser au blocage de l’aide humanitaire par Israël, mais d’oublier volontairement que l’Égypte n’a pas ouvert ses frontières avec Gaza. Il serait pourtant intéressant de comprendre pourquoi les pays arabes ne soutiennent pas Gaza et se contentent de dénoncer les difficultés évidentes des Gazaouis. Les gens de la FI que je ne sais plus trop qualifier ne vous dirons rien non plus du fait que l’Autorité palestinienne veut en finir avec le Hamas à Gaza et ne dénonce le blocus israélien que du bout des lèvres[2]. Or nous savons que l’Autorité palestinienne prépare activement le remplacement du Hamas auprès des Gazaouis, ce qui d’ailleurs pourrait apparaître à bien y réfléchir comme une avancée vers une solution à deux États, malgré les difficultés évidentes des deux côtés. Je rappelle pour la clarification de ce qui suit que Rima Hassan est hostile à une solution à deux États, et qu’elle souhaite un État binational comme Shlomo Sand d’ailleurs et comme tous les gauchistes[3]

 

La cuistrerie de Mélenchon et de son gang va jusqu’à occulter les manifestations des Gazaouis contre le Hamas. Or ces manifestations sont de première importance d’abord parce que les Gazaouis se sont révoltés contre un pouvoir fasciste, et ensuite parce que cette crapule de Rima Hassan a désigné mensongèrement le Hamas comme des Résistants, contrairement aux Gazaouis eux-mêmes qui n’en peuvent plus de vivre sous la férule de ce parti qui refuse tout compromis avec Israël et qui revendique l’entièreté de la Palestine mandataire comme un seul État musulman. Rima Hassan qui s’est faite remarquée par ses tendances fascisantes, refusant d’œuvrer à la libération de Boualem Sansal et au contraire saluant le régime dictatorial algérien de retenir dans ses geôles un écrivain âgé et malade. Du reste la FI ne parle pas du fascisme algérien, en serait-il complice ? Ce parti ne dit rien non plus de Boualem Sansal. Mais quelques-uns de ses membres laissent filtrer que c’est bien fait pour lui, d’ailleurs ses députés n’ont pas voté la motion de l’Assemblée nationale demandant sa libération, suivant en cela la voie tracée par Rima Hassan au Parlement européen[4]. C’est carrément le parti de la honte. Mais ce parti a parié sur les populations immigrées et donc ils se présentent comme leur défenseur principal, et puis sur les jeunes gens émotifs et peu instruits à qui il suffit montrer des images d’enfants couverts de sang au milieu des ruines pour les motiver dans cette dérive antisémite de la gauche d’aujourd’hui. La FI a beaucoup travaillé pour rendre l’antisémitisme acceptable, son levier a été de présenter le Hamas comme un parti de Résistants, renvoyant sempiternellement la faute sur Israël et sur les Juifs[5]. Il est d’ailleurs remarquable que la FI met toujours en avant l’islamophobie afin de cacher le fait que les attentats antisémites sont bien plus nombreux que les actes islamophobes. Mélenchon qui change souvent d’idées sur à peu près tout, et qui autrefois défendait une laïcité exigeante a repris à son compte les errements idéologiques de Terra Nova, cette boutique libérale qui milite pour les droits et non pour l’intérêt des travailleurs, et qui avait annoncé que le PS devait se tourner vers le public des banlieues pour se refaire une santé électorale. C’est pourquoi cet opportuniste, volontiers changeant, s’est rallié en novembre 2019 à la lutte contre l’islamophobie en se rangeant derrière les Frères musulmans, dont Rima Hassan, une autre opportuniste qui a fait ses classes dans des ONG obscures, apparait aujourd’hui comme une des porte-voix. On voit bien l’outrance, en développant l’idée que la Hamas est un parti de Résistants, on développe l’idée que l’ensemble des musulmans sont martyrisés de par le monde, et que partout dans le monde les États occidentaux sous l’influence des lobbies juifs nient les droits à l’existence du peuple palestinien. Sur ce thème Rima Hassan a récidivé plusieurs fois, tandis que ses copains de la FI avançaient que le Hamas était financé et monté de toutes pièces par Netanyahu. Ces gens-là n’ont pas peur de la contradiction, sachant qu’ils s’adressent essentiellement à des illettrés qui ne prennent pas la peine de vérifier ce qu’on leur raconte. En effet, si le Hamas est financé par Netanyahu et que Rima Hassan soutient le Hamas, il vient qu’elle soutient ainsi Israël et Netanyahu. Mais Rima Hassan au fait qui a financé son ascension en politique ?

 

C’est dans ce contexte qu’intervient la campagne de médiatisation de Rima Hassan qui s’en est allée provoquer les Israéliens. Il faut rappeler que le louche parcours de Rima Hassan s’effectue au Liban, en Syrie ou son père était un affidé du régime d’Hafez al-Assad, mais aussi en Tunisie où elle a rencontré celui qui allait être son sponsor en politique, Kamel Lazaar, à travers la fondation de celui-ci. C’est par ce biais qu’elle a atterrie du côté de la FI et qu’elle fut présentée, sortie de nulle part, à Mélenchon. Mais elle avait d’autres proposition, notamment chez EELV, cependant elle n’était pas en position éligible. Qu’est-ce qui fait que la FI se soit entichée de cette femme ? Y ont-ils vu un potentiel marketing important ? Ce n’est certainement pas la finesse de ses analyses qui peut avoir fait la différence. Cette provocation coûteuse dont personne ne semble s’inquiéter de la provenance des fonds pour son financement visait à se faire arraisonner par la marine israélienne afin de démontre que les Israéliens sont des brutes épaisses qui veulent entraver l’aide humanitaire apportée aux malheureux Gazaouis. Cette posture a été cependant rapidement démentie par les faits, c’est-à-dire qu’on a compris que Rima Hassan et la malheureuse Greta Thunberg ne risquaient absolument rien. On a fait un peu de cinéma autour d’un drone qui soi-disant poursuivait ce bateau, mais il s’est révélé que ce drone n’était pas israélien mais grec ! Quand le bateau, le Madleen, a été arraisonné, il était évident que les passagers de celui-ci ne risquaient plus rien du tout. Ce bateau appartient à la Flottille de la liberté foncée par Zaher Birawi un soi-disant journaliste qui est considéré par Israël comme un agent du Hamas en Europe. Les vivres que ce bateau transportait pour l’aide alimentaire aux Gazaouis étaient en quantité symbolique, et d’ailleurs ils savaient tous que ce bateau ne pourrait pas débarquer à gaza puisqu’il n’y a plus de port ! L’affaire a rapidement tourné à la farce. Les guignols de la FI prétendant qu’ils avaient été kidnappés, puis après avoir été détournés, ces militants pro-palestiniens ont été expulsés. Greta Thunberg repartant rapidement, tandis que Rima Hassan au contraire refusait son expulsion et prétendant entamer une grève de la faim – grève de la faim saluée par Mélenchon comme une posture guerrière – mais on a eu rapidement des images de Rima Hassan en train de manger ce que les Israéliens lui avaient offert. La Fi a tenté de mobiliser place de la République à Paris pour la libération de Rima Hassan, alors que soi-disant elle ne voulait pas repartir ! Mais finalement elle est rentrée à Paris le 12 juin, accueillie par une poignée d’imbéciles comme si elle était une héroïne qui avait fait plier le gouvernement israélien, alors que les Israéliens voulaient s’en débarrasser depuis l’arraisonnement du Madleen. Évidemment parler de kidnapping à propos de cette histoire est assez indécent quand on le met en rapport avec les malheureux Israéliens qui ont été kidnappés pour servir d’otages comme une sordide monnaie d’échange.

Cette opération a été reçue avec des quolibets sur les réseaux sociaux, et plus encore parce que Mélenchon qui devient franchement gâteux a salué le retour de Rima Hassan comme si elle avait gagné quelque chose. L’idiot a même eu le front de la comparer à Victor Hugo ! Cette affaire est un double fiasco. D’abord parce que les provocations sont tombées à plat, tout le monde comprenant que c’était juste d’une posture médiatique dont il s’agissait. Ensuite parce que le dénouement de cette histoire a été piteux. Seuls quelques imbéciles se sont précipités pour manifester pour la libération de Rima Hassan, mais ce noyau dur des manifestations mélenchoniennes manifesterait pour n’importe quoi pour peu que ce soit aux côtés des femmes voilées et qu’on entende autour d’eux crier « Mort aux Juifs ». C’est à l’Assemblée nationale que s’est conclue cette histoire, les Insoumis parlant d’otages à propos des membres de cette expédition publicitaire, tandis que Bayrou dénonçait une instrumentalisation de ces incidents pour faire croire que cette affaire était d’importance[6]. Ces pitreries n’ont évidemment pas fait avancer la cause palestinienne et moins encore briser le blocus. Pendant ce temps c’est l’ONG GHF qui refusait de distribuer l’aide alimentaire aux Gazaouis au prétexte que plusieurs Palestiniens auraient été tués en allant chercher cette aide[7], mais cet aspect du problème ne semble intéresser personne et surtout pas les gens de la FI. Si cet épisode va sûrement renforcer l’ancrage du parti mélenchoniste dans les banlieues, il est peu probable qu’elle ait un effet positif sur les Français dans l’optique de 2027.




[1] https://www.lemonde.fr/planete/live/2025/06/10/en-direct-unoc-il-n-y-a-jamais-eu-une-telle-mobilisation-sur-l-ocean-estime-emmanuel-macron-invite-sur-france-2_6612070_3244.html

[2] https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250610-pour-l-autorit%C3%A9-palestinienne-le-hamas-doit-d%C3%A9poser-ses-armes-et-ne-plus-diriger-gaza

[3] https://ingirumimusnocte2.blogspot.com/2024/02/shlomo-sand-deux-peuples-pour-un-etat.html

[4] https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/le-vote-de-la-meute-contre-la-liberation-de-boualem-sansal-une-insulte-a-la-gauche-mais-aussi-au-pays

[5] https://www.lejdd.fr/societe/25-des-partisans-de-lfi-ont-de-la-sympathie-pour-le-hamas-152039

[6] https://www.tf1info.fr/international/flottille-pour-gaza-vive-tension-entre-mathilde-panot-et-francois-bayrou-qui-denonce-une-instrumentalisation-par-lfi-assemblee-nationale-2376427.html

[7] https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/05/a-gaza-le-delitement-annonce-de-la-fondation-humanitaire-ghf_6610647_3210.html

lundi 9 juin 2025

Immigration, souveraineté et guerre civile

La semaine dernière on a commencé à voir des images spectaculaires d’une sorte de guerre civile à Los Angeles. Cette ville qui est aussi la capitale de l’industrie du cinéma est fréquemment le lieu de manifestations violentes qui dégénèrent en une sorte de guerre civile. Les plus anciens se souviennent des émeutes de Watts en 1965. C’était des émeutes raciales, c’est-à-dire une sorte de révolte contre les mauvais traitements des afro-américains que Guy Debord avait tenté d’analyser comme ayant une révolte contre la forme économique de la vie américaine[1]. Cela s’était soldé par une trentaine de morts et un millier de blessés, avec des manifestations violentes un peu partout dans les grandes villes étatsuniennes. En 1992, l’arrestation violente de Rodney King par la police de Los Angeles fut le prétexte de nouvelles manifestations violentes avec à la clé 55 morts et 2 000 blessés dans des affrontements qui durèrent une semaine et qui se répandirent un peu partout dans les grandes villes. Là encore la question raciale – la situation des afro-américains – fut avancée comme explication au déclenchement de ces violences. Aujourd’hui le prétexte du déclenchement de ces violences est la politique de Donald Trump envers les immigrants illégaux, et la police de l’immigration, ICE – Immigration and Customs Enforcement – est accusée de sauvagerie dans les expulsions massives.

Il y aurait entre 11 et 12 millions d’immigrés illégaux aux Etats-Unis. Ces immigrants sont considérés différemment selon les positions politiques des uns et des autres. Disons pour aller vite que les Démocrates les considèrent à la fois comme devant être légalisés parce qu’ils aident au développement économique des Etats-Unis, tandis que les Républicains les pensent comme un facteur de désordre, notamment à cause des gangs latinos qui pullulent dans la région de Los Angeles. Ils sont vu comme ceux qui introduisent la drogue depuis le Mexique. Tout cela relève un peu de la posture, et si on regarde de près les chiffres des expulsions des immigrés clandestins, on se rend compte que c’est pour l’instant l’administration de Joe Biden qui a expulsé le plus de clandestins. Certains on d’ailleurs évoqué que cela fut une des raisons de l’échec de Kamala Harris aux dernières élections présidentielles face à Trump. Trump, lors de son premier mandat, avait également prétendu à construire un mur étanche entre le Mexique et les Etats-Unis pour enrayer ce mouvement. Ce fut un échec au moins sur le plan statistique. Non seulement les flux migratoires n’ont pas été enrayés, mais le mur ne fut jamais fini d’être construit et il dut être abandonné. Trump du reste n’en a plus reparlé, renvoyant l’idée aux poubelles de l’histoire. Cependant l’idée d’un contrôle plus strict de l’immigration n’a pas été abandonnée pour autant. Mais cette fois on a pris la question par l’autre bout, au lieu d’empêcher les migrants d’entrer, on va les obliger à ressortir !

Ce qui semble avoir mis le feu aux poudres est que la Cours suprême a autorisé à la fin du mois de mai dernier la révocation du statut légal de plus de 500 000 immigrés[2]. Comme c’est dans son habitude Trump a mis en scène des expulsions brutales pour montrer sa fermeté sur ce sujet. Ceux qui sont opposés à ces expulsions avancent plusieurs arguments, le premier est que les expulsés qui bénéficient d’un statut de résident temporaire sont généralement des immigrés qui travaillent et qui ne sont pas sans ressources, et donc que cela profite au développement économique. Ensuite il y a bien sûr l’argument humanitaire, des familles déchirées par exemple, ou encore des réfugiés Vénézuéliens, Cubains, Nicaraguayens et Haïtiens qui seraient en danger dans leur propre pays. Plus généralement ceux qui défendent les migrants avancent que les Etats-Unis ont toujours existé comme une terre de migrations. Ce qui est vrai aussi puisque les autochtones, les Amérindiens, ont été pratiquement génocidés.

Si nous nous référons à la période récente, disons depuis 1980, on constate une rapide montée des mouvements migratoires au niveau mondial, comme le montre les graphiques ci-dessus. Mais ce mouvement n’est pas homogène : les pays pauvres sont les pays émetteurs de flux migratoires et les pays riches les pays récepteurs. Les Etats-Unis sont le pays qui a attiré le plus de migrants, principalement des pays d’Amérique latine, mais aussi du reste du monde. Ce mouvement migratoire est mondial, et il s’est accéléré avec ce qu’on appelle la mondialisation ou la globalisation. Il est donc assez clair que le mouvement de rejet des populations immigrées soit généralisé dans le monde entier, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Les populations plus ou moins autochtones sont exaspérées par l’immigration. Si ce mouvement est puissant aux Etats-Unis, il existe aussi vis-à-vis des Ukrainiens en Pologne, vis-à-vis des Afghans au Danemark ou des réfugiés syriens en Suède. Sans parler du Royaume-Uni où les tensions sont fortes vis-à-vis de la population musulmane, ou encore en France avec la montée régulière du Rassemblement national.   

Parmi les bienfaits que certains veulent voir dans ces mouvements désordonnés, il y aurait le fait que les pays émetteurs y trouvent une source de recettes en devises qui leur permettra d’accélérer leur développement en exportant leur main d’œuvre excédentaire. Également on souligne que l’immigration est essentielle pour les pays riches qui ont une population vieillissante, autrement dit la population immigrée sert aussi bien à payer les retraites qu’à servir d’aide au grand âge. De l’autre côté on souligne les déséquilibres engendrés d’abord parce que les migrants sont la partie la plus dynamique des pays pauvres et donc cette population manquera pour le développement de ces mêmes pays. D’ailleurs plusieurs pays pauvres ont souvent souligné le fait que leurs efforts d’investissement dans l’éducation profitaient finalement aux pays riches. Également on a souligné le choc des cultures et le fait que les populations étrangères modifient finalement le contenu civilisationnel du pays d’accueil. Les populations musulmanes sont particulièrement visées. Sans parler évidemment de la criminalité et des attentats périodiques qui secouent les sociétés occidentales, voir le traumatisme de l’attaque sur le World Trade Center en septembre 2001, ou encore l’attaque du Bataclan à Paris en novembre 2015. Ces deux visions sont incompatibles. Le mouvement est plutôt en faveur cependant d’une politique restrictive pour l’immigration dans tous les pays développés, il accompagne une critique de la globalisation et donc le retour à l’idée de souveraineté nationale.

Trump l’a bien compris. En difficulté sur le plan de sa politique générale, il se ressource avec ce sujet. Globalement sa politique de restriction de l’immigration est approuvée comme sa politique de restriction des importations. Les émeutes de Los Angeles qui au moment ou j’écris n’ont pas encore atteint ceux qui a pu se passer en 1965 ou en 1992, conforte Trump dans sa volonté d’envoyer la garde mobile réprimer les manifestations. Il a accusé d’ailleurs que les manifestants étaient payés ! On se demande bien par qui, même si on peut voir que certains mouvements activistes sont aussi à la manœuvre. Mais le mouvement de révolte porté essentiellement par les Latinos n’est pas très populaire, et le fait qu’on ait pu voir le drapeau mexicain comme étendard de la révolte ne plaide pas en sa faveur. Trump en a profité pour s’en prendre évidemment au gouverneur de Californie Gavin Newsom qui a contesté l’intervention de la Garde nationale à Los Angeles. Il prétend porter le quota des expulsions à 5 000 unités par jour. Ce qui veut dire qu’il réaliserait le programme d’expulsion en un peu plus de trois mois. Évidemment cette volonté pose de nombreuses questions. En effet ceux qui sont visés ne sont pas prioritairement des clandestins, mais ceux qui bénéficiaient jusqu’ici d’un permis temporaire de deux ans. La question des gangs et des clandestins restant entière. Or on sait que depuis des décennies se sont les clandestins qui dans l’agriculture industrielle californienne assurent les récoltes parce que cette main d’œuvre fragile est peu exigeante sur la question des salaires.

Malgré ces difficultés, il semble qu’en matière d’immigration ce soit encore les Etats-Unis qui donnent le la, comme jadis sous l’impulsion de Reagan ils avaient donné le coup d’envoi d’une mondialisation accélérée. En Europe, il est assez clair que le mouvement souverainiste s’appuie aussi sur l’idée de mettre en place une politique migratoire restrictive. Tous les pays sont touchés, le score du candidat nationaliste en Pologne en témoigne[3], mais aussi c’est le cas en France où seule la diabolisation permanente du Rassemblement national empêche celui-ci d’accéder au pouvoir.  Dans l’Union européenne et en France particulièrement on a mis longtemps en avant le fait que les frontières étaient fatalement perméables et que c’était une illusion de croire qu’on pouvait stopper le mouvement migratoire. La Cour de Cassation appuyée sur un avis du Conseil constitutionnel a appuyé ce mouvement en relaxant Cédric Herrou dont la spécialité était de faire passer des migrants d’Italie en France, ce qui équivalait à dire qu’il n’y avait plus de frontières entre les États, les barrières commerciales tarifaires et non-tarifaires ayant disparu pour les pays adhérents à l’OMC. Mais la politique de Trump montre que la politique tarifaire comme la politique migratoire n’est pas une fatalité, mais dépend de l’idée qu’on se fait de la souveraineté d’un pays. Il est assez clair que cela va donner probablement des idées aux partis souverainistes en Europe.    

Les images de guerre civile qu’on a pu voir ces jours derniers à propos de la situation à Los Angeles sont un peu trompeuses. Il ne semble pas que ces émeutes soient d’ampleur comparable à celles qui avaient mis les Etats-Unis à feu et à sang par le passé. Le camp anti-immigration semble devoir gagner la partie. Cependant cela confirme une tendance à la guerre civile larvée qui existe bel et bien depuis le premier mandat de Donald Trump.


[1] Le déclin et la chute de l’économie spectaculaire-marchande, in, Internationale situationniste, numéro 10, mars 1966.

[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/31/aux-etats-unis-la-cour-supreme-autorise-la-revocation-du-statut-legal-de-plus-de-500-000-immigres_6609394_3210.html 

[3] https://fr.euronews.com/my-europe/2025/06/01/election-presidentielle-2025-selon-les-resultats-preliminaires-trzaskowski-arrive-en-tete-

Blog en pause

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